Matisse, paires et séries à Pompidou

Matisse, Paires et séries, Pompidou

Quel printemps, amis Parisiens, quel printemps ! Après Artemisia il y a quinze jours et Degas et le nu le week-end dernier, nous poursuivons l’exploration des expositions de la saison avec autant de joie. Morceau de choix s’il en est, voici Matisse, Paires et séries, présentée à Pompidou jusqu’au 18 juin prochain. Soixante peintures et une trentaine de dessins couvrant plus d’un demi-siècle de la longue carrière d’Henri Matisse (1869-1954) : voici de quoi cheminer gaiement à travers l’ensemble de son œuvre.

Le thème de l’exposition est novateur dans la façon de présenter l’œuvre de Matisse ; pourtant, en la parcourant, cette approche semble relever de l’évidence, tant le travail en série était fondamental chez lui.
Dès le début, avec ses Nature morte, pommes, oranges des années 1898-1899, l’on découvre qu’il a commencé très vite à travailler un même motif sur des toiles de dimensions identiques, en recherchant différents modes de représentation.
Les œuvres sont ainsi accrochées systématiquement deux par deux, ou trois par trois, parfois plus, comme à la toute fin, avec les quatre grandes gouaches découpées des célèbres Nu bleu de 1952.

Entre ces deux points de repère, c’est toute une évolution que l’on suit, avec beaucoup de découvertes et de rapprochements jusqu’alors inédits. Sur le processus de création, l’évocation de l’exposition de la galerie Maeght de 1945 est passionnante : Matisse y fait présenter six de ses œuvres entourées de photographies (tirées aux mêmes dimensions que les peintures) représentant cinq états intermédiaires du tableau ! En effet, depuis les années 1930, l’artiste avait pris l’habitude de faire photographier ses peintures lorsqu’elles lui paraissaient avoir atteint un résultat satisfaisant. C’est ici que l’on comprend que Matisse pouvait changer de nombreuses fois successives la façon de représenter son sujet. Les modifications ne relèvent d’ailleurs pas du détail, loin de là : c’est toute une perspective, un point focal, un objet, des couleurs qui peuvent être remises en cause à chaque fois. Parfois, comme avec Le rêve ou la dormeuse, l’étape ultime du tableau ne semble plus qu’être la représentation d’une idée : tant de clarté dans les teintes, de douceur dans les traits de la femme, de rondeur dans les les lignes de son corps (en contrepoint de la relative dureté géométrique du soubassement de la table et des motifs de la blouse), c’est bien l’idée même de sommeil, de rêve et d’abandon que Matisse nous place sous les yeux.

Toutes les œuvres réunies pour l’occasion sont magnifiques et méritent bien entendu d’être vues pour elles-mêmes. Les motifs – des femmes, des fleurs, quelques vues et paysages, une grande prégnance des décors et des étoffes -, les couleurs – splendides et profondes -, la manière – aplats de peinture, formes de plus en plus simplifiées puis presque stylisées – font des tableaux d’Henri Matisse une peinture éminemment séduisante, à la fois reposante et rafraîchissante. Une occasion de plus de le constater, tout en enrichissant considérablement la connaissance de son œuvre immense.

Matisse, Paires et séries
Centre Pompidou
Jusqu’au 18 juin 2012
TLJ sauf le mardi de 11 h à 21 h, nocturne le jeudi jsq 23 h
Voir toutes les informations pratiques sur le site

Image :
Détail de l’affiche de l’exposition :
Henri Matisse, "La Blouse Roumaine", 1940, Huile sur toile, 92x73cm © Succession H. Matisse – Collection Centre Pompidou / J-C. Planchet / Dist. RMN-GP (à gauche)
Henri Matisse, "Le Rêve ou la Dormeuse", 1940, Huile sur toile, 81x65cm, Succession H. Matisse – Collection particulière (à droite)

Facebooktwitter

Artemisia Gentileschi au musée Maillol

Artemisia Gentileschi, Musee Maillol

Elle est, selon les commissaires de l’exposition "la moins connue des plus grands peintres du XVIIème siècle européen". Née en 1593, Artemisia Gentileschi est la fille d’Orazio Gentileschi, lui-même grand peintre baroque à Rome. Initiée à la peinture par son père, Artemisia a ensuite suivi son propre chemin au fil d’une carrière de premier plan, qui la mena de Rome à Florence, puis de Rome à Naples, avec un passage par l’Angleterre.

Pourquoi est-elle encore si peu connue aujourd’hui ? Sans doute parce qu’étant une femme, l’éclairage de son œuvre s’est au fil des siècles avéré moins favorable que celui apporté aux peintres hommes. Mais surtout, parce qu’au XXème siècle, son travail a été essentiellement abordé sous un aspect psychologisant, avec une lecture de ses tableaux avant tout biographique, ramenant leurs thématiques au traumatisme qu’elle a subi à l’âge de 17 ans, violée par un peintre collègue de son peintre, événement suivi d’un retentissant procès.
Or, s’il est vrai que les représentations violentes issues de la mythologie sont bien présentes dans son œuvre, comme le Suicide de Lucrèce, Artemisia Gentileschi ne s’est pas, loin de là, enfermée dans cette voie. Et si elle a peint beaucoup de femmes, à travers des portraits, des peintures religieuses ou d’histoire, ces thèmes ne sont que le reflet des goûts de l’époque.

