Le musée de la mode et du design à Lisbonne

Le MUDE à LisbonneNous avions parlé du Musée de la mode et du design de Lisbonne – le MUDE – à l’occasion de la saisissante exposition  »Semence, valeur capitale » présentée au mois de mars dernier.

Constitué de la riche collection de l’homme d’affaires Francisco Capelo, le MUDE est installé depuis mai 2009 en plein coeur de Lisbonne, tout près de la place du Commerce, où il a investi les 12 000 m2 de l’ancienne Banque nationale d’Outre-mer.
Les travaux sont en cours, mais n’empêchent aucunement les expositions.

Quant à la présentation permanente, elle révèle un extrait du fonds déposé par le collectionneur.
Ainsi, dans une seule et même salle, délimité par ce qui devait être l’immense comptoir de la banque, tout arrondi et élégant, se déploie un parcours de la mode et du design depuis les années 1940 : une mise en espace aussi simple que belle et propice à la déambulation.

Après une présentation du service de table American Modern (1939) de Russel Wright, un service simple et coloré aux lignes aérodynamiques, qui bouleversa à l’époque les habitudes des Américains, en permettant de passer les plats directement du four à la table, l’exposition remonte le temps par décades, des jolis tailleurs cintrés des couturiers français à la robe de l’Américain Tommy Hilfiger, en passant par celles de Courrèges et de Paco Rabanne des années 1960 et celles (faussement) sobres de Yohji Yamamoto ou (réellement) habillées de Christian Lacroix.

Même spectre d’investigation côté design : des formes fonctionnelles des années 1940 et 1950, d’ailleurs non dénuées d’inventivité et de douceur (indémodable Charlotte Perriand), jusqu’au retour des matières naturelles des années 1990, on passe par la gaîté des années 60 et 70 – du rond, de la couleur – puis à ce qui ressemble à un va-tout des années 80, créations qui dans cette fresque historique paraissent avoir considérablement vieilli aujourd’hui.

Au centre, le parcours zoome sur les années 1950, pour montrer, outre les créations en matière d’ameublement et d’art décoratif, les innovations dans le domaine de l’équipement ménager : du léger, simple d’utilisation, facile à manier et à transporter. On découvre ainsi une foule de postes de radio, de grille-pains, de mixers et de presse-oranges, certains modèles totalement disparus, d’autres inlassablement réinterprétés ou réédités depuis. Mais ce qui frappe le plus, c’est de constater à quel point nombre de ces objets étaient non seulement plus jolis mais aussi bien moins encombrants que leurs équivalents contemporains …

Museu do Design e da Moda – MUDE
R. Augusta, 24 – 1100-053 Lisboa PORTUGAL
Tel. + 351 21 888 61 17 / 23
Entrée libre

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Une ballade d'amour et de mort : photographie préraphaélite en Grande Bretagne

Fenton, exposition photo Préraphélites au Musée d'OrsayDes années 1840 à 1875 en Grande-Bretagne, la photographie toute neuve et la peinture sont traversées par un même courant, encouragé, voire initié par John Ruskin : le préraphaélisme.

L’historien et critique d’art appelle à une peinture de la nature, qui la restitue dans ses moindres détails.
Un groupe de peintres désireux de rompre avec la peinture académique ne demande pas mieux. Parmi eux, John Everett Millais, Dante Gabriel Rossetti, Holman Hunt et Ford Madox Brown. Ces peintres sont motivés par les possibilités de restitution offertes par la photographie : la précision qu’elle permet les pousse à faire de même avec leur pinceau en allant peindre des paysages en plein air. Ils inventent un style pictural nouveau, fondé sur la précision des motifs et de vives couleurs. Ils trouvent leur inspiration chez les primitifs italiens, avant que Raphaël n’impose sa manière.

De leur côté, les photographes veulent ériger leur technique au rang des autres arts et sont eux-mêmes influencés par les peintres préraphaélites. Grâce au procédé du négatif verre au collodion humide, ils gagnent en précision et s’engagent dans des études photographiques de la nature où les détails des pierres, des végétaux et de l’eau sont parfaitement restitués.

C’est justement par le thème de la nature que débute la passionnante exposition du Musée d’Orsay, qui dans chacune de ses quatre sections joue des rapprochements entre peinture et photographie sur la période 1848-1875.
Les correspondances, convaincantes tout au long du parcours, sont ici d’une grande évidence. De spectaculaires photos de Roger Fenton révèlent des paysages montagneux traversés de torrents, avec un cadrage très audacieux, des feuillages ou des roches au premier plan, des vues coupées, des contrastes clair-obscur très forts. Ceux-ci sont particulièrement saisissants sur les épreuves de James Sinclair, un comte écossais qui pratiquait la photographie en amateur, et dont l‘Avenue à Weston, Warwickshire est un exemple admirable, quand son Givre dans un parc offre un rendu du blanc de la neige et du givre sur les branches noires des arbres d’une grande poésie .
Dès le milieu des années 1850, en utilisant deux négatifs, Gustave Le Gray est le premier à photographier les effets de soleil sur la mer : ces « marines » en noir et blanc connaissent immédiatement un grand succès à Londres.

