L'esprit et la main et le bivouac de Napoléon à la Galerie des Gobelins

mobilier_national_esprit_et_mainVous avez jusqu’au 13 décembre pour profiter de cette double exposition proposée par le Mobilier National dans sa majestueuse Galerie des Gobelins à Paris.

Deux exposition en une, donc, mais organisées dans le même objectif de montrer l’excellence française dont le Mobilier National est un représentant.

La partie la plus inédite est L’esprit et la main qui, pour la première fois, montre au public l’envers du décor du Mobilier National : les ateliers de restauration. Au nombre de sept, ils sont la perpétuation d’un savoir-faire ancestral et indispensable au service du mobilier de l’Etat, qu’il soit multi-séculaire ou contemporain.

Ateliers de tapisserie de décor, de tapisserie d’ameublement, de menuiserie, ateliers de restauration en ébénisterie, en lustrerie-bronze, en tapisserie et enfin en sièges : l’ensemble des composantes de ce riche « patrimoine immatériel » sont ici réunies.

Le visiteur découvre dans chacun de ces sept espaces d’ateliers, à travers les matériaux, outils, œuvres exemplaires achevées et ouvrages en cours, comment travaillent ces techniciens d’art. A certaines heures, ceux-ci sont présents et l’on peut alors échanger avec eux et écouter leurs explications passionnées. Des films ponctuent le parcours et, avis aux amateurs et appel aux vocations, les formations dispensées au Mobilier National sont évoquées, puisqu’il faut penser à la transmission de cette excellence dans le travail du textile, du bois et du bronze pour préparer l’avenir et assurer la conservation et l’enrichissement des biens mobiliers de la République…

bivouac_napoleonL’autre exposition est une riche illustration des travaux du Mobilier National, puisqu’elle présente le bivouac de Napoléon, dont la restauration a été réalisée dans ses ateliers.

Comme on sait, Napoléon Ier passait beaucoup de temps en campagne et en voyage. A cet effet, il bénéficiait de toute une organisation qui reproduisait pour partie l’étiquette impériale, dont l’ingéniosité mais aussi le raffinement sont ici manifestes. Nécessaires de toilette, lampes, services de table, meubles pour travailler, pour se reposer… tout devait être aisément transportable. Entre luxe et simplicité, entre souci de représentation et nécessité de formats modestes, ces meubles et objets venaient joliment se ranger dans de précieux étuis et malles. Le clou de l’exposition est bien sûr la restitution du bivouac, c’est-à-dire du mobilier de camp sous la toile de tente à l’époque du Premier Empire. L’ensemble sous un splendide ciel étoilé… Lit pliant (le fameux « lit parapluie » inventé par le serrurier Desouches et que Napoléon adopta résolument, jusqu’à sa mort à Saint-Hélène), fauteuil, tabouret, bureau, flambeau, tapis, toile de Jouy de la tente… tout y est !

D’autres éléments complètent ce voyage dans le temps, comme de somptueuses pièces du service particulier de l’Empereur en porcelaine de Sèvres (celui-ci ne servait pas aux campagnes militaires, au cours desquelles il utilisait un simple service en argent), un nécessaire de voyage dit « porte-manteaux », une lampe portative issue de l’atelier du bronzier Tomir, dans oublier des tableaux montrant Napoléon Ier in situ…

Un bel et cohérent ensemble qui s’articule de la manière la plus harmonieuse qui soit avec l’exposition L’esprit et la main, en un parcours très élégamment scénographié sur les deux niveaux de la galerie.

L’esprit et la main, héritage et savoir-faire des ateliers du Mobilier National

Le bivouac de Napoléon, luxe et ingéniosité en campagne

Galerie des Gobelins

42, avenue des Gobelins – Paris 13°

TLJ sauf le lundi, de 10 h 18 h

Visites conférences le samedi à 14h30 et à 16h

Jusqu’au 13 décembre 2015

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L’heure, le feu, la lumière. Galerie des Gobelins

Exposition aux Gobelins, l'Or, la lumière, le feuL’exposition qui ouvrira ses portes au public mardi 21 septembre entre en résonance avec l’actualité du moment – Journées du Patrimoine ce week-end, Biennale des Antiquaire au Grand Palais à Paris. Mais elle est en même temps tout à fait inédite.

