Le rêveur de la forêt. Musée Zadkine

Dès l’entrée de ce musée intimiste, les œuvres de Zadkine, longs personnages de bois, sans tête, en forme de totems, rassemblés sur le même socle, évoquent la forêt. La thématique de l’exposition vient des mots mêmes de l’artiste (1888-1967), qui a sculpté le bois en laissant la matière exister après le passage du ciseau.

Parmi les quelques quarante artistes représentés ici, des plus anciens (Rodin, Gauguin…) aux plus jeunes (Hicham Berrada, Ariane Michel…), les rapports de l’humanité à la forêt se déclinent en plusieurs versions, suscitant la réflexion du visiteur d’aujourd’hui, qui a ainsi l’occasion de rêver à la place qu’il occupe dans une nature formatrice.

Pour Zadkine ou Giacometti le rapport est étroit entre les hommes et la forêt, par une représentation analogique : le second façonne des personnages-arbres, tandis que le premier fait surgir les corps des troncs. Avec le « Torse » Zadkine montre bien que c’est l’humanité qui reconnaît sa parenté avec les arbres. Laure Prouvost insiste en greffant des seins sur les branches.

Ce sont les productions de l’arbre qui intéressent d’autres plasticiens : une feuille d’aucuba est mise en valeur par Marc Couturier, tandis que Dubuffet signe un tableau d’écorces et de feuilles (« Chaussée boiseuse ») et Germaine Richier fait des ramures et du feuillage une chauve- souris. L’énergie dont fait preuve la croissance végétale est soulignée par les œuvres d’Arp, d’Hicham Berrada ou de Giuseppe Penone : celui-ci enserre l’arbre par une main de bronze et le laisse croître autour de la main.

Certains artistes éloignent la forêt de l’humanité : difficile de faire entrer les humains dans les forêts d’Hicham Berrada ou d’Eva Jospin, parce qu’elles semblent parfaitement se passer d’eux ou parce qu’elles apparaissent impénétrables. La « Dernière Forêt » de Max Ernst, envahie par les formes végétales n’a pour témoin que la lune.

Passé dans l’atelier de Zadkine en traversant le jardin, à côté d’autres œuvres, on retiendra l’installation d’Ariane Michel : une vidéo aux tons sombres montre un homme imitant les bruits de la forêt, la nuit, à l’aide de divers instruments. On retrouve ceux-ci déposés au pied de l’écran, la plupart objets d’un quotidien trivial qui contraste fortement avec l’image des mystères de la forêt, la nuit. Si la forêt est inimitable, c’est qu’elle est irremplaçable.

Andreossi

Le rêveur de la forêt

Musée Zadkine

100bis rue d’Assas Paris

Jusqu’au 23 février 2020

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Épiphyte, des fleurs chez Artcurial

Le charme incomparable des fleurs de fin d’été, la créativité de fleuristes véritables artistes, le travail autour d’œuvres d’art somptueuses… Trois raisons d’adorer l’exposition présentée chez Artcurial jusqu’au 14 septembre.

La célèbre maison de ventes du Rond-Point des Champs-Élysées à Paris a ainsi donné carte blanche à de grands fleuristes, leur laissant le champ libre d’imaginer accompagnements, prolongements, mises en valeur de peintures et sculptures au programme des ventes de l’automne.

Ces ensembles tous plus surprenants les uns que les autres se révèlent au regard en plusieurs temps : c’est tout d’abord la décoration florale qui saute aux yeux, avant que l’œuvre d’art proprement dite ne se dévoile et qu’enfin on admire le formidable équilibre formé par la peinture ou la sculpture et son écrin.

De ces différentes créations, on aime tout particulièrement celles de Catalina Lainé autour d’une table de Giacometti, de Rica Arai surplombant un buste de Sarah Bernhardt signé  Lalique et enfin du Collectif de la Fleur Française sous un cheval de Géricault, les trois étapes les plus poétiques du parcours. Sous ce joli titre d’Epiphyte, l’exposition coup de cœur de cette rentrée urbaine !

Épiphyte, Artcurial, 7, Rond-Point des Champs-Elysée, Paris 8ème

Jusqu’au 14 septembre 2018

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La sculpture polychrome en majesté au Musée d’Orsay

Charles Octave Lévy, sculpteur et Théodore Deck, céramiste. Bernard Palissy, 1876, faïence, décor d’émaux polychromes, H. 205 cm, Guebwiller, dépôts de la MSA Mayenne-Orne-Sarthe au Musée Théodore Deck et des Pays du Florival

Qu’il est doux en ce chaud été de retrouver le cocon tranquille des salles d’exposition, de retrouver ce vivifiant frottement du regard aux œuvres d’art, de découvrir ou appréhender d’une façon renouvelée des pans de création un peu enfouis.

Ce moment de ravissement, c’est au Musée d’Orsay qu’on le doit, qui a monté cette exposition inédite autour de la sculpture polychrome au XIX° siècle.

