Félix Fénéon. Les temps nouveaux, de Seurat à Matisse

Paul Signac (1863-1935), Opus 217. Sur l’émail d’un fond rythmique des mesures et d’angles, de tons et des teintes, portrait de M. Félix Fénéon en 1890. Huile sur toile, 73,5 x 92,5 cm. The Museum of Modern Art, New York. Gift of Mr. and Mrs. David Rockefeller. © Digital image, The Museum of Modern Art, New York/Scala, Florence

Après avoir fait l’objet d’une première exposition, consacrée à sa collection d’arts lointains (Musée du Quai Branly, été 2019), Félix Fénéon occupe à nouveau l’actualité avec la présentation, au Musée de l’Orangerie, de sa collection d’œuvres néo-impressionnistes et de masques africains. Au-delà de cet affichage, l’exposition nous invite à découvrir la personnalité singulière de celui qui fut critique d’art (« le seul en cent ans » selon Jean Paulhan), journaliste, directeur artistique de galerie et collectionneur, fonctionnaire et anarchiste.

Dès 1883 (il a 22 ans), Félix Fénéon rédige des articles, surtout des critiques d’art, pour de nombreuses petites revues littéraires et artistiques. Il s’intéresse aux courants modernes et soutient les néo-impressionnistes (c’est lui qui crée le néologisme) avec lesquels il entretient des liens étroits, faits d’admiration profonde et de d’amitié sincère.

Le critique a été ainsi particulièrement impressionné par le tableau de Georges Seurat, Un dimanche à la Grande Jatte, dévoilé en 1886. Cette œuvre, qui appartient aujourd’hui à l’Art Institute de Chicago, n’a pas été prêtée, mais l’exposition en présente une étude, venue du MOMA. Elle affiche aussi, au début du parcours, trois admirables petites Poseuses que Fénéon considérait comme les toiles les plus précieuses de sa collection. Principal collectionneur de Seurat, Fénéon apparaît donc tout naturellement comme le grand spécialiste de l’artiste, dont il établira le premier catalogue raisonné de l’œuvre.

Il est aussi l’ami intime de Paul Signac. Le critique défend régulièrement la production de l’artiste, et celui-ci peindra un Portrait de Felix Fénéon 1890 qui deviendra un emblème du néo-impressionnisme. Fénéon conservera ce tableau dans sa collection toute sa vie.

Le critique fut aussi l’un des premiers à s’intéresser à la peinture d’Henri-Edmond Cross. Il présentera, avec un grand succès, l’œuvre de ce dernier lors d’une exposition personnelle à la galerie Bernheim-Jeune en 1907 et deviendra l’exécuteur testamentaire du peintre après sa mort. L’exposition met en valeur le très beau tableau de Cross : Les îles d’Or.

Seurat Georges (1859-1891). Etats-Unis, New-York (NY), The Metropolitan Museum of Art

Outre les œuvres de ces trois artistes, la collection personnelle de Fénéon, une des plus belles de l’époque, comportera des tableaux de Vuillard, Bonnard, Toulouse-Lautrec, Luce, Matisse, Modigliani… Ces artistes sont représentés dans l’exposition de l’Orangerie, même si les tableaux accrochés n’ont pas tous appartenu au collectionneur. Cette collection sera dispersée par les ventes de 1941 et 1947.

La même clairvoyance permet à Fénéon de défendre les poètes qu’il admire : Rimbaud (soutenu très tôt), Mallarmé, Jules Laforgue, Charles Cros, Apollinaire, Verlaine, Jarry… Par discrétion, Fénéon publie peu sous son nom : aucun poème, aucun roman… mais il rédige beaucoup d’articles, souvent anonymes, dont les savoureuses Nouvelles en trois lignes, exemplaires d’humour et de concision.

Sa plume est mise aussi au service de ses convictions anarchistes, qui le rapprochent de Signac et Cross dont il partage les idéaux. L’exposition présente une réplique du tableau de Signac Au temps d’harmonie, qui s’appelait à l’origine Au temps d’anarchie, et qui peut être interprétée comme une vision pacifiée de l’anarchie. L’engagement politique de Félix Fénéon fut réel et l’amena à être inquiété (et brièvement inculpé) lors du procès des Trente en 1894. Cet épisode mit naturellement fin à l’emploi de fonctionnaire qu’il occupait, avec un grand sérieux, au Ministère de la guerre depuis 1881.

