Trésor des Médicis. Musée Maillol

Famille de banquiers florentins richissimes à partir de la fin du Quattrocento, la dynastie des Médicis a donné des princes, des papes, et même deux reines à la Couronne de France, Catherine épouse du futur roi Henri II puis Marie épouse d’Henri IV en 1600.

Leur fortune, ils l’ont en partie consacrée aux arts, mais aussi à la science et à la connaissance du monde.
Du XVème au XVIIIème siècles, ils ont accumulé des collections fabuleuses, d’antiques et de « curiosités » notamment ; mais ils ont aussi beaucoup fait travailler les artistes de leur temps.

Le musée Maillol retrace cette éblouissante épopée dans le règne du beau et du savoir à travers 160 œuvres, tableaux, dessins, sculptures, meubles, objets d’arts décoratifs, livres et même instruments de musique et… astronomiques.

De Cosme l’Ancien qui fut le premier grand collectionneur après son retour d’exil à Florence en 1434, à Anne-Marie Luisa, la dernière des Médicis qui, à sa mort en 1743 légua le trésor familial à l’État Toscan à condition que jamais rien ne quitte Florence et que les collections des Médicis soient mises entièrement à la disposition du public, l’on suit au fil des siècles les engouements de ces fous d’art qui, s’ils ne l’ont pas inventé, furent les premiers à développer le mécénat à une telle échelle.

L’exposition est de toute beauté, rendue plus agréable encore par la scénographie de Bruno Moinard. Dans une ambiance empreinte de richesse et de raffinement, la visite commence dans un très beau corail cuivré pour finir dans les tons de vieil or et de gris anthracite, tandis que les œuvres sont mises en valeur grâce à une installation aérée.

Remontant le temps, l’on s’arrête, tour à tour, devant d’admirables statues et camées romains, devant la Sépulture des saints Côme et Damien et de leurs trois frères de Fra Angelico, L’Adoration des Mages de Botticelli, un David de Michel-Ange, ou encore la crosse du pape Léon X…

Hommage incontournable aux illustres florentines qui ont lié leur destin à celui du royaume de France, une salle est consacrée aux fastueux portraits de deux Reines. L’on voit ainsi Marie de Médicis ornée d’une robe robe comptant quelques 300 grosses perles fines et plaques de diamants… Dans un coin, cette huile en grisaille de Rubens, qui a peint les grands épisodes de sa vie pour son palais du Luxembourg.

Dans le Cabinet des Merveilles de François 1er de Médicis, se côtoient des œuvres d’art premier venus d’Amérique Latine, d’Afrique et de l’Océan indien et des objets décoratifs aussi fins qu’originaux. Voici donc un manteau de plumes rouges de la culture tupinambá, un vase en forme de navire en lapis-lazuli, une verseuse en nacre et vermeil gravé composée de deux coquilles…
Parmi les raretés, l’on découvre, plus loin, les merveilleuses marqueteries de pierre dure sur marbre, avec notamment un cabinet en ébène du XVIIème siècle composé de 17 compartiments ornés, ou encore deux tables sur fond de marbre noir, justement appelées A la grenade et Au collier de perles.

La curiosité et les terrains d’investigation des Médicis étaient sans limites, comme en témoignent les objets d’astronomie liés aux découvertes de Galilée. Les livres n’étaient pas moins prisés, à voir les véritables œuvres d’art que sont le Livre d’Heures de l’une filles de Laurent le Magnifique ou encore les Editions princeps des œuvres d’Homère extraits de la bibliothèque médicéenne.

