Les Fauves Hongrois réunis à Céret

Les fauves hongrois au musée de Céret, expositonMaglm est en vacances… mais les expos continuent ! Avant de partir, j’ai repéré ceci pour vous… à vous donc d’aller voir, chers lecteurs !

Faire connaître au public français le travail des artistes hongrois qui révolutionnèrent la peinture de leur pays au contact des nouveaux courants picturaux du XXème siècle, tel est le propos de l’exposition présentée au Musée d’art moderne de Céret (Pyrénées-Orientales) jusqu’au 12 octobre 2008.
Réalisée en partenariat avec le Musée Matisse Le Cateau-Cambrésis et le Musée des Beaux-arts de Dijon, l’exposition réunit quelques cent-soixante oeuvres venues de Hongrie, d’Allemagne, des Etats-Unis ou encore de collections françaises. Est ainsi mis en lumière le fauvisme hongrois de 1904 à 1914, très lié à l’apparition du mouvement fauve en France et notamment au travail d’Henri Matisse.

1904-1914, Fauves hongrois
Jusqu’au 12 octobre 2008
Musée d’art moderne de Céret
8, Bd Maréchal Joffre
BP 60413, 66403 Céret
Ouvert TLJ de 10 h à 19 h jusqu’au 15 septembre
Puis de 10 h à 18 h
Fermeture le mardi du 1er octobre au 15 février
Entrée collection permanente + exposition temporaire 8 € (TR : 6 euros)

Image : Tihanyi Lajos, Scène de rue à Nagybánya (vue depuis la tour), 1908, Huile sur toile, 70 x 70 cm © Coll. Galerie Nationale Hongroise

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Hokusai "L'affolé de son art" au musée Guimet

Hokusai, l'affolé de son artL’artiste souleva l’engouement des Européens dans le dernier quart du XIXème siècle mais ne suscita de son vivant, malgré une production prolifique, qu’une admiration éphémère dans son pays.
Il est aujourd’hui le peintre japonais le plus connu dans le monde et, par le détour de son succès occidental, sa patrie célèbre désormais son génie.

L’on connaît de lui Sous la vague au large de Kanagawa, dite La grande vague et ses Trente-six vues du Mont Fuji, devenues des classiques. Des splendeurs qui en cachent bien d’autres : jusqu’au 4 août 2008, le musée Guimet sort de son fonds d’art graphique les oeuvres de Katsushika Hokusai (1760-1849), donnant en embrasser le parcours de cet artiste qui n’a cessé d’évoluer, allant jusqu’à déclarer "C’est à l’âge de soixante-treize ans que j’ai compris à peu près la forme et la nature vraie des oiseaux, des poissons, des plantes, etc. Par conséquent, à l’âge de quatre-vingts ans, j’aurai fait beaucoup de progrès, j’arriverai au fond des choses ; à cent, je serai décidément parvenu à un état supérieur, indéfinissable, et à l’âge de cent dix, soit un point, soit une ligne, tout sera vivant."

Il n’y a pourtant "rien à jeter" dans la rétrospective présentée par le musée Guimet ; au contraire, de retour chez soi, le catalogue – très réussi – donne le regret d’être passé trop vite devant certains dessins et estampes.
Ceux du début s’inscrivent dans la tradition de l’art de l’Ukiyo-e, scènes de maisons de thé, de spectacles, de geishas. Fourmillant de détails, d’actions, de personnages, ils se lisent comme des pièces de théâtre. Puis, autour des années 1830, Hokusai bascule vers le paysage. Voici donc nos "classiques", enfin vus dans leurs véritables couleurs, leur pleine beauté ; mais aussi d’autres paysages oniriques et puissamment enracinés dans la culture japonaise, dont les titres à eux seuls enchantent.

Viennent ensuite de magnifiques estampes de grandes fleurs associées à un petit animal, oiseau à la posture pour le moins acrobatique, insecte, voire grenouille qui disparaît dans les feuilles. Les cadrages évoquent la photographie moderne et les bouquets n’ont aucune apparence de composition. Economie de moyens, audace, épure, douceur des teintes… dans la suite des paysages, cette série souligne la sensibilité à la fois esthétique, enjouée, spirituelle et poétique du maître japonais.

