L'Homme irrationnel. Woody Allen

lhomme_irrationnel_woody_allenChaque année nous livre un nouveau Woody Allen, et c’est toujours de bon cœur qu’on va le découvrir en salle, quasiment assuré de passer un bon moment, en retrouvant l’univers du cinéaste qui au fil du temps nous est devenu aussi familier qu’attachant.

Questions existentielles, philosophie et psychanalyse, magie, hasard, intrigues noires, pouvoir de séduction et passions… peuplent ensemble ou en ordre dispersé les films du cinéaste new-yorkais sans jamais nous lasser. Quoique…

Son avant-dernier opus Magic in the Moonlight était très réussi, débordant de toutes sortes de charmes, auxquels Colin Firth et Emma Stone n’étaient certes pas étrangers. C’est donc avec joie que l’on retrouve celle-ci dans L’homme irrationnel, cette fois accompagnée de Joaquin Phoenix.

Il campe Abe, professeur de philosophie débarquant dans une fac de province de la côte Est, précédé d’une sacrée réputation, qu’il confirme en grande partie dès son arrivée : passé engagé sur le terrain, thèses philosophiques peu conventionnelles, alcoolique, divorcé amateur de jeunes femmes… Sa renommée de coureur de jupons (d’étudiantes) est finalement la seule que son attitude dément. En fait, il est désormais totalement déprimé (et impuissant), désabusé par tout ce qui a fait le sel de sa vie : l’engagement, l’enseignement, l’amour.

Jill, la plus jolie et la plus brillante de ses étudiantes (Emma Stone), bouleversée par la noirceur d’âme de Abe, se lie d’amitié avec lui (qui le lui rend bien), avant de tomber carrément amoureuse de lui (qui lui résiste).

L’affaire serait restée au stade de la romance si un événement anodin et fruit du plus pur des hasards n’avait secoué notre héros, au point de lui redonner grand goût à la vie… Mais à quel prix ? C’est alors que l’intrigue amoureuse se double d’une intrigue policière.

Les deux mêlées suffisent pourtant à peine à maintenir le spectateur en éveil. Dialogues fournis auxquels s’ajoute un récit off à deux voix, le tout plutôt redondant, produisent un grand bavardage, qui apparaît un peu comme l’emplâtre posé sur un scénario un brin faiblard. On voit les événements arriver de plus ou moins loin, et du coup un certain ennui aussi. Heureusement le jeu impeccable de Joaquin Phoenix comme de Emma Stone nous permet, malgré tout, de passer un plutôt bon moment… On reviendra quand même l’année prochaine !

L’Homme irrationnel

Un film de Woody Allen

Avec Joaquin Phoenix, Emma Stone, Jamie Blackley, Parker Posey

Durée 1h34

Sorti en salles le 14 octobre 2015

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Her. Spike Jonze

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L’histoire, qui peu paraître un peu simpliste de prime abord, est celle d’une idylle entre un homme de chair et de sang et une femme virtuelle. Mais la façon dont le film est fait et les personnages interprétés la rend captivante, sur fond de propos complètement flippant.

Nous sommes à Los Angeles, dans un futur plus ou moins proche : Theodore, la quarantaine, vit seul depuis sa douloureuse séparation d’avec sa femme Catherine. Le jour, il écrit des lettres sentimentales pour le compte de clients qui ne parviennent pas à exprimer ce qu’ils ressentent. Le soir, dans son appartement tout de verre paré en haut d’un gratte-ciel, il joue à des jeux vidéo, pense à Catherine, se branche sur des sites coquins, déprime.

Il finit par acquérir un nouveau programme informatique qui lui permet de disposer d’une compagne virtuelle en se connectant à tout moment à cette voix qui se présente comme Samantha. Là, il découvre (et nous avec) toutes les potentialités de cette intelligence artificielle, laquelle, à défaut de corps, a la voix suave de Scarlett Johansson soi-même. A-propos impressionnant, sens de l’humour inouï, soif d’apprendre infinie, présence de tous les instants : Samantha a tout pour plaire. Ne lui manqueraient que les sentiments : voici qu’elle les acquiert aussi, livrant à Theodore d’irrésistibles déclarations. La voix palliant la chair, les voici tous deux fort enamourés.

L’évolution est fascinante à suivre. Dans un décor urbain dépouillé de toute esthétique de science-fiction traditionnelle, les accents futuristes prennent tout leur sens. Dans la rue et dans le métro, au lieu de parler à une autre personne de vive voix ou au téléphone, les gens parlent à leur ami(e) virtuel(le) via leur oreillette. Ultra-moderne solitude. Évidemment, malgré le bonheur apparent de Theodore et de ses congénères, ce que dit le film, au gré d’une réalisation superbe (mise en scène, décors, photo) est totalement déprimant. Theodore et les autres, incapables d’exprimer leurs  sentiments et leurs émotions (ce sont ceux des autres que Theodore imagine dans son job…), doivent recourir au virtuel pour oser les vivre et parvenir à les partager.

Mais tout aussi déprimante est l’histoire d’amour en elle-même, entre Theodore et Samantha. Elle est totalement disponible pour lui, elle est présente dès qu’il la « sonne », elle l’écoute aussi longtemps qu’il le veut. Elle devine et devance ses désirs, est toujours de bonne humeur,  demande à Theodore de lui apprendre tout ce qu’elle ignore et, last but not least, n’émet jamais la moindre contradiction… Sont-ce ces histoires d’amour-là que les hommes désirent ? Fichtre, heureusement que c’est de la science-fiction !

Her

Un film de Spike Jonze

Avec Joaquin Phoenix, Chris Pratt, Rooney Mara

Durée 2 h 06

Sorti en salles le 19 mars 2014

 

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