L’exposition de l’Orangerie, courte mais dense, permet donc de voir des tableaux qui figurent, pour certains d’entre eux, parmi les plus importants du néo-impressionnisme (il ne faut pas manquer les Seurat prêtés par des musées américains). Elle affiche également des représentants du futurisme italien, défendu lui aussi par Fénéon, et des masques africains ayant appartenu à sa collection.

Surtout, elle permet de (re)découvrir les multiples talents de cet esthète, peu enclin pourtant à se mettre en valeur. Distant, discret (« celui qui silence » selon Alfred Jarry), Félix Fénéon poussait l’élégance jusqu’à s’effacer derrière les artistes et les écrivains qu’il soutenait, se contentant d’être un passeur et laissant une œuvre personnelle réduite à son essai sur le néo-impressionnisme et à ses « Nouvelles en trois lignes ».

Jean-Yves

Félix Fénéon. Les temps nouveaux, de Seurat à Matisse

Musée de l’Orangerie

Jardin des Tuileries – Place de la Concorde – 75001 PARIS

Jusqu’au 27 janvier 2020

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Photoquai 2013, n'attendez pas !

Photoquai 2013, PérouVoici ouverte la 4ème édition de la passionnante biennale consacrée à la photographie extra-occidentale par le Musée du Quai Branly.

Dans le jardin du Musée et sur le quai du même nom, ce ne sont pas moins de quarante photographes d’Océanie, d’Asie, de Russie, d’Afrique et d’Amérique Latine qui sont sélectionnés.

En tout, 400 photos, pour la plupart en très grand format sont exposées en plein air et en accès libre jusqu’au 17 novembre prochain.

Dans la douceur du soleil automnal, bercée par les reflets de la Seine, c’est une balade qu’il ne faut pas trop différer car elle est vraiment délicieuse en cette arrière-saison.
D’autant que le résultat est vraiment à la hauteur : plus on avance, plus la curiosité s’éveille et plus on est captivé par tant de découvertes.

Le fil conducteur de l’édition 2013, « Regarde-moi » tend à mettre l’accent sur l’humain. Pour autant, les lieux ne se réduisent pas à de simples décors. Bien au contraire, les personnages font unité avec leur cadre de vie. Et si quelques productions sont un peu plus convenues que les autres, l’immense majorité des œuvres présentées sont de très haute tenue et parfois extrêmement personnelles.

Tel est le cas des photographes russes Evgenia Arbugaeva, dont l’attachante série « Tiksi » suit les traces de ses souvenirs d’enfance dans le nord de la Sibérie et Daria Tuminas, qui avec « Ivan and the Moon » montre la vie intrigante de deux adolescents dans un village isolé du nord de la Russie à 990 kilomètres de Moscou en osmose totale avec la nature, ou, dans un registre très différent de « Quest for Self » série onirique et très léchée de Mohammad Anisul Hoque (Bangladesh).

En fait, on voudrait les citer presque tous… On s’en tiendra à deux noms encore, d’Amérique Latine cette fois : pour leur genre totalement pictural, les photos de famille de la Colombienne Adriana Duque, Sagrada Familia, de cuento en cuento directement inspirées de la peinture hollandaise du XVIIème et, tant pour son propos que pour la beauté de ses œuvres, Musuk Nolte qui s’intéresse plus particulièrement aux minorités ethniques.
En 2011, ce jeune Péruvien est allé à la rencontre des Shawi, au nord du Pérou : « C’est un mystère de la nature, explique-t-il. Ils vivent au fin fond de la jungle, à deux jours de navigation de la ville la plus proche. Eloignés de tout, ils disposent cependant de ressources naturelles qui, au fil des siècles, ont excité la convoitise de l’Etat : le caoutchouc au XIXe, le bois au XXe, le pétrole – dont leur sous-sol regorge – aujourd’hui. Parce qu’ils n’ont cessé de lutter pour leur survie, les Shawi ont, plus que d’autres ethnies, réussi à préserver leur territoire. Ils sont au nombre de 13 000, mais comptent parmi les tribus les moins étudiées de la forêt amazonienne. Tout ce que l’on sait d’eux, c’est qu’ils pratiquent le chamanisme. Restés à l’écart de la civilisation, ils sont, avec le temps, devenus un symbole de résistance ». Prises dans un noir et blanc entre chien et loup, ces photos sont aussi belles que mystérieuses.

