Le côté de Guermantes. L'art dans les salons

proust2Dans Le côté de Guermantes, le narrateur est régulièrement reçu dans le monde aristocratique, les meilleurs salons de Paris, dont celui de la duchesse de Guermantes.

Sa découverte de ces milieux « élevés » est pour lui l’occasion d’apprécier les relations parfois nuancées, parfois grotesques que les gens du monde entretiennent avec l’art.

Dans le salon de Madeleine de Villeparisis, dame de haute noblesse mais simple, par ailleurs amie de la grand-mère du narrateur, et peintre à ses heures, M. de Norpois, interrogé sur l’exposition de peintures de Fantin-Latour, livre sans sourciller sa conviction :

– Elles sont de premier ordre et, comme on dit aujourd’hui, d’un beau peintre, d’un des maîtres de la palette, déclara M. de Norpois ; je trouve cependant qu’elles ne peuvent pas soutenir la comparaison avec celles de Mme de Villeparisis où je reconnais mieux le coloris de la fleur.
Même en supposant que la partialité du vieil amant, l’habitude de flatter, les opinions admises dans une coterie, dictassent ces paroles à l’ancien ambassadeur, celles-ci prouvaient pourtant sur quel néant de goût véritable repose le jugement artistique des gens du monde, si arbitraire qu’un rien peut le faire aller aux pires absurdités, sur le chemin desquelles il ne rencontre pour l’arrêter aucune impression véritablement sentie.

Chez Mme de Guermantes, il n’est pas rare qu’un poète soit invité à la fine table. Voici alors comment le déjeuner se déroule :

Mais le repas continuait, les plats étaient enlevés les uns après les autres, non sans fournir à Mme de Guermantes l’occasion de spirituelles plaisanteries ou de fines historiettes. Cependant le poète mangeait toujours sans que duc ou duchesse eussent eu l’air de se rappeler qu’il était poète. Et bientôt, le déjeuner était fini et on se disait adieu, sans avoir dit un mot de poésie, que tout le monde pourtant aimait mais dont, par une réserve analogue à celle dont Swann m’avait donné l’avant-goût, personne ne parlait. Cette réserve était simplement de bon ton. Mais pour le tiers, s’il y réfléchissait un peu, elle avait quelque chose de fort mélancolique, et les repas du milieu Guermantes faisaient alors penser à ces heures que des amoureux timides passent souvent ensemble à parler de banalités jusqu’au moment de se quitter, et sans que, soit timidité, pudeur ou maladresse, le grand secret qu’ils seraient plus heureux d’avouer ait pu jamais passer de leur cœur à leurs lèvres.

Bon week-end à tous.

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Le côté de Guermantes. Albertine, premier baiser

proust2A la moitié du volume Le côté de Guermantes, le troisième de La Recherche, le narrateur évoque pour la première fois un moment amoureux avec une femme, l’une de ces femmes qui l’a longuement obsédé : Albertine.

Cet instant sera précédé de multiples observations, d’ordre visuel, imaginatif ou purement sensuel :

Mais en laissant mon regard glisser sur le beau globe rose de ses joues, dont les surfaces doucement incurvées venaient mourir aux pieds des premiers plissements de ses beaux cheveux noirs qui couraient en chaînes mouvementées, soulevaient leurs contreforts escarpés et modelaient les ondulations de leurs vallées, je dus me dire : « Enfin, n’y ayant pas réussi à Balbec je vais savoir le goût de la rose inconnue que sont les joues d’Albertine. Et puisque les cercles que nous pouvons faire traverser aux choses et aux êtres, pendant le cours de notre existence, ne sont pas bien nombreux, peut-être pourrai-je considérer la mienne comme en quelque manière accomplie, quand, ayant fait sortir de son cadre lointain le visage fleuri que j’avais choisi entre tous, je l’aurai amené dans ce plan nouveau, où j’aurai enfin de lui la connaissance par les lèvres ».

De longues réflexions pour aboutir soudain au constat :

Mais hélas ! – car pour le baiser, nos narines et nos yeux sont aussi mal placés que nos lèvres, mal faites – tout d’un coup, mes yeux cessèrent de voir, à son tour mon nez, s’écrasant, ne perçut plus aucune odeur, et sans connaître pour cela davantage le goût du rose désiré, j’appris, à ces détestables signes, qu’enfin j’étais en train d’embrasser la joue d’Albertine.

Le narrateur en est tout étonné, puisque lors d’une première tentative d’obtenir d’elle un baiser, à Balbec, Albertine s’était vivement refusée.