Trésor des Médicis
Musée Maillol
59-61, rue de Grenelle – 75007 Paris
Métro Rue du Bac, bus : n° 63, 68, 69, 83, 84
TLJ de 10 h 30 à 19 h sf 25 déc. et 1er jan., nocturne le ven. jusqu’à 21 h 30
Entrée 11 € (TR 9 €)
Exposition prolongée jusqu’au 13 février 2011

 

Images : Pierre Paul Rubens Les trois Grâces, 1627-1628 Huile en grisaille sur panneau, 47,5 x 35 cm Florence, Palazzo Pitti, Galleria Palatina Inv. 1890 n. 1165 Photo: Archivio fotografico della soprintendenza di Firenze
et Giusto Utens (Bruxelles ?-Carrare 1609) Vue du palais Pitti et du jardin de Boboli 1598-1599 Huile sur toile, 143 x 285 cm Inscription : en bas, au centre « Belveder (con Pitti) » Museo Storico Topografico Firenze com’era

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Le livre au Grand Siècle. De nouvelles cartes (3/4)

Suite de la conférence sur l’histoire du livre au XVII° siècle.

vierges follesAu cours du XVII° siècle, la carte de la production de livres se redessine, tant au niveau des pays d’Europe que sur le royaume de France.

L’arc de prospérité lombardo-rhénan perd de sa puissance : l’Italie du Nord – Venise – en particulier décline.

La production imprimée de l’Allemagne et du centre de l’Europe s’effondre : la Guerre de Trente ans a porté un coup aux grandes foires de Francfort et de Cologne, et donc à un important commerce du livre.

La nouvelle répartition des axes commerciaux va frapper durement la Suisse et Lyon.
En revanche, elle profitera aux Pays-Bas du Nord qui viennent d’acquérir leur indépendance, ainsi qu’à la France.

Les Pays-Bas du Nord sont le phare de la production éditoriale du XVII° siècle.
Dans ce pays de tolérance – calviniste mais accueillant vis-à-vis des autre religions – où une grande diversité d’auteurs et d’imprimeurs cohabitent, la dynastie Elzévir multiplie les publications de grande qualité : publications classiques, publications savantes, grands succès de la littérature française ; mais également publications prohibées en France.

La France devient pour sa part le centre de gravité de l’édition européenne et ce pour de multiples raisons :

Raisons géographiques : la façade atlantique est particulièrement favorisée dans les échanges commerciaux.
Démographiques : avec 20 millions d’habitants, la France est le royaume le plus peuplé d’Europe.
Des réseaux des villes répartis sur tout le territoire et ceux des collèges jésuites qui assurent un marché éditorial important, une capitale qui s’intensifie au cours du siècle.
Après les guerres, le royaume retrouve une stabilité politique avec la montée en puissance de l’absolutisme bourbon.
Culturellement, la Fance atteint une certaine maturité : seulement 20 % des éditions sont latines, ce qui est bien moindre que les productions des autres pays d’Europe.

Enfin, au XVII° siècle, la configuration du paysage éditorial se modifie profondément.
Si Paris demeure leader, les centres provinciaux de la façade Ouest connaissent un essor très important, qui repose notamment sur des facteurs institutionnels.

Ainsi, la multiplication des communautés (corporations) touche également les métiers du livre.
En l’absence d’avancée technologique et de faible accumulation du capital, les corporations jouent un rôle important en favorisant la solidarité entre imprimeurs, éditeurs, libraires.
Les juridictions locales, les Parlements de province encouragent la politique économique et appuient les corporations du livre, considéré comme un instrument de rayonnement, en éditant des législations favorables à ces métiers.
On voit ainsi les libraires venir s’installer, se nicher contre les Parlements.

Mais à contre-courant de cette expansion provinciale, on assiste progressivement à un mouvement de centralisation de plus en plus accentué.
La Fronde, avec la publication, dans un climat d’insubordination vis-à-vis du pouvoir central, de milliers de « mazarinades », pamphlets du cardinal Mazarin, sera le dernier accès de fièvre avant la marche vers la monarchie absolue.

Le livre sous l’emprise du pouvoir centralisateur du Roi-Soleil : suite et fin du livre au XVII° siècle demain …

Le livre au Grand Siècle.
Bibliothèque Nationale de France
Cycle Histoire du livre, histoire des livres
Conférence de Jean-Dominique Mellot,
Service de l’inventaire rétrospectif
Conférence du 8 mars 2007
Le découpage et le titre sont le choix de Mag

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