La rétrospective du Musée Maillol, une première dans notre pays, permet enfin au public français de découvrir l’œuvre d’Artemisia Gentileschi.
A rebours chronologique, l’exposition débute avec par la période napolitaine, où l’artiste, entre 1630 et 1654, à l’apogée de son art, connaît son plus grand succès international.
C’est ici que l’on admire quelques uns de ses plus beaux tableaux. Si l’on tombe en premier regard sur un impressionnant Suzanne et les vieillards, la visite démarre à proprement parler avec une très belle suite de femmes : un autoportrait, deux Madeleine, une Cléopâtre. La maîtrise de la lumière et des expressions apparaissent d’emblée dans ces portraits cadrés en très gros plans. L’on retrouve ce talent pour montrer la nuance d’expressions dans un grand Nymphe Corisca et le Satyre, où la nymphe, non dénuée d’ambiguïté, a un air légèrement moqueur. Quant à L’Allégorie de la peinture, on se demande si son auteur la prend véritablement au sérieux…

Les autres sections montrent les différentes phases de son œuvres, avec notamment de délicieuses Vierge à l’enfant, dont deux placées côte à côte permettent de relever l’évolution de l’artiste entre 1608-09 et 1616-18 : entre ces deux périodes, Artemisia s’est détachée du style de son père marqué par des couleurs claires, pour accentuer les contrastes clairs-obscurs et celui des couleurs, et donner davantage de présence à des personnages.
Cette heureuse manière se retrouve dans deux merveilleuses huiles sur cuivre de dimensions modestes, mais si délicates et lumineuses : une Danaé recevant la pluie d’or et une Vierge au rosaire de 1651. Cette dernière est installée dans une petite salle à part, à côté d’un David méditant devant la tête de Goliath, œuvre de son père Orazio Gentileschi, découverte quelques semaines seulement avant l’ouverture de l’exposition et brillant exemple de peinture sur pierre, avec un précieux lapis-lazuli afghan d’un bleu inoubliable.

Artemisia
Pouvoir, gloire et passions d’une femme peintre
Musée Maillol
61, rue de Grenelle 75007 PARIS
TLJ même les jours fériés, de 10h30 à 19h
Nocturne le vendredi jusqu’à 21h30
Entrée plein tarif 11 €
Jusqu’au 15 juillet 2012

A voir aussi en ce moment au 2ème étage du Musée Maillol : des tableaux de la désormais célèbre Séraphine, si colorés, lumineux et pleins de vie !

Images :
Artemisia Gentileschi, Danaé, c. 1612, huile sur cuivre, 41,3 x 52,7 cm © Saint Louis, The Saint Louis Art Museum

Facebooktwitter

Degas et le nu au Musée d'Orsay

Après le bain, femme nue s'essuyant les pieds, Degas et le nuIl s’agit assurément de l’une des plus belles expositions de ce début de printemps. Degas et le nu est une merveilleuse façon de traverser le parcours de cet artiste majeur du XIXème siècle (1834-1917) qui a fait la transition entre l’Académisme et la modernité avec une extraordinaire souplesse.

Au départ, cet enfant de la haute bourgeoisie est formé à l’école ingresque classique, enseignement qu’il complète par la fréquentation des maîtres de la Renaissance italienne. Ses premiers dessins ici exposés témoignent de cette parfaite maîtrise du dessin, qui lui donnera sans doute plus tard l’aisance pour appréhender le corps de manière beaucoup moins conventionnelle. Rare corps masculin du parcours, son Nu aux bras croisés exécuté à la sanguine en 1857 relève certes de la tradition du nu en atelier d’après modèle, mais annonce déjà le désir d’une approche plus "naturelle", avec une pose en équilibre d’une étonnante décontraction.