Ce fut tout le contraire. Déjà, au moment où je l’avais couchée sur mon lit et où j’avais commencé à la caresser, Albertine avait pris un air que je ne lui connaissais pas, de bonne volonté docile, de simplicité presque puérile. Effaçant d’elle toutes préoccupations, toutes prétentions habituelles, le moment qui précède le plaisir, pareil en cela à celui qui suit la mort, avait rendu à ses traits rajeunis comme l’innocence du premier âge. Et sans doute tout être dont le talent est soudain mis en jeu, devient modeste, appliqué et charmant ; surtout si, par ce talent, il sait nous donner un grand plaisir, il en est lui-même heureux, veut nous le donner bien complet.

Très bon week-end à tous.

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Anne, ou quand prime le spirituel. Simone de Beauvoir

AnneLorsqu’en 1937 Simone de Beauvoir termine « La primauté du spirituel » – titre qu’elle avait choisi initialement – elle est âgée d’à peine trente ans.

Ce premier roman est refusé par deux éditeurs, ce dont l’auteur ne s’étonne ni se choque.

Le manuscrit ne sera édité qu’en 1979 et à la demande de deux universitaires américains qui souhaitaient publier des inédits de l’écrivain. Simone de Beauvoir réitère alors dans l’avant-propos du livre le sévère jugement qu’elle porte à sa première œuvre : « Gallimard et Grasset refusèrent le manuscrit : non sans raison ».

La publication du roman se fait dans l’indifférence générale.

L’année dernière, Gallimard a eu l’heureuse initiative de le rééditer dans la collection Folio, le rebaptisant Anne, ou quand prime le spirituel.
Il s’agit d’une très bonne surprise.

On retrouve la belle plume de Simone de Beauvoir, mais délicieusement trempée d’ironie.
Utilisant tantôt le journal, tantôt le récit, elle donne une exquise peinture du milieu bourgeois et catholique, de l’éducation qu’on y dispensait dans les années 1920.
Milieu et éducation qui sont ceux que Simone de Beauvoir a connus dans son enfance et sa jeunesse et qu’elle a ensuite pris en horreur.

Le centre du roman, la mort d’Anne, est une référence à celle de son amie d’enfance, Zaza, épisode trouble, disparition qu’elle n’a jamais acceptée.

Le passage du spirituel au « réel » que suit le personnage de Marguerite n’est pas sans rappeler la propre évolution, pour ne pas dire la révolution que Simone de Beauvoir a connue et qu’elle a relatée dans ses mémoires (cf. Mémoires d’une jeune fille rangée et La Force de l’âge).

Le personnage de Chantal Plattard, jeune professeur enseignant dans une petite ville de province après avoir obtenu son agrégation en Sorbonne renvoie également sans complaisance au portrait que l’auteur a fait d’elle-même dans ses jeunes années.

Ainsi voici Chantal dispensant ses bons conseils à ses élèves pratiquement enamourées :

« Je vous dirai que dans ces occasions-là, je ne m’occupe pas de ce qui se passe autour de moi, dit Plattard. Mes collègues c’est pour moi comme si elles n’existaient pas. Vous leur accordez trop d’importance. »

Chantal voit sa vie comme un roman dont elle serait l’héroïne, se berçant de spiritualité et d’illusions, totalement déconnectée du réel.
Ainsi se pâme-t-elle en flânant dans les rues populaires, les trouvant charmantes ; mais quand la pauvre Andrée lui propose de pénétrer dans un de ses bars, elle rejette avec horreur une telle perspective.
Et lorsque la si poétique et belle Monique tombe enceinte : « Cette boue ! » déclare Chantal…

Anne, ou quand prime le spirituel. Simone de Beauvoir
Folio, 2006
(Gallimard, 1979)
357 p., 6,60 €
Très belle préface signée Danièle Sallenave

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Les exilés de la mémoire. Jordi Soler

exilesLorsque Franco s’empare du pouvoir en 1939, Arcadi, artilleur républicain pendant la guerre civile, n’a guère le choix.

Laissant à Barcelone sa femme et sa fille, il préfère passer la frontière, comme 450 000 autres Républicains, plutôt que s’exposer aux représailles du dictateur.
Son coeur vaincu est porté par l’espoir d’être accueilli comme réfugié politique en France et, plus encore, celui de revenir le plus tôt possible dans une République restaurée.

Comment aurait-il pu imaginer ce qui l’attendait de l’autre côté ?
Lors de la retraite des antifranquistes, la Retirada, la plupart des républicains sont directement parqués dans des camps, notamment à Argelès-sur-Mer, où ils se retrouvent prisonniers à même le sable, livrés à des conditions d’existence atroces.

Beaucoup y périront ; Arcadi, au bout de 17 mois, aura la chance de s’en sortir, puis de gagner le Mexique, grâce au gouvernement de Lazaro Cardenas et à l’énergie de son ambassadeur, soucieux, contrairement à la France de Vichy, d’accueillir sur ses terres les réfugiés espagnols.
Arcadi s’installe dans la jungle mexicaine où il fait venir sa famille, retrouve des compatriotes républicains, fonde une prospère compagnie de production de café.