Minorités menacées sur fond d’uniformisation croissante, dégâts de la pollution comme prix à payer de ce que l’on appelle le développement, pays en guerre, la réalité du monde contemporain est montrée sans angélisme à travers cette ambitieuse exposition. Mais l’on est loin, en même temps, d’une vision misérabiliste. Partout, c’est davantage la diversité des modes de vie et des chemins, dans toute leur dignité, qui sont valorisées, dans des démarches documentaires dont l’approche esthétique demeure toujours séduisante.

Photoquai 2013, Hoque, Bangladesh

Photoquai 2013
Sur le quai Branly, l’exposition est accessible gratuitement, 24h/24, tous les jours
Le jardin du musée du quai Branly est ouvert à partir de 9 h 15, l’entrée est libre
Comment y aller
Jusqu’au 17 novembre 2013

Images :
Musuk Nolte © musée du quai Branly, Photoquai 2013
et Mohammad Anisul Hoque © musée du quai Branly, Photoquai 2013

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Entrée libre au Musée National du Moyen-Age

La Dame à la Licorne, A mon seul désirLe Musée National du Moyen-Age fait partie des quatorze musées et monuments nationaux français pour lesquels la gratuité est expérimentée depuis le début de l’année et jusqu’au 30 juin prochain. (1)

Dès le premier week-end de janvier, Parisiens et touristes s’y sont pressés. Favorable a priori à l’accès le plus libre possible à la culture, l’on en sort en s’interrogeant sur le bien-fondé de la décision politique pour le musée du Moyen-Age en particulier.

La dimension modeste des salles, qui tient à l’architecture du bâtiment, la faiblesse de l’éclairage, l’entassement des oeuvres et le manque de lisibilité du parcours d’ensemble sont autant de facteurs d’embouteillage qui ne plaident pas en faveur de l’ouverture au plus grand nombre au même moment. Ajoutons à cela que les cartels sont tout petits (et vieillots), et que bien des fois l’on ne sait où se poser pour lire les fiches de salles, pourtant d’une grande qualité en matière d’explications.

Surtout, le manque d’espace sied particulièrement mal aux oeuvres médiévales, qui exigent souvent du recul, comme les statues ou les retables. Et que dire de la minuscule salle des vitraux, qui présente notamment des vitraux de la Sainte-Chapelle ? Le nez collé dessus, on balance entre rage et pitié.
Quant aux chapiteaux, ils mériteraient d’être isolés les uns des autres et de pouvoir être vus aisément sous leur quatre côtés.
Les frustrations qui en découlent, liées au lieu lui-même, deviennent plus aiguës lorsque le musée se remplit.
Mais le problème est le même pour les oeuvres plus petites dans les vitrines, telles ces petites châsses-reliquaires et autres objets liturgiques en ivoire sculpté au rez-de-chaussée. La finesse des décors mériterait tranquille observation…

Dans ces conditions, faut-il y aller ?
La réponse est oui, bien sûr, car le Moyen-Age est une période aussi longue (dix siècles !) que passionnante sur le plan artistique, qu’il s’agisse de l’architecture ou de de tout ce qui a trait à l’iconographie.
Donc, on y reviendra, ne serait-ce que pour admirer La Dame à la Licorne, chef d’oeuvre du XVème siècle, qui, elle, bénéficie d’une belle présentation, dans une salle semi-circulaire faite pour elle.
Mais l’on se rappellera aussi que la meilleure façon d’apprécier l’art médiéval est certainement d’aller le voir là où il est, à savoir dans les églises, les abbatiales et les cathédrales. La France (et pas seulement !) en déborde dans tous ses coins. On y admire in situ chapiteaux, vitraux, tympans, statues et trésors, dans l’ambiance pour laquelle ils ont été faits : celle de la déambulation pieuse ou rêveuse, du retrait et du recueillement.
Ce qui n’est pas forcément le programme réservé au Musée du Moyen-Age pour les six mois à venir.