Le clou de l’exposition figure dans la dernière salle, juste à côté d’un paravent grandiose : le diptyque des Tigre sous la pluie et Dragon, composés par Hokusai à la toute fin de se vie et dont le lien n’a été établi que récemment (la première de ces deux oeuvres appartenant au musée Ota de Tokyo et l’autre faisant partie d’une donation récente au musée Guimet). Avec le beau jeu de diagonales, les regards croisés des animaux, l’opposition lumineuse et chromatique, la symétrie et la complémentarité des deux pièces sont fascinantes. On dit qu’il s’agit du testament d’Hokusai. Et l’on ne peut s’empêcher de songer avec émotion à cet homme mort dans la misère dans sa quatre-vingt-dixième année alors qu’il pensait qu’il avait encore beaucoup à apprendre…

Hokusai "L’affolé de son art"
Jusqu’au 4 août 2008
Musée national des Arts asiatiques Guimet
6, place d’Iéna – Paris 16ème
Ouvert tous les jours sauf le mardi, de 10 h à 18 h
Catalogue Hokusai 1760-1849, « l’affolé de son art », sous la direction d’Hélène Bayou
Coédition musée Guimet / RMN, 2008, (245 p., 39 €)

Image : Trente-six vues du Mont Fuji, Vent frais par matin clair (1830-32), legs Charles Jacquin, 1938, AA 380 © musée Guimet / Thierry Ollivier

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La lettre, une aventure de haut vol

Une aventure de haut vol, les débuts de l'aéropostaleCe 23 septembre 1870, un immense ballon s’élève au dessus des toits de Paris. A son bord : Jules Duruof ; sa mission : escorter de pleines poignées de dépêches et de lettres. Le ballon s’appelle Neptune et n’a rien d’une invention de fantaisie. Il s’agit de rétablir les liaisons de la capitale assiégée par les Prussiens : voici quatre jours que les voitures postales ne peuvent plus sortir. Trois heures après son envol, immortalisé par le photographe et aéronaute Nadar, le Neptune se pose près d’Evreux.
C’est un succès. Le gouvernement décide alors de réaliser des ballons en série : jusqu’au 28 janvier 1871, pendant les quatre mois de siège, soixante-sept ballons quitteront Paris pour communiquer avec les armées et, pour les Parisiens, avec les proches de province.

Pour la suite de l’histoire, il faut bien sûr attendre l’invention de l’aviation grâce au toulousain Clément Ader. Près de trente ans après, en 1918, quelques mois avant la fin de la guerre, est mise en place la première ligne aéropostale ; elle est alors militaire. Dès cette époque, un jeune industriel, Latécoère, se lance dans le projet d’une folle ambition : créer une ligne aéropostale entre Paris et l’Amérique du Sud. L’avancée se fait par étapes : France-Maroc tout d’abord, puis Casablanca-Dakar en 1925. Les lieux traversés ne sont pas sans danger ; les pertes matérielles et humaines nombreuses. Aussi, pour porter secours aux avions égarés et négocier avec les populations locales, Antoine de Saint-Exupéry est nommé chef d’aérobase à Cap-Juby, un fortin en plein Sahara. Il y écrira Courrier sud.
Après bien des péripéties et de nouveaux exploits comme celui de survoler la Cordillère des Andes dû à Jean Mermoz notamment, le 7 janvier 1933, Buenos Aires est relié à Paris pour la première fois avec un seul et même avion, en seulement 14 heures de vol.

Telle est la belle aventure que le Musée des Lettres et Manuscrits fait revivre à travers une passionnante exposition consacrée aux débuts de l’aéropostale. Photos, cartes, lettres, manuscrits autographes, dessins (de Saint-Ex en particulier), affiches, carnets de vol et même menus dédicacés… entourent les beaux portraits de ces pionniers et héros que furent Montgolfier, Nadar, Ader, Blériot, Latécoère, Mermoz, Guillaumet… Aéronautes fous et obstinés qui en réalisant le vieux rêve de l’homme ont aussi fait voler les lignes, délivrant au plus vite aux êtres éloignés les mots qui ne pouvaient être entendus mais que la magie des lettres et de l’écriture permettait qu’ils soient dits et reçus.