Inchbold, Les Préraphaélites, Musée d'OrsayLa peinture n’est pas en reste dans cette section. John William Inchbold notamment livre des paysages avec un sens de la composition et un traitement des couleurs très séduisants, couvrant la toile de teintes vives et brillantes, se plaisant à rendre autant les parties ombrées sur les végétaux que le scintillement de l’eau. Ici une fleur, là le feuillage d’un buisson, plus loin un petit lapin, rien ne manque. Les injonctions de Ruskin ont décidément porté leurs fruits !

Cameron, Maud, préraphaélie à OrsayQuant on passe aux portraits, la partie peinture est source de division : les tableaux de Rossetti et consorts ont leurs adeptes, mais combien ils peuvent aussi paraître gnan-gnan ! Aucune émotion ne se manifeste à la vue de ce lissé-appliqué d’après modèles, poses et détails léchés. En revanche, côté photo, comment ne pas être touché par les portraits de Julia Margaret Cameron ! Recherchant le naturel que la photographie permet difficilement d’atteindre à cette époque en raison des longs temps de pose qu’elle nécessite, Cameron parvient à faire naître et à capter chez ses modèles d’émouvantes expressions de mélancolie, de rêverie ou de tristesse. Les cheveux sont longs, détachés, les blouses aériennes, les regards intenses.

Peintres comme photographes ont eu également comme source d’inspiration commune les sujets religieux, mythologiques et littéraires. Avec La dame d’Escalott, Henry Peach Robinson illustre la légende d’Arthur revisitée par Alfred Tennyson : victime d’un sort, la dame est allongée dans une barque et se laisse glisser sur la rivière en direction de Camelot où elle mourra. Une épreuve qui rappelle le tableau de Millais L’Ophélie. Autre poète d’inspiration, Shakespeare : l’on découvre un Roi Lear partageant son royaume entre ses trois filles de Cameron, dont le cadrage et la composition semblent annoncer le cinéma, avec un gros plan sur des visages nets et un fond flou, et une tension tout à fait palpable.

Robinson, fading away, exposition OrsayLa dernière section de l’exposition se réfère à la vie moderne, où l’on retrouve le style poétique caractéristique des prérapahaélites. La mise en scène de la mort par Henry Peach Robinson, Fading Away (« S’éteignant ») évoque davantage une illustration littéraire ou historique qu’une photo prise sur le vif (si l’on ose l’oxymore). Mais malgré son caractère fictif, lorsque la photo fut exposée au Crystal Palace en 1858, elle choqua une partie du public en raison de son sujet… ce qui n’empêcha pas le prince Albert de s’en porter acquéreur.
Pour finir avec Cameron – coup de cœur de l’exposition – comment ne pas évoquer sa très picturale photo La fille du jardinier tirée du poème éponyme de Tennyson, dans le lequel le narrateur tombe en amour en apercevant la jeune fille essayant de rattacher une rose vacillante : « Vêtue de blanc pur qui seyait à sa silhouette, elle se tenait devant le buisson afin de l’arranger, une simple coulée de sa douce chevelure brune / se répandait sur un côté. »

Une ballade d’amour et de mort : photographie préraphaélite en Grande Bretagne, 1848-1875
Musée d’Orsay
1, rue de la Légion d’Honneur, 75007 Paris
TLJ sf lundi de de 9h30 à 18h, nocturne le jeudi jusqu’à 21 h 45
Entrée 8 € (TR 5,50 €)
Jusqu’au 29 mai 2011

A lire : Hors-série L’Estampille, 8,50 €
Consulter également le site du Musée pour connaître la programmation (conférences, musique, spectacles) associée à cette exposition.

Images : Roger Fenton, Bolton Abbey, fenêtre ouest, 1854 Épreuve sur papier albuminé, 25,1 x 34,5 cm Bradford, National Media Museum © National Media Museum, Bradford / Science & Society Picture Library
John William Inchbold, La Chapelle de Bolton Abbey, 1853 Huile sur toile, 50 x 68,4 cm Northampton, Museum and Art Gallery © Northampton, Museum and Art Gallery
Julia Margaret Cameron, Maud, 1875, épreuve au charbon, 30 x 25 cm, Paris, Musée d’Orsay © Musée d’Orsay (dist. RMN) / Patrice Schmidt
Henry Peach Robinson, Fading Away, 1858, épreuve sur papier albuminé, 28,8 x 52,1 cm, Bradford, The Royal Society Collection au National Media Museum © National Media Museum, Bradford / Science & Society Picture Library

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Rodin, le plaisir infini du dessin

Exposition dessins Auguste Rodin au Musee Matisse Cateau-CambrésisMouvement, liberté, et grâce. Tels sont les mots qui viennent à l’esprit en découvrant l’exposition, très réussie dans sa mise en espace généreuse, présentée au Musée Matisse Le Cateau-Cambrésis jusqu’au 13 juin.