Ses premiers grands tableaux appartiennent encore à la peinture d’histoire. Ils sont surprenants, quand on ne connaît que ce qui a fait plus tard le succès d’Edgar Degas ! Mais dans les années 1860, en s’essayant à des compositions historiques ou mythologiques, il était bien de son temps… Voici donc un très classique Petites filles spartiates provoquant les garçons, suivi d’une Scène de guerre au Moyen-Age entourée d’un ensemble aussi complet qu’intéressant de dessins préparatoires, où l’on voit que l’artiste commence à se défaire de sa formation académique, pour à la fois s’inspirer de certaines scènes des Désastres de la guerre de Goya, et innover de nouvelles postures des corps. D’ailleurs, ces dernières ne sont pas sans annoncer les baigneuses qu’il réalisera plus tard…

C’est une veine résolument naturaliste qu’il entreprend dans les années suivantes, oubliant les canons classiques, pour dévoiler les corps féminins tels qu’ils sont intrinsèquement, mais aussi tels qu’ils se tiennent, se courbent, s’abandonnent… Il ne semble y avoir chez le Degas moderne nulle recherche purement esthétique ou sensuelle, mais uniquement le désir de montrer la vérité des corps dénudés, là où ils se trouvent. C’est ainsi que l’on découvre, dans une salle améthyste à l’ambiance boudoir, une suite sur le thème des maisons closes, occasion pour l’artiste de se faire, comme les écrivains d’alors, chroniqueur de la réalité sociale, sans exclure de cette approche les rapports hommes/femmes sous un angle particulier : celui de l’homme qui va perdre sa morale et sa santé auprès des prostituées, alors que son célèbre tableau Le viol (venu du Phildelphia Museum of Art) souligne la domination masculine avec une violence rarement vue ailleurs chez Degas.

Femme se peignant, Degas et le nuPuis, de plus en plus, sur dessins, monotypes et pastels, Degas travaille le thème des baigneuses, avec une prédilection pour les femmes se coiffant. Il atteint dans ce registre, et en utilisant à merveille le pastel, une maîtrise éblouissante, livrant dans les années 1880 une multitude de chefs d’oeuvres sur papier – dont il faut profiter ici pleinement, car leur fragilité ne permet pas au musée de les exposer fréquemment.

Degas transpose également ces magnifiques modelés en sculpture : outre les fameuses danseuses qui soulignent son travail sur le corps en mouvement, la statuette en bronze Le tub, montrant une femme étendue sur le dos dans son bain mais jambes repliées, est passionnante à regarder sous tous ses angles.

La dernière salle, à travers une poignée de tableaux seulement, permet de se faire une idée de l’étendue du "legs" de Degas : Bonnard, Picasso et Cézanne notamment n’aborderont le nu qu’instruits de l’immense travail de "dé-idéalisation" du corps et des recherches sur le modelé et le mouvement d’Edgar Degas.

Degas et le nu
Musée d’Orsay
1 rue de la Légion d’Honneur – Paris 7°
TLJ sauf le lun., de 9h30 à 18h, le jeu. jsq 21h45
Entrée 12 € (TR 9,5 €)
Jusqu’au 1er juillet 2012

Publications : outre le catalogue de l’exposition, voir notamment le Hors-série Découvertes Gallimard, Degas et le nu par Xavier Rey (8,40 €)

Images :
Edgar Degas, Après le bain, une femme s’essuyant les pieds, 1886, Pastel sur carton, 54 x 52 cm, Paris, musée d’Orsay, legs du comte Isaac de Camondo, 1911 © RMN (Musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski
Edgar Degas, Femme se peignant ou La Chevelure, entre 1886 et 1890, Pastel sur papier beige collé sur carton, 82 x 57 cm, Paris, musée d’Orsay © RMN (Musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski

Facebooktwitter

Debussy, la musique et les arts

La grande Vague, Hokusai, Debussy, la musique et les arts

Les îles d’or et L’air du soir de Cross, la Vague d’Hokusaï, les Rosiers sous les arbres de Klimt… voici quelques uns des nombreux tableaux visibles à la splendide exposition – organisée par le Musée d’Orsay – qui vient d’ouvrir au Musée de l’Orangerie.

Il s’agit de l’une des différentes manifestations qui viennent célébrer cette année le 150ème anniversaire de la naissance de Claude Debussy, avec notamment un cycle de concerts du 16 février au 22 mai au musée d’Orsay et Pelléas et Mélisande dans la mise en scène de Bob Wilson du 28 février au 16 mars à l’Opéra Bastille.

L’exposition séduit par son intelligence tant ses commissaires ont su restituer la diversité des correspondances entre l’art du musicien et les arts plastiques et poétiques de son époque. A cette diversité, la musique de Debussy donne sa cohérence, réunissant des influences caractérisées par la rareté, le raffinement, la fraîcheur, l’onde, le nocturne, l’aérien ou encore la volute… dans une tension merveilleusement résolue entre sophistication et naturel. Articulée en sections thématiques, pratiquement dépourvue de musique (à chaque lieu son moment), l’exposition est un ravissement pour les yeux. Le plaisir aurait pu être plus complet encore si ses organisateurs n’avaient pas commis deux erreurs pratiques.