La lettre, une aventure de haut vol
Les débuts de l’aéropostale
Musée des Lettres et Manuscrits
8, rue Nesle – Paris 6 (M° Odéon)
Jusqu’au 2 novembre 2008
TLJ sf le lun., de 10 h à 20 h (jsq 18 h sam. et dim.)

A lire : le dossier consacré aux débuts de l’aéropostale dans le magazine Plume
(n° 45 – juin/juillet/août 2008, 8 €)

Image : affiche Aéropostale, © Coll. Musée Air France

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Traces du sacré. Centre Georges Pompidou

exposition traces du sacré au Centre PompidouQue faire lorsqu’après avoir passé 2 heures dans une exposition présentée comme réunissant des oeuvres exceptionnelles autour d’un thème inédit, vous en ressortez au bord de la nausée, avec le sentiment de n’avoir rien vu de beau et une idée de son propos aussi vague qu’avant d’y entrer ?

Y penser un peu ; laisser reposer une semaine ; voir alors ce qu’il en reste.
D’abord, l’éblouissement de la première salle Trace des dieux enfuis. A la fin du XVIIIème et au cours du XIXème siècles, des artistes proclament que Dieu est mort et enterré : Nietzsche, Germaine de Staël, Munch et surtout Goya avec sa magnifique gravure issue de la série Les désastres de la guerre, intitulée Rien, c’est ce qu’il dira. Après son passage "de l’autre côté", un cadavre nous délivre ce message laconique : Nada. Il n’y a pas d’autre monde. Il n’y a rien. (1)

Mais il était bien sûr impossible d’en rester là, de contempler tranquillement cette béance.
C’est ainsi que de Nostalgie de l’infini à L’ombre de Dieu, l’exposition parcourt les différentes réponses que les artistes ont essayé de proposer tout au long du XXème siècle à leurs questionnements spirituels une fois débarrassés des dogmes religieux.
Et il s’agit dès lors pour le visiteur de tenter de s’accrocher vaille que vaille à cet interminable magma utopico-cosmico-ésotérique (ou quelque chose comme ça).

Naturellement, la grandiloquence est souvent au rendez-vous ; la laideur hélas presque autant ; quant aux voix psalmodiant d’entêtantes prières, elles ne laissent à aucun moment les oreilles en repos.
Les créations psychédéliques peuvent éventuellement divertir. Le reste, pas du tout.
Avec les abominations du XXème siècle, l’on passe de la question du rapport au divin à celle de la définition de l’humanité, ce que soulignent les effrayantes oeuvres de l’entre-deux-guerres, puis celles qui évoquent les horreurs de la Seconde.

Plus loin, une partie de l’exposition est consacrée à des happenings d’artistes mettant en scène des rituels sacrificiels et autres cérémonies mystiques n’excluant pas la communion. La provocation n’est évidemment jamais loin. Ainsi, en novembre 1969, Michel Journiac, à l’occasion de la Messe pour un corps célébrée dans la galerie Templon proposait à ses (fidèles) spectateurs des hosties constituées de rondelles de boudin frit élaboré avec son propre sang.
Ce n’est qu’un exemple. L’exposition clôturée sur une légèreté de ce ce genre, l’on en a presque oublié les Kandinsky, Chagall, Matisse, Beuys, Picasso vus au fil du parcours. De très belles oeuvres assurément. Ailleurs, on les aurait adorées.
Ici, elles ont semblé plombées, parfois d’une violence excessive (typiquement, la série mythologique de Picasso autour du minotaure, qui peut être lue de façon plus ambigüe que ne le fait le commentaire de l’exposition).

Une semaine après, il reste une autre image de cette visite ; celle qui saisit en sortant de la salle : la splendeur des toits de Paris à perte de vue sous le soleil rougeoyant. Puis la redescente vers la ville, son bitume et ses pavés grouillants. Qu’elle est belle cette descente-là, qu’il est bon de retrouver la chaussée, son air pollué, ses bruits ordinaires et ses impures odeurs.

Traces du sacré
Centre Pompidou
Jusqu’au 11 août 2008
TLJ sauf le mardi de 11 h à 21 h
Entrée 12 € (TR 9 €)

(1) Encore quelques jours pour aller voir l’exposition  »Goya graveur » au Petit-Palais, autrement plus nourrissante que celle-ci

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Pas la couleur, rien que la nuance !

