Coup de cœur pour Climats artificiels, l’exposition protéiforme organisée par la Fondation EDF dans son espace de la rue Récamier à Paris. Réunissant près de 30 installations, vidéos et photographies d’une vingtaine d’artistes, elle se propose de « mettre en perspective le changement climatique à travers la vision d’artistes contemporains de renom ».
Mais attention, il ne s’agit pas ici de faire preuve de didactisme. Vous n’apprendrez pas le quoi, le comment et le pourquoi du changement climatique (ouf !). Tout au contraire, l’approche est simplement artistique. A travers trois espaces, Equillibres précaires, L’état du ciel et Catastrophes ordinaires, œuvre après œuvre vous embrasserez le regard singulier d’un artiste sur le thème de la nature ou du rapport de l’homme avec celle-ci. Parfois spectaculaires, toujours intéressantes, ces œuvres nous surprennent, suscitent tous nos sens et nous entraînent au pays des rêves.
Parmi les plus immersives, Cloudscape de Tetsuo Kondo, un grand espace transparent dans lequel est fabriqué un véritable nuage. Il y a même l’escalier pour y monter… Des nuages que l’on retrouve en continu sur petit écran avec Sky TV de Yoko Ono, sur la photographie d’un nuage recréé de toutes pièces si l’on peut dire (très étonnant Forces #13 de Sonja Braas), ou sur un superbe paysage de montagne (Panorama de Julien Charrière).
Il y a une grande beauté dans ces représentations novatrices de la nature. Regardez la vidéo d’Ange Leccia La mer, un coup de génie. Elle montre le flux et le reflux des flots sur le rivage vus du ciel, et on y voit tout autant des cimes enneigées prises dans des mouvements ascendants et descendants… Ou, juste après, la représentation numérique de la circulation de l’océan autour de l’Antarctique (The southern ocean studies, du collectif Baily, Corby & Mackenzie), inédite et captivante.
L’articulation entre faune et flore sauvages et civilisation est mise en scène par Chris Morin-Eitner sur de somptueuses photographies où l’on voit la Tour Eiffel et l’Opéra Garnier entourés d’espèces végétales et animales venus de l’hémisphère sud… Tranquillement, la réflexion fait son chemin…
Les vidéos au sous-sol ne sont pas moins étonnantes : ici, un cratère en feu perpétuel depuis plus de quarante ans (Darvaza d’Adrien Missika), là la représentation multi-sensorielle des secousses sismiques (Sillage, par Cécile Beau et Nicolas Montgermont), sans oublier les Champs d’ozone parisien de Hehe, ni, évidemment le magnifique Soleil double du grand Laurent Grasso, la plus poétique de ces vidéos.
Last but not least, d’une immense poésie aussi, Céleste de Hicham Berrada : une fenêtre ouverte sur un paysage de verdure d’où émerge un nuage de fumée. Une vidéo de cinq minutes, évocatrice des représentations picturales avec son utilisation de la fenêtre, dont on ne se lasse pas de regarder les mouvements de fumée incessants ni la beauté du paysage. Hypnothique..
Très belle année 2016 à tous, qu’elle soit pleine de rêves !
Climats artificiels
6, Rue Récamier – Paris 7ème
M° Sèvres-Babylone
Jusqu’au 28 février 2016
Tous les jours (sauf lundi, fériés) 12h-19h
Entrée libre