Matisse, paires et séries à Pompidou

Matisse, Paires et séries, Pompidou

Quel printemps, amis Parisiens, quel printemps ! Après Artemisia il y a quinze jours et Degas et le nu le week-end dernier, nous poursuivons l’exploration des expositions de la saison avec autant de joie. Morceau de choix s’il en est, voici Matisse, Paires et séries, présentée à Pompidou jusqu’au 18 juin prochain. Soixante peintures et une trentaine de dessins couvrant plus d’un demi-siècle de la longue carrière d’Henri Matisse (1869-1954) : voici de quoi cheminer gaiement à travers l’ensemble de son œuvre.

Le thème de l’exposition est novateur dans la façon de présenter l’œuvre de Matisse ; pourtant, en la parcourant, cette approche semble relever de l’évidence, tant le travail en série était fondamental chez lui.
Dès le début, avec ses Nature morte, pommes, oranges des années 1898-1899, l’on découvre qu’il a commencé très vite à travailler un même motif sur des toiles de dimensions identiques, en recherchant différents modes de représentation.
Les œuvres sont ainsi accrochées systématiquement deux par deux, ou trois par trois, parfois plus, comme à la toute fin, avec les quatre grandes gouaches découpées des célèbres Nu bleu de 1952.

Entre ces deux points de repère, c’est toute une évolution que l’on suit, avec beaucoup de découvertes et de rapprochements jusqu’alors inédits. Sur le processus de création, l’évocation de l’exposition de la galerie Maeght de 1945 est passionnante : Matisse y fait présenter six de ses œuvres entourées de photographies (tirées aux mêmes dimensions que les peintures) représentant cinq états intermédiaires du tableau ! En effet, depuis les années 1930, l’artiste avait pris l’habitude de faire photographier ses peintures lorsqu’elles lui paraissaient avoir atteint un résultat satisfaisant. C’est ici que l’on comprend que Matisse pouvait changer de nombreuses fois successives la façon de représenter son sujet. Les modifications ne relèvent d’ailleurs pas du détail, loin de là : c’est toute une perspective, un point focal, un objet, des couleurs qui peuvent être remises en cause à chaque fois. Parfois, comme avec Le rêve ou la dormeuse, l’étape ultime du tableau ne semble plus qu’être la représentation d’une idée : tant de clarté dans les teintes, de douceur dans les traits de la femme, de rondeur dans les les lignes de son corps (en contrepoint de la relative dureté géométrique du soubassement de la table et des motifs de la blouse), c’est bien l’idée même de sommeil, de rêve et d’abandon que Matisse nous place sous les yeux.

Toutes les œuvres réunies pour l’occasion sont magnifiques et méritent bien entendu d’être vues pour elles-mêmes. Les motifs – des femmes, des fleurs, quelques vues et paysages, une grande prégnance des décors et des étoffes -, les couleurs – splendides et profondes -, la manière – aplats de peinture, formes de plus en plus simplifiées puis presque stylisées – font des tableaux d’Henri Matisse une peinture éminemment séduisante, à la fois reposante et rafraîchissante. Une occasion de plus de le constater, tout en enrichissant considérablement la connaissance de son œuvre immense.

Matisse, Paires et séries
Centre Pompidou
Jusqu’au 18 juin 2012
TLJ sauf le mardi de 11 h à 21 h, nocturne le jeudi jsq 23 h
Voir toutes les informations pratiques sur le site

Image :
Détail de l’affiche de l’exposition :
Henri Matisse, "La Blouse Roumaine", 1940, Huile sur toile, 92x73cm © Succession H. Matisse – Collection Centre Pompidou / J-C. Planchet / Dist. RMN-GP (à gauche)
Henri Matisse, "Le Rêve ou la Dormeuse", 1940, Huile sur toile, 81x65cm, Succession H. Matisse – Collection particulière (à droite)

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