En découvrant enfin le livre qu’il doit écrire (cf. billets du 2 novembre et du 9 novembre), le narrateur voit clairement ce que doit être la littérature.
Il sait d’abord ce qu’elle ne peut être :
« Une oeuvre où il y a des théories est comme un objet sur lequel on laisse la marque du prix. On raisonne, c’est-à-dire on vagabonde, chaque fois qu’on a pas la force de s’astreindre à faire passer une impression par tous les états successifs qui aboutiront à sa fixation, à l’expression. »
Et il est certain de la matière sur laquelle l’écrivain doit se pencher :
La réalité à exprimer, résidait, je le comprenais maintenant, non dans l’apparence du sujet, mais à une profondeur où cette apparence importait peu, comme le symbolisaient ce bruit de cuiller sur une assiette, cette raideur empesée de la serviette, qui m’avaient été plus précieux pour mon renouvellement spirituel que tant de conversations humanitaires, patriotiques, internationalistes et métaphysiques.
Fort de ces convictions, il rejette la vogue de l’époque, qui voulait transformer la littérature :
Plus de style, avais-je entendu dire alors, plus de littérature, de la vie ! ». On peut penser combien même les simples théories de M. de Norpois contre les « joueurs de flûte » (cf. billet du 9 février) avaient refleuri depuis la guerre. Car tous ceux qui n’ont pas le sens artistique, c’est-à-dire la soumission à la réalité intérieure, peuvent être pourvus de la faculté à raisonner à perte de vue sur l’art. Pour peu qu’ils soient par surcroît diplomates ou financiers, mêlés aux « réalités » du temps présent, ils croient volontiers que la littérature est un jeu de l’esprit destiné à être éliminé de plus en plus dans l’avenir.
Bon week-end et bonne lecture.