Exposition pas la couleur aux Musées des Augustins à ToulouseLa peinture, c’est le jeu des couleurs, des contrastes, des éclats lumineux ? Pas toujours. Le monochrome, le camaïeu, la grisaille, ont leur propre beauté. La preuve est donnée dans cette exposition à la thématique rarement rassemblée.

Oh, les artistes n’ont pas tout de suite trouvé une légitimité esthétique à se passer de couleurs.
Jusqu’au début du XVIIe siècle, les œuvres grises qui nous sont parvenues sont essentiellement des travaux préparatoires à des réalisations plus définitives : par exemple pour la gravure (l’inquiétant Les Morts sortent de leurs tombeaux de Barendsz), ou des maquettes pour de grandes compositions (La Résurrection de Rubens), ou encore des modèles pour la tapisserie (une bataille de Quellinus).

Puis une mode se répand : l’imitation de la sculpture par le pinceau. L’utilisation des gris est alors évidente, avec une extraordinaire variété de nuances. Le Massacre des Innocents de Jacques Stella est très représentatif de ces performances. Certains vont nettement jusqu’au trompe l’œil : imitation de bas relief de pierre, mais aussi de bronze patiné, avec de belles gradations de jaunes et de verts chez Piat-Joseph Sauvage, ou encore de vieil or chez Alexandre François Desportes.
Bien des fois l’artiste a réussi une œuvre originale alors qu’elle ne se voulait que le moyen d’en préparer une autre. Ainsi Gabriel François Doyen dans sa préparation au fameux Miracle des Ardents de l’église Saint Roch à Paris : après des esquisses en couleur, il réalise une grisaille où les nuances disent l’essentiel.

pas_la_couleur_carpeaux.jpgMais c’est au XIXe siècle que l’on assume totalement l’intérêt de la grisaille ou de la monochromie comme méthode à effet esthétique à part entière. Et l’on découvre ici de belles œuvres de Puvis de Chavannes, des deux Gustave, Doré et Moreau, de Benjamin Constant. Un des tableaux les plus étonnant est celui de Jean-Baptiste Carpeaux : cette Scène d’accouchement toute en suggestion de violence, souffrance et délivrance est très impressionnante.

Même si quelques unes de cette soixantaine d’œuvre ont traversé les frontières pour venir à Toulouse, on remarque que les musées des villes en région constituent l’essentiel de l’exposition, et l’on se dit : que de tours de France à projeter à la découverte de ces trésors, de Dieppe à Albi, de Castres à Douai, de Reims à La Rochelle !

Pas la couleur, rien que la nuance !
Trompe-l’oeil et grisailles de Rubens à Toulouse-Lautrec
Jusqu’au 15 juin 2008
Musée des Augustins – Musée des Beaux-Arts de Toulouse
21, rue de Metz – Toulouse
TLJ de 10 h à 18 h, nocturne le mercredi jusqu’à 21 h
Entrée : 6 € (TR : 4 € et gratuit pour les moins de 18 ans)

Images : Ce que font les gens pour de l’argent, Adriaen Van de Venne (1589-1662), H. s. bois (Lons-le-Saunier, musée des Beaux-Arts Photo © Lons-le-Saunier, musée)
et Jean-Baptiste Carpeaux (1827-1875), H. s. t. (Paris, musée du Petit Palais © Paris, musée du Petit Palais, photo : Roger-Viollet)

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Marie-Antoinette au Grand Palais

Exposition Marie-Antoinette au Grand Palais : portrait de la ReineJamais exposition au Grand Palais n’avait, semble-t-il, été à ce point mise en scène.
Le propos est affiché d’emblée : une pièce en trois actes.
Le fait est que l’ensemble est pour le moins théâtral ; c’est même à une tragédie qu’il nous est donné d’assister.

La vie, la personnalité et le goût de Marie-Antoinette devenue Reine de France en 1774 sont ainsi présentés en trois grandes parties.

