Robert Frank. Paris / Les Américains

Robert Frank, exposition Les Americains, Jeu de PaumeFuyant le confort bourgeois de sa famille installée en Suisse, Robert Frank arrive aux Etats-Unis en 1947, pour y découvrir un monde dominé par l’argent. Embauché pour Harper’s Bazaar, il reçoit quelques années plus tard une bourse de la fondation Guggenheim avec pour objectif d’explorer la civilisation américaine. S’en suit un voyage de près de deux ans, entre 1955 et 1956, au cours duquel il prend quelques vingt mille clichés. Il en sélectionnera quatre-vingt trois (tous exposés ici), réunis dans un livre, Les Américains, édité d’abord en France, puis aux Etats-Unis.

C’était en 1958 et le pays croyait en son rêve de modernité, d’uniformisation des modes de vie, de progrès matériel. Le travail de street photography de Robert Frank choqua cette société toute empreinte du modèle de l‘American way of life, en présentant des images de bords de route, de rues, de cafés, où les sujets semblent se traîner d’ennui, attendre quoi et n’espérer rien. Point de paillettes ni de stars, mais des gens simples, des lieux parfois presque déserts, dans un univers d’immobilité et de silence.
Cinquante ans après, le climat de ces photos touche toujours, tant les sentiments de vide et de résignation qui s’en dégagent peuvent résonner encore aujourd’hui. Les cadrages – admirables – scandalisèrent à l’époque, trop éloignés du canon de la belle photographie léchée. Au contraire, Robert Frank a travaillé sur le vif, d’où des prises de vue et des perspectives audacieuses, dont la spontanéité n’empêche pas de superbes nuances de noir et de blanc.

La deuxième partie de l’exposition présente un aspect totalement différent de l’oeuvre de Robert Frank, avec une cinquantaine de tirages de clichés pris à Paris entre 1949 et 1952. Ici, contrairement aux photos américaines, les contrastes s’estompent, l’ambiance est brumeuse et onirique, et fait ressortir un Paris d’aspect fort ancien. Les rues sont occupées par des petits marchands, de journaux et surtout de fleurs. Des fleurs qui reviennent très souvent dans ces images, comme les petits cailloux d’une promenade personnelle, émue et toute poétique. Comme si le photo-reportage n’était pas encore à l’ordre du jour, mais l’œil, la sensibilité et la singularité déjà tout à fait en place.

Robert Frank. Un regard étranger. Paris / Les Amécains
Jusqu’au 22 mars 2009
Galerie nationale du Jeu de Paume
1, place de la Concorde – Paris 1er
Du mer. au ven. de 12 h à 19h, mar. jusqu’a 21 h
Sam. et dim. de 10 h à 19 h
Entrée 6 € (Tarif réduit 4 €)

Image : Detroit, 1955, Robert Frank © Robert Frank, from The Americans

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