Cross, Iles d'Or, Debussy, la musique et les arts La première est le choix des lettres blanches sur fond bleu clair pour les cartels (le même bleu habille l’ensemble des murs) : alors que pour bien des œuvres présentées, le titre prolonge l’esthétique du tableau ou de l’objet, renvoyant en lui-même bien souvent à la musique de Debussy et inversement, les titres sont quasiment illisibles ! Un autre point laisse tout aussi perplexe : la section consacrée à l’Art nouveau et au japonisme est abritée derrière un filet noir certes très fin mais qui devient d’autant plus visible que l’on se rapproche des œuvres… faites de mille détails comme on sait ! Le même voile noir nous tient également à distance de La Petite Châtelaine et des Implorantes de Camille Claudel… dommage de réduire ainsi des sculptures à une double dimension seulement ! Choix d’autant plus mystérieux que l’on ne saurait reprocher à Guy Cogeval, président du Musée d’Orsay et de celui de l’Orangerie, de ne pas savoir mettre en valeur les œuvres : sa récente et excellente rénovation du Musée d’Orsay démontre l’exact contraire.

Amateur de peinture, de poésie et d’arts décoratifs, Claude Debussy a été l’ami du peintre Henry Lerolle, dont on peut admirer quelques tableaux d’intérieur, d’apparence sage mais aussi lumineux que délicats, du compositeur Ernest Chausson et du conseiller d’Etat Arthur Fontaine, tous trois unis par leurs épouses nées Escudier, musiciennes et modèles de nombreux peintres.
Ces trois familles soutiennent le compositeur dès les années 1890, et c’est chez elles qu’il rencontre Edgar Degas, Odilon Redon ou Maurice Denis… mais aussi André Gide ou Paul Valéry.
Ses sources d’inspiration vont des préraphaélites anglais comme Rossetti (La Demoiselle Elue) au modernisme de Munch et de Kandinsky, en passant par le Symbolisme, la redécouverte de l’Antique, l’Art nouveau et l’Orientalisme : de toutes ces esthétiques, Claude Debussy s’entoure et fait son miel.

Les projets de costumes et de décors restituent ses œuvres scéniques : Pelléas et Mélisandre bien sûr, mis en perspective avec des lithographies de Munch, mais aussi Le Martyre de Saint-Sébastien (magnifiques décors de Léon Bakst), et Jeux, où l’on découvre des esquisses de décor de Pierre Bonnard.
L’on voudrait citer toutes les œuvres, tant sont nombreuses les résonances plastiques et musicales dans l’univers de Debussy. D’un Après-midi d’un Faune de Gauguin à La Musique de Vuillard, de la Mer aux marines de Degas et de Manet et aux verreries de Gallé, et jusqu’au Pagodes et Estampes japonaises… Debussy semble être partout et tout semble être chez Debussy à cette vraiment très très "Belle époque".

Musée de l’Orangerie
Jardin des Tuileries 75001 Paris
Informations pratiques sur le site de l’Orangerie
Commissaires : Guy Cogeval, président de l’Etablissement public des musées d’Orsay et de l’Orangerie, Jean-Michel Nectoux, musicologue au CNRS et Xavier Rey, conservateur au musée d’Orsay
Jusqu’au 11 juin 2012

Images :
Katsushika Hokusai, Sous la grande vague à Kanagawa, 1830-1833, Paris, Musée national des arts asiatiques, Guimet
Henri-Edmond Cross Les Iles d’Or © RMN (Musée d’Orsay)

Facebooktwitter

Jacqueline Kiang. Sentiers insoupçonnés

Jacqueline Kiang à la galerie Frédéric Moisan, Paris

Frédéric Moisan est un galeriste parisien dont on aime suivre les choix, tant les artistes qu’il expose présentent dans leur diversité et celle de leurs supports une grande cohérence. L’on a pu admirer dans sa galerie par exemple les photos de François Sagne, les œuvres sur papier de Denis Polge, les photos retravaillées de Bernard Guillot… Des artistes reliés entre eux par un même fil, celui de la poésie et de la rêverie.

Jacqueline Kiang, que Frédéric Moisan présente pour la deuxième fois, appartient bien à cette lignée. Cette femme aux longs cheveux gris, élégante et naturelle, peau fine et attaches délicates, explique avec sa gentillesse et sa courtoisie extrêmes que si son âge ne lui permet plus de voyager comme autrefois, c’est à travers son art qu’elle le fait désormais et retrouve de beaux souvenirs.

Son accent new-yorkais natal semble s’être mâtiné au fil du temps d’autres influences. Avant même de lui demander lesquelles, ses œuvres nous mettent sur la voie de l’Italie, où elle a effectivement vécut de nombreuses années et qui l’on profondément marquée.
Ses œuvres sur papier – une quarantaine est actuellement visible sur les murs de la galerie – associent différentes techniques (éléments gravés, collages, aquarelle, gouache, encre…) pour former des compositions extrêmement équilibrées, solides malgré leur apparente légèreté et leur petit format de 40 cm x 30 cm.
Elles "installent" d’emblée le regard, sollicitant l’imagination tant par leurs splendides couleurs nuancées que par leurs formes, composant des ensembles aux approches multiples.

