La Fugitive. L'oubli d'Albertine à Venise

Marcel Proust La RechercheLe narrateur finit par faire avec sa mère le voyage à Venise dont il rêvait si fort et depuis si longtemps, auquel il avait même un temps renoncé après la mort d’Albertine.

Mais progressivement, il oublie Albertine et peut à nouveau aimer.

C’est ainsi qu’il profite des ses après-midi pour explorer une Venise « intime » :

J’y trouvais plus facilement en effet de ces femmes d’un genre populaire, les allumettières, les enfileuses de perles, les travailleuses du verre (…) que rien ne m’empêchait d’aimer, parce que j’avais en grande partie oublié Albertine, et qui me semblaient plus désirables que d’autres, parce que je me la rappelais encore un peu.

Mais ce ne sont que les derniers soubresauts, l’agonie d’un amour bientôt mort :

De sorte que cet amour, après s’être tellement écarté de ce que j’avais prévu d’après mon amour pour Gilberte, après m’avoir fait faire un détour si long et si douloureux, finissait lui aussi, après y avoir fait exception, par rentrer, tout comme mon amour pour Gilberte, dans la loi générale de l’oubli.

Pourtant un tableau de Carpaccio dans une salle de l’Académie de Venise, Le Patriarche di Grando exorcisant un possédé faillit faire échouer cet oubli définitif, parce qu’il y a reconnu, sur le dos de l’un des personnages, un manteau lui rappelant un de ceux qu’il avait offerts à Albertine :

J’avais tout reconnu, et, le manteau oublié m’ayant rendu pour le regarder les yeux et le coeur de celui qui allait ce soir-là partir à Versailles avec Albertine, je fus envahi pendant quelques instants par un sentiment trouble et bientôt dissipé de désir et de mélancolie.

Belles lectures et bel été à tous.

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