Il est désormais bien connu que le plus célèbres des sculpteurs depuis Michel-Ange fut un dessinateur très prolifique tout au long de sa riche carrière. L’on se souvient d’ailleurs avec bonheur d’une très belle exposition de dessins érotiques organisée au Musée Rodin à Paris en 2007.

Au Cateau-Cambrésis, les œuvres exposées relèvent de la même période, le "dernier Rodin", qui, vers la fin des années 1880 s’est mis à peindre des nus féminins en abondance, puis, à partir de 1896, a initié une nouvelle approche du sujet. Demandant à ses modèles d’évoluer librement dans l’espace, Rodin ne les quittait pas des yeux et, lorsqu’une attitude le séduisait plus qu’une autre, en faisait l’esquisse sur le vif, sans même regarder sa main.

Plus tard, il reprenait ses dessins pour les retravailler, souvent en plusieurs fois. Il estompait au doigt le trait crayonné pour rendre le modelé ; il en reprenait le contour sur une autre feuille en le simplifiant afin d’éliminer toute le "superflu" ; il ajoutait parfois des touches de couleur à l’aquarelle, ici sur un vêtement, là sur une chevelure. Il pouvait aller plus loin, en décalquant des parties du dessin, en les découpant pour les repositionner, ou encore en couvrant largement le dessin d’aquarelle, sans aucun souci de dépendance entre la couleur et le trait. De la même façon que ses nus sont parfaitement déconnectés de tout contexte, la couleur elle-même ne semble alors avoir plus aucun lien avec le motif. Ce sont des bleus indigo, des magenta, des violets, des ocres, des lavis dont la transparence permet de conserver la délicatesse du trait.

Ce processus d’élaboration, bien visible au fil du parcours, est révélateur de l’importance que Rodin attachait au dessin. L’exposition montre aussi à quel point le sujet féminin constituait l’inépuisable source d’inspiration de l’artiste. La femme et le désir qu’elle éveille apparaissent même comme le véritable moteur de l’énergie créatrice du maître : "Le désir exacerbe notre sensibilité. Il précise les images et leur donne la netteté d’hallucination. On peint, on sculpte, on écrit, guidé par des visions qui s’imposent et se matérialisent d’elles-mêmes".
Le sculpteur-dessinateur semble ne s’imposer aucune limite dans la quête du désir, suscitant et captant chez ses modèles une extrême volupté, qui se découvrent, ouvrent leurs corps, se caressent ou se livrent à des unions saphiques.
A lire ses propos et écrits, l’artiste renommé s’efface derrière l’homme Auguste Rodin dans ces séries de dessins, "qui procèdent d’une recherche intime, des études exécutées pour (son) seul usage, et qui se sont point sortis de (ses) cartons". Il en tire même, en une sorte d’aveu, sa définition de l’art : "L’art n’est en somme qu’une volupté sexuelle. Ce n’est qu’un dérivatif à la puissance d’aimer."

Exposition Rodin au Musee Matisse Cateau-Cambresis, sculpture mouvement de danseParfait écho aux 67 dessins présentés – tous issus des fonds du Musée Rodin et dont près de la moitié sont exposés au public pour la première fois – les 9 sculptures des mouvements de danse et de Nijinski, elles aussi venues de Paris, apparaissent comme une autre forme de ce travail sur le corps et le mouvement.
Rodin, ami d’Isabelle Ducan, avec qui il partageait le goût de la beauté Antique, proche de Loïs Fuller dont il a fait son modèle, s’est pris de passion pour les danseuses cambodgiennes découvertes à Paris en 1906. Il les a dessinées avec ivresse, mais le résultat lui a paru inférieur à son ambition, trop peu cambodgien à ses yeux, au point de renoncer à la publication de son travail. Mais ce sont elles qui lui ont "fait comprendre la danse", et peut-être faut-il y voir aussi la source d’inspiration de cette merveilleuse série de sculptures. Comme les dessins de cette période, celles-ci révèlent une économie de moyens, une épure des lignes presque japonisante, une efficacité dynamique, une grâce et une modernité proprement époustouflantes.