Tel est le récit que Jodi Soler, né au Mexique, nous livre : celui de son grand-père, reconstitué grâce aux souvenirs qu’Arcadi lui a laissé, soigneusement enregistrés sur des bandes, complétés par les témoignages d’autres protagonistes et par ses propres recherches.
A travers le destin particulier d’Arcadi, c’est tout un pan de l’histoire de l’Espagne et de ses victimes que Soler nous fait mieux connaître.
Mais il nous offre aussi, au fil des pages, le récit d’une quête, celle qu’il entreprend, à quarante ans, pour comprendre qui fut le père de sa mère, quelle fut sa guerre, sa perte, son exil ; et peut-être plus encore, ce qu’il a "fait" en définitive de cet exil.
Pour le petit-fils mexicain, il s’agit donc aussi d’une quête des origines.

La recherche et le témoignage de Jordi Soler obéissent aussi à la nécessité, devenue impérieuse, de sortir d’un insupportable oubli le triste sort de nombreux Républicains espagnols, en rappelant aux enfants de l’Espagne d’aujourd’hui l’atroce déchirure que leur pays a connu à la fin des années trente.

Dans Les exilés de la mémoire, il nous livre également une mélancolique méditation sur l’exil. Après la mort de Franco en 1975, Arcadi entreprend avec son épouse un voyage sur la terre natale. L’épisode en dit long :

Les trois mois qu’ils devaient consacrer à ce voyage de retrouvailles finirent par se réduire à quinze jours durant lesquels Arcadi arpenta comme une ombre le territoire de sa vie antérieure. (…) Sa soeur Neus, avec qui il avait parlé au téléphone chaque année en décembre pendant trente-sept ans, était une voix qui ne correspondait absolument pas à cette dame qui effectivement lui ressemblait, mais avec qui, et il venait de le découvrir tout à coup, il n’avait rien en commun. Arcadi avait construit une autre vie de l’autre côté de l’océan, tandis que sa soeur avait purgé sur place, comme elle l’avait pu, plusieurs décennies d’après-guerre. (…) Durant ces quinze jours, Arcadi qui était arrivé à Barcelone en se cherchant lui-même, finit, à force de rencontres brutales ou ratées, par effacer sa trace et par dire à ma grand-mère qu’il voulait rentrer à la maison, que pour lui sa soeur n’était qu’une voix et Barcelone une collection de petits films qui défilaient tous les dimanches sur le mur de la La Portuguesa.

Animée du respect attentif qu’un petit-fils porte au destin de son grand-père, la voix de Soler a la fraîcheur de celui qui découvre ; de l’histoire qui prend forme sous une plume au rythme propre.
D’une écriture riche et simple, sonore et imagée, alliant la concision au sens du détail, Jordi Soler nous offre un bouleversant ouvrage de mémoire, aux multiples échos : le sien, celui de son grand-père, celui de « son pays », mais aussi celui de la France ; et, peut-être, la voix de tous les exilés de la mémoire.

Les exilés de la mémoire. Jordi Soler
Traduit de l’espagnol par Jean-Marie Saint-Lu
Editions Belfond, 264 p., 19 €
Les exilés de la mémoire est le premier livre traduit en français de Jordi Soler. Il est auteur de quatre romans, de poèmes et de nouvelles, et collabore à différents journaux.

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A l'ombre des jeunes filles en fleurs. L'adolescence

proust2Dans A l’ombre des jeunes filles en fleurs, le narrateur est fasciné par les jeunes adolescentes dont il fait la connaissance à Balbec (dont, évidemment, Albertine).

Ce bouleversement est pour lui l’occasion d’apprécier avec poésie les charmes de cet âge particulier :

Mais l’adolescence est antérieure à la solidification complète et de là vient qu’on éprouve auprès des jeunes filles ce rafraîchissement que donne le spectacle des formes sans cesse en train de changer, de jouer en une instable opposition qui fait penser à cette perpétuelle récréation des éléments primordiaux de la nature qu’on contemple devant la mer.

Il évoque sa propre adolescence avec radicalité – et peut-être lucidité :

Mais la caractéristique de l’âge ridicule que je traversais – âge nullement ingrat, très fécond – est qu’on n’y consulte pas l’intelligence et que les moindres attributs des êtres semblent faire partie indivisible de leur personnalité. Tout entouré de monstres et de dieux, on ne connaît guère le calme. Il n’y a presque pas un des geste qu’on a faits alors, qu’on ne voudrait plus tard pouvoir abolir. Mais ce qu’on devrait regretter au contraire, c’est de ne plus posséder la spontanéité qui nous les faisait accomplir. Plus tard on voit les choses d’une façon plus pratique, en pleine conformité avec le reste de la société, mais l’adolescence est le seul temps où l’on ait appris quelque chose.