Andrea della Robbia (1435-1525), (attribué à). La Vierge à l’Enfant avec trois chérubins. XVIe siècle. Terre cuite émaillée. H. 118 ; L. 73 ; P. 16 cm. Paris, musée du Louvre © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / René-Gabriel Ojéda / Thierry Le Mage

Il s’agissait alors d’un renouveau : après le Moyen-Age puis la Renaissance (dont on trouve en introduction de très belles évocations, notamment une Vierge à l’Enfant avec trois chérubins de Andra della Robbia), la sculpture en couleurs était tombée en disgrâce. Hormis des œuvres de culture populaire ou religieuse, seule une sculpture immaculée, à l’instar de ce que l’on pensait être la sculpture classique en marbre, en fait totalement blanchie au fil des siècles, n’avait le droit de cité.

Les découvertes archéologiques du XIX° siècle révélant la polychromie de l’architecture et de la sculpture antiques vont bousculer cet idéal de beauté. De même, l’engouement pour le Moyen-Age et la Renaissance va jouer un rôle important dans la 2ème moitié du XIX° siècle : les œuvres de Henry Cros inspirées du XVI° siècle en constituent une des plus séduisantes illustrations (voir par exemple Le Prix du tournoi). On ne passera pas non plus à côté de l’hommage à Bernard Palissy à travers des statues représentant le célèbre artiste de la Renaissance, l’une en biscuit de porcelaine, l’autre monumentale en faïence décorée d’émaux, signées Charles Octave Lévy.

A l’opposé, mais également dans cette veine historicisante, un émouvant Saint-François de Zacharie Astruc déploie une polychromie toute discrète sur bois peint, ivoire, verre et corde.

Georges Lacombe (1868-1916) Marie-Madeleine H. 104 ; L. 42 ; P. 55 cm Brême, Kunsthalle Bremen – Der Kunstverein in Bremen© Kunsthalle Bremen/ARTOTHEK

Autre mouvement majeur du XIX°, le symbolisme s’emparera lui aussi de la couleur, avec des figures comme Carriès (Crapaud et grenouille d’un bleu métallique), Georges Lacombe (très recueillie Marie-Madeleine), Gauguin (Soyez mystérieuses). On n’admire pas moins La Femme au Singe de Camille Alaphilippe.

Paul Gauguin (1848-1903) Soyez mystérieuses 1890Bas-relief en bois de tilleul polychrome H. 73 ; L. 95 ; P. 5 cm Paris, musée d’Orsay © RMN-Grand Palais (Musée d’Orsay)

Avec le Second Empire et son attrait pour les arts décoratifs, architectes et céramistes créent et diffusent en abondance des productions en couleur très convaincantes (tels Emile Muller ou Perrusson).

Camille Alaphilippe, sculpteur et Alexandre Bigot, céramiste. Femme au singe, 1908. Grès émaillé et bronze doré, hauteur 184 cm. Paris, Petit Palais, musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris. Puis Jean d’Aire et Tête de Balzac d’Auguste Rodin.

Enfin, témoignent de la variété des matériaux utilisés par les sculpteurs à cette époque les portraits de Bourdelle en pâte de verre, le grand Jean d’Aire en grès de Rodin, La Vague de Camille Claudel en marbre ou encore la Petite Danseuse de quatorze ans en bronze patiné de Degas.

Ce très joli et souvent surprenant parcours est à découvrir au musée d’Orsay jusqu’au 9 septembre.

Musée d’Orsay, 1 rue de la Légion d’Honneur – Paris 7° – En couleurs, la sculpture polychrome en France 1850-1910

Entrée 12 euros (TR 9 euros) – Du mardi au dimanche de 9h30 à 18h, le jeudi jusqu’à 21h45

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Etre moderne, le MoMA à Paris

Paul Signac, portrait de Félix Fénéon (1890)

Voici l’une de ces expositions-panoramas comme on les aime. Avec une grande clarté, elle nous fait embrasser l’évolution de l’histoire de l’art depuis la naissance de l’art moderne jusqu’à la période la plus contemporaine. Visible jusqu’au 5 mars 2018 à la Fondation Louis Vuitton à Paris dans le 16° arrondissement, l’exposition nous fait voyager non seulement dans le temps mais aussi dans l’espace. Y sont effet réunis quelques 200 œuvres dont quantités de chefs d’œuvres, prêtées par le MoMA (New-York) à l’occasion des travaux  d’agrandissement qui l’emmèneront jusqu’en 2019.

Avec pour projet de retracer l’aventure du MoMA, le parcours occupe l’ensemble du bâtiment – toujours aussi étonnant ! – de Frank Gerhy. A côté du choix d’œuvres emblématiques de ses collections, à chaque étage des salles d’archives témoignent de l’histoire du musée. Est ainsi rappelé que sa naissance, en 1929 est due certes au génie de son premier directeur Alfred H. Barr Jr qui a fait des choix fort inspirés mais avant tout à la résolution de trois grandes collectionneuses et mécènes, Mary Quinn Sullivan, Lillie P. Bliss et Abby Aldrich Rockefeller.

