Du cinema plein les yeux a Toulouse

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La cinémathèque de Toulouse ne se contente pas de conserver 42 300 copies de films récupérés depuis 50 ans (et d’en donner à voir presque tous les jours de la semaine), elle possède aussi la plus belle collection française d’affiches de cinéma.

Parmi celles-ci les pièces uniques d’André Azaïs, peintre d’affiches de façade : nous avons oublié que jusqu’aux années 70, les cinémas attiraient les clients par de grands panneaux (ici 5 mètres sur 2 mètres), réalisés à la main aux dimensions de la façade disponible, pour la durée de programmation du film.

En 1977 à la fermeture de la salle toulousaine Le Royal, sont récupérées 184 affiches d’Azaîs, qui depuis les années 50 pouvait fournir ses œuvres à 6 cinémas de la ville, toutes les semaines ! Par on ne sait quelle bienheureuse négligence ces rouleaux de papier avaient été abandonnés au fond d’une pièce de ce cinéma voué à la démolition.

Des quelques 8 000 affiches qu’il a réalisées, vouées à la poubelle dès la fin de la programmation des films, nous pouvons en voir exposées 22, choisies parmi les 184.

L’Espace EDF Bazacle offre le volume nécessaire à l’accrochage, judicieusement effectué en hauteur, comme sur les murs des cinémas autrefois. Certes nous manquons quelque peu de recul pour nous retrouver en situation urbaine, mais nous frappent ces rouges et jaunes lumineux des titres, le graphisme souvent adapté au genre cinématographique, ces portraits d’acteurs et d’actrices, pas toujours très fidèles, mais qui restent si intimement liés au souvenir des films, de Rio Bravo à Peau d’âne, de 2001 Odyssée de l’Espace aux Sept Mercenaires

Cette exposition est l’occasion de se pencher sur ce travail spécifique du peintre : à partir des éléments fournis par les exploitants des salles (matériel publicitaire classique des press-books) il élabore une sorte de maquette qu’il projette à l’aide d’une lanterne magique sur de grands panneaux de papier plaqués contre un mur. Il lui reste à suivre au fusain les lignes agrandies et passer ensuite à la colorisation.

Des photos anciennes nous mettent dans l’ambiance du cinéma urbain d’il y a 40 ou 50 ans : les diverses formes publicitaires utilisées par les exploitants (façades de cinéma dans d’autres villes, palissades, espaces publicitaires). Et nous pouvons, sur un écran et installés comme au cinéma, apprécier le défilé des 184 affiches sauvées miraculeusement par ces fous de ciné qui ont créé la Cinémathèque de Toulouse.

Par Andreossi

Du cinéma plein les yeux

Exposition d’affiches de façade peintes par André Azaïs

Espace EDF Bazacle, 11, quai Saint-Pierre – 31000 Toulouse

Ouvert du mardi au dimanche de 11 h à 18 h

Entrée libre

Jusqu’au 27 avril 2014

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Ida. Pawel Pawlikowski

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En 1962, Ida, toute jeune novice d’un couvent polonais à la veille de prononcer ses vœux, est envoyée par la mère supérieure à la rencontre de la seule famille qui lui reste : sa tante Wanda, juge inflexible le jour, jouisseuse désabusée de la vie le soir. Deux opposées qui se découvrent et ne se comprennent pas très bien, l’une qui en a trop vu et trop vécu, l’autre qui ne connaît que sa foi.

Wanda ayant appris tout de go à sa nièce son origine juive, toutes deux partent en quête de la tombe des parents d’Ida disparus pendant la Deuxième guerre mondiale. Elles feront des rencontres, celle du passé mais aussi celle du peuple polonais. Pour finir, c’est soi-même que chacune découvrira.

C’est un film à l’esthétique captivante, mais dont la beauté n’est là que « par surcroît », tant son histoire est en elle-même passionnante. Pawel Pawlikowski la déroule avec une grande simplicité, dans un savant équilibre de limpidité et de non-dits. Entre dialogues abrupts et silence, entre crudité et pudeur. La caméra caresse des personnages dans un pays qui a brutalisé l’Homme, la Pologne sous l’occupation nazie, puis sous le joug du Stalinisme, et enfin la Pologne du temps du film, sous sa chape de plomb.

