Comment clôturer cette série de billets dédiés à au festival PHotoEspaña 2009 à Madrid sans évoquer la magnifique rétrospective consacrée à Dorothea Lange au Museo de colecciones ICO ?
Les 140 tirages relatent son travail des années décisives, 1930 et 1940 dans les Etats-Unis en crise.
Les plus connus sont ceux montrant les conséquences de la grande dépression de 1929, où l’on voit des files d’attentes pour trouver un emploi, la misère dans laquelle se retrouvent un grand nombre d’Américains, les déplacements de travailleurs du monde agricole.
L’empathie et le regard humaniste de Dorothea Lange semblent tout entier concentrés dans les portraits ultra-célèbres de cette Mère migrante entourée de ses enfants, dans la pauvreté et la détresse la plus absolue, dont le visage est déjà marqué par de profonds sillons alors qu’elle est âgée d’à peine trente ans.
Beaucoup moins connue en revanche est la série consacrée au déplacement forcé des personnes d’origine japonaise après l’attaque de Pearl Harbor en 1941. Le gouvernement décide en effet de regrouper et d’interner dans des camps tous ces hommes, femmes et enfants, même ceux de citoyenneté américaine. Dans un contexte de racisme anti-japonais affiché, des familles entières sont forcées des plier bagage, de quitter leurs biens pour aller s’entasser dans des centres précaires.
De format beaucoup plus réduit, ces photos sont tout aussi poignantes tant elles montrent elles aussi la résignation et la souffrance. Si ces images sont restées longtemps cachées, c’est parce qu’elles étaient bien peu glorieuses pour l’image de marque du gouvernement. C’est d’ailleurs la première fois, ici à Madrid, plus d’un demi-siècle après qu’elles aient été prises, que ces 28 photographies sont exposées.
Dorothea Lange. Los años decisivos
PHotoEspaña 2009
Jusqu’au 26 juillet 2009
Museo de colecciones ICO – Zorrilla, 3 – 28014 Madrid
Du mar. au sam. de 11 h à 20 h et le dim. de 10 h à 14 h
Image : Dorothea Lange, Migrant mother, © Dorothea Lange