On la doit aux recherches approfondies de sa commissaire, Marie-France Dupuy-Baylet, qui a exhumé du Mobilier National plus de quatre-vingt pendules et des bronzes d’ornements issues des collections impériales et royales, datées de 1800 à 1870.

Tout ce qui brille n’est pas d’or et l’on en a ici la preuve éclatante, face aux sculptures en bronze qui ornent les pendules, candélabres, torchères, flambeaux et autres feux, pour beaucoup montrées au public pour la première fois et dont la caractéristique commune est le faste de grand apparat.
Ces objets ont en effet été commandés pour décorer les palais et les appartements impériaux et royaux, ainsi que ceux des ministères.

Le XIXème siècle vit un grand engouement pour les pendules : chacun voulait la sienne, d’où une impressionnante variété de modèles. Il y avait une sorte de "code" dont l’aspect représentation sociale n’était pas le moindre : on n’exposait pas le même modèle selon que l’on était homme ou femme, selon le poste occupé par le commanditaire, ou encore selon qu’elle était destinée à la salle à manger ou à la chambre à coucher.

L'heure, le feu, la lumière, Galerie des GobelinsMalgré tout, de grandes tendances se dessinent, résultant des choix des régimes politiques qui se sont succédé. Dans les premières années de 1800, apparaît le "Renouveau", où sont soulignés tous les symboles du savoir et de l’enrichissement, avec l’idée que du premier dépend le second. Voici donc le thème de l’Etude largement décliné, celui de l’eau, des motifs de blé, des cornes d’abondance, des fêtes de Bacchus et des quatre saisons. Les arts décoratifs – comme l’ensemble des arts – sont ainsi des vecteurs de propagande, où l’on voit les valeurs prônées par le régime symbolisées sur les objets.
Ceux-ci n’échapperont pas à la vogue de l’architecture monumentale, avec des éléments décoratifs spectaculaires, comme des pendules-arcs de triomphe, des lustres à se damner ou encore la pendule-monument à la mémoire de Frédéric II roi de Prusse, curiosité de taille que l’on n’aimerait pas forcément voir chez soi.
"L’Egyptomania" consécutive aux conquêtes napoléoniennes va également se traduire dans les pendules, les ornements d’éclairage et le mobilier – dont un certain nombre de pièces est également exposé -, avec un registre iconographique (sphinx, sphinges et griffons) typique de l’Empire.
Autre aspect passionnant de la visite, dès lors qu’elle a pu les identifier, la commissaire a établi un rapprochement entre la sculpture ornementale de la pendule et l’œuvre d’art, peinture ou sculpture qui l’a inspirée. Tel est le cas notamment d’une pendule d’après le tableau de David Le serment des Horaces, avec en bas-relief une réinterprétation de l’original, afin de mieux encourager le départ au combat… Parfois, c’est l’objet d’art décoratif qui se retrouve sur un tableau, comme cette pendule montrant l’Etude assise sur un globe, suggérant que c’est par l’étude que l’on asseoit son emprise sur le monde, que l’on retrouve sur une peinture du peintre néo-classique François-André Vincent.
Impossible de décrire toutes les splendeurs, mais citons aussi pour finir, la pendule dite sympathique pour souligner l’osmose entre la pendule et la montre que l’on pose dessus : une tige sort de la pendule pour mettre la montre à l’heure à midi et à minuit…

L’heure, le feu, la lumière
Bronzes du Garde-Meuble impérial et royal 1800 – 1870
Galerie des Gobelins
42, avenue des Gobelins 75013 Paris
Ouverture tous les jours sauf le lundi de 11h à 18h
Fermé le 25 décembre et le 1er janvier
Entrée 6 euros (tarif réduit 4 euros)
Du 21 septembre 2010 au 27 février 2011

