Le supplice de Phèdre. Henri Deberly

C’est un roman psychologique que les jurés du Goncourt ont choisi de couronner en 1926.

Tout le comportement d’Hélène de Kerbrat montre que ses sentiments outrepassent ceux qu’une belle-mère est censée porter à son beau-fils : mais jusqu’où ira-t-elle dans sa passion se demande le lecteur ? C’est bien le seul intérêt du roman, tant l’écriture est sans saveur, sauf à l’occasion de redoutables (et heureusement rares) images : « Une pluie fine, pénétrante, ininterrompue (l’unique sujet d’irritation que donne la Bretagne, mais si vif qu’il oblige à bientôt la fuir, comme on délaisse, en soupirant d’en être excédé, une ravissante femme qui pleure trop) s’était mise à tomber bien avant l’automne, rendant maussade et fastidieux le séjour aux champs ».

Hélène est mariée à un officier de marine, veuf, bien plus âgé qu’elle. En l’absence de son époux qui parcourt les mers, elle élève le fils de celui-ci. Lorsque Marc parvient à l’adolescence, elle tente de garder l’emprise qu’elle a su avoir sur lui tout au long de son enfance. La jeune femme est cultivée, mais d’une rigueur qui peut aller jusqu’à la violence : « La seule méthode qu’elle connût bien était la violence. Assurément, elle en avait dans le caractère, mais surtout elle l’aimait et la pratiquait par tradition et par mépris d’un siècle énervé ».

Aussi lorsque le jeune homme commence à fréquenter une jeune fille elle l’oblige à rompre en le giflant en plein jardin du Luxembourg. Puis elle récompense son obéissance en le sortant dans les bals mondains. Mais il ne danse pas qu’avec sa belle-mère, et lorsque Hélène apprend qu’il a pour maîtresse une femme plus âgée qu’elle, elle ne peut le supporter : « Où prenait- elle qu’on dût avoir pour ses vices de vieille le respect que commande un amour normal ? » s’interroge-t-elle.

La confrontation avec la « vieille » en question lui ouvre les yeux : en fait d’amour « normal », tout montre qu’elle est elle-même bel et bien amoureuse de son beau-fils. Ses manigances provoquent une tentative de suicide de Marc. Il est temps pour elle de choisir un rôle moins ambigu. Elle choisit d’abord la séparation, mais devant le désespoir de son beau-fils, elle reste auprès de lui. Le lecteur ferme le livre, rassuré, sur la dernière phrase : « On trouve toujours sa vieille maman quand il vous la faut, pauvre petit homme de deux sous ! ».

Andreossi

Le supplice de Phèdre. Henri Deberly

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