Si les titres ou les inscriptions de certaines œuvres sont des hommages directs à l’Italie, le pinceau de Jacqueline Kiang parle aussi de lui-même, choisissant une palette lumineuse d’ocres, de mauves, de bleus méditerranéens qui parfois autour d’espaces blancs font place à davantage de clarté encore, quand les formes évoquent tour à tour la densité architecturale, la légèreté du linge, la transparence de l’air et de l’eau.
Outre la palette impressionniste, l’on retrouve aussi la délicatesse orientale et la minutie ornementale des miniatures : nul doute que ce que Jacqueline Kiang, aujourd’hui installée à Paris, restitue sur le papier est une vie extraordinairement riche en observation, en rencontres, et en amour de la beauté.

Jacqueline Kiang
Sentiers insoupçonnés
Technique mixte sur papier
Galerie Frédéric Moisan
72, rue Mazarine – Paris 6ème
Du mardi au samedi de 11 h à 19 h
Ouvert exceptionnellement pendant l’exposition les dimanches de 15h30 à 19 h
Jusqu’au 3 mars 2012
Entrée libre

Durant l’exposition, Frédéric Moisan présente dans un espace de sa galerie un accrochage de ses artistes permanents.

Image : Secrets d’automne, 2010, technique mixte sur papier

Facebooktwitter

Marcel Storr. Bâtisseur visionnaire

Bâtisseur Visionnaire

Quel est cet inconnu dont on ne sort qu’aujourd’hui les superbes dessins merveilleusement colorés ?
Un bâtisseur un peu fou, maintenant mort depuis 30 ans, et dont on ne découvre l’œuvre que grâce à la passion d’un couple bombé amoureux de ses dessins. Par bonheur, ils sont dans leur totalité (une soixantaine s seulement, mais quel travail derrière chacun d’eux !) visibles jusqu’au 31 mars au Carré Baudouin dans le 20ème arrondissement de Paris.

L’exposition est un voyage dans un autre monde construit de toutes pièces par un "non-artiste", au sens où Marcel Storr s’est fait tout seul après une enfance digne des Misérables, orphelin devenu sourd après avoir été battu dans la ferme où il était placé, n’ayant jamais appris les techniques des beaux-arts, mais ayant passé sa vie à dessiner, totalement dans l’ombre après ses journées de travail physique – il a été tour à tour balayeur, empierreur aux parcs et jardins de la Ville de Paris…

Sa production artistique s’échelonne de 1930 (il n’avait alors pas 20 ans) à 1975. Le parcours, chronologique, montre une grande évolution sur cette longue durée. Si l’on y retrouve toujours un art du dessin extraordinaire (malgré un non-académisme donnant lieu à une interprétation parfois fantaisiste des règles de la perspective), un soin du détail obstiné, un goût exclusif pour le motif architectural monumental qui remplit tout le papier, en revanche plus Marcel Storr avance dans son œuvre, plus il élève et élargit ses représentations.
D’abord, ce ne sont que des cathédrales, puis des tours immenses – le conduisant parfois au polyptyque. Enfin, ce sont carrément des mégapoles sur grands formats où, dans une ambiance futuriste, la place laissée à l’humain est toujours aussi réduite – au plus, de minuscules traits noirs.

Marcel Storr, exposition au Carré BaudoinLes couleurs qu’il passait ensuite avec un soin toujours aussi poussé sur un papier buriné par la pointe de sa plume sur-appuyée sont splendides, chaudes, faites de jaunes, d’oranges, de rouges et de violines chatoyants.
Comme si par les couleurs Marcel Storr venait enchanter quelque peu un monde de constructions étouffant, écrasant, d’une effrayante modernité.

Marcel Storr
Bâtisseur visionnaire
Pavillon Carré Baudouin
121 rue de Ménilmontant – Paris 20°
Du mardi au samedi de 11 h à 18 h
Jusqu’au 31 mars 2012
Entrée libre

Facebooktwitter

Signé Dalí – La collection Sabater

Signé Dali, la collection SabaterVivante ! Tel est le mot qui qualifie le mieux l’exposition tout juste commencée à l’espace Dalí haut perché sur la butte Montmartre.
Après avoir été présentée durant deux ans au musée de Cadaquès, elle s’installe jusqu’au mois de mai dans le seul musée de France entièrement dédié à l’artiste surréaliste catalan.
L’on y découvre, autour des sculptures appartenant à l’espace Dalí, une centaine d’œuvres dédicacées par Salvador Dalí à son secrétaire particulier et ami Enrique Sabater – qui en possède quelque trois cents.

Pour l’histoire, les deux hommes font connaissance en 1968, alors que Sabater est un jeune journaliste venu l’interviewer à son atelier de Port Lligat en Catalogne. La conversation s’installe et Dalí lui dit de revenir le sur-lendemain pour poursuivre les échanges. Et ainsi de suite de jour en jour, si bien qu’une amitié se construit progressivement. Au bout de quelques années, Sabater devient non seulement le comptable, le conseiller, le chauffeur, le garde du corps et l’attaché de presse de Dalí, mais aussi le complice de la vie quotidienne du couple qu’il forme avec Gala. Ce lien durera jusqu’en 1981, soit plus de douze ans.