Le noir et blanc – si beau – de la photo vient souligner ce triple aspect historique, qui est d’une certaine manière le sujet principal du film. Il souligne la noirceur du sort fait aux Juifs pendant la guerre, à la société polonaise dans les décennies suivantes. Il éclaire les villes, la pauvre campagne de ces années-là, une Pologne glaciale, figée, muette, étouffée peut-être plus encore par son passé que par son présent. Le format 4/3, un peu carré à l’ancienne, accentue cet ancrage dans l’histoire, et donne plus de force encore aux personnages, cadrés, qui plus est, de façon un peu décalée en d’éloquents plans-séquences.

Eloquents, ces personnages impeccablement interprétés et auxquels on est attaché dès le début du film ne le sont guère ; pourtant leurs mots, rares mais directs, leurs yeux, leurs gestes déterminés disent l’essentiel. Le reste, qui renvoie aux profondeurs des âmes, aux interrogations existentielles, le réalisateur a la délicatesse de laisser au spectateur le soin de l’imaginer.

 

Ida

Un film de Pawel Pawlikowski

Avec Agata Kulesza, Agata Trzebuchowska, Dawid Ogrodnik

Sorti en salles le 12 février 2014

Durée 1 h 19

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Le vent se lève. Hayao Miyazaki

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Selon les propos mêmes du maître de l’animation japonais, Le vent se lève pourrait bien être son ultime film. On le regrette déjà, tant on a aimé des longs-métrages comme Porco Rosso, Le Voyage de Chihiro ou encore le Château ambulant… et tant est réussi Le vent se lève, dont la beauté n’a d’égale que la tristesse.

L’histoire est celle de Jiro Horikoshi, ingénieur aéronautique japonais ayant réellement existé. Petit, il rêve de devenir pilote, mais sa terrible myopie rend son rêve inaccessible. Fou d’avions, il décide alors de les concevoir, emporté par l’exemple de l’ingénieur italien Caproni qu’il rencontre au cours de l’une de ses innombrables envolées imaginaires.

En 1923, alors qu’il se rend à l’Université de Tokyo pour y entreprendre ses études, il croise à bord du train la toute jeune Nahoko. Après l’avoir raccompagnée chez elle à travers les décombres du séisme de Kanto, sur les bancs de la faculté, il se lie d’amitié avec Honjo. Enfin, son diplôme en poche, il est embauché par Mitsubishi. Passionné, travailleur acharné débordant d’inventivité, il deviendra l’un des ingénieurs aéronautiques les plus brillants de sa génération.

Malgré des images colorées toujours aussi belles, Miyazaki peint la vie de Jiro d’un noir profond. Une douce tristesse sourd tout au long du film, malgré le succès de son héros. Alors que les malheurs de l’Histoire frappent (le tremblement de terre de 1923, la Grande Dépression, la deuxième Guerre Mondiale), Jiro, d’un calme imperturbable et opiniâtre en est peu affecté : il ne se préoccupe que de ses avions. Pourtant, homme bon, toujours prêt à aider son prochain, il partage avec Nahoko retrouvée une grande histoire d’amour et avec Honjo une amitié des plus loyales et des plus fidèles.

La tristesse de Jiro vient peut-être de ce que cette vie n’est peut-être pas si réussie que ça : ses rares échecs, il les vit comme des drames. Plus tard, indifférent à l’Histoire, il dessine des engins de mort, de redoutables chasseurs pour la deuxième Guerre Mondiale). Surtout, il y a la maladie de Nahoko. Atteinte de tuberculose, elle doit se soigner à la montagne quand le travail le retient en ville : terrible déchirement, jusqu’à l’ultime, qu’on ne révélera pas. Enfin, sans doute y’a-t-il la nostalgie infinie de ce qu’il n’a pas pu vivre, de son rêve d’enfant de devenir pilote qu’il n’a pu accomplir ?

