Un Allemand à la cour de Louis XIV. Musée du Louvre

Durer, vue du val DEverhard Jabach (1618-1695) est un nom qui compte dans l’histoire des collections du Louvre.
Riche banquier d’origine colonaise, il vécut à Paris où il réunit l’une des plus grandes collection d’art de son temps.
En 1662 puis en 1771, en besoin de fonds, il vendit à Louis XIV une grande partie de sa collection, grâce à laquelle (grossie des œuvres acquises à sa mort, car il avait entre temps retrouvé fortune et poursuivi ses achats) s’est fondée la collection royale, dont est issue celle du musée du Louvre.

Tourné naturellement vers l’art italien conformément au goût de l’époque, Everhard Jabach ne négligea pas pour autant les peintres de l’Ecole du Nord, celle des maîtres anciens comme celle, "moderne", des artistes du XVIIème siècle.
C’est cette partie-là que le musée met à l’honneur à travers un accrochage de dessins et de peintures lui appartenant, à l’exception du portrait de Jabach par Antoon Van Dyck, prêté par un collectionneur privé. Ce choix reflète la spécificité de la collection de ce négociant éclairé qu’était Jabach : son ascendance germanique et ses liens d’affaires avec l’Angleterre, les Pays-Bas et l’Allemagne le conduisirent à s’intéresser plus que tout autre à l’art des pays du Nord.

L’exposition montre majoritairement des dessins ; la facture des peintures présentées fait regretter qu’elles ne soient pas plus nombreuses. La monumentale et somptueuse nature morte Le dessert de Davidsz de Heem (1640) nous saisit d’emblée par sa richesse. Comment ne pas tomber "en appétit" devant ces fruits, ce bout de gâteau, cette coupe d’eau citronnée ? La vaisselle et les étoffes brillent de mille feux, le tout dans l’atmosphère sombre propre au genre. D’autres joyaux jalonnent le parcours, tel le portrait de profil d‘Érasme écrivant (1523) par Hans Holbein, le portrait du collectionneur à l’âge de dix-huit ans portant le deuil de son père (1636, voir plus-haut), ou encore la Vue du val d’Arco (1495), petite et délicieuse aquarelle de Dürer.

Côté dessins, on admire notamment des paysages de Bril, dont Jabach était fort friand ou encore des dessins "italiens" que Rubens réalisait à partir de copies de dessins de Michel-Ange, par lui-même ou achetés, et qu’il retouchait et complétait. Comme s’il était bien difficile d’oublier complètement l’Italie…

Un Allemand à la cour de Louis XIV
De Dürer à Van Dyck, la collection nordique d’Everhard Jabach
Musée du Louvre
Paris 1er
Tous les jours de 9h à 18h, sauf le mardi
Nocturne le mercredi et le vendredi jusqu’à 21h45
Accès avec le billet d’entrée au musée : 11 €
Jusqu’au 16 Septembre 2013

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Giotto e compagni. Musée du Louvre

Giotto e compagni au LouvreOrganiser une exposition autour de Giotto di Bondone (vers 1267-1337) ne doit pas être une entreprise aisée.
Les œuvres qu’il a laissées sont en majeure partie des fresques – église de l’Arena à Padoue ainsi que celles illustrant la Vie de saint François à Assise et à Florence – donc fixées à demeure. Seulement trois peintures sont signées de sa main, dont le Saint François d’Assise recevant les stigmates du Louvre, et il faut tenir compte des querelles d’attribution dont nombre d’œuvres sont encore l’objet.

De fait, Giotto ayant imprimé un nouveau style – souvent qualifié de révolutionnaire – et ayant rencontré un grand succès, il a ouvert un atelier dans lequel beaucoup de disciples travaillaient en même temps que le maître et/ou sous ses directives. Dans ces conditions, comme le souligne le Musée, la distinction entre les œuvres de la seule main de l’artiste et celles issues de son atelier est assez peu pertinente.
Cela étant, à force de recherches et de rapprochements, désormais davantage fondés sur les études stylistiques que techniques, la création giottesque, caractérisée par un grand soin accordé aux détails des visages et des corps, à "l’humanité" des expressions, à la clarté de la lumière, à quelques tentatives de rendu, sinon de la perspective au moins de la profondeur est aujourd’hui beaucoup mieux cernée.

Le Musée du Louvre, riche de plusieurs œuvres, a bénéficié de prêts de pièces majeures venues des Etats-Unis, de Londres et de Florence. Il a ajouté à celles-ci des tableaux issus de son atelier ainsi que des exemples de l’art encore très hiératique du style byzantin que Giotto a totalement bouleversé. Enfin, le panorama est complété par des oeuvres d’artistes contemporains mais au coup de pinceau sensiblement différent.

Le tout est didactique, clair, cohérent, et très enrichissant. On laissera le visiteur se rendre compte par lui-même : à côté de l’école traditionnelle du Trecento, la manière de Giotto semble soudain faire apparaître non plus des figures mais des personnes. Délicatesse et expressivité des traits, précision des attitudes, inventivité dans la façon de représenter les scènes traditionnelles de la peinture religieuse – telle la Vierge à gauche du Christ dans la grande Croix du Louvre, qui tourne son visage de l’autre côté : nul doute qu’il y a bien eu un avant et un après Giotto.

Giotto e compagni
Musée du Louvre
Salle de la Chapelle
Tous les jours de 9h à 18h, sauf le mardi
Nocturnes mercredi et vendredi jusqu’à 21h45
Accès avec le billet d’entrée au musée : 11 €
Jusqu’au 15 juillet 2013

Image : Element de predelle, St François prêchant aux oiseaux, Bois © RMN – Grand Palais -Michel Urtado

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