Trésors de l'Accademia Carrara de Bergame

Exposition à la fondation de l'HermitageMaglm est en vacances… mais les expos continuent ! Avant de partir, j’ai repéré ceci pour vous… à vous donc d’aller voir, chers lecteurs !

La peinture italienne est à l’honneur cet été à la Fondation de l’Hermitage à Lausanne, où est présentée une sélection de toiles issues de la collection de l’Accademia Carrara de Bergame.

Outre une école des Beaux-Arts, l’Académie lombarde, fondée en 1796, abrite plus de mille huit cents oeuvres datées du XVème au XIXème siècles.
L’exposition de la Fondation de l’Hermitage réunit des artistes de l’école vénitienne, avec Giovanni Bellini, Carpaccio, Titien, Canaletto, Longhi ou encore Guardi, mais aussi du florentin Botticelli, du lombard Lorenzo Lotto, sans oublier un Saint-Sébastien de Raphaël… au total, ce sont plus de cent oeuvres de la Renaissance au XVIIIème siècles qui sont à admirer jusqu’au 26 octobre 2008.

La peinture italienne, de la Renaissance au XVIIIème siècle
Trésors de l’Accademia Carrara de Bergame à Lausanne
Fondation de l’Hermitage
2, route du Signal – CH – 1000 Lausanne 8
Jusqu’au 26 octobre 2008
Du mar. au dim. de 10 h à 18 h, le jeu. jusqu’à 21 h
Entrée CHF 15. (10 €)
Tarif réduit pour les retraités, les étudiants, les apprentis et les demandeurs d’emploi
Entrée libre pour les enfants

Image : Antonio Canal, dit Canaletto,Le Grand Canal vu du Palais Balbi, 1730, huile sur toile, 62 x 90 cm,Bergame, Accademia Carrara, legs Guglielmo Lochis © photo Accademia Carrara de Bergame

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La Pinacothèque de Paris : hier, aujourd'hui, demain

La Pinacotheque de Paris, bilan et programmeAlors qu’elle fêtait son premier anniversaire, le 15 juin dernier, la Pinacothèque de Paris établissait la preuve qu’elle avait d’emblée séduit le public : 700 000 visiteurs en un an, dont plus de 300 000 pour « Soutine » et 200 000 dès les deux premiers mois de l’exposition « Les soldats de l’Eternité ».

La clé de cette réussite : la richesse et la variété de la programmation. Si ces deux manifestations phares furent les plus attractives, notamment en raison de l’originalité et de l’aspect inédit des oeuvres, la Pinacothèque a aussi accueilli Roy Lichtenstein et Man Ray, et rendu hommage aux photographes de l’agence Magnum, ainsi qu’Alexandra Boulat et Anne-Catherine Becker-Echivard.

Cette politique ambitieuse se poursuivra à la rentrée avec deux expositions de peinture, l’une consacrée à Georges Rouault (à partir du 17 septembre), l’autre à Pollock.
La première permettra de redécouvrir un peintre un peu sous-estimé en France et dont la compagnie japonaise Idemitsu possède la plus grande collection au monde. Une sélection de soixante-dix de ces oeuvres, gouaches, huiles, aquarelles et dessins sera présentée pour la première fois au public parisien à l’occasion du cinquantenaire de la disparition du peintre.
La seconde exposition, qualifiée de « pointue » par Marc Restellini, le Directeur de la Pinacothèque de Paris, proposera une relecture de l’oeuvre de Pollock autour de l’idée selon laquelle l’artiste a été à une période influencé par le chamanisme (Pollock et le chamanisme, à partir du 15 octobre).

Et l’exposition Les soldats de l’éternité demeure visible durant tout l’été, jusqu’au 14 septembre.

Les soldats de l’éternité
Pinacothèque de Paris
28, place de la Madeleine – Paris 8ème
Jusqu’au 14 septembre 2008
Tlj de 10 h 30 à 18 h
Entrée 10 € (TR 8 €)

Image : catalogue Soutine, par Marc Restellini, 240 p., 55 €

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Le voyage aux Pyrénées

Arnaud et Jean-Marie Larriau, Voyage aux PyrénéesBien déjanté, ce film est aussi totalement jubilatoire, malgré sa fin un peu ratée. Aucune importance, tant est grand le plaisir que l’on prend à ce Voyage, tant est juste le regard des deux cinéastes sur ce drôle de pays que sont les Pyrénées centrales et qu’ils connaissent bien pour être le leur. Celui où, au bonheur « d’avoir dépassé » s’ajoute celui « d’être encore dépassé » : la moyenne montagne de ces Pyrénées que l’on a baptisé « Hautes ».

