Paris probable et improbable au musée d'Orsay

Paris probable et improbale, dessins d'architectureFinesse des traits, perfection de la ligne, proportions étudiées, voile de couleur, un brin de fantaisie parfois : c’est tout cela que vous admirerez à l’accrochage présenté en ce moment au musée d’Orsay.
Son objet ? Des dessins d’architecte de la fin du XIXème siècle. Son propos : donner un aperçu du visage qu’aurait eu Paris si des choix autres que ce dont nous connaissons le résultat avaient été arrêtés.
Au XIXème en effet, la ville a été largement remodelée, dans une frénésie de construction et de rénovation qui semblait sans limite. A la fin du siècle, il s’agissait de remplacer ce qui avait été détruit par la Commune, mais aussi de construire des édifices destinés à promouvoir la vie culturelle et le rayonnement de la capitale de la France.
Mêlez à ces préoccupations des problématiques politiques – liées à la succession des régimes -, vous aurez une idée de l’effervescence qui agitait les crayons et les équerres à l’époque.
D’autant que la procédure du concours a été alors très largement utilisée, permettant à de jeunes inconnus, et plus généralement à ceux qui n’appartenaient pas aux services de la Ville de prétendre à la commande publique également.

Les dessins d’architecte issus de la collection du musée d’Orsay réunis ici ont été sélectionnés selon trois axes : les projets pour les édifices ; ceux pour des aménagements de la ville ; enfin un florilège de dessins plus saugrenus.

Ainsi l’on découvre le Paris "probable", avec les variations autour du théâtre de la Ville, du Sacré-Coeur, de l’opéra qui deviendra finalement Garnier, de l’opéra Comique ou encore de l’hôtel de Ville dont la reconstruction après l’incendie de mai 1871 était une priorité. Pour celui-ci, le cahier des charges était très strict car il avait été décidé de le rebâtir à l’identique. Malgré tout, par geste politique, l’on voulu tout de même passer par la procédure du concours, le but étant d’affirmer l’esprit républicain…
Le théâtre des Champs-Elysées donna lieu à un véritable feuilleton, opposant l’architecte belge van de Velde aux entrepreneurs Perret qui s’approprièrent son projet et en définitive s’en attribuèrent la paternité au motif qu’ils l’adaptaient à un nouveau matériau, le béton armé : l’innovation technique prenait alors tout son poids…

Dessins d'architecture, accrochage au Musée d'OrsayCôté aménagement de la ville, une autre histoire à épisodes est celle des Tuileries : le palais avait lui aussi été mis à feu pendant la Commune, mais, au contraire de l’hôtel de ville, les tergiversations durèrent tant que ce n’est qu’en 1889, et après bien des hypothèses que les jardins furent en définitive mis en place.

Les Paris "improbables" sont quant à eux les plus amusants. Ainsi, à la place du néo-classique Grand Palais, on peut imaginer, à partir du dessin d’Ernest Sébille un palais fourmillant d’ornementations et exhibant des références phocéennes : proues de navire flanquant la porte d’entrée, cartouches contenant les noms d’artistes marseillais… un tout autre esprit en somme !
Pour finir, un projet de monument à la gloire de la Révolution Française, vieille lune du XIXème siècle, mais qui ne manqua pas d’étonner, Ernest Lheureux ayant conçu cette pyramide évoquant les temples aztèques ! Mais il était un peu trop tôt – juste un petit siècle d’avance sur les pyramides de M. Peï, qui elles, purent voir le jour…

Paris probable et improbable. Dessins d’architecture du musée d’Orsay
Jusqu’au 1er février 2009
Musée d’Orsay
1, rue de la Légion d’Honneur – Paris 7ème
TLJ sf le lundi, de 9 h 30 à 18 h, le jeudi jusqu’à 21 h 45
Entrée avec le billet du Musée (9,50 €, TR 7 €)

Images : Henri Schmit (1851-1904), Projet de reconstruction de l’Opéra Comique : façade sur la Place Boïeldieu et vue perspective de cette façade 1893, plume et encre noire, aquarelle et rehauts d’or H: 0,998 m ; L: 0,647 m, Musée d’Orsay, Paris © photo musée d’Orsay / rmn
et Ernest Lheureux (1827-1898), Monument à la gloire de la Révolution française, projet (vue perspective), 1886, crayon, plume et encre, lavis, aquarelle et rehauts d’or, H: 0,48 m ; L: 0,865 m, Musée d’Orsay, Paris © photo musée d’Orsay / rmn

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