Le pays où l’on n’arrive jamais. André Dhôtel

Roman d’initiation qui flirte avec le merveilleux, ce prix Fémina 1955 nous entraine dans une série d’aventures qu’André Dhôtel justifie pleinement dans son texte : « Quand on raconte des histoires, on attend toujours une autre histoire, et Gaspard, le lendemain et les jours suivants, tout en vaquant à ses besognes, attendait qu’une histoire lui vînt de la ville et de la maison d’Hélène ».

Ainsi se succèdent les rencontres entre Gaspard, jeune garçon qui semble attirer les catastrophes sur lui, et des personnages aussi pittoresques les uns que les autres. Il a une mission : aider Hélène à retrouver sa mère et le grand pays, le pays enchanteur, avec les bouleaux et les palmiers, le lac et la terre noire. Les enfants suivent leur instinct, ou leur désir du moment, en laissant de côté les arguments des adultes. Lorsqu’ils sont en situation difficile, apparaît le magnifique cheval pie qui intervient toujours au bon moment pour faire avancer l’histoire, le cheval « qui regardait les uns et les autres avec ses yeux de rêve ».

Il n’est pas le seul animal que les deux complices croisent au cours de leurs pérégrinations : l’ami Théodule retrouve l’ouïe grâce à l’ours, qui balance «  sa tête à droite et à gauche comme s’il mélangeait des pensées ». Les enfants vont-ils retrouver leurs parents et le grand pays ? Les parents, peut-être, mais qu’est-ce que ce grand pays ? « Le grand pays recule sans cesse au fond de l’espace et du temps. C’est le pays où l’on s’éloigne toujours ensemble, et l’on ne parvient en un lieu désert que pour en trouver d’autres plus beaux ».

L’écriture enchanteresse de Dhôtel nous fait suivre les tribulations de Gaspard, Hélène et leurs compagnons, et peut transformer les cauchemars en beauté : « Cette tour avait l’énormité d’un cauchemar, mais à mesure que les regards la suivaient dans sa montée vers le ciel, on était égaré par une beauté qui n’appartenait plus à la terre ». Mais le roman est aussi un hommage à la littérature : « n’importe quelle histoire, si vous y songez bien, n’est jamais qu’une histoire de gens qui s’entretiennent, se querellent ou se saluent longuement pour prolonger leur réunion sur une terre où tout semble passager et où tout s’enfuit au fond du temps. »

Andreossi

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