Alexandre et Aurore, deux comédiens parisiens partent en goguette vers ces terres reculées avec pour seul objectif de trouver remède à la nymphomanie de Madame. Calme, discrétion et communion avec la nature, tel est leur programme pour retrouver la paix. Mais il n’en ira pas aussi simplement. Rencontres en tous genres – hommes, femmes, ours et même curés – se chargeront d’ajouter bien de l’excitation à leur séjour…

Ce que le film des frères Larrieu a de formidablement réussi est l’intelligence avec laquelle ils combinent – et avec quel humour – les deux regards fondamentalement opposés des protagonistes. D’un côté, celui des citadins qui découvrement des modes de vie à mille lieux des leurs ; de l’autre, celui des gens du cru (ou assimilés, et qui ne sont pas les moins beaux), lesquels voient débarquer « la grande ville et ses stars » en leur demandant inlassablement : « Mais pourquoi les Pyrénées ? ».
La moquerie est équitablement partagée, tous en prennent pour leur grade mais avec une immense tendresse. Les dialogues, très écrits, sont un régal, mis dans la bouche de comédiens dont le flegme se prête précisément à ce mélange très « pyrénéen » de recul, de spontanéité et de philosophie, absolument irrésistible.
Avec des comédiens comme Jean-Pierre Darroussin ou encore Philippe Katerine (ici en digne représentant des Frères de la Gaîté), ces répliques semblent relever du miracle. Quant aux femmes, venues de l’autre côté de la frontière ou ayant, petites, elles aussi « dansé nues la-haut sur la montagne », elles font, naturellement, figure d’authentiques merveilles.

Le voyage aux Pyrénées
Un film de Jean-Marie et Arnaud Larrieu
Avec Sabine Azéma (Aurore Lalu), Jean-Pierre Darroussin (Alexandre Dard), Arly Jover (Aline), Kyap Gurgon (Tenzing)
Durée 1 h 40

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Valse avec Bachir. Ari Folman

Valse avec Bachir, Ari FolmanComment traverser Valse avec Bachir sans être profondément ému par l’histoire singulière que le documentaire raconte, celle du massacre de Sabra et Chatila à Beyrouth-Ouest, mais aussi par la portée universelle qu’elle contient ?

En septembre 1982, quelques jours après l’assassinat du président libanais Bachir Gemayel, les Phalangistes chrétiens entrent dans les camps de réfugiés palestiniens Sabra et Chatila au motif d’en éliminer les éléments terroristes. Le lendemain, l’on découvre qu’un véritable massacre a été perpétré, y compris contre de nombreux civils, hommes, femmes et enfants. Aux portes des camps, des soldats israéliens sécurisaient l’intervention. Au fil des heures, certains ont compris qu’une tuerie se déroulait à l’intérieur.

Le narrateur faisait partie de ces soldats israéliens en poste devant les camps. Plus de vingt après, il réalise qu’il a tout oublié de la période de la guerre du Liban.
Une scène vient pourtant le hanter : dans la nuit éclairée par des fusées, il se retrouve avec d’autres soldats, nus dans la mer au pied d’immeubles criblés de balles. Lui et ses camarades sortent lentement de l’eau, remettent leur kaki et reviennent vers la ville en guerre.
A partir de cette image, il essaie de reconstituer les évènements auxquels il a participé et les actes qu’il a commis, se faisant aider par un ami psychanalyste, allant à la rencontre des hommes qui étaient avec lui, les interrogeant, écoutant leurs souvenirs.

Tout à fait original (premier documentaire d’animation), Valse avec Bachir est d’une esthétique remarquable. Le jaune et le noir de la scène fondamentale – celle qui n’a jamais existé réellement, mais révélatrice de la peur et de la culpabilité encaissées – marquent durablement. Au dessin, sobre et stylisé, poussant parfois jusqu’à la poésie et l’onirisme, Ari Folman associe des musiques évocatrices de la jeunesse des années 1980 avec beaucoup de justesse, et suit de bout en bout une narration impeccablement écrite.

Mais son film est aussi admirable en ce qu’il dépasse l’histoire (de Sabra et Chatila) pour porter à l’écran toutes les histoires, celles des victimes des guerres, mais aussi celles de tous ces soldats, gamins de 17, 18 ou 19 ans qui y ont été impliqués, dans un mélange d’inconscience et de "peur incontrôlée", et se retrouvent vingt, vingt-cinq après, à devoir porter ces actes dont ils ne sont pas responsables mais dont ils se sentent coupables.
Valse avec Bachir est enfin un film sur le travail de mémoire, ses blancs, ses "arrangements" et sa reconstitution ; il en est en même temps le résultat magnifique et bouleversant.