Images : Pendule, Les adieux d’Hector et Andromaque, bronze doré, Acquise en 1805 aux horlogers Lepaute, oncle et neveu, pour le grand salon des appartements du Petit Trianon Paris, Mobilier national © Isabelle Bideau
et Paire de candélabres bronze doré et patiné dans le Salon de l’Empereur en 1805 Début du XIXe siècle Paris, Mobilier national © Isabelle Bideau

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Elégance et modernité 1908-1958 : un Renouveau à la Française

Les amateurs d’arts décoratifs ne peuvent que trouver leur bonheur dans la nouvelle exposition visible depuis le 5 mai à la Galerie des Gobelins. La quatrième depuis sa réouverture en 2007 et, une fois de plus, une démonstration de la richesse et de la qualité du fonds détenu par le Mobilier national et les Manufactures nationales.

Avec Elégance et modernité 1908-1958, la sélection embrasse cinquante ans de production mobilière, période passionnante puisqu’elle fut celle d’une étroite collaboration entre les trois établissements des Gobelins, de Beauvais et de la Savonnerie (réunis administrativement en 1937 seulement). De plus, phénomène tout aussi nouveau, l’association entre les artistes qui dessinèrent les meubles et ceux qui en réalisèrent la « peinture » en tapisserie fut également très forte.

Ce processus créatif a eu pour résultat une nette cohérence entre la forme et le motif. D’où l’élégance parfaite des meubles, un régal pour l’œil, qui tourne autour des dossiers finement sculptés, descend vers les pieds délicatement courbés, caresse les laques et les essences de bois précieux, flatte la marqueterie, la dorure, le galuchat et la patine.
Ces joliesses constituent l’écrin de pièces de tapisseries tout aussi recherchées. Car à partir de 1908, le directeur des Gobelins, puis celui de Beauvais en 1917, et ensuite leurs successeurs ont initié un renouvellement des motifs pour ce mobilier destiné à orner les palais de la République, demeures présidentielles et ambassades.
Représenter le savoir-faire et le bon goût français encore et toujours, mais en le modernisant. On fait appel aux grands décorateurs de l’époque pour créer les cartons : Raoul Dufy, Paul Vera, Odilon Redon, André Groult, proches du monde de la haute-couture et du luxe national.
Avec Paris, ensemble composé d’un spectaculaire paravent et de multiples sièges, Dufy réalise un tableau de la capitale des plus bucoliques, où les monuments les plus célèbres sont magnifiés dans un décor tout de rose, de bleu et de mauve, réalisé sur un tissage extrêmement serré, héritage de la finesse de travail atteinte au XIXème siècle.

Ce renouveau thématique est visible tout au long de l’exposition. On représente (en poétisant beaucoup) les régions de France, les Pyrénées, la Provence…, les fleuves, mais aussi des oiseaux exotiques et des scènes arabes ; on illustre les contes de fées ; on montre les villes et la nature à la manière des peintres. En haut de l’escalier d’honneur, il ne faut pas manquer (sa pâleur pourrait la faire passer inaperçue, à côté d’une profusion de couleurs) « l’adaptation tapissière » des Nymphéas de Monet : quelle délicatesse, quel fondu, et quel contraste aussi entre la transparence du motif et la chaleur du support !
La production du Mobilier national reflète aussi les aspirations de son temps. Apparaissent ainsi les thèmes du sport et des loisirs, vogues nées dans cette première moitié du XXème siècle. Dans ce registre, au rez-de-chaussée, l’on découvre avec ravissement, sur canapé et fauteuils, Les beaux dimanches de Paul Vera et René Prou, ode nette et pimpante à l’heureux temps des loisirs, ou encore le surprenant Plaisirs de la plage, où modernité et histoire se mêlent : sur un divan aux formes pures et contemporaines, dans des coloris très clairs et lumineux, les plaisirs de la plage prennent les traits de figures mythologiques, comme pour faire un dernier clin d’œil à la tradition du noble motif…

