Sargent, Sorolla. Peintres de la lumière (suite et fin)

SorollaPoursuite de la visite de l’exposition Sargent et Sorolla au Petit-Palais, musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris, avec les œuvres de Joaquin Sorolla.

Dès ses premiers tableaux, de grandes peintures réalistes, on mesure le goût évident de l’artiste pour le travail de la lumière.

L’écume, la toile écrue de la voile du bateau gonflée par le vent, celle des chemises, se prêtent merveilleusement bien au jeu de lumière dans Le retour de la pêche. Ou encore dans Le transport du raisin : scène partie à l’ombre, partie au soleil ; l’artiste joue avec les cotonnades claires, avec le vert et le doré du raisin …

Il poussera plus avant cette recherche avec En cousant la voile : dans cette grande composition géométrique, géraniums aux tons verts et roses vifs encadrent une grande voile à terre, autour de laquelle hommes et femmes s’affairent. Sous le reflet du feuillage, l’immense tissu blanc hésite entre ordre et désordre, ombre et plein soleil.

Soleil plus désirable encore lorsque Sorolla se met à peindre des scènes – de loisirs cette fois – au bord de la mer. Les modèles en sont l’épouse et les filles de l’artiste. L’angle photographique semble plus spontané, la peinture prise sur le vif, impressions que renforcent le naturel des fillettes, les couleurs belles et gaies, tout en mauves et dorés.

Bien qu’il s’en défende (« Moi, un peintre du portrait ? » disait-il avec ironie), Sorolla fut également un grand portraitiste.
Le travail d’exposition réalisé par le Petit-Palais permet d’établir une intéressante comparaison avec les portraits de Sargent.
Si l’Américain peignait en « verticalité », les portraits de Sorolla sont au contraire très pulpeux ; les teintes d’ocres et bruns magnifiques, l’angle parfois audacieux (Maria convalescente).
Les visages sont très expressifs, les yeux noirs impriment une présence, les traits « naturels » : visiblement, Sorolla cherchait à montrer « l’humanité » de ses sujets. A cet égard, son Autoportrait, dont le visage ressort avec force d’un éclatant col blanc, a quelque chose de fascinant.

Les oeuvres tardives de l’artiste sont, comme celles de Sargent, les plus personnelles.
Sorolla donne libre cours à son admiration pour les jardins arabo-andalous. Végétation luxuriante et organisée, fontaines, lumière et couleurs naturelles : Sorolla restitue dans ces tableaux l’ambiance calme et tout esthétique des décors hispano-mauresques.

La dernière salle présente des portraits marqués par l’évolution qu’a connue alors la peinture, mais aussi l’expérience et l’audace du peintre ; le cadrage s’enhardit, les détails réalistes l’obsèdent moins.
On sent que Joaquin Sorolla se régale.

Le visiteur aussi ; il est même un peu surpris de prendre autant de plaisir devant les oeuvres de ces peintres de la lumière qu’on avait un peu enterrés, mais tout à fait à tort.

Peintres de la lumière. Sargent / Sorolla
Petit Palais, musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris
Avenue Winston-Churchill – Paris 8ème
Jusqu’au 13 mai 2007
Tlj sauf lundi et jours fériés de 10 h à 18 h
Nocturne le mardi jusqu’à 20 h
Tarif 9 € (TR 4,50 € et 6 €)
Catalogue de l’exposition 49 €, Petit Journal 2 €

Facebooktwitter