Musée National du Moyen-Age
Thermes et hôtel de Cluny
6, place Paul Painlevé – Paris 5ème
M° Cluny-La Sorbonne / Saint-Michel / Odéon
Bus n° 21 – 27 – 38 – 63 – 85 – 86 – 87
RER C Saint-Michel / l B Cluny – La Sorbonne
TLJ sf le mardi, de 9 h 15 à 17 h 45
Entrée libre jusqu’au 30 juin 2008

(1) Participent à l’expérimentation :
A Paris et en région parisienne : le musée Guimet, le musée du Moyen-Age, le musée des Arts et Métiers, le musée des Antiquités nationales de Saint-Germain-en-Laye (Yvelines), le musée national de la Renaissance d’Ecouen (Val-d’Oise) et le musée de l’Air et de l’Espace du Bourget (Seine-Saint-Denis).

En province : le musée de la Marine de Toulon, le musée national Adrien Dubouché à Limoges, le musée Magnin à Dijon, le palais du Tau à Reims, le palais Jacques Coeur à Bourges, le château d’Oiron, le musée national du château de Pau et le château de Pierrefonds.

Pour les 18-26 ans, accès gratuit dans quatre musées nationaux parisiens un soir par semaine entre 18h et 21h : le mercredi pour le musée d’art moderne du centre Pompidou, le jeudi pour le musée d’Orsay, le vendredi pour le Louvre et le samedi pour le quai Branly.

Image : Musée National du Moyen-Age, "La Dame à la Licorne, A mon seul désir", XVème siècle

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Le musée du quai Branly

musee du quai branlyLe long de la Seine, s’étend une immense paroi de verre laissant apercevoir une végétation luxuriante.

Un mur végétal conçu par Patrick Blanc (1) prolonge l’une de ses extrémités : diversité des végétaux, camaïeux de verts avec des touches de mauve de-ci de-là… Après l’avoir détaillé, il faut prendre du recul pour admirer l’ensemble.
C’est de l’autre côté que se trouve l’entrée : simple brèche dans l’enceinte transparente, nombre de visiteurs passent devant sans la voir.

Des arbres déjà grands, une tonnelle de roses blanches, des graminées s’égayant un peu partout : l’envie est grande de flâner tout un moment dans le jardin "au petit-bonheur-le vent" de Gilles Clément.(2)

Mais il est temps de rentrer, d’aller voir à quoi ressemble l’intérieur de l’immense paquebot rouge imaginé par Jean Nouvel : le fameux musée du quai Branly qui fête son premier anniversaire ce mois-ci.
Sa création a fait couler beaucoup d’encre et déplacer un public fourni : depuis son ouverture au public le 20 juin 2006, la fréquentation du musée a atteint 1 700 000 visiteurs.

La marche d’approche est longue. On gravit une rampe en pente douce qui s’enroule autour d’un silo de verre dans lequel sont exposés (entreposés) diverses séries d’instruments de musique.
La lumière se fait de plus en plus rare. On finit par déboucher dans une curieuse et obscure atmosphère : ce sont les portes de l’Océanie.
D’emblée, le choc est immense.

Des statues de bois, de pierre, des mats aux morts immenses, une pirogue, d’étranges tambours cylindriques : tout à coup, les mots et les références manquent pour décrire les objets, exprimer les émotions.
Alors, on se laisse porter dans cet espace sans repère, se laissant attirer ici par un collier, là par un masque, plus loin par un morceau d’étoffe.
On est loin de l’accrochage traditionnel des musées (murs blancs, cimaises, alignement de vitrines …). Ici, s’élevant jusqu’au plafond, les vitrines aimeraient se faire oublier ; certaines oeuvres, par leurs dimensions, échappent à toute protection. L’installation affranchie de toute géométrie apparente fait de la visite une douce déambulation.

Belle pause en Australie avec les peintures sur écorce dites "au rayon X", créations contemporaines signant la survivance de croyances traditionnelles.
De l’Océanie, on passe aisément à l’Asie, puis de l’Asie à l’Afrique (superbe…), et enfin de l’Afrique aux Amériques : point de frontière ; le musée a été conçu certes par grandes aires géographiques mais dans un seul et même espace, immense plateau de plus de 200 mètres de long.

A certains endroits, de petites pièces sont aménagées à la façon d’alcôves, pour évoquer un théâtre d’ombres chinoises, des paroles de devins africains, des objets et éléments de décor de la religion musulmane …

Ailleurs, surgit un bel alignement de statuettes africaines, toutes magnifiquement dessinées.
Mais on regrette que l’essence des bois ne soit que rarement précisée.