Rodin, le plaisir infini du dessin
Musée Matisse Le Cateau-Cambrésis
Palais Fénelon – 59360 Le Cateau-Cambrésis
TLJ sf le mardi, de 10 h à 18 h
Entrée 5 € (expositions permanentes et temporaire, audio guide enfant/adulte)
Jusqu’au 13 juin 2011

Images : Auguste Rodin, Femme nue debout auprès de deux serpents, crayon au graphite, estompe, aquarelle et gouache sur papier, 49,1 x31,5 cm © ADAGP Paris 2011 et Auguste Rodin, Mouvement de danse F, bronze, 28,8 x 26 x 14,3 cm © ADAGP Paris 2011

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Sementes, Valor capital au MUDE, Lisbonne

Expositions sementes valor capital au Mude, Lisbonne

12 000 m2 consacrés à la mode et au design : tel est le programme du MUDE, ouvert en 2009 dans les anciens locaux de la Banque nationale d’Outre-mer, en plein cœur du quartier Baixa à Lisbonne.
La réhabilitation des lieux n’étant pas terminée, pas question pour autant d’attendre la fin des travaux pour commencer à montrer ! Deux expositions sont déjà magnifiquement installées, dans des lieux presque encore d’origine.
Au rez-de-chaussée, l’exposition permanente issue de la collection de l’homme d’affaires Francisco Capelo nous entraîne à travers des décennies de mode et de design, des années 1940 à nos jours. Nous y reviendrons.

Au sous-sol, la surprise est de taille : nous voici carrément dans la salle des coffres !
Tout y est : les multiples portes blindées équipées d’énormes verrous à combinaison, une odeur métallique saisissante, de petits bureaux coiffés de lampes de banquier, et bien sûr des coffres à perte de vue.
Inutile de chercher le grisbi toutefois : les coffres sont certes garnis, mais… de toutes sortes de semences !

Cette salle des coffres a été construite en 1964, à l’occasion du centenaire de la Banque nationale d’Outre-mer. Avec ses vestiaires, ses pièces individuelles pour recevoir les clients, son système de ventilation autonome, son plafond en acier sans tain, elle constituait un modèle de sophistication, d’élégance et de sûreté.
Le MUDE veut préserver ce design singulier dans son intégralité – association d’acier, de vert et de lignes années 1960 – et l’ouvre pour la première fois au public, mais pour protéger "un capital dont dépend la survie de l’espèce".

C’est ainsi que sous la lumière blafarde de massifs plafonniers blancs, quelques uns des 3 552 coffres présentent dans leur face vitrée des graines de toutes sortes, fèves, pois chiches, haricots, millas, sésame, maïs, ail blanc et rose, poivre, graines de tomates, fèves de cacao, tournesol, luzerne…
La symbolique est forte ; ce décalage entre l’écrin blindé destiné à protéger les valeurs économiques les plus élevées et quelques poignées de semences légères comme l’air dont la valeur semble nous avoir échappé au fil du siècle dernier, est des plus troublants.

La présentation de l’exposition revendique ce "choc" ; son objet étant de susciter une prise de conscience :

"Considérées comme un dot de mariage dans les temps anciens, les graines étaient utilisées comme monnaie dans le nombreuses transactions. Le processus de domestication des plantes et des animaux représente l’une des innovations majeures de l’histoire de l’Homme, avec de profondes répercussions socio-culturelles.
Aujourd’hui, avec la recherche scientifique pour améliorer les végétaux, le changement climatique et les manipulations génétiques, nous entendons parler de plus en plus de banque de graines, de diversification des systèmes de production, d’appauvrissement génétique, de maintien de la bio-diversité, de l’impact négatif de la nourriture transgénique, de l’agro-écolologie et de l’agriculture urbaine. (…) Dans ce contexte, le MUDE présente 500 variétés de semences plantées au Portugal, offrant une opportunité unique de révéler davantage ce capital culturel et le "design" que la nature nous a légué. L’idée de l’exposition est d’aider le public à prendre conscience, de le sensibiliser à la bio-diversité, à la préservation de ce capital qui est également synonyme d’origine et de naissance par sa capacité à germer et à créer la vie".

Museu do Design e da Moda
MUDE
R. Augusta, 24 – 1100-053 Lisboa PORTUGAL
Tel. + 351 21 888 61 17 / 23
Exposition Sementes, Valor capital à voir jusqu’au 20 mars 2011
Entrée libre

Exposition Sementes Valor capital au Mude à Lisbonne

fotografias: Luisa Ferreira | MUDE 2010

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Pinacothèque de Paris : annulation de l'exposition de masques de jade Maya

le mexique sur le globe

Alors que nous évoquions ici-même la prochaine exposition prévue à la Pinacothèque de Paris à partir de début mars et consacrée aux masques de jade Maya, un communiqué tombé cette semaine nous annonce son annulation :

" Les autorités mexicaines ont annoncé devoir renoncer à l’organisation de l’exposition Les Masques de Jade Maya en raison de la dégradation des relations avec la France ces derniers jours.

Cette décision a été prise à la suite du retrait du gouvernement mexicain de l’organisation de l’Année du Mexique en France, qui allait présenter près de 350 événements culturels en France dans le cadre de cette année bilatérale.