Lors de conversations avec son ami le peintre Elstir, le narrateur recueille l’avis éclairé de l’homme mûr sur la jeunesse et ses erreurs, passages obligés vers la sagesse, qui est "un point de vue sur les choses" :

Il n’y a pas d’homme si sage qu’il soit, me dit-il, qui n’ait à telle époque de sa jeunesse prononcé des paroles ou même mené une vie, dont le souvenir lui soit désagréable et qu’il souhaiterait être aboli. Mais il ne doit pas absolument le regretter, parce qu’il ne peut être assuré d’être devenu un sage, dans la mesure où cela est possible, que s’il a passé par toutes incarnations ridicules ou odieuses qui doivent précéder cette dernière incarnation-là. Je sais qu’il y a des jeunes gens, fils et petits-fils d’hommes distingués, à qui leurs précepteurs ont enseigné la noblesse de l’esprit et l’élégance morale dès le collège. Ils n’ont peut-être rien à retrancher de leur vie, ils pourraient publier et signer tout ce qu’ils ont dit, mais ce sont de pauvres esprits, descendants sans force de doctrinaires, et de qui la sagesse est négative et stérile. On ne reçoit pas la sagesse, il faut la découvrir soi-même après un trajet que personne ne peut faire pour nous, ne peut nous épargner, car elle est un point de vue sur les choses. Les vies que vous admirez, les attitudes que vous trouvez nobles, n’ont pas été disposées par le père de famille ou le précepteur, elles ont été précédées de débuts bien différents, ayant été influencées par ce qui régnait autour d’elles de mal ou de banalité. Elles représentent un combat et une victoire. Je comprends que l’image de ce que nous avons été dans une période première ne soit plus reconnaissable et soit en tout cas déplaisante. Elle ne doit pas être reniée pourtant, car elle est un témoignage que nous avons vraiment vécu, que c’est selon les lois de la vie, de la vie des ateliers, des coteries artistiques s’il s’agit d’un peintre, extrait quelque chose qui les dépasse.

Bon week-end à tous, et bonne lecture …

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Du côté de chez Swann. Albert Bloch.

proust2Dans Du côté de chez Swann, le narrateur, tout jeune adolescent, devient l’ami d’un camarade plus âgé que lui, Albert Bloch.

Ce jeune bourgeois s’exprime dans un style ampoulé, un véritable jargon en réalité et joue un personnage antique et littéraire ridicule. Il a sur le narrateur beaucoup d’ascendant.

L’évocation de ce personnage est souvent l’occasion de goûter des scènes d’un grand comique.

C’est sur un ton sarcastique qu’il m’avait demandé de l’appeler « cher maître » et qu’il m’appelait lui-même ainsi. Mais en réalité nous prenions un certain plaisir à ce jeu, étant encore rapprochés de l’âge où on croit qu’on crée ce qu’on nomme.

L’admiration du narrateur pour Bloch ne sera guère partagée par sa famille, qui reprochera au jeune homme son manque de simplicité, de sincérité, d’éducation et plus encore ses « transports momentanés, ardents et stériles », jugés néfastes pour leur enfant.

Première visite de Bloch. Interrogé par le père du narrateur au sujet du temps qu’il fait, voici sa réponse :

Monsieur je ne puis absolument vous dire s’il a plu. Je vis résolument en dehors des contingences physiques que mes sens ne prennent pas la peine de me les notifier.

Arrivé en retard, il ne trouve rien de plus original à avancer que :

Je ne me laisse jamais influencer par les perturbations de l’atmosphère ni par les divisions conventionnelles du temps. Je réhabiliterais volontiers l’usage de la pipe d’opium et du kriss malais, mais j’ignore celui de ces instruments infiniment plus pernicieux et d’ailleurs platement bourgeois, la montre et le parapluie.

Mais Bloch jouera un grand rôle dans le développement du jeune narrateur. C’est lui qui lui fera connaître le fameux auteur Bergotte, au détour d’un exposé dans le style « blochéen » néo-homérique le plus pur :

Ils m’ont été signalés à la décharge de ces deux maladrins par un article de mon très cher maître, le père Leconte, agréable aux Dieux immortels. A propos, voici un livre que je n’ai pas le temps de lire en ce moment, qui est recommandé, paraît-il par cet immense bonhomme. Il tient, m’a-t-on dit, l’auteur, le sieur Bergotte, pour un coco des plus subtils ; et bien qu’il fasse preuve, des fois, de mansuétudes assez mal explicables, sa parole est pour moi oracle delphique. Lis donc ces proses lyriques, et si le gigantesque assembleur de rythmes qui a écrit Bhagavat et le Lévrier de Magnus a dit vrai, par Appolon, tu goûteras, cher maître, les joies nectaréennes de l’Olympos.

C’est encore lui qui évoquera les femmes sous un angle suffisamment nouveau et – bien qu’assez faux – particulièrement encourageant pour le jeune adolescent. A cette occasion d’ailleurs, le sort de Bloch est définitivement réglé aux yeux de la famille du narrateur.