Edward Hopper, « House by Railroad » (1925) ©MoMA, N.Y./Courtesy Fondation Louis Vuitton

La pluri-disciplinarité originelle du musée, qui n’est pas le moindre des marqueurs de sa modernité, est mise en évidence : du début du XX° siècle à aujourd’hui, se côtoient peintures, sculptures, photographies, films, installations, mais aussi design, architecture et musique.

L’entame du parcours, avec nombre d’œuvres européennes, est en quelque sorte un « retour à la maison » de celles-ci, bien souvent pour la première fois. Mais plus on avance, plus on s’élève dans les étages, plus l’horizon s’élargit et surgissent des découvertes. On s’envole vers les Etats-Unis en particulier bien sûr, mais aussi vers des Etats-Unis de plus en plus multiples, qui voient et célèbrent un art « noir » et des artistes féminines.

Un oiseau dans l’espace, Brancusi, 1928

C’est en se remémorant certains points de vue que la grâce, la variété et la richesse de l’ensemble apparaissent encore davantage. Ici l’Oiseau dans l’espace de Brancusi (1928), là la Roue de bicyclette de Marcel Duchamp (1913). Plus loin l’un des premiers films animés de Walt Disney (Steamboat Willie, 1928) et des photos de Walker Evans, Lisette Model et Diane Arbus. C’est avec beaucoup d’émotion que l’on voit ou revoit les tableaux du début du parcours, qu’il s’agisse du Meneur de cheval de Picasso (1905-1906) ou de la Maison près de la voie ferrée de Hopper, l’une des premières acquisitions du MoMA, ou encore du glaçant triptyque du peintre allemand Max Beckmann, Le Départ (1932 à 1935). Sur la période plus récente, on a envie de citer la fabuleuse carte des Etats-Unis de Jasper Johns, Map (1961), le vibrant Drapeau africain américain de David Hammons (1990), mais aussi le sobre 11 septembre de Gerhardt Richter.

Evidemment Cézanne, Klimt, Signac, Matisse, Derain, Picabia, Mondrian, Magritte, Dali, Pollock, Rothko, Warhol, Lichtenstein sont aussi au rendez-vous, mais l’une des œuvres qui restera le plus en mémoire est certainement celle qui clôt le parcours, tant par son originalité que par sa beauté : elle fait entendre une composition du XVI° siècle, Spem in alium numquan habui de l’anglais Thomas Tallis, chantée par quarante voix de la chorale de la cathédrale de Salisbury. Les micros sont ouverts en alternance et chacun est restitué sur un haut parleur. Le visiteur peut se placer au centre ou se promener pour suivre les différentes pistes, l’effet sera à chaque fois différent mais toujours aussi vibrant. Une splendeur.

Fondation Louis Vuitton

8 avenue du Mahatma-Gandhi – Bois de Boulogne – Paris

Métro Les Sablons – Ligne 1

Jusqu’au 5 mars 2018

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Sculpture et photographie au musée Rodin

John Chamberlain, Creeley's Lookout, 1979
John Chamberlain, Creeley’s Lookout, 1979

Le musée Rodin, qui a rouvert à l’automne dernier, poursuit avec cette nouvelle proposition la voie qu’il avait entreprise à travers l’exposition Mapplethorpe-Rodin : celle du rapprochement entre la sculpture et la photographie. Cette fois, il réunit huit grands artistes contemporains qui, à partir de la fin des années 1960, ont travaillé ces deux médiums de manière très imbriquée.

Richard Long, Small Alpine Circle, 1998
Richard Long, Small Alpine Circle, 1998

Le parcours commence assez logiquement avec Richard Long (né en 1945), l’un des pionniers du land art : transformant le paysage avec les matériaux qu’il y trouve – pierres, branches – qu’il aligne ou entasse, il a fait connaître ses œuvres grâce à la photographie. Il sculpte la nature – mais ses œuvres ne sont-elles pas amenées à disparaître ? – et ce sont ses photographies qui gardent trace de ses traces dans le paysage. Au musée Rodin, à côté de photographies de ses créations, est toutefois exposée une œuvre sculpturale « de galerie » : un ensemble de pierres de montagne disposées en cercle plein (Small Alpine Circle, 1998), un concentré d’énergie minérale que l’on pourrait presque toucher, en plein contraste avec l’aspect lointain de ses photos d’art dans le paysage.