Galerie des Gobelins
42, av. des Gobelins – Paris XIIIème
Jusqu’au 26 juillet 2009
Tlj sauf le lundi de 12 h 30 à 18 h 30
Entrée : 6 € (TR 4 €)
Visite avec conférencier les mer., ven. et sam. à 15 h 30 et 17 h (10 €, TR 7,50 €)
Gratuité le dernier dimanche de chaque mois

Images : Augustin HANICOTTE et Eric BAGGE, Les Pyrénées, paravent, 1926 © Isabelle Bideau / Mobilier national
et CHOUASNARD, sac à main, 1928, © Isabelle Bideau / Mobilier national

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Pierre Paulin. Le design au pouvoir

Pierre Paulin, le design au pouvoirLa Galerie des Gobelins rend hommage à l’un des plus grands designers français, Pierre Paulin, dont les réalisations sont certainement plus célèbres que son nom lui-même.
Au fil de 40 ans de collaboration avec le Mobilier national, il a mis son talent au service du pouvoir, mais également au service de tous avec des éditions largement connues du grand public.

Dès les années 1950, séduit par le mobilier scandinave, Paulin créé des sièges, des tables et des bureaux en bois blond, aux lignes simples et légères. L’empreinte de ces créations dans nos décors d’aujourd’hui saute aux yeux : ce style n’en finit pas de séduire les citadins en recherche de meubles clairs et peu encombrants.

Impression de les avoir vus mille fois aussi, et pour cause : les sièges créés pour les locaux des administrations, aux formes non seulement fonctionnelles mais aussi d’une rondeur très accueillante. En regard de ceux-ci, Pierre Paulin a choisi de montrer le mobilier de campagne de Napoléon 1er. "Pourquoi en France n’a-t-on jamais été capable de faire du moderne autrement que pour la guerre ?" s’interroge-t-il. Pliables, modulables, d’une élégance sobre, le tout emballé dans de la toile de jute… Il est vrai que ces pièces sont d’une surprenante modernité.

Designer du pouvoir, Paulin a également oeuvré à deux reprises pour la Présidence de la République. La première fois, ce fut pour Pompidou, en demande d’un décor moderne. Paulin aménagea plusieurs pièces à l’Elysée, dont un salon et une salle à manger. Afin de respecter l’enveloppe architecturale, il "re-chemisa" les espaces de grège clair et y installa un mobilier magnifique de sobriété. Teintes lumineuses beige et marron glacé, textiles chaleureux, lignes en rond ou en demi-lune… de façon un peu étonnante, ce mobilier n’évoque que douceur !
François Mitterrand passa également commande, pour un style radicalement différent, très années 1980 ; cette fois pour un mobilier de bureau : lignes franches et anguleuses, le bleu s’étale largement, coupé de fines lignes rouges…

Cette très belle exposition est ponctuée de choix de Paulin parmi les collections du Mobilier national. L’on voit ainsi par exemple un tableau de Pierre Soulages, ou encore, afin de souligner l’inspiration orientale du designer pour ses créations de sièges collectifs comme ceux de la Grande galerie du Louvre, des tapis persans du XVIème siècle, fortement évocateurs de cette idée de "s’assoir ensemble"…

Pierre Paulin, le design au pouvoir
Mobilier national – Galerie des Gobelins
42, av. des Gobelins – Paris XIIIème
Jusqu’au 20 juillet 2008
Tlj sauf le lundi de 12 h 30 à 18 h 30
Entrée : 6 € (TR 4 €)
Visite avec conférencier les mer., ven. et sam. à 15 h 30 et 17 h
Tarif 10 € (TR 7,50 €)

Image : Fumoir du Palais de l’Elysée © Collection Mobilier national, photo Olivier Amsellem

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