Et on l’aurait encore reçu à Combray si, après ce dîner, comme il venait de m’apprendre – nouvelle qui plus tard eu beaucoup d’influence sur ma vie, et la rendit plus heureuse, puis plus malheureuse – que toutes les femmes ne pensaient qu’à l’amour et qu’il n’y en a pas dont on ne pût vaincre les résistances, il ne m’avait assuré avoir entendu dire de la façon la plus certaine que ma grand’tante avait eu une jeunesse orageuse et avait été publiquement entretenue. Je ne puis me tenir de répéter ces propos à mes parents, on le mit à la porte quand il revint et quand je l’abordais ensuite dans la rue, il fut extrêmement froid pour moi.

Bonne lecture et bon week-end à tous …

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A la recherche du temps perdu. L'imagination

proust2Place est aujourd’hui réservée à la demande de Sola sur « l’imagination » dans l’œuvre de Proust (commentaire du billet Un amour de Swann du 19 janvier dernier).

Dans La Recherche, l’imaginaire est omniprésent : il n’est pas seulement un thème, il est une voûte céleste qui recouvre l’ensemble de l’oeuvre.

La puissance d’imagination du narrateur le conduit d’ailleurs souvent à rencontrer de terribles déceptions.

Ce sera le cas, par exemple, lorsqu’il découvrira enfin le fameux tympan de l’église de Balbec, dont il n’attendait rien de moins que de la magie : il n’éprouve alors qu’une tiède sensation face aux sculptures pourtant connues pour être splendides.

La même situation se produira lorsque l’occasion lui sera donnée d’aller au théâtre admirer la célébrissime Berma, moment fort désiré, dont il s’était fait une joie longtemps à l’avance.
A la fin de la représentation tant espérée, il n’est ébloui qu’à moitié, ce qui est bien peu en considération de ce qu’il avait imaginé.
Le lendemain, la presse, les personnes « autorisées » affirmeront pourtant qu’il s’agissait non seulement d’une interprétation de Phèdre tout à fait exceptionnelle, mais en outre l’interprétation la plus émouvante que la divine comédienne ait jamais donnée.
Le narrateur est alors bien perplexe.
Cependant, quelques temps plus tard, lorsqu’il sera loin de la réalité des planches, il fera, dans sa vie intérieure, « le chemin inverse » : en revivant le spectacle dans son souvenir, il va lui (re)trouver valeur et majesté :

Mon intérêt pour le jeu de la Berma n’avait cessé de grandir depuis que la représentation était finie parce qu’il ne subissait plus la compression et les limites de la réalité (…)

Mais le plus fort des rêveries du narrateur va très vite se porter sur les femmes.
Toutes les femmes qui le marquent commencent par le hanter sur le terrain fertile de son imagination, à partir d’une simple vision, alors qu’il ne les connaît pas réellement. C’est justement le fait qu’une femme lui soit inconnue qui la rend désirable à ses yeux. Lorsqu’il fait enfin la connaissance de la femme convoitée, celle-ci perd immédiatement une partie de sa puissance d’attraction.
Pour qu’elle continue à l’obséder, il faut qu’elle conserve une part de mystère : ainsi, dans cette place cachée, son imagination s’engouffre, s’emballe, ne cesse de « se raconter des histoires ».
Ce sera le cas avec Albertine: s’il en demeure amoureux, c’est uniquement – affirme-t-il en tout cas à certains moments – parce que sa jalousie (donc son imagination) est excitée à l’idée de ce que son amie peut faire lorsqu’elle sort sans lui. Pourtant, au lieu de l’accompagner dans ses sorties qu’il ne peut empêcher, le narrateur reste dans sa chambre, mettant en place une foule de scenarii … et souffre.

Laisser Albertine aller seule dans un grand magasin par tant de gens qu’on frôle, pourvu de tant d’issues qu’on peut dire qu’à la sortie on n’a pas réussi à trouver sa voiture qui attendait plus loin, j’étais bien décidé à n’y pas consentir, mais j’étais surtout malheureux. (…) Heureux ceux qui le comprennent assez tôt pour ne pas trop prolonger une lutte inutile, épuisante, enserrée de toutes part par les limites de l’imagination et où la jalousie se débat si honteusement que le même qui jadis, si seulement les regards de celle qui était toujours à côté de lui se portaient un instant sur un autre, imaginait une intrigue, éprouvait combien de tourments, se résigne plus tard à la laisser sortir seule, quelquefois avec celui qu’il sait son amant et préfère à l’inconnaissable cette torture du moins connue !

Bon week-end à tous ; bonne lecture !