Premier acte : la vie très encadrée de l’archiduchesse d’Autriche, de la dauphine de France et de la Reine.
Deuxième : le temps des libertés, des choix de décors, avec en point d’orgue Le Petit Trianon.
Troisième acte : le temps du destin, dénoué place de la Concorde un certain 16 octobre 1793.

Le visiteur verra ainsi quelques trois cents tableaux, sculptures, dessins, manuscrits, meubles et objets décoratifs. Pour l’accompagner, une discrète musique classique qui varie d’un espace à l’autre, tout comme les couleurs : rouge pour l’enfance autrichienne, bleu pour les débuts à la cour, vert pour la période des libertés. Naturellement la partie consacrée à l’enfermement au Temple, à la critique et à la fin de Marie-Antoinette le plonge dans une obscurité quasi-complète.

Scénographie réussie et façon agréable de suivre l’itinéraire de Marie-Antoinette, même si l’on apprend rien de vraiment frappant au fil de l’exposition.
Ceci dit, et pour l’anecdote, à regarder les bustes sculptés par Boizot, et autres Lemoyne, et les innombrables tableaux – y compris celui peint par Elisabeth Vigée-Le Brun, le premier jugé digne d’être envoyé à sa mère par la Reine – on s’aperçoit que celle que les Français avait surnommée lAutrichienne était loin d’incarner la grâce. Menton effacé et double-menton pesant, nez fort et yeux globuleux, ovale peu dessiné : si Marie-Antoinette était, selon Vigée-Le Brun exceptionnelle par l’éclat de son teint, elle ne brillait guère en revanche par la finesse de ses traits.

Exposition Marie-Antoinette au Grand Palais : gobelet pour la Laiterie de RambouilletGrande beauté en revanche autour d’elle sur le plan des arts décoratifs : le goût éclectique et raffiné de la Reine associé au savoir-faire des artisans de l’époque – et à des dépenses inconsidérées ! – est l’occasion d’admirer aujourd’hui des pièces exceptionnelles.
Il faut dire que la petite Marie-Antoinette a grandi au milieu de mobiliers et objets de choix ; les goûts de sa mère l’impératrice Marie-Thérèse se portant sur des meubles en marqueterie de style Boulle, des porcelaines chinoises et japonaises, des laques d’orient, des services rocaille d’une grande finesse… dont on peut découvrir plusieurs exemples remarquables.

Plus loin, on admirera l’adorable coffret à bijoux sur pieds créé par Martin Carlin (placage et marqueterie de bois de rose, filets de buis et d’ébène, porcelaine de Sèvres, bronze doré, velours et soie), offert à Marie-Antoinette pour son mariage : bouquets de fleurs polychrome, frise vert émeraude et or, splendeur de "simplicité" si l’on ose dire.
A cligner des yeux également, le secrétaire à cylindre et la table en auge de Riesener, décorés de nacre découpée en losange et enserrée dans une résille de laiton. Ils ornaient le boudoir de Fontenaibleau, en harmonie avec les murs d’or et d’argent semés de fleurs.
A défaut de pouvoir tous les citer, à signaler aussi, les chefs d’oeuvre de la Manufacture royale de Sèvres, avec notamment ce service "riche en couleurs et riche en or". Polychromie des motifs de roses et de végétaux, fond marine sur lequel se détachent les rubans de perles, associé à une abondance de l’or, simplicité des formes, formats relativement réduits des pièces, cet ensemble est une merveille d’équilibre. Il s’agissait du service dont la Reine se servait pendant son séjour forcé aux Tuileries, alors contrainte à un style de vie plus sobre qu’à Versailles…

Marie-Antoinette
Galeries nationales du Grand Palais
(entrée par le square Jean Perrin)
Jusqu’au 30 juin 2008
Tous les jours de 10 h à 22 h, sauf le jeudi jusqu’à 20 h
Fermé le mardi
Entrée 10 € (TR 8 €)
Audioguide en français, anglais et japonais (5 €)

Images : Portrait de la reine Marie-Antoinette, dit « à la rose », Elizabeth Louise Vigée-Le Brun, Versailles © Photo Rmn
Gobelet du service de la Laiterie de Rambouillet, Manufacture royale de Sèvres, Porcelaine, 11 x 10 x 11,5 cm, Musée national de Céramique © Photo RMN / Martine Beck-Coppola