Le film est d’une poésie inouïe, porté par le vent de scènes en scènes. Par exemple, tous les moments clés avec Nahoko sont sous le signe du souffle. Ici un chapeau qu’une bourrasque arrache de la tête de Jiro et que Nahoko attrape au vol – la rencontre -, là une ombrelle que le vent emporte et que Jiro retient – les retrouvailles -, plus loin un avion en papier que l’amoureux envoie au ciel que sa dulcinée au balcon attrapera avec grâce – la cour -. Et ce alors même Nahoko souffre de ne pouvoir respirer.

Le vent se lève est tiré du poème de Paul Valéry « Le cimetière marin » : « Le vent se lève !… Il faut tenter de vivre ! » dit le poète. Jiro aura tenté et aura vécu. Mais avec quelle mélancolie.

« Le vent se lève »

Un drame de Hayao Miyazaki

Durée 2 h 6 mn

Sorti en salles le 22 janvier 2014

 

 

 

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Les bêtes du Sud sauvage. Benh Zeitlin

Les bêtes du Sud sauvage

Le premier long-métrage de Benh Zeitlin, un New-Yorkais d’à peine trente ans, nous emmène dans l’univers fascinant du Bayou en Louisiane, entre terre et eau, où vivent encore, hors du temps, une poignée de forcenés attachés au Bassin contre autorités et marées.
Malgré les ouragans qui dévastent leurs maigres cabanes, malgré les risques d’une nature sauvage rendue plus dangereuse encore par l’intervention des hommes, ils demeurent là, dans leur isolement, leur dénuement absolu, leur désœuvrement soigneusement défendu, leur orgueil fou.
Hushpuppy, dont la maman a disparu à la naissance, est élevée par son père, entre protection animale, éducation à la dure et abandon à soi-même.
Créative et dégourdie, elle en fait beaucoup. Mais elle se fait aussi, au fil de ses étonnements, de sa solitude, de ses rêves et de ses cauchemars. Petit bout de six ans, interprété par une Quvenzhané Wallis absolument extraordinaire.

Film profondément original et fort bien taillé, Les bêtes du Sud sauvage brille de mille facettes : moments d’action intense, plans prenant le temps de montrer la beauté du Bayou et instants suspendus auprès d’une fillette en proie à ses questions et à ses attentes s’imbriquent merveilleusement.
Mais toujours, et sans aucun bavardage, c’est une incommensurable inquiétude et un combat désespéré que Quvenzhané Wallis nous montre.
Il le fait avec une telle grâce, un lyrisme si élégant, que l’on oublie de pleurer, surpris par ce monde singulier, ébahi par la noblesse de ses crasseux habitants et porté par le courage de l’impressionnante petite Hushpuppy.

Les bêtes du Sud sauvage
Un film de Benh Zeitlin
Avec Quvenzhané Wallis, Dwight Henry, Levy Easterly
Durée 1 h 32
Date de sortie en salles : 12 décembre 2012

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Traviata et nous. Philippe Béziat

Traviata et nousComment met-on en scène un opéra ? Comment créer encore, à partir d’un opéra aussi célèbre, aussi joué que La Traviata de Verdi ? C’est un peu la situation d’un metteur en scène face à une pièce de Molière… Mais en pire : ici, il doit compter non seulement avec le livret, mais encore avec la musique, et tout ce qu’elle est censée exprimer. Et il s’appuie sur des acteurs qui sont des chanteurs avant d’être des comédiens…

C’est cet extraordinaire travail-là que Philippe Béziat, nous donne à découvrir à travers ce documentaire. Et l’on a l’impression merveilleuse d’être de petites souris qui ont enfin accès à l’envers du décor de l’un des arts les plus magiques, les plus éblouissants qui soient : l’opéra.

2011, Aix en Provence : Jean-François Sivadier prépare la mise en scène de La Traviata, sous la direction de Louis Langrée. Distribution : Natalie Dessay dans le rôle titre, accompagnée de Charles Castronovo dans celui d’Alfredo et de Ludovic Tézier dans celui du père, Giorgio Germont.