Pendant une semaine, le gouvernement mexicain avait toutefois prévu de conserver cette exposition remarquable, compte tenu de son degré d’avancement, des excellentes relations entretenues par les Musées mexicains avec la Pinacothèque de Paris et par respect pour son public qui attendait cet événement avec impatience.

La décision a été annoncée par un courrier de l’Ambassadeur du Mexique adressé ce lundi 21 février 2011, à Marc Restellini, directeur de la Pinacothèque de Paris.

La Pinacothèque de Paris regrette cette décision grave qui prive le public de la possibilité d’admirer des trésors uniques mayas, qui auraient été montrés pour la première fois en France depuis leur découverte.

« Sans entrer dans la polémique générale, je déplore le gâchis culturel de l’annulation de l’Année du Mexique en France et je tiens à souligner les difficultés financières auxquelles les entreprises françaises qui participaient à cet événement culturel, risquent de se trouver confrontées. » souligne Marc Restellini.

La Pinacothèque de Paris remplace l’exposition sur les Masques de Jade mayas par une exposition sur le créateur de Corto Maltèse, qui était programmée pour l’été et qui se déroulera du 18 mars au 21 août 2011. Cette exposition, intitulée Le voyage imaginaire d’Hugo Pratt, présentera un ensemble exceptionnel d’œuvres originales d’Hugo Pratt ainsi que, pour la première fois, l’ensemble intégral des planches de La balade de la Mer salée, première œuvre où apparaît Corto Maltese."

Triste nouvelle pour tous ceux qui ont travaillé sur ce projet et tous les autres prévus dans le cadre de l’Année du Mexique en France, et tout autant pour le public privé de la découverte de ces cultures et de ces œuvres.

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Black Swan. Darren Aronofsky

Black Swan, Natalie Portman et Vincent Cassel

Nina est danseuse au New York City Ballet. Alors que Thomas, le chorégraphe de la troupe, s’apprête à monter une nouvelle production du Lac des cygnes, Nina veut absolument décrocher le rôle principal, être cette étoile encore inconnue que Thomas révélera au grand public. Un matin, elle maquille sa bouche de rouge et va le lui demander sans ambages. Séduit par la talentueuse danseuse, son audace, et sans doute aussi par la beauté de la jeune femme, Thomas accepte mais la prévient : elle devra danser les deux rôles opposés, c’est-à-dire montrer qu’elle n’est pas seulement le gracieux cygne blanc, mais aussi son contraire le cygne noir, sombre, inquiétant, troublant.

Nina cherche la perfection : perfection du geste, perfection du corps. Dans sa vie, elle n’a laissé la place qu’à cette quête, secondée dans cette obsession par son seul et fidèle lieutenant : sa mère. Entraînement, régime, sommeil. Maman masse, habille, déshabille, berce. Les peluches sont bien sûr encore là, dans la chambre de cette petite fille au corps d’adolescente et à la détermination de jeune femme.
Puisque tel est le désir de Thomas auquel elle doit se conformer pour danser le rôle, Nina essaie de chercher en elle-même et autour d’elle ce double qu’elle ignore, fait de séduction, de désirs et de violence.

Black Swan est donc une sorte d’histoire d’initiation, de découverte et de dépassement de soi, payée au prix fort du combat contre la mère, de l’auto-destruction et du délire. C’est ce dernier qui peut le plus gêner : hantée par le rôle du cygne noir, asservie à l’exigence de Thomas, terrifiée à l’idée de voir une autre prendre sa place, Nina a des visions et des fantasmes, dont les représentations passent par des scènes fantastiques rappelant les films de genre. On peut les trouver too much, ne pas les apprécier, ou ne pas y croire, voire un peu les trois à la fois.

Cette réserve (dont il faut être prévenu) faite, Black Swan est une plutôt belle réussite. Ses deux meilleurs atouts : la façon de filmer de Darren Aronofsky, plans et lumières, qui met en évidence de façon très convaincante la relation fusionnelle mère/fille dans le petit appartement, la rivalité dans la salle de répétition et les loges, le danger dans le studio de danse où Nina répète sans jamais satisfaire son chorégraphe, ni se combler elle-même.
L’autre immense atout du film s’appelle évidemment Natalie Portman. Terriblement belle, d’une beauté comme on n’en fait plus, comédienne extraordinaire, elle est tout simplement parfaite.
Mais les rôles de la mère et du chorégraphe, davantage encore que celui de la rivale Lily, ne sont pas en reste : Barbara Hershey incarne toute l’ambiguïté faite de douceur et d’intransigeance de cette mère aimante et effrayante à la fois ; quant à Vincent Cassel, ce rôle de séducteur autoritaire, carnassier et impitoyable, star capricieuse et lucide lui va comme un gant.