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Rencontres de la Villette 2008 : L'appartement

L'appartement, art brut aux rencontre de la VilletteVisiteurs et lecteurs franciliens, vous avez jusqu’au 27 avril pour vivre une expérience qui ne ressemble à nulle autre. Son énoncé, déambulation théâtrale dans une exposition d’art brut ne doit en rien vous effrayer.
La proposition ne coûte que 6 €, dure 40 minutes et a lieu dans le cadre des Rencontres de la Villette 2008, treizième édition d’une manifestation de cultures urbaines qui se plaît à mélanger les disciplines. L’état d’esprit est franchement au dialogue, à l’ouverture et à la découverte.

Avec L’appartement, vous entrerez dans l’un de ces petits mondes comme on les aime, cohérent, singulier et décalé, tellement humain.

Du petit salon rouge, lumières tamisées, piano, meubles anciens, tableaux, des voix vous entraînent vers le couloir, puis dans la grande cuisine, longue table, linge suspendu, pain, café chaud, tartes, tableaux. En face, le séjour, clair, canapé, télé, tableaux. Enfin la chambre, coiffeuse, miroirs, voile blanc sur le lit, tout en en féminité, encore des tableaux.

Dans chacune des pièces, vous aurez fait fait étape pour écouter autant les mots que les voix des comédiens professionnels (handicapés) de la compagnie de L’Oiseau-Mouche, disant des lettres, des fragments d’écrits de malades mentaux. Aimanté, vous aurez aussi contemplé longuement ces tableaux d’art brut issus de la collection de la galerie abcd à Montreuil. (1)

Le corridor est entièrement consacré à des dessins d’Adolf Wölfli, l’un des plus célèbres artistes de l’art brut, la chambre à ceux d’Aloïse Corbaz. Dans le séjour, de nombreuses oeuvres ne manquent pas de fasciner. Ce qui frappe le plus dans ces dessins, c’est peut-être le détail, la minutie avec laquelle ils ont été réalisés. Il faut s’approcher de près pour voir que la moindre "ornementation" est motif figuratif ; parfois ce sont des mots écrits tout petits comme un fil ininterrompu qui complètent le trait. Les compositions sont très denses mais finalement ordonnées.
Dans le dessin à l’encre de Lubos Piny, l’un des plus impressionnants de l’exposition, se mêlent hyper-réalisme des organes, vision éclatée du corps humain et mise en évidence des liens du fonctionnement organique. Impossible à décrire mais à voir absolument.

L’on se sent bien dans ce lieu, à écouter ces voix parfois accompagnées de musique. Le vocabulaire, pictural ou non, de ces artistes nous parle. A cette fatigue, à ces passions, à ces peurs et à ces délires, l’on entend des échos résonner en nous. L’ambiance intime et le décor ancien de l’appartement renvoient à une intériorité et à un passé rassurant. Comme si la vision de ces folies-là nous reposait.

L’appartement, Déambulation théâtrale dans une exposition d’art brut
Rencontres de la Villette 2008, Grande Halle, studio 1
Les 18, 19, 25 et 26 avril à 17 h, 18 h 30 et 21 h ; le 24 avril à 19 h et 22 h
Entrée 6 €
Entrée libre à l’exposition/projection le mer. à partir de 19 h et le dim. à partir de 14 h
Conception et réalisation : Bruno Decharme, Kate France et Sylvie Reteuna
En partenariat avec la galerie abcd, la Cie de L’Oiseau-Mouchet et la Cie La Sibylle

(1) L’art brut désigne les oeuvres spontanées, échappant à toute influence culturelle, réalisées par des personnes créant en dehors des normes esthétiques convenues, par exemple par les pensionnaires d’asiles psychiatriques. Ce terme a été inventé en 1945 par Jean Dubuffet.
Lire le billet sur Le plancher de Jean
Dossier assez fouillé sur le site de la galerie abcd.

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Les Pyrénées des peintres. Musée Paul-Dupuy à Toulouse

Les Pyrénées des peintres, exposition, musée Paul DupuyEn cheminant, dans l’ordre chronologique, devant les dessins et peintures présentés au musée Paul Dupuy sous le thème « Les Pyrénées des peintres », nous avons incontestablement le sentiment de nous élever peu à peu vers les sommets.