L’exposition témoigne pleinement de cette confiance. Y sont présentés pêle-mêle, dans une ambiance un peu foutraque absolument délicieuse, photos, livres, dessins, huiles, aquarelles, maquettes et gravures tous dédicacés de la main du maître à son ami.
A travers ces œuvres, c’est tout un univers qui s’ouvre au visiteur : celui d’un artiste brillant, profondément enraciné dans la culture littéraire classique et en même temps révolutionnaire, mais aussi d’un homme d’amour (quelle tendresse se lit sur les photos le montrant avec Gala !) et d’amitié, qui octroyait avec générosité les dédicaces aux personnes qu’il aimait – les œuvres exposées en sont la preuve matérielle.

Exposition Signé Dali à l'espace DaliL’image publique du mégalomane se pavanant tel un paon faisant la roue est remise à sa juste place derrière le témoignage d’Enrique Sabater qui révèle combien cette attitude était calculée : "Dalí et Gala étaient des gens simples. Leur vie à Port Lligat, c’était la routine : Dalí peignait durant de longues heures et Gala lui lisait ses textes préférés pour le relaxer. Dalí me demandait toujours de lui rappeler la visite d’un journaliste cinq minutes avant, pour qu’il mette son "costume d’interview". Dès qu’il était en présence d’un inconnu, son ton changeait, il se métamorphosait pour interpréter son rôle".

Il faut prendre le temps de déambuler au milieu des œuvres pour ressentir l’extraordinaire vitalité qui s’en dégage : liberté absolue, inventivité débridée, mais avec toujours un fini soigné, des couleurs qui font mouche, des lignes virtuoses – ses splendides dessins à l’encre de chine évoquent une calligraphie traditionnelle qui aurait pris ses aises…
On en ressort tout régénéré, avec l’avis que le charme du surréalisme a aujourd’hui encore de beaux jours devant lui, tant l’on a besoin de sa fantaisie et de sa légéreté, qui chez le Catalan s’épanouissent avec une grâce particulière.

Signé Dalí – La collection Sabater
Espace Dalí
11 rue Poubot – Paris 18ème
M° Anvers, Abbesses, bus 54, 80 et Monmartrobus
TLJ de 10 h à 18 h
Entrée plein tarif 11 €
Jusqu’au 10 mai 2012

Images :
A Sabater, Paysage de l’Empordà, huile sur cuivre – 18 x 23,7 cm – 1978 © Collection Enrique Sabater
A Sabater, une accolade sur le Quin Elisabet (sic) Encre sur papier – 28,5 x 44 cm – 1975 © Collection Enrique Sabater

Facebooktwitter

Calamity Jane. Théâtre de Paris

Calamity Jane au théâtre de ParisCalamity Jane exista bel et bien, elle vécut durant la seconde moitié du XIXème siècle dans l’Ouest américain, où elle mena une existence tellement hors normes pour une femme de son époque que son nom est rapidement entré dans le patrimoine commun. A tel point que celle qui est née Martha Jane Canary est avant tout devenue un personnage de légende : dans sa biographie se mêlent éléments historiques et fictions en tous genres. Même, selon certains experts, les fameuses lettres à sa fille auraient été inventées de toutes pièces !!

Loin de ces débats d’historiens, la Calamity Jane de Jean-Noël Fenwick, interprétée par Clémentine Célarié et mise en scène par Alain Sachs est parfaitement dans la tradition du personnage : une jeune femme livrée à elle-même dans le Grand Ouest qui pour travailler et par goût se fait « garçon », chevauchant sans peur ni reproche, tirant à la carabine, buvant, jurant et se gouvernant elle-même avec une incommensurable soif d’indépendance et un tempérament de tous les diables.
Elle rencontre Wild Bill Hickok, l’épouse clandestinement, a une fille de lui, divorce, abandonne la petite à des parents adoptifs, poursuit sa route en enchaînant les jobs de durs les plus variés, mais toujours le cœur sur la main, envoyant de l’argent à sa fille et aidant malades et nécessiteux.

Tous ces extrêmes se retrouvent bien sur la scène du théâtre de Paris, incarnés par une Clémentine Célarié toujours incroyable d’énergie et de force d’émotion, et une troupe de comédiens fort à l’aise autour d’elle, à commencer par Yvan Le Bolloc’h en Bill Hickok conforme lui aussi à sa légende.
De cabane en saloon sur fond de désert indien, changement de décor à l’appui de chaque scène, l’on passe en revue autant de tranches de vie qui mises bout à bout restituent l’existence dure, à la fois amusante et émouvante de cette chère Calamity, l’une des premières féministes de l’Histoire…
La mise en scène est de la belle ouvrage, huilée et sympathique, qui porte le spectateur sans dommage jusqu’au bout, mais sans le surprendre non plus, comme si Alain Sachs avait voulu restituer sur les planches l’imagerie la plus classique du Far West, véhiculée durant des décennies à travers films et bandes dessinées sur des ressorts qui semblent aujourd’hui presque désuets.