Gordon Matta-Clark, Sauna Cut, 1971
Gordon Matta-Clark, Sauna Cut, 1971

Dans le même esprit d’intervention in situ se trouve le travail de Gordon Matta-Clark (1943-1978). Mais lui agit en milieu urbain selon une démarche d’apparence plus sophistiquée : à l’aide d’une tronçonneuse, il découpe des morceaux géométriques de murs ou de planchers d’immeubles abandonnés, ouvrant ainsi de nouvelles perspectives et de nouveaux espaces de lumière. De son intervention naissent deux sculptures : l’une négative (le creux laissé par son cutting) et l’autre positive (la découpe extraite), objet qui peut être exposé en tant que tel. On voit ainsi ici Sauna Cut (1971), prélèvement d’un sauna dans un appartement new-yorkais. En parallèle, Matta-Clark photographie systématiquement les étapes de son travail afin de montrer ses interventions sur place. Il ne s’interdit pas ensuite de découper ses négatifs et d’effectuer des montages photographique pour mettre davantage en évidence ses transformations. Ainsi l’assemblage visible au musée Rodin témoigne du travail sur la lumière réalisé à travers l’un de ses cutting : le découpage en deux et en pleine verticale d’une petite maison de bois typiquement américaine (Splitting, 1974).

Giuseppe Penone, Respirare l'Ombra, 1999
Giuseppe Penone, Respirare l’Ombra, 1999

La suite de l’exposition est tout aussi passionnante, avec l’Italien Giuseppe Penone (né en 1947), qui travaille sur les liens physiques entre le corps et le végétal. Ses photos sont très impressionnantes, où l’on voit notamment une main littéralement incorporée dans un tronc d’arbre. Quant à sa magnifique sculpture Respirer l’ombre, elle matérialise la correspondance entre le souffle humain (les poumons) et la respiration des arbres (les feuilles).

John Chamberlain, Creeley's Lookout, 1979
John Chamberlain, Creeley’s Lookout, 1979

L’Américain John Chamberlain (1927-2011), lui, créé de la poésie là où on ne l’attend pas : avec des carcasses de voitures. Cela peut sembler trivial, mais de ces tôles criardes naissent des formes étranges qui semblent puiser leur source dans la littérature.  Quant aux photos (à l’aveugle !) qu’il fait de ses sculptures, floues et colorées, elles confirment Chamberlain dans ce ton totalement décalé.

On laissera au lecteur le plaisir de découvrir lui-même les quatre autres artistes ( Cy Twombly, Dieter Appelt, Markus Raetz et Mac Adams), qui sont autant d’occasions d’être surpris, au fil d’une exposition assez resserrée, avec une (petite) salle pour chacun des huit « sculpteurs-photographes », mais intense en sensations eu égard à la richesse et à la diversité des œuvres choisies, tant les rapports entre la sculpture et la photographie peuvent donner lieu à de réjouissants jeux de regards…

Entre sculpture et photographie

Musée Rodin – 77, rue de Varenne – Paris 7°

TLJ sauf le lundi,  10h à 17h45, nocturne le mercredi jusqu’à 20h45
Entrée : 10 euros (tarif plein) et 7 euros (tarif réduit)

Jusqu’au 17 juillet 2016

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Apollinaire. Le regard du poète

Giorgio de Chirico, Portrait de Guillaume Apollinaire
Giorgio de Chirico, Portrait de Guillaume Apollinaire

Rarement on aura vu une exposition aussi vivante, alors même qu’elle vient nous rappeler des événements vieux d’un siècle… Mais combien ces histoires-là ont compté dans l’évolution de l’art : c’est en effet au début du XX° siècle que la peinture dite alors « d’avant-garde » a émergé, s’est développée et en définitive a planté de profondes racines pour autoriser les mouvements ultérieurs.

Ceci fut vrai en peinture et dans les autres domaines de l’art. Ainsi la poésie voit apparaître Guillaume Apollinaire (1880-1918) qui, après avoir fait connaître ses premiers poèmes au tournant du siècle, publie Alcools en 1913 d’où il bannit systématiquement toute ponctuation et joue d’associations novatrices, avant de créer ses premiers « idéogrammes lyriques », baptisés plus tard  Calligrammes.

Pablo Picasso, L'Homme à la guitare
Pablo Picasso, L’Homme à la guitare

Mais ce n’est pas le talent du célèbre poète du Pont Mirabeau que l’exposition organisée au Musée de l’Orangerie (avec la complicité du Musée d’Orsay bien sûr, mais aussi du Musée Picasso, du Centre Pompidou et de la Bibliothèque de la Ville de Paris) vient, s’il en était besoin, réanimer. Elle met en lumière l’activité de critique d’art de Guillaume Apollinaire. Et c’est époustouflant !

Picasso, Braque, Duffy, Derain, le Douanier Rousseau, Chagall, Matisse, Delaunay, Duchamp ils sont tous là ! Dès 1902 et jusqu’à sa mort en 1918, Apollinaire a été un formidable « sponsor » de la révolution picturale. Il a écrit dans des revues, en a fondé, a tenu des chroniques artistiques dans des quotidiens, a écrit des préfaces dans des catalogues d’exposition, a encouragé son ami le galeriste Paul Guillaume à soutenir l’avant-garde. Ami des artistes, peintres mais aussi écrivains comme Alfred Jarry, d’une insatiable curiosité, il n’a cessé de découvrir et de faire connaître.

