Visiter la Villa Médicis à Rome

La vue sur Rome depuis les jardins de la Villa Médicis
La vue sur Rome depuis les jardins de la Villa Médicis

Grimper la volée de marches qui surplombe la piazza di Spagna, se caler sur les horaires de l’une des nombreuses visites organisées tout au long de la semaine (sauf le lundi), en français, en italien ou en anglais… et nous voilà prêt à découvrir une partie des lieux dont jouissent au quotidien les heureux pensionnaires de la Villa Médicis.

Fondée en 1666 par Louis XIV, l’Académie de France à Rome, placée depuis Malraux sous la tutelle du ministère de la Culture et aujourd’hui dirigée par Muriel Mayette-Holtz, fête cette année ses 350 ans. Elle accueille, pour une durée de 12 à 18 mois des artistes (les anciens « Prix de Rome ») mais aussi des chercheurs, tous francophones et de toutes nationalités, qui peuvent ainsi approfondir leurs travaux. Des résidences de courte durée sont également proposées pour des projets de création et de recherche spécifiques. Des expositions, des concerts, des projections de films, des colloques y sont aussi organisés.

Les jardins de la Villa Médicis
Les jardins de la Villa Médicis

Le voyageur de passage dans la ville éternelle pour quelques jours ne peut hélas pas profiter de tout ce programme, mais la visite de la Villa est vraiment une étape conseillée. En effet, non seulement la vue sur la ville depuis la colline du Pincio est imprenable, mais ce n’est qu’une fois à l’intérieur, depuis les magnifiques jardins Renaissance, que la façade de la villa révèle toute son élégance.

A l’origine propriété de la famille Ricci, son aspect actuel est l’œuvre du cardinal Ferdinand de Médicis qui en fit l’acquisition en 1576. Il orna la façade d’authentiques bas-reliefs romains : taureau sacrifié, Hercule qui a tué le lion de Némée, guirlandes (parties qui remontent à – 9 av. J.-C.), etc sont ainsi disposés autour du blason des Médicis (alors constitué de 6 boules) surmonté du chapeau cardinal.

Les jardins à l’italienne, avec leur partie sans fleur, symbole d’éternité (les fleurs passent…) et leur partie labyrinthique (non pas pour se perdre, mais pour mieux penser…) abritent notamment une monumentale statue de Roma (de l’époque de l’empereur Hadrien), qui ressemble à Athéna, mais reconnaissable aux deux louves sur son casque. Dans sa main droite, elle tient la sphère, symbole de perfection (car sans début ni fin). Deux grands masques Renaissance l’entourent, exécutés par l’atelier de Michel-Ange.

Dans les jardins de la Villa Médicis, le mythe de Niobé selon Balthus
Dans les jardins de la Villa Médicis, le mythe de Niobé selon Balthus

Plus loin, on découvre une étonnante installation, œuvre de Balthus (qui fut directeur de la Villa Medici de 1961 à 1977). Réalisée avec des copies en plâtres de copies (qui sont à Florence) de statues romaines en bronze aujourd’hui disparues (car transformées en canons), elle illustre le mythe de Niobé, mère de nombreux enfants, qui voulait se mesurer à la déesse Léto, qui n’en avait que deux. Pour punir cet affront, Apollon et Artémis, les enfants de Léto tuèrent tous ses enfants à coups de flèches. L’installation montre l’épisode d’une façon saisissante : pris dans les herbes folles du jardin, certains des enfants sont déjà à terre, d’autres, effrayés, les yeux tournés vers le ciel, essaient de se protéger des flèches meurtrières. Niobé quant à elle entourant sa dernière fille finit pétrifiée. Un cheval accompagne la scène en tant que symbole de la mort dans le monde grec ancien.

La gypsothèque expose des pièces de la collection des plâtres de l’Académie comme le célèbre torse du Belvédère (l’original se trouve dans les musées du Vatican) ou encore des sculptures de la colonne Trajane (piazza Venezia à Rome toujours).

Dans le prétendu studiolo (qui en réalité devait servir à d’autres études que strictement littéraires), on découvre des fresques réalisées en 1576 par Jacopo Zucchi (un élève de Vasari) représentant des volières avec de nombreux oiseaux, y compris exotiques, quand le stanzino d’Aurora à côté révèle, du même peintre, une illustration des fables d’Ésope, que Jean de La Fontaine mit en vers bien des siècles plus tard.

A la Villa Médicis, le plafond de la chambre des Amours du Cardinal Ferdinand de Médicis par Claudio Parmiggiani - 2015
A la Villa Médicis, le plafond de la chambre des Amours du Cardinal Ferdinand de Médicis par Claudio Parmiggiani – 2015

On termine le parcours aux talons d’un guide local en verve et plein d’humour par la visite d’une partie de la villa proprement dite. Le plafond de la chambre du cardinal par exemple mérite quelques explications : Zucchi, toujours lui, y a illustré ce que serait la théorie néo-platonicienne de la création du monde à partir de la fusion des quatre éléments. Le feu et l’air ont ainsi créé l’éclair, l’eau et l’air l’arc-en-ciel. Mais on ne verra pas la création de l’homme à partir du feu et de la terre, car un descendant du cardinal Ferdinand de Médicis a fait brûler cette partie-là pour non-conformité au récit biblique. Le même héritier a fait détruire tout le plafond de la chambre des Amours, alors orné de nus… Une constellation de papillons, œuvre du plasticien contemporain Claudio Parmiggiani les remplace aujourd’hui.

