Ailleurs qu’à Paris, les propositions ne manquent pas pour passer cet été tout en culture.
Rappelons tout d’abord la singulière exposition présentée en diptyque Dream-Time, temps du Rêve, Grottes, Art Contemporain & Transhistoire, un pan à Toulouse et l’autre dans l’Ariège, dans la grotte du Mas d’Azil, vivement conseillée par Andreossi.
Toujours dans le sud, il faut absolument passer par le magnifique pays cathare, et en profiter pour faire une halte au village de Montolieu : tout près de Carcassonne, s’y concentrent dans une belle humeur de nombreuses librairies – principalement de livres anciens mais sans exclusive. Ce sera peut-être pour vous l’occasion de découvrir les œuvres sur papier de Joan Jordà, peintre d’origine espagnole marqué par l’exil à la suite de la Guerre Civile et les violences totalitaires (jusqu’au 30 septembre, au Musée des Arts et Métiers du Livre).
Tout ailleurs, bien plus près de la capitale, à Giverny, vous avez jusqu’au 15 août pour vous délecter, au nouveau Musée des Impressionnismes, de l’exposition Le jardin de Monet à Giverny : l’invention d’un paysage. A partir du 23 août, ce même musée accueillera un grand peintre de l’abstraction lyrique, Joan Mitchell, ce qui ne devrait pas être mal non plus…
Pourquoi ne pas pousser encore un peu plus vers le Nord pour aller voir des dessins du sculpteur Charles Gadenne, présentés au LAAC de Dunkerque jusqu’au 20 septembre prochain ?
A l’étranger ? Direction l’Espagne : au Musée Guggenheim de Bilbao, l’exposition Cai Guo-Qiang : Je veux croire y est visible jusqu’au 6 septembre.
Quant à PHotoEspaña 2009, festival de photos et d’art visuel madrilène largement recommandé dans ces pages, bien de ses expos durent encore tout l’été (voir dans ce sens le billet du 15 juillet dernier). Quitte à être à Madrid, profitez-en pour visiter Les mondes de l’Islam, à la Fondation de La Caixa, où est réunie une splendide sélection de 180 œuvres issues de la très riche collection de l’Aga Khan.
A voir à Berlin en ce moment au Deutsches Historisches Museum (jusqu’au 6 août) : l’exposition 1989-2009. Le Mur de Berlin. Artistes pour la la Liberté, un choix fait par Sylvestre Verger à l’occasion du 20ème anniversaire de la chute du mur de berlin : les 40 oeuvres présentées sont des fragments de 1 m sur 1,20 m prélevés dès 1990 sur le mur sécuritaire et qui ont servi de support à des créations d’artistes internationaux comme Daniel Buren, Richard Long, Robert Longo, Arman… Après avoir été montrée en mai et juin 2009 dans les jardins du Palais Royal à Paris, l’exposition sera visible à Moscou aux mois de novembre et décembre 2009.
Pour finir avec chic et fraîcheur, on nous signale trois expositions autour du Lac Léman cet été qui s’attarderont jusqu’à l’automne : Rodin et les arts décoratifs au Palais lumières d’Evian (jusqu’au 12 septembre), De courbet à Picasso au Musée Pouchkine de Moscou à la fondation Gianadda (jusqu’au 22 novembre) et Passions partagées, 25 ans de la fondation de l’Hermitage jusqu’au 25 octobre.
Voyageurs d’un jour ou de l’été, bien du bon temps à toutes et à tous !
Image : Charles Gadenne, sans titre, 2002, collection de l’artiste Jacques Quecq d’Henriprêt
Faire le plein de culture pendant l’été à Paris, c’est possible, et même chaudement recommandé !
Fondateur avec Jean Arp du mouvement Dada de Cologne, Max Ernst (1891-1976) s’installe à Paris au début des années 1920, où il participe à la première exposition surréaliste. Arrêté au début de la Seconde Guerre Mondiale, l’artiste allemand s’enfuit aux Etats-Unis avant de revenir définitivement en France dans les années 1950.
A Giverny dans l’Eure, le musée des Impressionnismes – installé dans les murs de l’ancien Musée d’Art Américain, à proximité des jardins de Claude Monet – présente sa toute première exposition.
Prolongement naturel ou introduction à cette didactique exposition, une promenade dans les jardins de Monet tout à côté nous plonge au cœur des paysages savamment et patiemment construits par l’artiste et ses nombreux jardiniers.
De fin janvier à début février 1939, près d’un demi-million de Républicains fuient l’Espagne, où la victoire de Franco – soutenu par les régimes totalitaires allemands et italiens – a sonné le glas de la 2ème République.
Agé de dix ans lors de la Retirada, Joan Jordà connaît l’exil, le dénuement, les camps et l’éclatement de la famille. Il se fixe définitivement à Toulouse en 1945. Pratiquement en auto-didacte, il se lance dans la peinture dès 1947. Sa première exposition personnelle, en 1976, montre son engagement dans la dénonciation de la violence des pouvoirs dictatoriaux. Egalement sculpteur, il créé pour la ville de Toulouse le mémorial en bronze L’Exode des Républicains d’Espagne. Il a aussi illustré des ouvrages de Joseph Delteil, Miguel Hernandez, Arthur Rimbaud…
Le pan de l’histoire de l’art que le musée du Luxembourg nous révèle aujourd’hui a pour cadre la ville de Prato, longtemps occultée par le rayonnement de sa voisine Florence.
De ce parcours toscan à la présentation très élégante, on retient avant tout le travail de Filippo Lippi. Son évolution est ici bien visible. Déjà très beau mais encore hiératique dans les années 1430, il devient ensuite de plus en plus vivant, de plus en plus soigné dans les détails comme dans la composition.
Cette présentation d’œuvres du peintre Ernest Hébert (1817-1908) est l’une des manifestations dédiées à l’Italie à voir en ce moment au musée d’Orsay autour de l’exposition
Pour compléter l’exposition
C’est une exposition comme on aimerait en voir tous les jours, dans de vastes espaces blancs qui laissent les toiles respirer et le visiteur déambuler à sa guise.
A travers une centaine de tableaux de Maurice Utrillo et de sa mère Suzanne Valadon, la Pinacothèque de Paris propose jusqu’au 15 septembre 2009 une exposition des plus narratives.
Pourtant, avant qu’il ne rencontre le succès, en 1914, et se mette alors à peindre "en série" pour acheter sa boisson quotidienne, Utrillo a réalisé de magnifiques paysages urbains (c’est sa période dite "blanche") : ciels blafards, rues grises et désertes, églises de banlieue comme abandonnées, Maurice Utrillo se fait le topographe d’une ville sans couleur ni espoir. Sa peinture, avec ses petites touches en reliefs est d’une superbe matérialité (il n’hésite d’ailleurs pas à utiliser du plâtre pour en garnir ses toiles), mais aussi d’une grande poésie, qui se déploie en particulier dans ses vues urbaines enneigées.