Black Swan
Un drame de Darren Aronofsky
Avec Natalie Portman, Mila Kunis, Vincent Cassel, Barbara Hershey
Durée 1 h 43 min
Date de sortie en salle 9 février 2011

© Twentieth Century Fox France

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Comment s'en sortir dans la vie avec une mauvaise étoile ?

Comment s'en sortir dans la vie, Melo d'Amelie La question est plutôt : comment passer une bonne soirée à rire de bon cœur en ce moment à Paris ?
En allant voir la dernière pièce de Jean-Christophe Barc, truffée de calembours et de bons mots "à l’ancienne" qui marchent formidablement bien, et drôlement interprétée par deux comédiens très convaincants.

L’histoire ? Dans l’entrepôt de stockage d’un magasin de grande distribution au fond d’une très provinciale province, Patrick Martin s’acquitte scrupuleusement de sa tâche : le rangement des cartons. On comprend vite qu’il est là au maximum de ses possibilités, c’est un ancien flic à qui une balle perdue reçue dans le crâne a laissée quelques cases manquantes. Il est joué par Dominique Bastien, hilarant en neu-neu dès les premières minutes.
Arrive un deuxième Patrick Martin, lui a encore toute sa tête, mais a aussi perdu quelque chose : sa splendeur passée d’animateur vedette de la "tévé", comme il dit, aujourd’hui rendu à de pauvres animations de supermarchés. Obligé de se changer entre les cartons, il fait la connaissance de notre simplet, et réciproquement.

Sur ce fond de back-office ordinaire des grands magasins (qui ne manque pas de sel), on assiste à la découverte de deux hommes aux tempéraments opposés, l’un humble, l’autre bouffi de prétention, mais qui ont en commun d’avoir connu la lumière avant de se retrouver dans les "arrière-cours".
La pièce a quelque chose d’intemporel, une force comique qui repose sur un duo improbable, des quiproquos et des jeux de mots savoureux. C’est très efficace et couronné comme les fables d’une jolie morale : le plus lucide n’est pas toujours celui que l’on croit…

Comment s’en sortir dans la vie avec une mauvaise étoile ?
Une comédie de Jean-Christophe Barc
Mise en scène par Jean-Christophe Barc
Avec Dominique Bastien et Jean-Christophe Barc ou Thierry Liagre
Le Mélo D’Amélie
4, rue Marie Stuart – 75002 Paris
M° Etienne Marcel, Sentier ou Châtelet-Les Halles
Du mardi au samedi à 20 h, matinée le samedi à 17 h 30
Durée 1 h 25

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Pinacothèque de Paris : la naissance des Musées

Vierge Esterhazy, Pinacotheque de ParisComment naît un musée ? Avec beaucoup de passion, d’audace et d’ingéniosité a-t-on envie de répondre en découvrant les nouveaux espaces de la Pinacothèque de Paris, et en écoutant son directeur, Marc Restellini, toujours enflammé, souvent emporté, et parfois l’air rêveur, comme déjà dans le "coup d’après".

L’après, ce sera une exposition de masques mayas en mosaïque en provenance de Mexico, qui viendront, à partir du mois de mars, prendre la place de la magnifique exposition L’or des Incas, dans le bâtiment "historique" (ouvert en 2007) de la Pinacothèque de Paris, désormais bien connu du grand public qui vient en nombre découvrir ses expositions phares place de la Madeleine.

Le présent, c’est l’inauguration toute récente de 3 000 m2 de nouveaux espaces, à quelques mètres du premier bâtiment, à l’angle de la rue de Sèze et de la rue Vignon. Là sont réunis trois événements autour de "La naissance d’un musée" : la présentation de la collection permanente de la Pinacothèque, entourée de deux expositions temporaires visibles jusqu’au 29 mai, l’une consacrée aux collections du Musée de l’Ermitage, l’autre à celles du Musée de Budapest.

La naissance de ces deux musées est liée aux passions de deux grandes dynasties : les Romanov, qui ont constitué à partir de la fin du XVII° siècle les abondantes collections impériales russes, pour aboutir à la création, au tout début du XIX° siècle, du célèbre musée de Saint-Pétersbourg.
Les Esterházy, grande famille nobiliaire austro-hongroise, ont commencé au XVII° une collection qui a atteint son apogée deux siècles plus tard avec Nicolas II, alors à la tête de plus de 1 100 tableaux. Elle forme depuis 1870 le cœur du musée des Beaux-Arts de Budapest.

David et J, Rembrandt Pinacotheque de ParisSi l’on n’a pas encore eu la chance de visiter ces deux institutions, dont les collections sont très occidentales, l’ensemble à voir à la Pinacothèque n’est que découverte. Car la collection permanente, constituée de dépôts de collectionneurs privés, est, elle, totalement inédite. Et le tout regorge de pépites.

