Françoise Sagan. La petite robe noire

La petite robe noire, Françoise SaganIl y a quelques mois, Bonjour New York annonçait discrètement le retour en grâce de Françoise Sagan dans les rayons des libraires.

Bien vite, l’on n’a plus parlé que d’elle – ou du moins de sa vie – avec la publication de sa biographie par Marie-Dominique Lelièvre et l’interprétation de Sylvie Testud dans le film de Diane Kurys.

Une remise à la mode particulièrement réjouissante lorsqu’elle donne l’occasion de lire et relire Françoise Sagan.
On peut ainsi continuer la collection des petits Carnets de L’Herne, recueils d’articles et de chroniques que l’auteur de Bonjour tristesse a écrits au fil des ans pour la presse.

Un texte intitulé Le rire justifie à lui seul l’acquisition de La petite robe noire. Françoise Sagan y raconte comment l’humour et l’ironie, très présents dans sa famille l’ont façonnée dès son enfance et l’ont protégée, une fois le succès venu (si rapide et si grand, alors qu’elle n’avait que dix-neufs ans !) de ces « discrètes mais indéfectibles auto-admirations qui bercent certains auteurs tout au long de leur existence, et empoisonnent leur entourage ». Puis, toute sa vie, elle a côtoyé des gens drôles, trouvant dans le rire, pour peu qu’il ne soit ni forcé ni amer « de l’abandon, de la générosité, bref de l’innocence – ou le regret de l’innocence », ce goût pour l’innocence « qui s’entend très mal avec la si aisément médiocre méchanceté ».

De ce texte très personnel ressort la façon qu’avait le charmant petit monstre de considérer avec le plus grand sérieux la liberté, l’amitié, mais aussi la légèreté et l’humour. Elle y rappelle aussi son amour de la vie qui, associé à son écriture vive et intelligente fait de la lecture de ces petits carnets un véritable régal :

« Faire rire. Rire soi-même. Revenir au plus naturel de cette personne privée, que l’on fréquente si peu et qui est soi-même, et déclencher en elle quelque chose qui est à la fois l’enfance, l’adolescence et la vieillesse, quelque chose qui relie notre appartenance à ce monde et notre recul devant lui : notre goût avoué de la vie et notre refus dédaigneux de la mort, réunis ne serait-ce que trois minutes, mais trois minutes d’un bel et bon orgueil ».

La petite robe noire
Françoise Sagan
Aussi :
« Au cinéma »
« Bonjour New York »
« De très bons livres »
« Le régal des chacals »
« Maisons louées »
« Un certain regard »
« Lettre de Suisse »
Editions de L’Herne (2008) « Carnets », 8,90 € le volume

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Ce que mes yeux ont vu. Laurent de Bartillat

Ce que mes yeux ont vu, Laurent de BartillatCe que mes yeux ont vu est ce que mes yeux verront si je prends la peine de regarder ce qu’il y a réellement, si je découvre ce qui est caché "derrière". Ainsi pourrait se résumer le propos de ce joli film un peu bancal, non exempt de défauts mais qui en définitive convainc et ne manque pas de séduire.
Lucie, étudiante en histoire de l’art, interprétée par Sylvie Testud, axe ses recherches sur Antoine Watteau. Son directeur de mémoire (Jean-Pierre Marielle), qui a effectué ses propres travaux sur le peintre du Gilles et des fêtes galantes, suit son travail de très près. Mais lorsque Lucie se trouve sur la piste qui pourrait l’amener à éclaircir le mystère de la femme que l’on retrouve sur différents tableaux du maître, toujours de dos, le professeur essaie de la détourner de ses recherches.
Ce que le film a d’original et de tout à fait réussi est de rendre l’enquête autour de la peinture de Watteau aussi haletante que n’importe quelle intrigue policière.
La faiblesse d’exploitation des personnages (Bartillat ne va guère plus loin que l’esquisse) est bienheureusement contrebalancée par l’apparition d’un jeune homme pour le moins hors norme. Vincent, joué par notre très cher James Thierrée, est sourd-muet. Il fait le mime (façon statuaire) dans la rue ; son comportement est étrange ; il semble obsédé par la jeune femme.
Dans une très belle scène, sur le trottoir d’une rue de Paris, il s’agenouille au dessus d’une bouche d’égouts et lui fait signe de faire de même. En dessous coule la Bièvre. Métaphore simple et efficace pour signifier ce qui est caché, ce qui est dessous. Et c’est lui qui mettra l’étudiante-enquêteuse sur le chemin de la vérité… avant de disparaître à jamais, emportant le mystère de son personnage avec lui.
Entre temps, il aura contribué à imprimer à ce film son originalité et une ambiance aussi singulière qu’attachante non dénuée de charme.

Ce que mes yeux ont vu. Laurent de Bartillat
Avec Sylvie Testud, Jean-Pierre Marielle, James Thierrée
Durée 1 h 28

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