Un fil à la patte. Jérôme Deschamps

Un fil à la patte, Feydeau, Jérôme DeschampsPourquoi évoquer aujourd’hui un spectacle dont les représentations se sont achevées (à guichets fermés) le 18 juin dernier ?

D’abord, parce qu’on ne peut résister au plaisir de faire partager la joyeuse soirée passée en compagnie de la troupe du Français dirigée par Jérôme Deschamps – qui fut d’ailleurs lui-même dans les années 1970 pensionnaire de la Comédie-Française avant de créer les Deschiens – dans cet inoxydable texte de Georges Feydeau.

Mais surtout, pour signaler que la pièce sera à nouveau donnée dans la salle Richelieu en décembre 2011, avant d’être reprise à l’été 2012.

Dans les vaudevilles de Feydeau, c’est bien connu, tout est affaire de rythme. La situation de départ est classique – ici un Bois d’Enghien désargenté sur le point de faire un mariage de fortune, qui ne sait comment rompre avec sa maîtresse Lucette Gautier, chanteuse de café-concert très éprise.
Mais très vite, l’intrigue se complique de péripéties qui viennent bousculer tant et plus la narration, jusqu’à ne plus savoir, à la fin, comment on en est arrivé là.

Ce rythme trépidant, la mise en scène de Jérôme Deschamps l’imprime parfaitement et l’implacable mécanique roule à merveille.
Quant aux comédiens du Français, ils ont leur très large part dans ce succès. La distribution est parfaitement en place – on a pu entendre des réserves sur Hervé Pierre dans le rôle de Bois d’Enghien à la création de la pièce, mais c’était en décembre dernier et depuis, après plus de six mois de représentations, l’on voit un comédien des plus à son aise dans la puissance comique du Fil à la patte.
Evidemment, c’est Christian Hecq (justement récompensé du Molière du Meilleur comédien 2011) qui remporte les suffrages, mesurés aux éclats de rire et aux applaudissements pendant le spectacle. Jouant de son corps d’une façon étonnante, il fait du rôle de Bouzin – clerc de notaire mesquin et étriqué, à ses heures auteur de pauvres chansons et bouffi de prétentions – le bouffon qui sur scène exaspère son monde et dans la salle dynamite le public.
Florence Vial est une Lucette Gautier délicieuse du naturel qui est le propre du rôle. Ses comparses ne sont pas en reste, que ce soit Dominique Constanza en Baronne qui ne s’en laisse guère conter, mère de la future mariée, ou celle-ci, interprétée par Giorgia Scalett avec tout le mélange de lucidité et de naïveté requis, ou encore Guillaume Galienne, irrésistible en Miss Betting.
Les décors, classiques et lumineux sont tout à fait propos, alors que les costumes – robes longues froufroutantes pour ces dames – achèvent de nous plonger dans la gaité et la frivolité de la Belle Epoque.

Un fil à la patte
de Georges Feydeau
Mise en scène Jérôme Deschamps
Avec Hervé Pierre, Florence Viala, Dominique Constanza, Christian Hecq, Thierry Hancisse, Georgia Scalliet, Guillaume Galienne, Claude Mathieu
Comédie Française
Salle Richelieu – Place Colette 75001 Paris
Du 2 décembre 2011 au 1er janvier 2012 puis du 26 juin au 22 juillet 2012
La pièce a été diffusée le 22 février 2011 en direct sur France 2

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