Les indications, du reste, sont toujours très discrètes.
Parfois même – un peu trop souvent – elles sont placées sur le côté de la vitrine, de sorte que l’oeuvre et sa désignation textuelle ne sont pas dans le même champ visuel.
On se demande si une telle complication est bien nécessaire.
De même, l’absence d’éclairage de certaines vitrines laisse perplexe.

Cela étant, l’ensemble ne peut que susciter l’admiration.
L’architecture, l’agencement, la mise en place des oeuvres font du parcours du musée une immersion souveraine dans des eaux profondes et inconnues. La fascination pour "l’étrange" que les Arts premiers suscitent l’emporte à chaque instant.
Et l’émerveillement face à la beauté de certaines statuettes, de certains masques, bijoux, plumes … est à couper le souffle.

Musée du quai Branly
Entrées 206 et 218 rue de l’Université, 27, 37 et 51 quai Branly
Accès pour les personnes handicapées au 222, rue de l’Université
Iéna, Alma-Marceau, Bir Hakeim, RER Pont de l’Alma, Bir Hakeim
Bus : 42 (Tour Eiffel), 63, 80, 92 (Bosquet-Rapp), 72 (Musée d’art moderne)
Navette fluviale : arrêt Tour Eiffel (Batobus, Bateaux parisiens et Vedettes de Paris)
Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 18h30, fermeture de la billetterie à 17h45
Nocturne le jeudi jusqu’à 21h30, fermeture de la billetterie à 20h30
Fermé le 1er janvier, le 1er mai et le 25 décembre
Entrée 8.50 € (TR 6 €), billet "Un jour au musée" 13 € (TR 9,50 €)

(1) Lire le billet sur l’exposition  »Folies végétales », qui a présenté cet hiver une partie des recherches du scientifique-paysagiste.

(2) Cela étant, pour des raisons tenant à ses convictions, Gilles Clément a indiqué qu’il n’entendait pas poursuivre sa collaboration avec le musée du quai Branly.

Image : sculpture de Chupicuaro, Mexique, VII-IIe siècle avant J. C., terre cuite.

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Katagami, les pochoirs japonais et la japonisme

katagamiLes Katagami sont des pochoirs en papier utilisés au Japon dès le XIII° siècle pour décorer les tissus.

Les modèles en papier brun présentés dans la première partie de l’exposition nous donnent un aperçu de la variété des motifs choisis, qui puisaient leur source dans les mondes animal, végétal et plus particulièrement floral, avec une infinie poésie. Il n’y a d’ailleurs qu’à lire le nom de certains d’entre eux pour commencer à rêver : Feuilles de cerisier au fil de l’eau, Fleurs de prunier, motifs d’oxalides en arabesques

Des costumes, notamment des kimonos décorés à l’aide de ces pochoirs, avec leurs belles teintes profondes nous donnent une idée de l’élégance des réalisations rendues possibles grâce à cette technique.

Datant essentiellement des XVIII et XIX° siècles, âge d’or des Katagami, ils nous paraissent cependant d’une grande modernité.
La raison en est essentiellement que cette beauté épurée a plus tard séduit les Occidentaux : à la fin du XIX° et au début du XX° siècles, les mouvements Art nouveau puis Art déco vont trouver une formidable inspiration dans ce qu’on va alors appeler le japonisme : les volutes, courbes sinueuses et épurées, motifs stylisés inspirés de la nature seront repris dans l’architecture (Hoffmann à Vienne, Guimard à Paris), le mobilier, les arts décoratifs, les bijoux … Dans cette deuxième partie de l’expo, on admire meubles, afiches, frises de Gustav Klimt, couvertures de livres, mais aussi les splendeurs que, dans cette veine, Lalique a créées : vases en verre dépoli, bijoux aux lignes ondulées, d’un raffinement et d’une simplicité remarquables.


Le coup de coeur Mag :

A la finesse des motifs floraux de la première partie de l’exposition répond celle d’une écharpe de soie brodée simplement baptisée "Champ de marguerites", en teintes délicates et lumineuses. Du XVIII° siècle japonnais au XX° siècle européen : de superbes réinterprétations dont on ne peut que se réjouir.

Maison de la culture du Japon à Paris – 101 bis, quai Branly à Paris 15ème
Jusqu’au 20 janvier 2007, du mardi au samedi de 12h à 19h / Nocturne le jeudi jusqu’à 20h.
Tarif : 6 € (TR 4 €)
Catalogue de l’exposition : 30 €
M° Bir Hakeim/ Rer Champs de Mars Tour Eiffel

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