Trois parcours, donc, et trois approches différentes. Si la centaine d’œuvres impériales russes est organisée selon l’ordre chronologique des règnes des tsars collectionneurs, l’accrochage des quelques cinquante tableaux venus de Budapest respecte la volonté de Nicolas II de présenter les oeuvres par écoles (italienne, française, espagnole, hollandaise…).

Enfin, pour la collection permanente de la Pinacothèque, Marc Restellini a cassé les codes, regroupant les œuvres – peinture essentiellement mais aussi sculpture – par thématiques (natures mortes, portraits, paysages…) et faisant ainsi dans chaque salle s’entrechoquer tous styles et époques. Le dispositif, profondément novateur pour un musée, ne manque pas de piquant, d’autant que la qualité des œuvres fait aller de surprise en surprise. Voici ainsi réunis dans cette originale galerie Magritte, Léger, Pollock, Utrillo, Modigliani, Ernst, Duchamp, Nicolas de Staël, Rothko, Barceló… mais aussi Ghirlandaio, Tintoret, Boucher, Rembrandt, Van Dyck… et même des statuettes primitives !

Le Lorrain, villa romaine, Pinacotheque de ParisLes collections de L’Ermitage et de Budapest, bien sûr antérieures à la peinture moderne, présentent elles aussi nombre de trésors.
Côté Saint-Pétersbourg, on démarre très fort avec un splendide David et Jonathan de Rembrandt, mais l’on croisera aussi Le portrait du comte-duc d’Olivares par Vélasquez, un autoportrait de Véronèse, Amours à la chasse de Poussin, La Malade et le Médecin de Metsu, Christ Salvador Mundi de Titien, Portrait de jeune homme au chapeau de Greuze, Nature morte aux attributs des arts de Chardin…

La partie consacrée aux Esterházy mérite des arrêts prolongés devant La Vierge et le Portrait d’un jeune homme de Raphaël, la Villa dans la campagne romaine de Claude le Lorrain et plus encore devant un petit tableau de Brueghel l’Ancien Paysage montagneux aux couleurs inoubliables, tout près d’un très beau Cranach Lamentation.

Au total, ce sont plus de deux-cent-cinquante tableaux de toutes écoles et époques qu’il faut aller découvrir à la Pinacothèque "II" : de quoi honorer comme il se doit la naissance de ces trois beaux musées.

L’Ermitage, la naissance du musée impérial. Les Romanov, tsars collectionneurs
Une exposition en association avec le Musée de l’Ermitage, Saint-Pétersbourg
La naissance du musée. Les Esterhàzy, princes collectionneurs
Une exposition en association avec le Musée des Beaux-Arts de Budapest
Jusqu’au 29 mai 2011
Pinacothèque de Paris
Entrée des expositions au 8, rue Vignon – Paris 8°
TLJ de 10 h 30 à 19 h 30 (fermeture des caisses à 18 h 45)
Le 1er mai ouverture de 14 h à 19 h 30
Nocturne tous les mercredis jusqu’à 21 h 30 (fermeture de la billetterie à 20 h 45)

Images : Raffaello Santi, dit Raphaël, La Vierge et l’Enfant avec le petit Saint Jean "La Madone Esterházy", Tempera en huile sur panneau de bois H: 28,5 L: 21,5 cm © Szépmuvészeti Múzeum, Budapest
David et Jonathan de Rembrandt (Harmensz Van Rij, dit) 1642. Huile sur panneau de bois (© Musée de l’Ermitage/Demidov)
Claude Gellée, dit Le Lorrain, Une villa dans la campagne romaine, Huile sur toile H: 68,8 L: 91 cm © Szépmuvészeti Múzeum, Budapest

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Romain Duris, Chéreau, Koltès

La nuit juste avant les forêts, Duris, Chéreau, Koltès

On connaissait l’excellent acteur de cinéma, on découvre un extraordinaire comédien de théâtre : Romain Duris fait sa première apparition sur les planches avec La nuit juste avant les forêts de Bernard-Marie Koltès, mise en scène par Patrice Chéreau, montée au Louvre à l’automne et donnée jusqu’au 20 mars au théâtre de l’Atelier.

La pièce est un long monologue, entre récit, discours de révolte et litanie. Un texte qui respire peu, oppressant, difficile. Ce qu’en fait Romain Duris est proprement époustouflant : il devient cet homme dont on ignore l’âge mais que l’on sait usé, qui vit dans la rue, qui est "un peu" étranger, qui a travaillé mais ne travaille plus, refuse l’usine et la domination, qui a connu la guerre et les sombres forêts, subi le racisme et la violence, connu la douceur et la sait dangereuse, s’est blindé petit à petit, ou plutôt a essayé, entretient l’espoir d’un monde meilleur, d’une société plus solidaire.

