Les noces barbares. Yann Queffélec

queffelec_noces_barbaresVoici l’épisode n° 8 du feuilleton des prix Goncourt concocté par Andreossi, avec l’année 1985 qui a vu Yann Queffélec récompensé… Ce n’est plus une critique, c’est une exécution ! 

Bon alors, c’est sûr, le prochain sera meilleur !! Mag

Un enfant est né du viol d’une gamine de quatorze ans par un soldat américain. Enfant de la honte absolue pour la famille de la jeune fille, il est d’abord caché dans un grenier puis pris en charge par la nouvelle famille que la jeune mère compose avec un veuf et son garçon, et échoue en fin de compte dans une institution pour handicapés mentaux. Il s’enfuit à seize ans et vit enfin une vie libre dans l’épave d’un bateau, avant de retrouver enfin sa mère dans une mort commune.

Il ne s’agit pas du résumé d’un feuilleton du dix- neuvième siècle, mais de celui du Goncourt 1985. Pourtant les ingrédients du genre complètent bien la trame du récit : les méchants sont vraiment méchants, les bons sont peu nombreux et maladroits, ou faibles, la directrice de l’institution est perverse, et surtout la quête de l’amour du fils pour la mère est constante, sans cesse contrariée par les événements et par la personnalité même de la jeune Nicole qui, traumatisée par le viol, ne peut répondre à cet amour que par le refus tenace d’accepter cet enfant.

Le point de vue principal, même si le récit est à la troisième personne, est celui de Ludo, surnommé parfois Lidio : le lecteur suppose que l’enfant relève davantage de troubles du comportement, de déficiences psychologiques, que de véritable déficit cognitif. Rendre par l’écriture ces troubles est la grande difficulté de l’écrivain. L’ « ahuri » de Tarjei Vesaas1 est infiniment plus crédible que Ludo de ce point de vue.

Les autres personnages, mis à part Micho le beau-père, ne dépassent pas leur rôle convenu, comme dans un mélodrame où l’essentiel est que tous s’associent pour que le malheur puisse se déployer en toute impunité. L’adhésion ou non aux histoires d’amour contrariées relève sans doute de l’histoire personnelle du lecteur, mais on peut supposer que l’écriture y soit aussi pour quelque chose. Celle-ci est trop banale pour emporter la conviction : « Alors l’air lui manqua, la douleur disparut, Ludo tendit les mains, terrassé, vers cette vision reconnue d’instinct, la mer sous le soleil, sans un arbre en vue, la mer foisonnante et nue par-dessus les toits du port, immense et tenant toute entre l’horizon et lui comme un regard dans l’éclat d’un miroir brisé ».

Andreossi

Les noces barbares

Yann Queffélec

Gallimard

1 Les oiseaux, Tarjei Vesaas, Editions Plein Chant. Magnifique roman de l’écrivain norvégien.

Facebooktwitter