L’exposition de l’Orangerie restitue cet extraordinaire foisonnement dans tous ses éclats : on a l’impression « d’y être », c’est-à-dire de voir les artistes éclore, les admirations naître, les amitiés de nouer, les collaborations se mettre en place.

Pablo Picasso, Portrait lauré de Guillaume Apollinaire
Pablo Picasso, Portrait lauré de Guillaume Apollinaire

C’est le cubisme qui organise sa première exposition indépendante en 1912 à la galerie La Boétie (Juan Gris, Homme dans un café). C’est Picasso qui s’impose chef de file et fédère autour de lui, Guillaume Apollinaire à ses côtés dès le début et jusqu’au bout (Marie Laurencin, Apollinaire et ses amis, 1909). Ce sont Chagall, de Chirico, Picasso encore, qui font le portrait du poète. Duffy qui illustre Le Bestiaire ou le Cortège d’Orphée. Le Douanier Rousseau qui finalement trouve en Apollinaire un admirateur de poids, lequel lui écrira une Ode et même une Inscription pour le tombeau du peintre Henri Rousseau dans la revue Les Soirées de Paris. Picasso, toujours et encore, qui illustre le frontispice d’Alcools. Ou encore des statuettes africaines qui rappellent le goût partagé avec Paul Guillaume pour les arts primitifs. La dernière section de l’exposition est d’ailleurs consacrée à l’amitié entre les deux hommes, faisant le lien avec la collection permanente du Musée de l’Orangerie.

Marie Laurencin, Groupe d'artistes
Marie Laurencin, Groupe d’artistes

Au total 357 pièces, dont 45 peintures (toutes superbes), une centaine d’œuvres graphiques et une trentaine de sculptures non moins belles (La Sainte Famille de Zadkine, 1912-13), des manuscrits, des publications, des lettres, des cartes, des photos… Le parcours est documenté, diversifié, clair. Construit autour d’un homme et d’une passion – la critique d’art – il fait à la fois converger et se déployer toute une galerie d’artistes et d’œuvres sur différents supports tout en en assurant la cohérence. C’est beau, instructif, dynamique : on adore.

Apollinaire. Le regard du poète

Musée de l’Orangerie

Jardin des Tuileries, côté Seine – Paris 1er

TLJ sauf le mardi et le 1er mai, de 9h à 18h

Entrée 9 euros (TR 6,5 euros)

Jusqu’au 18 juillet 2016

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Visiter la Villa Médicis à Rome

La vue sur Rome depuis les jardins de la Villa Médicis
La vue sur Rome depuis les jardins de la Villa Médicis

Grimper la volée de marches qui surplombe la piazza di Spagna, se caler sur les horaires de l’une des nombreuses visites organisées tout au long de la semaine (sauf le lundi), en français, en italien ou en anglais… et nous voilà prêt à découvrir une partie des lieux dont jouissent au quotidien les heureux pensionnaires de la Villa Médicis.

Fondée en 1666 par Louis XIV, l’Académie de France à Rome, placée depuis Malraux sous la tutelle du ministère de la Culture et aujourd’hui dirigée par Muriel Mayette-Holtz, fête cette année ses 350 ans. Elle accueille, pour une durée de 12 à 18 mois des artistes (les anciens « Prix de Rome ») mais aussi des chercheurs, tous francophones et de toutes nationalités, qui peuvent ainsi approfondir leurs travaux. Des résidences de courte durée sont également proposées pour des projets de création et de recherche spécifiques. Des expositions, des concerts, des projections de films, des colloques y sont aussi organisés.

Les jardins de la Villa Médicis
Les jardins de la Villa Médicis

Le voyageur de passage dans la ville éternelle pour quelques jours ne peut hélas pas profiter de tout ce programme, mais la visite de la Villa est vraiment une étape conseillée. En effet, non seulement la vue sur la ville depuis la colline du Pincio est imprenable, mais ce n’est qu’une fois à l’intérieur, depuis les magnifiques jardins Renaissance, que la façade de la villa révèle toute son élégance.

A l’origine propriété de la famille Ricci, son aspect actuel est l’œuvre du cardinal Ferdinand de Médicis qui en fit l’acquisition en 1576. Il orna la façade d’authentiques bas-reliefs romains : taureau sacrifié, Hercule qui a tué le lion de Némée, guirlandes (parties qui remontent à – 9 av. J.-C.), etc sont ainsi disposés autour du blason des Médicis (alors constitué de 6 boules) surmonté du chapeau cardinal.