Un véritable travail de fourmi commence, entre Jean-François Sivadier et Natalie Dessay tout particulièrement. Le metteur en scène lui donne une idée, un sentiment qu’il voudrait lui voir exprimer – parfois l’absence même d’expression de sentiment tient lieu de direction à suivre, et c’est là le plus compliqué -, lui disant comment faire souvent mais aussi à d’autres moments la laissant trouver seule, parce qu’il sait que la réponse est en elle. Cette confiance-là, Natalie Dessay en est toute digne, tant elle est volontaire, patiente, souple, créative, imaginative, intelligente. Ses dons de comédienne crèvent l’écran comme ils éclatent à la scène. Clown à certains moments pendant les répétitions, elle joue le drame de Violetta de façon bouleversante, et presque surprenante quand on voit sa totale simplicité d’être par ailleurs.
Une fois le jeu de Violetta calé, ceux d’Alfredo et de Germont (magnifiques Castronovo et Tézier, chacun dans leur style, totalement complémentaires finalement) semblent venir s’appuyer plutôt naturellement sur celui du rôle titre, comme si l’ossature des scènes était déjà en place.
Mais ce qu’il y a de plus inouï, c’est de voir comment ce qui au départ se résume à quelques mots dans la bouche d’un metteur en scène, au plus à quelques gestes esquissés, devient quelques minutes plus tard une scène d’une extrême émotion, chantée et jouée par des artistes qui semblent en symbiose parfaite, alors que l’instant d’avant, aucune complicité particulière ne paraissait s’en dégager (se connaissaient-ils avant, seulement ? se demande-t-on).

Si la mise en scène est le plus gros morceau du film, il nous livre également les coulisses des différents corps de métiers, des décorateurs à la couturière, en passant par la chorégraphe. Et aussi : quel bonheur nous réservent les passages consacrés à la direction musicale ! Louis Langrée dirige orchestre et chœur avec une douceur qui n’a d’égale que son efficacité. Ici, les mots sont rares car le langage est autre, fait à la fois de mots, de gestes et de regards : on adore quand le chef dit juste : "Là, c’est la fête !" ou, aux violons : "Là, elle pleure, alors, on pleure " et que l’on entend immédiatement l’exécution des musiciens en pleine conformité avec ce qu’il a indiqué.

Les ultimes moments de grâce du film viennent avec les scènes montrant l’opéra "fini", quand la nuit couvre la cour d’Aix-en-Provence et que tout est parfaitement déployé, corps, voix, musique, costumes, décors, lumières… on a vu l’envers, on revient à l’endroit, et la magie demeure, dévoilée mais, étrangement, intacte.

Traviata et nous
Un film documentaire de Philippe Béziat
Durée 1 h 52
Date de sortie en salles : 24 octobre 2012

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Les Contes d'Hoffmann à l'Opéra de Paris

Les contes d'Hoffmann, mise en scène Robert Carsen

Ce vendredi était donnée à l’Opéra Bastille la première représentation de la saison des Contes d’Hoffmann dans la production de Robert Carsen créée en mars 2000.
A tous points de vue, ce fut une soirée inoubliable.

La mise en scène de Carsen, qui a succédé notamment à Patrice Chéreau en 1974 et à Roman Polanski en 1992, est un ravissement. Elle enracine l’aspect littéraire des Contes, en positionnant l’ensemble de l’opéra dans un théâtre. Robert Carsen joue ainsi deux cartes à fond, d’une part celle du clin d’œil – pour ne pas dire l’hommage – d’Offenbach à Mozart avec la représentation de Don Giovanni qui encadre l’histoire, et d’autre part celle de l’illusion de l’amour, en montrant en permanence les dessous du décor, comme pour rappeler à chaque instant que toutes les histoires d’amour ne sont que jeux d’apparence trompeurs qui ne mèneront qu’à la désillusion. Sa mise en scène fait enfin sa juste part au fantastique et à la balance des sentiments, tantôt gais, tantôt déchirants, qui participent au charme du célèbre opéra.