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Juliette Drouet. Mon âme à ton cœur s'est donnée … Victor Hugo (suite et fin)

drouet 2La vie que Juliette Drouet, immense amoureuse de Victor Hugo, dédie tout entière à l’écrivain n’est pas pour autant une vie cloîtrée.
Pendant plusieurs années, durant l’été, le couple part régulièrement en Normandie, en Bretagne, en Belgique, dans le Nord de la France, au bord du Rhin. Ces voyages sont source d’inspiration pour Victor Hugo ; il évoquera les paysages, en particulier la mer dans ses poèmes mais aussi ses peintures et dessins.

De son côté, Juliette attend avec impatience ces escapades estivales :

3 juin 1839, matin
Je sens couver en moi la la maladie du voyage et je suis sûre même que ce que j’attribue à l’effet de la vaccine vient de la fièvre périodique du voyage. Et je ne crois pas qu’il y ait d’autre ordonnance pour ce genre de maladie qu’un passeport, d’autre pharmacie que des auberges, d’autres émollients ou cataplasmes que les banquette de diligence ou de cabriolet. Qu’en dites-vous ? Moi j’en dis que je vous adore.
Juliette

Viendront ensuite les combats politiques : lors de la tourmente de 1848, Juliette Drouet tient un journal de l’insurrection que Hugo retranscrit parfois mot pour mot.
Puis, en 1851, c’est elle qui l’aide à quitter clandestinement Paris.
Durant les 19 années d’exil, elle restera fidèle à son amour, le suivant partout, s’installant près de lui à Guernesey.
Elle lui apportera un soutien sans faille :

Guernesey. 24 février 1870 jeudi matin 8 h
Bonjour, mon cher grand bien-aimé adoré, et salut à la République dont le 22ème anniversaire se lève aujourd’hui. Puisse-t-il te rendre à ta chère France cette année, afin que tu lui apportes tout ce qui lui manque depuis que tu l’as quittée : Lumière, Honneur, Paix et Bonheur. C’est le voeu héroïque et désintéressé de mon mon coeur (…)
Juliette

Après le retour à Paris en 1870, Juliette demeurera aux côté de Hugo, l’aidant, l’assistant, veillant sur le foyer comme une épouse, continuant à l’adorer comme l’amante qu’elle n’a jamais cessé d’être, poursuivant son écriture malgré la fatigue de l’âge :

Paris 11 juillet 1882 mardi matin 7 h ½
(…) Je ne sais quand, ni comment cela finira, mais je souffre tous les jours de plus en plus et je m’affaiblis d’heure en heure. En ce moment, c’est à peine si j’ai la force de tenir ma plume et j’ai grand peine à garder la conscience de ce que je t’écris. Je me cramponne cependant à la vie de toute la puissance de mon amour pour ne pas te laisser trop longtemps sans moi sur la terre. Mais hélas ! La nature regimbe et ne veut pas (…)
Juliette

Elle s’éteindra en 1883 ; Victor Hugo deux ans plus tard seulement.

L’homme infidèle aura été pour Juliette le poète fidèle :

Quand deux coeurs en s’aimant ont doucement vieilli,
Oh ! quel bonheur profond, intime, recueilli !
Amour ! hymen d’en haut ! ô pur lien des âmes !
Il garde ses rayons même en perdant ses flammes.
Ces deux coeurs qu’il a pris jadis n’en font plus qu’un.
Il fait, des souvenirs de leur passé commun,
L’impossibilité de vivre l’un sans l’autre.
(Juliette, n’est-ce pas, cette vie est la nôtre !)
Il a la paix du soir avec l’éclat du jour,
Et devient l’amitié tout en restant l’amour !

Victor Hugo, Toute la lyre, VI, 64 (1ère publication en 1897)

A la fin de l’exposition, un très beau et émouvant tableau représentant Juliette Drouet au soir de sa vie (image), fait écho aux portraits de la jeune Juliette exposés au début du parcours : celui de Champmartin, représentant Juliette toute fraîche, rebondie, belle, et celui de Léon Noël qui souligne l’ovale parfait du visage, ses grands yeux noirs, ses cheveux bruns et épais, ses épaules en courbes, ses lèvres charnues.
Juliette Drouet est désormais une vieille femme, ses longs cheveux sont devenus blancs, sa peau est ridée.
Mais ses yeux noirs ont la même profondeur, expriment le même mélange de résignation, de calme, de pugnacité et d’ardeur.
Comme si son amour fidèle avait conservé son énigmatique beauté, imprimé en elle une présence passionnée à la vie, gardé intacte, visible alors dans la seule expression du regard, une éternelle jeunesse.

Quand je ne serai plus qu’une cendre glacée,
Quand mes yeux fatigués seront fermés au jour,
Dis-toi, si dans ton coeur ma mémoire est fixée :
Le monde a sa pensée, moi, j’avais son amour !