Les jardins à l’italienne, avec leur partie sans fleur, symbole d’éternité (les fleurs passent…) et leur partie labyrinthique (non pas pour se perdre, mais pour mieux penser…) abritent notamment une monumentale statue de Roma (de l’époque de l’empereur Hadrien), qui ressemble à Athéna, mais reconnaissable aux deux louves sur son casque. Dans sa main droite, elle tient la sphère, symbole de perfection (car sans début ni fin). Deux grands masques Renaissance l’entourent, exécutés par l’atelier de Michel-Ange.

Dans les jardins de la Villa Médicis, le mythe de Niobé selon Balthus
Dans les jardins de la Villa Médicis, le mythe de Niobé selon Balthus

Plus loin, on découvre une étonnante installation, œuvre de Balthus (qui fut directeur de la Villa Medici de 1961 à 1977). Réalisée avec des copies en plâtres de copies (qui sont à Florence) de statues romaines en bronze aujourd’hui disparues (car transformées en canons), elle illustre le mythe de Niobé, mère de nombreux enfants, qui voulait se mesurer à la déesse Léto, qui n’en avait que deux. Pour punir cet affront, Apollon et Artémis, les enfants de Léto tuèrent tous ses enfants à coups de flèches. L’installation montre l’épisode d’une façon saisissante : pris dans les herbes folles du jardin, certains des enfants sont déjà à terre, d’autres, effrayés, les yeux tournés vers le ciel, essaient de se protéger des flèches meurtrières. Niobé quant à elle entourant sa dernière fille finit pétrifiée. Un cheval accompagne la scène en tant que symbole de la mort dans le monde grec ancien.

La gypsothèque expose des pièces de la collection des plâtres de l’Académie comme le célèbre torse du Belvédère (l’original se trouve dans les musées du Vatican) ou encore des sculptures de la colonne Trajane (piazza Venezia à Rome toujours).

Dans le prétendu studiolo (qui en réalité devait servir à d’autres études que strictement littéraires), on découvre des fresques réalisées en 1576 par Jacopo Zucchi (un élève de Vasari) représentant des volières avec de nombreux oiseaux, y compris exotiques, quand le stanzino d’Aurora à côté révèle, du même peintre, une illustration des fables d’Ésope, que Jean de La Fontaine mit en vers bien des siècles plus tard.

A la Villa Médicis, le plafond de la chambre des Amours du Cardinal Ferdinand de Médicis par Claudio Parmiggiani - 2015
A la Villa Médicis, le plafond de la chambre des Amours du Cardinal Ferdinand de Médicis par Claudio Parmiggiani – 2015

On termine le parcours aux talons d’un guide local en verve et plein d’humour par la visite d’une partie de la villa proprement dite. Le plafond de la chambre du cardinal par exemple mérite quelques explications : Zucchi, toujours lui, y a illustré ce que serait la théorie néo-platonicienne de la création du monde à partir de la fusion des quatre éléments. Le feu et l’air ont ainsi créé l’éclair, l’eau et l’air l’arc-en-ciel. Mais on ne verra pas la création de l’homme à partir du feu et de la terre, car un descendant du cardinal Ferdinand de Médicis a fait brûler cette partie-là pour non-conformité au récit biblique. Le même héritier a fait détruire tout le plafond de la chambre des Amours, alors orné de nus… Une constellation de papillons, œuvre du plasticien contemporain Claudio Parmiggiani les remplace aujourd’hui.

 

Académie de France à Rome, Villa Medici

Uniquement en visite guidée, voir les horaires sur le site

Durée 1h30 environ, tarif 12 euros (TR 6 euros)

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Anselm Kiefer, l’alchimie du livre

anselm_kiefer_nigredoAlors que le Centre Pompidou propose jusqu’au 18 avril une large exposition consacrée à Anselm Kiefer, la Bibliothèque nationale de France organise la première rétrospective relative aux livres du célèbre artiste allemand, installé en France depuis 1993.

Il faut faire vite pour aller la voir, car elle se termine le 7 février. Or, elle est fondamentale pour mieux comprendre l’œuvre de cet immense artiste contemporain, qui avait fait l’objet de la première édition de Monumenta en 2007.

Le livre constitue en effet pour le peintre et plasticien né en 1945 à la fois la source d’inspiration et le travail premier. Même s’il les expose peu, et est bien davantage connu pour ses tableaux et ses sculptures, les livres constituent « la base » de ses productions. C’est par des livres qu’il a commencé à créer, à la fin des années 1960, et il n’a depuis jamais cessé d’en réaliser. Oeuvre autonome ou intégrée à certaines de ses installations et peintures, le livre est omniprésent. Il l’est aussi dans toute sa création en tant que source d’inspiration. Artiste de la littérature et de la mémoire, il puise dans les mythes antiques, l’Ancien Testament, les philosophes, les historiens, les poètes.

anselm_kiefer_nigredo_detailL’exposition de la BNF met magnifiquement en évidence la force du livre chez Anselm Kiefer. L’artiste lui-même en a conçu la scénographie. Elle est très convaincante : on pénètre dans le vaste espace comme dans une basilique. En entrant, tout de suite à droite, un immense tableau (La clairière) et, tout au fond, en vis-à-vis, un autre tout aussi monumental (Le livre) lui répond, placé comme un tableau d’autel. Un livre de plomb ouvert y est accroché, surplombant un paysage maritime, le tout à couper le souffle. Sur le premier tableau, en revanche, les livres qui y sont suspendus sont brûlés… mais l’œuvre, pour enfermante quelle soit avec son paysage de forêt, laisse surgir l’espoir par la lueur d’une clairière scintillante.