Le prologue qui voit les amis d’Hoffmann se réunir au café pour écouter ses contes est une merveille de joie, teintée d’un peu d’inquiétude et d’ironie, vu l’état d’ébriété d’Hoffmann, mais aussi de la suite qui s’annonce. Le bar est magnifique, les chorégraphies parfaites, la musique et les voix, y compris les chœurs exactement en place : cela démarre fort.
L’apothéose du plaisir vient au premier acte, au cours duquel la canadienne Jane Archibald nous offre une Olympia mécanique aussi talentueuse que tordante ; celle de l’émotion au deuxième où Antonia interprétée par la Portoricaine Ana Maria Martinez, plongée dans la pénombre de la fosse, errant entre les instruments, nous bouleverse quand sa défunte mère apparaît au dessus d’elle dans une lumière lunaire presque surnaturelle. Il y a là peu après l’un des plus émouvants trios qui soient.

La direction, le sens du jeu et surtout l’homogénéité des voix ne sont pas pour rien dans cette réussite. Les sopranos Jane Archibald et Ana Maria Martinez (Olympia et Antonia), la mezzo-soprano américaine Kate Aldrich dans les rôles de La Muse et du compagnon Nicklausse, la Française Sophie Koch, mezzo également dans celui de Giulietta, le ténor Stefano Secco dans celui d’Hoffmann, le baryton niçois Franck Ferrari dans les terribles rôles de Lindorf, Coppélius, Dapertutto et dr Miracle, sans oublier bien sûr le baryton toulousain Jean-Philippe Lafont (dans ceux de Luther et de Crespel le père d’Antonia) mirent dans leurs sublimes interprétations, seuls ou ensemble, une générosité qui enthousiasma un public ravi de sa rentrée lyrique.

Les Contes d’Hoffmann
Un opéra fantastique en un prologue, trois actes et un épilogue
de Jacques Offenbach (1819-1880)
Livret de Jules Barbier d’après le drame de Jules Barbier et Michel Carré
Créé à l’Opéra-Comique de Paris le 10 février 1881

Direction musicale : Tomas Netopil
Mise en scène : Robert Carsen
Décors et costumes : Michael Levine
Lumières : Jean Kalman
Mouvements chorégraphiques : Philippe Giraudeau
Chef du Choeur : Patrick Marie Aubert

Distribution :
Jane Archibald Olympia
Sophie Koch Giulietta
Ana Maria Martinez Antonia
Kate Aldrich La Muse, Nicklausse
Qiu Lin Zhang Une voix
Stefano Secco Hoffmann
Fabrice Dalis Spalanzani
Cyrille Dubois Nathanaël
Jean-Philippe Lafont Luther, Crespel
Eric Huchet Andrès, Cochenille, Pitichinaccio, Frantz
Franck Ferrari Lindorf, Coppélius, Dapertutto, Miracle
Damien Pass Hermann
Michal Partyka Schlemil

Orchestre et choeur de l’Opéra national de Paris

Durée 3 h 30 avec 2 entractes
Places de 5 euros à 180 euros
Jusqu’au 3 octobre 2012
Opéra National de Paris – Opéra Bastille

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Magic Mike. Steven Soderbergh

Magic Mike, Steven Soderbergh

Mike est un très beau mec, aux traits doux et au corps sculptural. Ses yeux et son sourire sont bons et ses épaules larges.
Le jour, il fait tout un tas de boulots classiques. Le soir, il devient strip-teaseur dans la boîte dirigée par Dallas.
Nous sommes à Tampa, en Floride et la vie de Mike y est facile : l’argent rentre, la fête est quotidienne et les filles à ses pieds. Quant à ses numéros de strip-tease, ils ont un succès fou. Il est le meilleur employé de Dallas et espère devenir bientôt son associé.
Un jour, il rencontre Adam, un jeune beau gosse un peu paumé. Il le prend sous sa protection, le fait entrer dans la boîte de Dallas et fait la connaissance de sa grande sœur. Ces rencontres ne seront pas sans conséquence.
C’est ce moment que filme Soderbergh : une sorte de point de bascule de la vie de Mike qui atteint la trentaine ; une bascule souterraine, douce et irrépressible, presque brutale. Que veut-il vraiment faire de sa vie, qu’est-ce qui compte vraiment pour lui ?…