Victor Hugo. Dernière Gerbe LXIX
Épitaphe de Juliette Drouet

Juliette Drouet. Mon âme à ton cœur s’est donnée … Victor Hugo
Maison de Victor Hugo
Hôtel de Rohan-Guéménée
6, place des Vosges
Paris – 4ème
Tél. : 01 42 72 10 16
Jusqu’au 18 mars 2007
Tlj de 10 h à 18 h sauf lundi et jours fériés
Entrée : 7 € (TR : 5,5 € et 3,5 €)
Catalogue de l’exposition : 34 €

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Juliette Drouet. Mon âme à ton cœur s'est donnée … Victor Hugo

drouetJulienne Gauvain (Juliette Drouet) est née le 10 avril 1806 à Faugères.
Elle n’a pas 2 ans lorsque ses parents, artisans-tailleurs, la laissent orpheline.

Son oncle la recueille et l’emmène avec lui à Paris ; puis la place au couvent de Sainte-Madeleine, rue Saint-Jacques.
Elle y restera 5 années.

Elle est une adolescente âgée de 15 ans à peine lorsque elle en sort pour faire à Paris l’apprentissage de la liberté.

En 1825, la belle jeune femme elle devient le modèle et la maîtresse du sculpteur James Pradier. De cette courte liaison naîtra Claire son unique enfant.

Très vite, celle qui prend alors le nom de Mlle Juliette décide de devenir comédienne, faisant ses débuts sur les planches au Théâtre du Parc à Bruxelles. Encouragée par la critique, elle revient rapidement à Paris.
Au début de l’année 1833, elle interprète la princesse Negroni dans la pièce de Victor Hugo Lucrèce Borgia au théâtre de la Porte Saint-Martin : l’auteur est complètement sous le charme de Juliette, alors âgée de 27 ans.
Le dramaturge et la comédienne deviennent amants dans la nuit du 16 ou 17 février 1833.

Du premier billet « Viens me chercher ce soir chez Mme K. Je t’aimerai jusque là pour prendre patience – et ce soir oh ! ce soir ce sera tout ! Je me donnerai à toi toute entière. » et de la première nuit s’ensuivront cinquante années de passion et cinquante années de correspondance ininterrompue, dont témoignent les 20 000 lettres écrites par Juliette Drouet à l’écrivain.

A travers l’exposition organisée à la maison Victor Hugo autour de lettres, gravures, dessins, peintures (de Manet, Redouté, Corot, Champmartin …), sculptures, costumes, c’est avant tout le destin d’une amoureuse qui nous est restitué.
Mais c’est également de celui de Victor Hugo – car toute la vie de Juliette Drouet aura été indissociable de celle de l’écrivain – et à travers lui, d’une partie de l’histoire du XIX° siècle dont le couple illégitime à la longévité exceptionnelle témoigne.

A la suite de son échec retentissant dans le rôle de Jane dans Marie Tudor, Mlle Juliette tente en vain durant 5 années de jouer de nouveau .
Mais en 1839 à la demande de Hugo, elle abandonne définitivement la carrière théâtrale, se retire du monde et se voue à l’adoration de l’écrivain.

De femme de scène, la muse de Victor Hugo devient femme « de lettres » : l’écriture destinée à son amant devient son activité quotidienne :

12 septembre 1851. vendredi après-midi 2 h ½
O mon Dieu inspirez-moi la confiance puisque vous ne pouvez pas m’ôter l’amour. Faites que je croie en lui puisque je ne peux cesser de l’aimer (…) vous savez ce que je vous dis à vous seul,ô mon Dieu, avec toutes les larmes de mes yeux, avec toutes les tendresses de mon cœur, avec toutes les adorations de mon âme. Faites qu’il soit heureux, n’importe avec qui, n’importe comment pourvu qu’il le soit, et faites de moi ce que vous voudrez (…)

Elle sera aussi sa première lectrice, toujours attentive, admirative, passionnée, « vivant » véritablement les romans de Victor Hugo :

J’ai eu toutes les peines de m’endormir (…). Je ressens toutes les atroces tortures de ce pauvre « Jean Tréjean » (1) et je pleure malgré moi sur le sort de ce pauvre martyr, car je ne connais rien de plus navrant que cette pauvre Fantine et de plus douloureux que ce pauvre être abruti de « Champmathieur ». (…) Je partage leurs douleurs comme s’ils étaient de vrais personnages en chair et en os et tant tu les as faits nature. (…)

Ecrit-elle le 3 février 1848 après que l’écrivain lui a fait lecture à voix haute de passages des Misérables.

Mais le dévouement, l’adoration exclusive de Juliette pour Hugo ne sera pas qu’enfermement ; l’amoureuse passionnée partagera la vie de l’homme de lettres et de l’homme politique dans ses pérégrinations et ses combats.

A suivre demain.

(1) nom de Valjean à cette époque de la rédaction du roman qui avait alors pour titre Les Misères.