Nous partons du milieu du XVIIIème siècle : c’est la verticale qui domine. Que les gorges sont hautes et étroites, que les cascades tombent de haut, que nous sommes petits (et craintifs) devant les forces naturelles qui dévalent sur nous !
Au cours du XIXème siècle le paysage s’humanise : les reliefs sont moins exagérés, un premier plan est davantage mis en valeur, les montagnes deviennent parfois seulement le cadre qui environne la scène ; bêtes et humains semblent participer à la conquête de la nature sauvage.
Et surtout le spectateur n’est plus en bas, il est à mi-chemin des sommets.

A l’orée du XXème l’homme a conquis : les tableaux de Schrader en témoignent largement, nous voyons désormais les Pyrénées d’en haut, ce sont des panoramas qui s’offrent aux yeux de celui qui a vaincu sa peur de la montagne.

L’amateur de paysage ne se satisfera pas seulement ici de réflexions sur la manière de représenter les Pyrénées et la montagne en général. Dessins et peintures ont chacun leur intérêt. Les Pyrénéistes du cru qui voulaient faire aimer « leur » montagne ont reçu la visite d’artistes illustres séduits par les reliefs et cascades : Eugène Viollet-Le-Duc, Théodore Rousseau, et surtout le héros de l’exposition, Gustave Doré qui prouve qu’il n’était pas seulement un illustrateur, et d’autres.
On retiendra les tableaux de Rosa Bonheur et de Joséphine Sarazin de Belmont, pour le « réalisme » de leur représentation. Loin d’un discours (pictural) emphatique sur la place de l’homme dans la nature, elles réalisent des œuvres « à la mesure » de ce qu’elles perçoivent.

Une bien agréable balade dans les Pyrénées en quelques salles, avant de reprendre, au printemps, les sentiers pierreux, et découvrir les paysages avec le souvenir des œuvres.

Gouffres, chaos, torrents et cimes : les Pyrénées des peintres
Musée Paul-Dupuy
3, rue de la Pleau à Toulouse (M° Esquirol)
Jusqu’au lundi 3 mars 2008
TLJ sauf le mardi de 10 h à 17 h
Entrée 5 € (TR : 2.5 €)
Catalogue aux Editions Privat, Collections Beaux-Arts, 127 p., 25 €

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Parlez-moi d'Amour ! au Musée des lettres et manuscrits

Parlez-moi d'amour ! Exposition au musée des lettres et manuscritsMots doux ou enflammés, mais mots toujours lyriques, à la fois si près du ridicule et si beaux. Que ne donnerait-on pas pour être dans l’état qui fait jaillir ce mouvement fou, ces mots maladroits, magnifiques, poétiques ?

Cette exposition de lettres et poèmes d’amour où, de Hugo à Piaf en passant par Apollinaire ou Picabia, les plus grands côtoient les plus célèbres voire les plus costauds, est à visiter tranquillement, au calme. Une ambiance que le Musée des lettres et manuscrits, dans un hôtel particulier retiré au fond d’un passage entre l’Odéon et la Seine, réserve à ses visiteurs heureux initiés.

Sous les vitrines, l’encre, les mots manuscrits, le papier vieilli et les sentiments si forts de tous ces disparus : l’émotion venue du passé ne tarde pas à renaître et très vite nous gagner. Magie de l’écriture.
Et des belles histoires, venues d’"anonymes" aussi, comme celle d’Alfred Roselau qui, durant le Siège de Paris en 1870-71, écrit à son épouse installée dans leur château d’Aubusson deux lettres par jour. N’ayant pas confiance dans le nouveau système postal du ballon monté, il affranchit ses lettres, inscrit au recto "A remettre à la Poste de France" et les attache à un ballon de baudruche qu’il laisse s’envoler de son balcon du 23 rue des Gravilliers dans le 3ème arrondissement de Paris. Il paraît que certaines sont arrivées à son heureuse destinataire…

Mais le clou de l’exposition est assurément la révélation au public d’un manuscrit exceptionnel. Il s’agit des lettres qu’Antoine de Saint-Exupéry a adressées, jusque dans les derniers mois avant sa disparition, en 1944, à une inconnue qu’il avait rencontrée dans le train et dont il était tombé immédiatement amoureux. La belle, mariée et enceinte, l’avait éconduit. Cet ensemble de douze feuillets, dont la moitié est ornée de dessins à l’aquarelle de l’artiste, est poignant au possible. Sur l’un des premiers, à côté du Petit Prince, on peut lire "Il était triste et donc injuste. J’ai cassé tout ce qu’il disait mais j’ai gardé le dessin parce qu’il est tellement ressemblant… Il n’est pas si méchant que ça mais il est tellement mélancolique".