Le film est à la fois très beau et très séduisant.
La séduction, c’est d’abord celle de toutes les scènes de spectacle de strip-tease ; c’est le succès, celui de Dallas avant tout, qui voit sa boîte prospérer au point de s’installer à Miami ; c’est aussi la vie joyeuse au soleil le jour et euphorisante le nuit ; c’est enfin, et bien sûr, la séduction de ces corps magnifiques.
La beauté, c’est celle du personnage de Mike, plus complexe qu’il n’y paraît – son rêve n’est-il pas de créer une entreprise afin d’éditer les meubles qu’il dessine ? -, qui doute et qui doit faire des choix.
C’est évidemment la justesse de la mise en scène de Soderbergh, la profonde intelligence avec laquelle il traite son sujet, en demeurant toujours à l’exacte hauteur de ses thèmes et de ses personnages, sans moraliser jamais.

Magic Mike, Soderbergh, McConaugheyC’est encore la beauté d’une photo très douce, à la lumière vintage et chaleureuse qui pourtant n’enjolive pas tout, Soderbergh montrant la Floride telle qu’elle est, y compris dans ce qu’elle a d’un peu triste.
C’est enfin la beauté du jeu des acteurs, dont deux crèvent littéralement l’écran : Channing Tatum bien sûr dans le rôle de Mike, mais aussi Matthew McConaughey, impeccable dans celui de Dallas, à la fois mâle dominant cynique et bête de scène lascive qui se voit artiste.

Magic Mike
Un film de Steven Soderbergh
Avec Channing Tatum, Alex Pettyfer, Matthew McConaughey
Durée 1 h 50 min
Sorti le 15 août 2012

Images © ARP Sélection

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Au frais dans les salles !

Et voilà les vacances qui s’achèvent au moment où la canicule bat son plein… bigre ! Où aller se rafraîchir en ville ? Dans les salles de cinéma, pardi… En cette saison, il y en a un peu pour tous les goûts, alors autant en profiter pour se concocter un programme varié.

Sorti mercredi dernier, Cornouaille d’Anne Le Ny, avec Vanessa Paradis et Samuel Le Bihan notamment, se laisse regarder avec d’autant plus de plaisir qu’il permet de rester au bord de la mer – on en reparlera, avec des réserves toutefois. Autre sortie du 15 août, pas vu encore, Magic Mike de Steven Soderbergh est bien tentant – à suivre donc.

Le Amiche, AntonioniMais on peut aussi découvrir ou redécouvrir des films plus anciens, comme le dernier Ken Loach ou le Batman, voire très anciens, comme Femmes entre elles daté de 1955 et ressorti ce 1er août.
Récompensé du Lion d’argent à la Mostra de Venise 1955, de son titre original Le amiche (Les amies), Femmes entre elles est le troisième long métrage d’Antonioni. Il met en scène une Romaine célibataire venue ouvrir un atelier de couture à Turin, où elle fait la connaissance d’une bandes d’amies suite à la tentative de suicide de l’une d’entre elles, pour cause d’amour bien entendu. Car entre illusions et cynisme, les rapports hommes-femmes sont ici loin de mener au bonheur. Femmes entretenues, femmes possessives, femmes indépendantes… hommes volages, machos, hommes un peu paumés finalement… l’ensemble est complet. Et dans ce potage-là, l’amitié des femmes "entre elles" n’a pas toujours la sincérité requise pour remonter le moral à notre jeune suicidée…
Inspiré d’une nouvelle néoréaliste de Cesare Pavese, Femmes entre elles est un terrible portrait de la bourgeoisie italienne des années 1950. Porté par une magnifique mise en scène, à laquelle une très belle photo et un casting nickel (féminin en particulier) ne gâchent rien, il montre jusqu’où le poids du "paraître" et l’hypocrisie du jeu mondain peuvent mener : à l’aveuglement et au désastre.

