La ''Planète Parr'' au Jeu de Paume à Paris

Planète ParrPlanète Parr, à voir au site Concorde du Jeu de Paume et dans le jardin des Tuileries jusqu’au 27 septembre, n’est pas une simple exposition de photographies de Martin Parr.
Celles-ci n’arrivent d’ailleurs qu’en fin de parcours.

En réalité, est ici recréé, par échantillons représentatifs, tout l’univers de l’artiste, sorti pour l’occasion de sa maison de Bristol.
Un univers constitué de différentes galaxies qui, appréhendées dans leur ensemble, tracent une espèce d’autoportrait du célèbre photographe britannique.

L’on découvre ainsi d’impressionnantes collections de cartes postales (certaines très anciennes, d’autres très amusantes), d’objets kitsch au possible (du papier toilette Ben Laden au slip kangourou Obama en passant par les assiettes figurant la grève des mineurs en 1984 et les mugs Margaret Thatcher), mais aussi de livres de photographies – une autre passion chez lui, qu’il a fait partager dans son ouvrage Le Livre de photographies : une histoire (1) – et enfin de photographies.

Dans ces deux dernières collections se révèlent les sources d’inspiration de Martin Parr : la photographie documentaire britannique (l’une des parties les plus intéressantes de l’exposition), représentée notamment par Tony Ray-Jones, Chris Killip et Graham Smith, mais pas seulement : apparaissent aussi dans son petit panthéon personnel Robert Frank, William Eggleston, ou encore Henri Cartier-Bresson, dont la découverte, en 1969, fut un moment très fort pour celui qui allait devenir en 1994 membre de l’agence Magnum.

Mais Martin Parr est indubitablement un homme de son temps ; il éprouve pour son époque une insatiable curiosité, comme en témoigne sa manie des collections, prétexte aussi à une exploration sans relâche de ce qui se fait ici ou ailleurs. Ainsi, parmi des acquisitions récentes, figurent des œuvres de photographes japonnais tels que Osamu Kanemura.

Les collections de cartes postales et d’objets du quotidien « fétichistes » ou commémoratifs participent elles aussi de cet autoportrait, où l’on retrouve l’intérêt de Parr pour la société de consommation, la publicité, l’image « cliché »… Une société qu’il a lui-même abondamment chroniquée, sans ménagement aucun mais avec beaucoup d’humour et un immense talent, au fil de ses reportages depuis plus de trente ans.

Exposition Martin Parr, Planète ParrAprès avoir montré les milieux ouvriers et les classes moyennes, il a consacré ses derniers travaux aux privilégiés de la planète.
Dans cette série Luxury, le regard de Martin Parr est ici encore sans concession : sur de très grands formats aux couleurs criardes s’étale le monde des très-argentés, où l’ostentation semble poussée au stade de la compétition. De Dubaï à Miami, en passant par Moscou et Chantilly, les codes sont finalement peu dissemblables. Chapeaux, lunettes, sacs, vêtements, et bien sûr montres, il faut que ce soit gros et que ça brille, si possible toutes griffes dehors. La vulgarité de comportement, comme la voracité devant un buffet, n’échappe jamais à l’œil impitoyable de l’Anglais, qui s’amuse à souligner sans en avoir l’air la grosse tache sur la robe de soie ou des ongles bien trop vaguement vernis…

A voir aussi : sa série sur dix villes du Royaume-Uni, effectuée pour The Guardian et, dans le jardin des Tuileries, Small Wordl, reportage sur le tourisme de masse.

Planète Parr, La collection de Martin Parr
Jusqu’au 27 septembre 2009
Jeu de Paume – site Concorde
1, place de la Concorde – Paris VIIIème
TLJ sf le lundi, jusqu’à 19 h, le mardi jusqu’à 21 h
Entrée 6 € (TR : 4 €)

(1) Publié en deux tomes aux éditions Phaidon en 2005

Images : Russia. Moscow. Fashion Week, 2004, série "Luxury", Martin Parr, © Martin Parr, Magnum Photos / Kamel Mennour
et USA. Hollywood. Attendees at a charity function, 2000, série "Luxury", Martin Parr, © Martin Parr, Magnum Photos / Kamel Mennour

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