Entre ces deux extrémités, dans les « chapelles » sur les côtés, sont d’abord installés deux cabinets de lecture, où l’on découvre les premiers livres d’Anselm Kieffer, qui étaient encore de papier, avec des collages photographiques ; puis des ouvrages récents, où l’on voit des livres de plomb intégrant toutes sortes de matériaux (terre, paille, plantes séchées, bois calcinés, cheveux…).

anselm_kiefer_cabinet_de_lectureY sont ensuite exposées d’époustouflantes sculptures, telles Nigredo (où livres de plomb et chaises de jardin pliées sont superposées et surplombées d’une balance), La vie secrète des plantes (représentation céleste), Sappho, Praxilla et Erinna (femmes en robes d’époque dont les têtes sont des livres), La brisure des vases (bibliothèque de plomb et de verre), Le Rhin (livre monumental ouvert), …

Au milieu, dans « la nef », de nombreux livres, notamment des années 1990 et 2000. Les femmes, la littérature, l’Histoire y occupent une place de choix : Les femmes de la Révolution de Jules Michelet, Les reines de France, Les filles de Lilith, Les femmes des Ruines, ainsi que des dessins en hommage aux dessins érotiques d’Auguste Rodin ; mais aussi les poètes, en particulier Paul Celan (Le champ du Cèdre, évocation des camps de concentration).

anselm_kiefer_le_livreMais Anselm Kiefer n’est pas uniquement l’artiste qui a interrogé la mémoire allemande et la possibilité de créer après l’Holocauste. Il est celui qui embrasse l’Histoire de manière plus universelle, convoquant les éléments (la terre, les végétaux, la mer, les étoiles), les croyances, les savoirs et la littérature. Il sèche, brûle, rouille, brise et montre les ruines, rappelant les destructions passées et les menaces actuelles. Mais dans le même temps, il sauve des traces, transforme, réactive l’espoir et montre la profondeur de la mémoire, l’immensité du monde et la persistance folle de l’écrit.

L’alchimie du livre, Anselm Kiefer

Bibliothèque nationale de France

Site François mitterrand

Mardi – samedi de 10h à 19h
Dimanche de 13h à 19h (fermeture des caisses à 18h)

Entrée 9 €, tarif réduit : 7 €

Jusqu’au 7 février 2016

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La hauteur des éléphants

Richard Texier, L'esprit du temps
Richard Texier, L’esprit du temps

Et si en ce début d’année on prenait un peu de recul en allant voir du côté des éléphants ? Voici deux idées pour cheminer tranquillement avec eux. Elles ne vous tromperont pas.

Première idée éléphantesque :

Découvrir l’exposition Daum, Variations d’artistes à l’Espace Dalí à Paris. Initialement prévue jusqu’au 3 janvier, elle a été prolongée jusqu’au 14 février. Vous tomberez nez-à-nez avec, entre autres joyeusetés en verre poli multicolore de la maison Daum, un éléphant haut sur pattes qui porte une obélisque sur son dos signé Salvador Dalí et un autre en bronze juché sur une coquille de verre signé Richard Texier, qui a pour nom L’esprit du temps. A méditer.

Deuxième idée éléphantesque :

les_racines_du_cielLire ou relire Les racines du ciel de Romain Gary, prix Goncourt 1956, ainsi qu’Andreossi nous l’a conseillé. Un roman visionnaire sur les questions – et leur complexité, car les différents points de vue sont montrés, comme on va le voir dans l’extrait ci-dessous – qui allaient occuper les décennies suivantes et nous (pré)occupent encore aujourd’hui, en particulier l’écologie et le sort de l’Afrique, avec bien sûr, en fond, celle, éternelle, du rôle des idéologies de tous poils… Extrait. C’est Waïtari qui pense, ancien parlementaire français qui aspire aujourd’hui au développement économique et à l’indépendance politique de ce territoire africain qui est le sien :