La part des anges, Ken LoachA voir aussi La part des anges de Ken Loach. Il commence dans le misérabilisme le plus poisseux qui soit pour évoluer rapidement vers une intrigue aussi singulière que délicieuse, à laquelle on s’arrime sans forcer, d’autant moins que le personnage principal, admirablement joué par Paul Brannigan, et ses compagnons, tout aussi bien interprétés, sont des plus attachants. Pour finir, ce film constitue une comédie très haute en saveurs…

The Dark Knight Rises, Christopher NolanEnfin, dans un tout autre style, The Dark Knight Rises, le dernier épisode de la saga Batman signée Christopher Nolan est un très bon film d’actions, certes un poil long (la fin aurait pu être allégée d’une bonne vingtaine de minutes), mais évitant la surenchère d’effets spéciaux et bénéficiant de plans superbes, d’un scénario bien ficelé et d’une distribution très honorable : Christian Bale, Gary Oldman, Anne Hathaway et Morgan Freeman entre autres…

Femmes entre elles (Le Amiche)
De Michelangelo Antonioni
Avec Eleonora Rossi Drago, Gabriele Ferzetti, Valentina Cortese…
Sorti en 1955, repris le 1er août 2012
Durée 1h 44min

La Part des anges
De Ken Loach
Avec Paul Brannigan, John Henshaw, Gary Maitland…
Sorti le 27 juin 2012
Durée 1h 41min

The Dark Knight Rises
De Christopher Nolan
Avec Christian Bale, Gary Oldman, Tom Hardy…
25 juillet 2012
Durée 2h 44min

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Cornouaille. Anne Le Ny

Cornouaille, Anne Le Ny

Jolie trentenaire, Odile vit à Paris où elle a réussi sa vie professionnelle en créant sa propre agence de voyages. Célibataire, elle passe ses "13 à 15" dans une chambre d’hôtel du 20ème arrondissement avec Fabrice, marié et père de famille, .
Gaie, vive et déterminée, c’est plutôt de bonnes grâces qu’elle se rend seule dans le Finistère, le temps d’expédier une affaire successorale : vider et vendre la maison de sa tante dont elle vient d’hériter.
Mais une fois sur place, les choses ne se déroulent pas aussi simplement que prévu : sitôt arrivée, Odile est saisie par le souvenir de son père mort dans cette maison alors qu’elle avait douze ans. Un ami d’enfance s’invite chez elle et l’amène à réfléchir sur elle-même.
Tout le passé qu’elle avait voulu effacer lui revient en mémoire et ses fantômes viennent la hanter. Mais n’est-ce pas là l’occasion de renouer avec son enfance pour mieux se trouver et choisir enfin la vie d’adulte qui lui correspond vraiment ?

Sur un scénario bien bâtit au départ mais que l’on sent au fur et à mesure du film de plus en plus hésitant, la réalisatrice a voulu développer de belles et fortes thématiques, celles de la mort, du poids des souvenirs, de la fidélité aux disparus mais aussi de la difficulté de s’en libérer pour enfin devenir soi.
Pour l’essentiel, elle y est parvenue mais parfois sur le fil du rasoir, entre scénario un peu bancal et mise en scène trop conventionnelle.
Pour autant, les paysages envoûtants de Cornouaille et le jeu très juste des acteurs, à commencer par Vanessa Paradis dans le rôle principal, mais également les hommes qui l’accompagnent, Samuel Le Bihan et Jonathan Zaccaï (et de brèves mais toujours délicieuses apparitions de Laurent Stocker en notaire complexé), parviennent à faire passer ces émotions qui, surgies des temps anciens, viennent tour à tour bouleverser, illuminer et apaiser nos vies présentes.

Cornouaille
Un film d’Anne Le Ny
Avec Vanessa Paradis, Samuel Le Bihan, Jonathan Zaccaï, Laurent Stocker
Durée 1 h 36
Sorti en salles le 15 août 2012

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