Madama Butterfly. Puccini

madama-butterflyJolie rentrée à l’Opéra national de Paris ce vendredi 11 septembre pour découvrir, enfin, la Madame Butterfly de Robert Wilson. Créé en 1993, ce spectacle repris régulièrement depuis plus de vingt ans rencontre toujours un grand succès public.

La mise en scène a plutôt bien traversé le temps, Bob Wilson ayant fondé son travail sur l’épure et la lumière, dans une esthétique tout japonisante. Le décor vaste et dépouillé nous emmène dans ce Japon traditionnel de 1904, à Nagasaki, où, sur un fond suggérant la ciel ou la mer, ne se détachent qu’un rocher et un sentier de sable noir. Tout est dans la suggestion, et ces rares éléments, plein de sens, savent emporter notre imaginaire où il doit être. Dans ce contexte, la lumière joue un grand rôle et habille avec beaucoup de justesse chacune des scènes, chacun des personnages. A l’instar des autres personnages japonais, Madame Butterfly évolue avec lenteur, comme surgie d’un théâtre Nô. Le tout est d’une grande élégance, costumes compris ; on est loin du folklore.

L’histoire est des plus déchirantes : geisha âgée de 15 ans, épousée par Pinkerton, officier américain de passage, Madame Butterfly est rapidement abandonnée par celui-ci, pressé de retourner dans son pays une fois les charmes de son caprice exotique éventés. Pendant que là-bas il se marie avec une Américaine, Butterfly, tremblante d’amour, attend le retour de son mari avec une foi inébranlable, malgré les mises en garde de son entourage et les demandes en mariage qui lui sont faites. Jusqu’à ce que la vérité lui apparaisse…

Musicalement, l’opéra est très séduisant. Le prélude, dont on retrouve le thème pendant le premier acte, évoque avec ses accents japonisants la légèreté du vol du papillon. Puis, bien des airs viennent exprimer la profondeur des sentiments avec délicatesse, qu’il s’agisse de l’amour chanté par les jeunes époux au premier acte, des duos avec le consul Sharpless qui essaie de la prévenir ou avec sa servante avec qui elle veut partager son espoir au deuxième, ou encore de la terrible révélation de l’acte III, y compris les remords de Pinkerton.

La distribution est de bonne tenue. Le ténor Piero Pretti assure son Pinkerton sans ostentation et le baryton Gabriele Viviani en consul Sharpless nous charme d’une voix mélodieuse et caressante. Si dans le rôle titre Oksana Dyka se montre à la hauteur, il manque à son interprétation, au-delà de la puissance et de la justesse, ces nuances qui feraient surgir l’émotion. On est loin de la bouleversante Mimi d’Ana Maria Martinez entendue l’an dernier dans La Bohème.

Madama Butterfly

Un opéra en trois actes de Giacomo Puccini

Créé en 1904 à la Scala de Milan

Opéra National de Paris – Opéra Bastille

Durée 3 h avec un entracte

Jusqu’au 13 octobre 2015

Mise en scène
Robert Wilson
Costumes
Frida Parmeggiani
Lumières
Heinrich Brunke et Robert Wilson

Cio-Cio-San
Oksana Dyka
Suzuki
Annalisa Stroppa
Pinkerton
Piero Pretti
Sharpless
Gabriele Viviani
Goro
Nicola Pamio
Le Prince Yamadori
Tomasz Kumiega
Kate Pinkerton
Joanna Jakubas
Le Bonze
Mikhail Kolelishvili

Orchestre et Chœur de l’Opéra national de Paris
Direction musicale
Daniele Rustioni

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