« Il pensa à Morel et sourit amèrement. Pour l’homme blanc, l’éléphant avait été pendant longtemps uniquement de l’ivoire et pour l’homme noir, il était uniquement de la viande (…). L’idée de la « beauté » de l’éléphant, de la « noblesse » de l’éléphant, c’était une notion d’homme rassasié, de l’homme des restaurants, des deux repas par jour et des musées d’art abstrait – une vue de l’esprit élitiste qui se réfugie, devant les réalités sociales hideuses auxquelles elle est incapable de faire face, dans les nuages élevés de la beauté, et s’enivre des notions crépusculaires et vagues du « beau », du « noble », du « fraternel » simplement parce que l’attitude purement poétique est la seule que l’histoire lui permette d’adopter. Les intellectuels bourgeois exigeaient de leur société décadente qu’elle s’encombrât des éléphants pour la seule raison qu’ils espéraient ainsi échapper eux-mêmes à la destruction. (…) Il était beaucoup plus commode de faire des éléphants un symbole de liberté et de dignité humaine que de traduire ces idées politiquement en leur donnant un contenu réel. Oui, c’était vraiment commode : au nom du progrès, on réclamait l’interdiction de la chasse aux éléphants et on les admirait ensuite tendrement à l’horizon, la conscience tranquille d’avoir ainsi rendu à chaque homme sa dignité. On fuyait l’action mais on se réfugiait dans le geste. »

 

Exposition Daum, Variations d’Artistes

Espace Dali

11 rue Poulbot – 75018 Paris

Ouvert TLJ de 10h à 18h, nocturne les mercredis 20 janvier et 10 février

Atelier pour les enfants le samedi 23 janvier à 14 h

Visites guidées le mer. 20 janvier à 18h et le sam. 6 février à 15 h

Jusqu’au 14 février 2016

 

Et roman Les racines du ciel de Romain Gary, en Folio Gallimard

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Que 2016 soit pleine de rêves !

climats_artificiels_paris_jungle_tour_eiffelCoup de cœur pour Climats artificiels, l’exposition protéiforme organisée par la Fondation EDF dans son espace de la rue Récamier à Paris. Réunissant près de 30 installations, vidéos et photographies d’une vingtaine d’artistes, elle se propose de « mettre en perspective le changement climatique à travers la vision d’artistes contemporains de renom ».

Mais attention, il ne s’agit pas ici de faire preuve de didactisme. Vous n’apprendrez pas le quoi, le comment et le pourquoi du changement climatique (ouf !). Tout au contraire, l’approche est simplement artistique. A travers trois espaces, Equillibres précaires, L’état du ciel et Catastrophes ordinaires, œuvre après œuvre vous embrasserez le regard singulier d’un artiste sur le thème de la nature ou du rapport de l’homme avec celle-ci. Parfois spectaculaires, toujours intéressantes, ces œuvres nous surprennent, suscitent tous nos sens et nous entraînent au pays des rêves.

Parmi les plus immersives, Cloudscape de Tetsuo Kondo, un grand espace transparent dans lequel est fabriqué un véritable nuage. Il y a même l’escalier pour y monter… Des nuages que l’on retrouve en continu sur petit écran avec Sky TV de Yoko Ono, sur la photographie d’un nuage recréé de toutes pièces si l’on peut dire (très étonnant Forces #13 de Sonja Braas), ou sur un superbe paysage de montagne (Panorama de Julien Charrière).

la_merIl y a une grande beauté dans ces représentations novatrices de la nature. Regardez la vidéo d’Ange Leccia La mer, un coup de génie. Elle montre le flux et le reflux des flots sur le rivage vus du ciel, et on y voit tout autant des cimes enneigées prises dans des mouvements ascendants et descendants… Ou, juste après, la représentation numérique de la circulation de l’océan autour de l’Antarctique (The southern ocean studies, du collectif Baily, Corby & Mackenzie), inédite et captivante.

L’articulation entre faune et flore sauvages et civilisation est mise en scène par Chris Morin-Eitner sur de somptueuses photographies où l’on voit la Tour Eiffel et l’Opéra Garnier entourés d’espèces végétales et animales venus de l’hémisphère sud… Tranquillement, la réflexion fait son chemin…

Les vidéos au sous-sol ne sont pas moins étonnantes : ici, un cratère en feu perpétuel depuis plus de quarante ans (Darvaza d’Adrien Missika), là la représentation multi-sensorielle des secousses sismiques (Sillage, par Cécile Beau et Nicolas Montgermont), sans oublier les Champs d’ozone parisien de Hehe, ni, évidemment le magnifique Soleil double du grand Laurent Grasso, la plus poétique de ces vidéos.

climats_artificiels_celesteLast but not least, d’une immense poésie aussi, Céleste de Hicham Berrada : une fenêtre ouverte sur un paysage de verdure d’où émerge un nuage de fumée. Une vidéo de cinq minutes, évocatrice des représentations picturales avec son utilisation de la fenêtre, dont on ne se lasse pas de regarder les mouvements de fumée incessants ni la beauté du paysage. Hypnothique..

Très belle année 2016 à tous, qu’elle soit pleine de rêves !

Climats artificiels

Espace Fondation EDF

6, Rue Récamier – Paris 7ème

M° Sèvres-Babylone

Jusqu’au 28 février 2016

Tous les jours (sauf lundi, fériés) 12h-19h

Entrée libre

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