Le Recours aux forêts. Michel Onfray

Michel Onfray, le recours aux forêts, GaliléeA l’issue de sa conférence Le post anarchisme expliqué à ma grand-mère tenue le 5 novembre dernier au théâtre du Rond-Point, Michel Onfray signait son dernier ouvrage joliment intitulé Le Recours aux forêts, La tentation de Démocrite.

A travers ce texte destiné à être monté à la Comédie de Caen, le philosophe, qui projetait avec quelques amis "en remède aux misères du monde", de se rendre en Islande, "cette terre où la nature compte plus que les hommes", adopte, sans y être allé en raison de la maladie d’un être cher, la "sagesse universelle, païenne, virgilienne" des hyperboréens.

Si Onfray a une très ancienne origine scandinave, ses ascendants se sont implantés voici mille ans en pays normand, où Michel Onfray vit toujours, dans la ville d’Argentan. C’est là, lisant Ronsard et Whitman, qu’il a écrit cette courte pièce, disant son désir de rejoindre, le moment venu, la terre de ses ancêtres dont il est issu.

Dans des pages d’abord violentes, l’auteur du Traité d’athéologie rappelle la folie et la barbarie des hommes, leur vanité, leur petitesse, leur envie, leur opportunisme, leur hypocrisie et leurs trahisons, les maux faits au nom de la religion, les fausses sagesses et la fausse Justice, impostures de tout poil répétées à l’infini.

Puis, se plaçant sous le signe de Démocrite, "ce philosophe, figure du matérialisme radical qui après avoir beaucoup voyagé (…) se fit construire une petite maison au fond de son jardin pour y vivre le restant de ses jours", Onfray livre une ode à la nature, à la simplicité, au repli sur soi pour retrouver la paix, près du ciel, des oiseaux, des fleurs et de l’eau.
Le jeune quinquagénaire y retrouve les goûts et les parfums de son enfance, la fleur de sureau et les groseilles à maquereau, mais aussi son effroi face à la vipère, la couleuvre ou l’orvet, et encore son émerveillement lorsqu’il lève la tête vers le ciel ; enfin, toutes ces choses qui, décidément, et c’est une consolation souveraine, chez lui non plus ne passent pas :

Je veux prendre le temps des nuages
M’abandonner à leurs mousses, à leurs cotons, à leurs veloutés
Rentrer dans la plume de leurs ventres
Dans le duvet de leur esprit
Dans la chair de vapeur de leur âme
Flotter sur eux
Y accrocher mon vagabondage
M’y reposer des hommes
Je veux calculer leurs courses, poussés par le vent
Y guetter le secret du temps à venir
Chercher dans les filasses
Scruter dans leurs panses parfois grises
Me perdre dans la forme de l’un d’entre eux
Solitaire dans un azur insolent
Savoir, déniaisé, qu’on n’y trouve ni les anges
Ni les dieux, ni Dieu
Mais l’haleine des fleurs parties vers les étoiles.

Le Recours aux forêts, La tentation de Démocrite
Michel Onfray
Galilée, 2009, 80 p., 14 €

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