Après le bouleversant Questo buio feroce donné en 2008 au théâtre du Rond-Point, Pippo Delbono, habitué des lieux, revient avec La Menzogna (Le Mensonge), présenté au Festival d’Avignon en juillet dernier.
Dans ce très grand spectacle, il mêle histoire intime et critique féroce de la société italienne. D’autres peuvent s’y reconnaître.
Le point de départ est l’accident survenu dans l’usine sidérurgique Thyssen Krupp de Turin en décembre 2007, dans lequel ont péri sept ouvriers et qui a donné lieu à une mise en scène de la douleur des familles pour mieux dissimuler le scandale de la tragédie.
Pippo Delbono relate cet événement de sa voix sobre et suave, avant que ne soit projeté un film publicitaire pour la firme en question. La menzogna est en place : d’un côté, la cynique réalité, où l’humain, surtout s’il est pauvre et anonyme, a bien peu de valeur, de l’autre les fables en couleur dont le monde économique, politique et médiatique nous berce, avec les prêtres pour garants.
Quelques minutes plus loin, l’acteur et metteur en scène italien ajoute que son père est mort d’avoir trop travaillé, et demande pardon de n’avoir pas ressenti de douleur à son enterrement.
Se servant de la vidéo, du théâtre, de la danse, de très belles musiques, avec peu de mots mais magnifiquement choisis et dits, avec parfois des cris insupportables, avec des masques et des corps nus, Pippo Delbono déroule son propos d’une façon incroyablement singulière.
Il renvoie sans cesse le spectateur à son propre regard en s’asseyant dans la salle avec lui, ou, depuis la scène, en lui tendant un miroir, en le prenant en photo, en l’éclairant avec une lampe.
Pippo Delbono veut voir et faire voir ; avec sa rage, il montre l’hypocrisie et la manipulation et se dévoile lui-même sans complaisance, au figuré comme au sens propre.
Mais ce que le spectateur voit aussi, c’est une troupe de comédiens extraordinaire, faite de tout ce que la société désigne comme marginaux, handicapés, clochards, malades du corps et de l’esprit. Pippo Delbonno puise sa force auprès d’eux, il le dit ; c’est criant. Et peu à peu, la douceur et une étrange beauté viennent combattre la douleur de la mort et de la culpabilité, et la violence du mensonge.
La Menzogna (Le Mensonge)
De et avec Pippo Delbono
Théâtre du Rond-Point
Salle Renaud-Barrault
2 bis, avenue Franklin D. Roosevelt, Paris-8ème
Jusqu’au 6 février 2010
Du mardi au samedi à 20 h 30 et le dimanche à 15 h
Places de 10 € à 33 €
Distribution Dolly Albertin, Gianluca Ballaré, Raffaella Banchelli, Bobò , Julia Morawietz, Pippo Delbono, Lucia della Ferrera, Ilaria Distante, Claudio Gasparotto, Gustavo Giacosa, Simone Goggiano, Mario Intruglio, Nelson Lariccia, Gianni Parenti, Mr. Puma, Pepe Robledo, Antonella de Sarno, Grazia Spinella
A lire, entre autres : Récits de juin publié chez Actes Sud, et son dernier livre Regards (textes et photographies de Pippo Delbono, Actes Sud)
Photos © Brigitte Enguerand
Quelle chance de trouver quelques salles qui projettent encore Les herbes folles, le dernier film d’Alain Resnais…
Face à son succès, Abraham, la très belle pièce écrite, mise en scène et interprétée par Michel Jonasz (
François-Régis Bastide. Un nom séduisant, avec un prénom (d’emprunt) à la fois bien planté et un peu en suspens, un patronyme rassurant, mais qui parle à bien peu de monde aujourd’hui.
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Drôle de roman que ce Netherland, livre hautement recommandé par Barack Obama soi-même à ce qu’on dit. Histoire ténue, "à l’Américaine", écrite par un Irlandais de New-York, par laquelle un homme ordinaire à point raconte un bout de sa vie, faite de rencontres, d’amours et d’amours brisées, d’amitié, de passion et de questions.
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