Calamity Jane
Théâtre de Paris
Pièce de Jean-Noël Fenwick
Mise en scène d’Alain Sachs
Avec Clémentine Célarié, Yvan Le Bolloc’h, Philippe Du Janerand, Isabelle Ferron, Pierre-Olivier Mornas, Tatiana Goussef, Gilles Nicoleau, Michel Lagueyrie, Fannie Outeiro, Patrick Delage, Cyril Romoli, Jordi le Bolloc’h, Cédric Tuffier et Satan le cheval
Du 24 janvier au 19 février 2012
Du mar. au sam. à 20h30, le sam. à 17h et le dim.à 15h30
Billets de 18 € à 65 €
M° Trinité d’Estienne d’Orves, Saint Lazare, Liège, Blanche
Bus: 26, 32, 43, 68, 74, 81 rn

Facebooktwitter

Les masques de jade mayas à la Pinacothèque

Masques de jade Mayas, PinacothèqueAprès l’or des Incas, la Pinacothèque de Paris poursuit son exploration des cultures pré-hispaniques, avec cette fois la découverte de la culture Maya et notamment ses fameux masques de jade.

Apparue aux alentours de -2000 ans en Amérique Centrale (au niveau des actuelles zones du Yucatan et du Chiapas au sud du Mexique, et du Honduras, du Salvador et du Guatemala), la civilisation Maya a connu son apogée à la période dite Classique, entre 250 et 900 de notre ère. L’essentiel des objets exposés proviennent de cette époque.

Le parcours est un ravissement tant sur le plan esthétique qu’historique. Masques, stèles, éléments de vaisselle, bijoux… permettent d’aborder les fonctions symboliques attribuées à ces objets et à travers elles le monde de croyance de cette brillante culture.

Autant chez les Incas, le divin était matérialisé à travers l’or, autant les Mayas attribuaient au jade le pouvoir sacré. Ces masques, découverts récemment au Mexique, faits de mosaïques de pierre verte à laquelle étaient ajoutés d’autres matériaux servaient à représenter les divinités, et notamment l’une des plus importantes du panthéon Maya, K’awill, le dieu du maïs garant de la continuité des cycles cosmiques. Lors des cérémonies rituelles, ils étaient portés par les dignitaires ainsi parés du pouvoir d’intercéder avec le divin. D’autres masques représentaient les visages des dirigeants mayas. Placés près de la dépouille, ils faisaient partie du "trousseau funéraire", avec colliers, bracelets, et autres ornements. L’exposition reconstitue des tombeaux, où l’on voit également, à côté du défunt, des récipients en céramiques, des vases tétrapodes, des petits tapis de coquillage… Tous ces éléments témoignaient de la transformation que les défunts subissaient lorsque leur essence spirituelle quittait leur dépouille mortelle.

Pinacothèque de Paris, MayasDes stèles en pierre permettent de découvrir la finesse et le style géométrique des sculptures, où règnes animal et végétal, comme sur les maques, se mêlent à l’humain. Les inscriptions révèlent la complexité et la beauté de leur système d’écriture, composé de glyphes plutôt circulaires. On trouve ces écrits sur des stèles de calcaire, mais aussi sur des objets funéraires, par exemple sur des hachettes de jade placées sous un pectoral et retrouvées dans une tombe sur le site de Calakmul.
L’utilisation des coquillages montre l’importance de l’océan pour les Mayas, qui avaient une vision tridimensionnelle du cosmos, céleste, souterrain et marin.
A côté des reliefs archéologiques (fabuleusement conservés et restaurés) la symbolique maya est décryptée : ainsi, les attributs du jaguar qui enrichissent la visage du défunt sur un masque renvoient à cette créature de la nuit censée accompagner le défunt et lui transmettre ses pouvoirs dans le monde souterrain, tandis que sur un autre, les crocs d’un reptile viennent figurer le serpent du souffle divin.
Passionnant !