Juliette Drouet. Mon âme à ton cœur s’est donnée … Victor Hugo
Maison de Victor Hugo
Hôtel de Rohan-Guéménée
6, place des Vosges
Paris – 4ème
Tél. : 01 42 72 10 16
Jusqu’au 18 mars 2007
Tlj de 10 h à 18 h sauf lundi et jours fériés
Entrée : 7 € (TR : 5,5 € et 3,5 €)
Catalogue de l’exposition : 34 €

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A l'ombre des jeunes filles en fleurs. L'écrivain Bergotte

proust2L’occasion est un jour donnée au narrateur de rencontrer Bergotte, l’écrivain qu’il porte aux nues.

Voici le portrait qu’il en fait et les merveilleuses réflexions qu’il lui inspire.

Il me semblait bien pourtant que ce fût lui qui eût écrit les livres que j’avais tant aimés, car Mme Swann ayant cru devoir lui dire mon goût pour l’un d’eux, il ne montra nul étonnement qu’elle en eût fait part à lui plutôt qu’à un autre convive, et ne sembla pas voir là l’effet d’une méprise ; mais emplissant la redingote qu’il avait mise en l’honneur de tous ces invités, d’un corps avide du déjeuner prochain, ayant son attention occupée d’autres réalités importantes, ce ne fut que comme à une épisode révolu de sa vie antérieure, et comme si on avait fait allusion à un costume du duc de Guise qu’il eût mis une mis une certaine année à un bal costumé, qu’il sourit en se reportant à l’idée de ses livres, lesquels aussitôt déclinèrent pour moi (entraînant dans leur chute toute la valeur du Beau, de l’univers, de la vie) jusqu’à n’avoir été que quelque médiocre divertissement d’homme à barbiche. Je me disais qu’il avait dû s’y appliquer, mais que, s’il avait vécu dans une île entourée de bancs d’huîtres perlières, il se fût, à la place, livré avec succès au commerce des perles. Son oeuvre ne semblait plus aussi inévitable. Et alors je me demandais si l’originalité prouve vraiment que les grands écrivains soient des dieux régnant chacun dans un royaume qui n’est qu’à lui, ou bien s’il n’y avait pas dans tout cela un peu de feinte, si les différences entre les oeuvres ne seraient pas le résultat du travail, plutôt que l’expression d’une différence radicale d’essence entre les diverses personnalités.

Enfin, la qualité toujours rare et neuve de ce qu’il écrivait se traduisait dans sa conversation par une façon si subtile d’aborder une question, en négligeant tous ses aspects déjà connus, qu’il avait l’air de la prendre par un petit côté, d’être dans le faux, de faire du paradoxe, et qu’ainsi ses idées semblaient le plus souvent confuses, chacun appelant idées claires celles qui sont au même degré de confusion que les siennes propres.

Mais l’instinct du constructeur était trop profond chez Bergotte pour qu’il ignorât que la seule vérité, résidait dans la joie que son œuvre lui avait donnée, à lui d’abord, et aux autres ensuite. Seulement, bien des années plus tard, quand il n’eut plus de talent, chaque fois qu’il écrivit quelque chose dont il n’était pas content, pour ne pas l’effacer comme il aurait dû, pour le publier, il se répéta, à soi-même cette fois : « Malgré tout, c’est assez exact, ce n’est pas inutile à mon pays ». De sorte que la phrase murmurée jadis devant ses admirateurs par une ruse de sa modestie, le fut, à la fin, dans le secret de son coeur, par les inquiétudes de son orgueil. Et les mes mots qui avaient servi à Bergotte d’excuse superflue pour la valeur de ses premières œuvres, lui devinrent comme une inefficace consolation de la médiocrité de ses dernières.(…) Si, pourtant, malgré tant de correspondances que je perçus dans la suite entre l’écrivain et l’homme, je n’avais pas cru au premier moment, chez Mme S., que ce fût Bergotte, que ce fût l’auteur de tant de livres divins qui se trouvât devant moi, peut-être n’avais-je pas eu absolument tort, car lui-même (au vrai sens du mot) ne le « croyait » pas non plus. Il ne le croyait pas puisqu’il montrait un grand empressement envers des gens du monde (sans être d’ailleurs snob), envers des gens de lettres, des journalistes, qui lui étaient bien inférieurs. Certes, maintenant il avait appris par le suffrage des autres qu’il avait du génie, à côté de quoi la situation dans le monde et les positions officielles ne sont rien. Il avait appris qu’il avait du génie mais il ne le croyait pas puisqu’il continuait à simuler la déférence envers des écrivains médiocres pour arriver à être prochainement académicien, alors que l’Académie ou le faubourg St-Germain n’ont pas plus à voir avec la part de l’Esprit éternel, laquelle est l’auteur des livres de Bergotte, qu’avec le principe de causalité ou l’idée de Dieu.

Excellente lecture, excellent week-end à tous.

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