De l’abattement sur son lit d’hôpital où il est allongé au début de la pièce, il se trouve progressivement, très progressivement, tiré par des moments d’espoir ou de colère. L’on suit cette évolution, happé par la voix, le regard, le corps de Romain Duris. L’incarnation est totale, le travail sur le corps – où l’on retrouve bien la signature de Patrice Chéreau – très convaincant. Vers la fin, il est débout, mais baisse lentement la tête ; en un instant, après l’animation qui l’a soulevé, l’on découvre toute la tristesse de cet homme : en quelques mots, en un geste, éclate sous nos yeux son désarroi profond, et qui soudain ne semble avoir d’autre nom qu’humiliation. Stupéfiant, et bouleversant.

La nuit juste avant les forêts
De Bernard-Marie Koltès
Avec Romain Duris, mise en scène de Patrice Chéreau et Thierry Thieû Niang
Jusqu’au 20 mars
Du mercredi au samedi à 19 heures
Durée 1 h 20
Théâtre de l’Atelier
1, place Charles Dullin – Paris 18°
Places de 15 € à 30 €

© Pascal Victor

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Harper Regan au Théâtre du Rond Point

Harper Regan, Simon Stephens, Théâtre du Rond-PointCe qui se passe au Théâtre du Rond-Point est à ne rien y comprendre. Après avoir vu, au cours de ces dernières saisons, la salle Renaud-Barrault pleine à craquer s’esclaffer à la moindre réplique à peine digne d’un comique troupier, après avoir été tirée d’un profond sommeil par les délirantes ovations mettant un terme à des représentations d’un incommensurable ennui, voici que, ce jeudi 27 janvier, face à un spectacle de très grande qualité, la salle n’était pleine qu’à moitié, arrivée visiblement froide et repartant tout juste tiédie. Insondable mystère !

Simon Stephens, dramaturge britannique de 40 ans, est l’auteur d’une quinzaine de pièces. Depuis la première en 1998, Bluebird, un grand nombre d’entre elles ont été récompensées en Grande-Bretagne. Celle-ci, créée en Londres en 2008, puis en Israël et aux Etats-Unis, avant d’être produite en France, donne envie de suivre le nom de Simon Stephens.

L’histoire ? En scène d’ouverture, une femme d’une petite quarantaine d’années, assise en train de fumer, demande à un grand monsieur bedonnant à chemise rayée l’autorisation de s’absenter quelques jours pour aller voir son père plongé dans le coma. Le patron refuse, semble vouloir éviter de creuser le sujet, digresse longuement. Elle, malgré une certaine réserve, répond avec naturel. Elle est Harper Regan, interprétée par Marina Foïs, à qui son père a donné son prénom en hommage à Harper Lee, l’auteur de Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur.

Dès les premières secondes, la présence de Marina Foïs laisse coi. Corps, regard, voix : tout y est ; elle incarne Harper avec une présence incroyable et la fascination va durer tout au long des 2 h 10 que dure la pièce.
Fin de la première scène, noir, le plateau tourne, et on retrouve Harper qui aborde un adolescent au bord du canal, parle de sa vie, de sa fille, de son mari, de son père.
Un peu plus tard, on découvre le mari (Louis Do de Lencquesaing) faisant réciter son cours de géologie à sa fille Sarah – Alice de Lencquesaing, jouée par la propre fille de Louis-Do (1). Harper rentre, conversation à trois. Comme au bureau, on sent Harper à la fois très à sa place, et en même temps coincée par son entourage, peut-être pas si bien en place que cela. Comme s’il y avait un trop-plein, ou peut-être quelque chose d’avalé de travers. Malgré le sourire d’Harper, la légèreté de ton, on sent une inquiétude profonde.

On suit Harper au fil de ses rencontres, un inconnu dans une chambre d’hôtel, les retrouvailles avec sa mère. Petit à petit son histoire se dessine, s’éclaire, au fil de dialogues simples et bien ficelés.
Le dispositif scénique, un plateau tournant, s’appuie sur des décors de verre et des meubles sobres, un éclairage choisi et efficace. Tout est fluide, évident. La distribution est très homogène, impeccablement dirigée. Quatre, dont le grand Gérard Desarthe, jouent plusieurs personnages avec un talent égal.

Que demander de plus ?
Un public plus fourni pour accueillir comme elle le mérite cette pièce contemporaine très juste, mise en valeur sans tapage par la vision claire de Lukas Hemleb et ses merveilleux comédiens.

Harper Regan
de de Simon Stephens
Mise en scène Lukas Hemleb
Avec Caroline Chaniolleau, Gérard Desarthe, Marina Foïs, Alice de Lencquesaing, Louis Do de Lencquesaing, Pierre Moure
Théâtre du Rond-Point
2 bis, avenue Franklin D. Roosevelt – 75008 Paris
Salle Renaud-Barrault
A 21 h, le dimanche à 15 h
Jusqu’au 19 février 2011

(1) Mia Hansen-Love avait déjà réuni père et fille au cinéma en 2009 dans Le père de mes enfants

Photo © Giovanni Cittadini Cesi

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