Et puisqu’il est naturellement impossible de tous les citer, finissons sur ces mots écrits par Romain Gary à son amie Christel Kryland : "Et rien jamais, ni le mariage, ni l’amour ni les enfants ne te rapprocheront de moi plus que ça : l’effort d’être un homme".
Et voilà.

Parlez-moi d’Amour !
Exposition prolongée jusqu’au 18 mai 2008
Musée des lettes et manuscrits
8, rue de Nesle – Paris 6ème (M° Odéon, St-Michel, Pont-Neuf)
Du mar. au ven. de 10 h à 20 h, les sam. et dim. de 10 h à 18 h
Entrée 6 € (TR 4,50 €)
Programme des manifestations autour de l’exposition sur le site

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Le chant du monde, l'art de l'Iran Savafide 1501-1736

Le chant du monde, l'art de l'Iran safavide, musée du LouvreL’aspect éminemment décoratif de cette exposition justifierait à lui seul sa visite. Mais les amoureux du symbolique et de la poésie liront avec profit les explications et les cartels du début pour apprécier la portée des objets et livres qu’elle présente.

Car l’art développé sous la dynastie safavide, qui régna sur le monde iranien de 1501 à 1736 était avant tout métaphorique. Ses motifs traduisent les mythes développés dans la littérature persane pour célébrer la beauté de l’univers, création divine.

C’est ainsi que la forme circulaire des plats et des bassins à vin symbolise la voûte céleste (elle-même symbole de l’univers) ; la fleur ou la rosace placée en leur centre le soleil ; le nuage stylisé le ciel printanier.

Ces thèmes ne sont pas apparus avec le monde islamique, mais sont issus de l’Iran ancien, antérieur de plus d’un millénaire à la révélation du Coran.
Celui des libations par le vin en est un exemple significatif. Substitué au rite de libation par le sang, aboli au début du premier millénaire avant J.-C., le banquet de libation de vin était très important à la cour iranienne. Il ponctuait les grandes fêtes, comme celle du nouvel an ou celle de rupture du jeûne.
L’art safavide en est très imprégné, que ce soit à travers les objets : bassins à vin, coupes, aiguières en forme d’oiseaux évoquant l’ancien rite sacrificiel, plats ornés de grenades et de coings consommés lors de ces libations ; mais aussi dans l’art du livre. Les peintures de manuscrits montrent le souverain et sa cour célébrant le banquet dans un cadre idyllique, herbe vert émeraude, ciel bleu lapis, arbres en fleurs, oiseaux, fruits, tapis et musiciens…

A noter que, tout comme l’exposition Chefs-d’oeuvre islamiques de l’Aga Khan Museum organisée au Louvre au même moment, celle-ci présente des pages du fameux Shâh Name (Livre des rois) de Shâh Tahmâsp, chef d’oeuvre de la peinture de manuscrit avec son débordement de couleurs bleues, mauves, roses et vertes, sa finesse, sa délicatesse… (lire le billet du 13 décembre).

Le chant du monde, l’art de l’Iran Savafide 1501-1736
Musée du Louvre
Jusqu’au 7 janvier 2008
TLJ sf le mar., de 9 h à 18 h et jusqu’à 22 h mer. et ven.
Entrée 9,50 €
Catalogue, 469 p., 42 € et album de l’exposition, 8 €
(coéditions musée du Louvre/Somogy)
Voir également le mini-site de l’exposition

Image : page du manuscrit du Shāh-Nāme de Shāh Tahmāsp : Zāl à cheval lève les yeux vers l’aire du Sīmorgh (page de manuscrit peinture, Washington, Arthur M. Sackler Gallery, Inv. LTS 95.2.46)

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