Les masques de jade mayas
Pinacothèque de Paris
28, place de la Madeleine – 75008 Paris
TLJ de 10h30 à 18h30, jsq 21h les mer. et ven.
Le 1er mai, ouverture de 14h à 18h30
Entrée 10 €
Jusqu’au 10 juin 2012

Images :
Masque funéraire en mosaïque de jade, Tombe 1, structure VII, Calakmul, Campeche, Classique tardif, 660-750 apr. J.-C., Mosaïque de jade, Spondylus princeps, Pinctada mazatlanica et obsidienne grise, 36,7 x 23 x 8 cm Musée d’Architecture maya, Fuerte de la Soledad, Campeche © Photo: Martirene Alcántara/INAH
Stèle avec le relief d’un personnage qui porte le sceptre de K’awiil, Structure 1, Calakmul, Campeche, Classique Haut-relief de calcaire, 99 x 69 cm, Musée Fuerte de San Miguel, Campeche © Photo: Martirene Alcántara/INAH

Facebooktwitter

Correspondance New Yorkaise. Depardon à l'Alcazar

Exposition Correspondance New-yorkaise à l'Alcazar, Raymond Depardon

L’Alcazar rue Mazarine à Paris, hier cabaret mythique, aujourd’hui élégant restaurant repensé par Terence Conran accueille jusqu’au 5 mars 2012 une courte mais exceptionnelle exposition de photos de Raymond Depardon.
Certes, ce n’est pas toujours pratique de se faufiler entre les tables pour les regarder, mais en y allant entre deux services, le matin ou l’après-midi, le champ y est assez dégagé pour profiter de chacune des 33 photographies.

Exposée pour la première fois hors les murs de l’agence Magnum, le reporter-photographe avait réalisé cette chronique new-yorkaise pour Libération au cours de l’été 1981.
Chaque jour, du 2 juillet au 7 août, il envoyait au journal une photo légendée de sa main. A l’époque, sans internet, il fallait s’organiser pour tirer et envoyer les photos quotidiennement. Sur place, il s’est appuyé sur l’aide logistique de la grande presse new-yorkaise. Quand il arrive dans les bureaux du New-York Times, personne ne connaît évidemment notre Libé français. Un jour il finit par trouver "le seul exemplaire de Libération de la ville" afin de le leur montrer. Mais assez vite, le picture director du journal lui dit qu’il ne peut continuer à travailler dans les bureaux… Le Times magazine prend alors le relais. Il se rend aussi au magazine américain Geo, où il photographie les lavabos des toilettes pour dames devant une grande baie vitrée donnant sur des gratte-ciels. Vertigineux. Le commentaire de Depardon l’est tout autant : "J’ai envie de faire des photos "à la chambre". J’ai envie de faire ma famille dans la Dombes. Je pense à la campagne… ça doit être la moisson maintenant !".
Depuis, on a vu le travail documentaire, les films de Raymond Depardon sur le monde paysan. Mais en 1981, il n’avait pas encore fait un tel "retour" et lire ces lignes écrites à cette époque et à New-York est extrêmement émouvant. Assurément, ces photos s’admirent (elles sont toutes superbes) autant qu’elles se lisent.

Correspondance New-Yorkaise, Depardon à l'AlcazarEn quelques lignes manuscrites, parfois deux, parfois dix, Depardon raconte l’atmosphère new-yorkaise : le 4 juillet, jour de l’Indépendance, il pleut, il n’y a presque personne. Visite de convenance à la Statue de la Liberté (atmosphère fort palpable sur le cliché pris sur le bateau pour s’y rendre).
Il y évoque sa solitude, les longs silences avec ses contacts locaux, car son anglais est bien pauvre. Alors qu’il indique "avoir dès le départ refusé de planifier comme un professionnel ou de visiter comme un touriste" et avoir "laissé les choses se faire au hasard des jours", le travail qu’il rend est remarquable : scènes ordinaires, mais ô combien typiques de New-York, cadrages à tomber, détails qui tuent, personnages qu’on a envie de connaître davantage…
Et toujours ce décalage immense. Il pense au Tchad, il pense à son film à poursuivre, il pense à un autre, qui serait tourné dans le désert, "un film épique, avec des châteaux forts et plein de figurants". En voyant les Unes des journaux locaux titrant sur les faits divers, il réfléchit à la violence, à l’image, au cinéma. Au Guggenheim, il pense au Guernica de Picasso, qui est (alors) encore au MoMA.
Surtout, ce qui revient le plus sous sa plume, c’est le vide, la tristesse de la ville en ce mois d’été, qui le renvoient à son isolement. Sentiment qui atteint son paroxysme sur les lieux de jeux, symboles du néant et de la misère humaine.

Après le 7 août, rentré en France, il retourne à la ferme du Garet de son enfance. Il fait du vélo avec sa petite-nièce, va voir les vaches. Va au cimetière sur la tombe de son père avec sa vieille mère. Ces photos font partie de l’exposition. On est à peine surpris, tellement Depardon est tout cela à la fois, grand reporter partout dans le monde et éternel enfant de sa terre.

« Correspondance New Yorkaise »
Raymond Depardon
L’Alcazar
62, rue Mazarine – 75006 Paris
Tel. : 01 53 10 19 99
Jusqu’au 5 mars 2012
Entrée libre

A lire aussi sur maglm, les chroniques sur :
Le film  »La vie moderne » de Raymond Depardon
L’exposition  »Terre natale » de Raymond Depardon et Paul Virilio
L’exposition "La France" de Raymond Depardon

Facebooktwitter