 

Académie de France à Rome, Villa Medici

Uniquement en visite guidée, voir les horaires sur le site

Durée 1h30 environ, tarif 12 euros (TR 6 euros)

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La Semaine du documentaire chilien à Paris

Patricio Guzman, Le cas PinochetLa Semaine du documentaire chilien s’est ouverte mardi 19 février avec Actores secundarios, un flash-back plein de vie et passionnant sur les révoltes lycéennes pendant la dictature (de Pachi Bustos et Jorge Leiva).
Elle se poursuit jusqu’au 26 février, au cinéma Le Latina, rue du Temple dans le 4ème arrondissement à Paris.

La sélection de cette deuxième édition a été confiée au réalisateur Patricio Guzmán, réunissant douze films sous le thème Documentaire, dictature, démocratie.

Ce soir à 19 h, temps fort de la manifestation avec la projection du Cas Pinochet, sur l’arrestation du dictateur chilien, en présence de son réalisateur Patricio Guzmán. Le Cas Pinochet sera également projeté demain vendredi 22 à 14 h.

Né en 1941 à Santiago du Chili, Patricio Guzmán est l’auteur de nombreux documentaires sur l’histoire du Chili, régulièrement récompensés.
Après le coup d’Etat, en 1973, il a quitté son pays pour Cuba puis l’Espagne, avant de s’installer à Paris. La Bataille du Chili (1973), trilogie de cinq heures sur la fin du gouvernement de Salvador Allende a remporté six grands prix en Europe et en Amérique latine. Salvador Allende (2004), a été sélectionné au festival de Cannes 2004 et a reçu le Prix Goya du meilleur documentaire.

La fille de Patricio Guzmán, Camila Guzmán Urzúa, de son côté, a réalisé le très beau Rideau de sucre (El telón de azúcar, 2007), documentaire très personnel sur Cuba, où elle a passé son enfance avec sa mère.

La Semaine du documentaire chilien à Paris se clôturera mardi prochain avec Cofralandes, rapsodia chilena de Raúl Ruiz (2002), puis Perspecplejia (contraction de trois mots signifiant personne, perspective et paraplégie en espagnol), documentaire sur les handicapés, dans lequel son réalisateur David Albala, lui-même paraplégique, découvre une façon d’accepter et de vaincre ses limites, le tout filmé avec, paraît-il sincérité, spontanéité et … une bonne dose d’humour.

Le documentaire chilien à Paris
Du 19 février au 26 février 2008
Le Latina
20 rue du Temple – Paris 4ème
M° Hôtel de Ville, Rambuteau
Entrée 8 €, TR 6,50 €, abonnement pour 5 entrées (valable toute l’année) 28 €

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L'histoire du livre au XIX° siècle. L'essor de la production (3/4)

manuel Roret du ParfumeurAu cours du XIX° siècle, période de la "deuxième révolution" du livre, la production connait un essor considérable et dans le même temps se renouvelle.

Jusqu’au début du XIX°, le tirage moyen d’un livre se situe entre 1000 et 1500 exemplaires, sauf pour certains livres religieux comme les livres de messe par exemple.

Au milieu du siècle, grâce aux collections à bon marché, les ouvrages d’Eugène Sue Les mystères de Paris et Le juif errant seront tirés à 60 000 exemplaires.

Ces tirages s’accompagnent de l’émergence d’une forme nouvelle : la publication en feuilletons…

Mais toutes les œuvres qui font aujourd’hui l’image du XIX° s. n’ont pas connu de tels succès : Le Rouge et le Noir, par exemple, n’est tiré qu’à 750 exemplaires !

Par ailleurs, les contenus sont profondément renouvelés.

Certains domaines sont restés traditionnels, comme l’édition religieuse, dont la production a augmenté comme les autres secteurs, mais a diminué en importance relative. Mais leurs éditeurs ont complété leur production par de la littérature scolaire ainsi que de la littérature pour enfants, bien pensante.
Le domaine de l’histoire a dû résister en tournant ses productions vers les mémoires. Michelet n’a connu de grands tirages que grâce à la publication dans des collections à bon marché.

Dans la littérature, on assiste également à un reclassement des contenus : la poésie perd du terrain ; le théâtre se maintient jusqu’à la fin du XIX° siècle. Mais la production majeure concerne désormais le roman.

Cette période va assister à la floraison d’un nouveau genre : la littérature pratique. Les manuels Roret seront très répandus, tels le Nouveau manuel du limonadier, du glacier, du chocolatier et du confiseur ou encore le Manuel complet de la cuisinière bourgeoise

Suite et fin la semaine prochaine avec les nouvelles stratégies de diffusion du livre …

Nouveau livres, nouveaux publics au XIX° siècle.
Bibliothèque Nationale de France
Cycle Histoire du livre, histoire des livres
Conférence d’Eve Netchine,
Service de l’inventaire rétrospectif
Conférence du 5 avril 2007

Image : Manuel du Parfumeur, Marie Armande Jeanne Gacon-Dufour, Manuels Roret, Libr. Encyclopédique Roret, 1825

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