Valse avec Bachir
Ari Folman
Durée : 1 h 27 mn
Année de production : 2008
Titre original : Waltz with Bashir
Distribué par Le Pacte

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Hokusai "L'affolé de son art" au musée Guimet

Hokusai, l'affolé de son artL’artiste souleva l’engouement des Européens dans le dernier quart du XIXème siècle mais ne suscita de son vivant, malgré une production prolifique, qu’une admiration éphémère dans son pays.
Il est aujourd’hui le peintre japonais le plus connu dans le monde et, par le détour de son succès occidental, sa patrie célèbre désormais son génie.

L’on connaît de lui Sous la vague au large de Kanagawa, dite La grande vague et ses Trente-six vues du Mont Fuji, devenues des classiques. Des splendeurs qui en cachent bien d’autres : jusqu’au 4 août 2008, le musée Guimet sort de son fonds d’art graphique les oeuvres de Katsushika Hokusai (1760-1849), donnant en embrasser le parcours de cet artiste qui n’a cessé d’évoluer, allant jusqu’à déclarer "C’est à l’âge de soixante-treize ans que j’ai compris à peu près la forme et la nature vraie des oiseaux, des poissons, des plantes, etc. Par conséquent, à l’âge de quatre-vingts ans, j’aurai fait beaucoup de progrès, j’arriverai au fond des choses ; à cent, je serai décidément parvenu à un état supérieur, indéfinissable, et à l’âge de cent dix, soit un point, soit une ligne, tout sera vivant."

Il n’y a pourtant "rien à jeter" dans la rétrospective présentée par le musée Guimet ; au contraire, de retour chez soi, le catalogue – très réussi – donne le regret d’être passé trop vite devant certains dessins et estampes.
Ceux du début s’inscrivent dans la tradition de l’art de l’Ukiyo-e, scènes de maisons de thé, de spectacles, de geishas. Fourmillant de détails, d’actions, de personnages, ils se lisent comme des pièces de théâtre. Puis, autour des années 1830, Hokusai bascule vers le paysage. Voici donc nos "classiques", enfin vus dans leurs véritables couleurs, leur pleine beauté ; mais aussi d’autres paysages oniriques et puissamment enracinés dans la culture japonaise, dont les titres à eux seuls enchantent.

Viennent ensuite de magnifiques estampes de grandes fleurs associées à un petit animal, oiseau à la posture pour le moins acrobatique, insecte, voire grenouille qui disparaît dans les feuilles. Les cadrages évoquent la photographie moderne et les bouquets n’ont aucune apparence de composition. Economie de moyens, audace, épure, douceur des teintes… dans la suite des paysages, cette série souligne la sensibilité à la fois esthétique, enjouée, spirituelle et poétique du maître japonais.

Le clou de l’exposition figure dans la dernière salle, juste à côté d’un paravent grandiose : le diptyque des Tigre sous la pluie et Dragon, composés par Hokusai à la toute fin de se vie et dont le lien n’a été établi que récemment (la première de ces deux oeuvres appartenant au musée Ota de Tokyo et l’autre faisant partie d’une donation récente au musée Guimet). Avec le beau jeu de diagonales, les regards croisés des animaux, l’opposition lumineuse et chromatique, la symétrie et la complémentarité des deux pièces sont fascinantes. On dit qu’il s’agit du testament d’Hokusai. Et l’on ne peut s’empêcher de songer avec émotion à cet homme mort dans la misère dans sa quatre-vingt-dixième année alors qu’il pensait qu’il avait encore beaucoup à apprendre…

Hokusai "L’affolé de son art"
Jusqu’au 4 août 2008
Musée national des Arts asiatiques Guimet
6, place d’Iéna – Paris 16ème
Ouvert tous les jours sauf le mardi, de 10 h à 18 h
Catalogue Hokusai 1760-1849, « l’affolé de son art », sous la direction d’Hélène Bayou
Coédition musée Guimet / RMN, 2008, (245 p., 39 €)

Image : Trente-six vues du Mont Fuji, Vent frais par matin clair (1830-32), legs Charles Jacquin, 1938, AA 380 © musée Guimet / Thierry Ollivier

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Le Sacre du printemps à La Villette

Le sacre du printemps de Stravinsky par Heddy MaalemHeddy Maalem a déplacé le célèbre ballet sur le continent africain, dans une pièce créée en 2004 et présentée jusqu’au 12 juillet dans la Grande Halle de la Villette dans le cadre du festival Afrique(s).

Cette réinterprétation des rites universels du Sacre du printemps résonne avec une force formidable dans les rythmes et mouvements des cultures africaines. La chorégraphie de Maalem, à la fois très écrite et brute associe dans un bel équilibre les "classiques", si l’on peut dire, de la danse contemporaine, des passages de danse "tribale" déchaînée et des moments très lents de pure sensualité. Son langage permet à chacun des quatorze danseurs de s’exprimer selon une gestuelle propre, même dans les tableaux d’ensemble. Malgré les rythmes parfois insensés, malgré la folle énergie, le spectacle demeure dans l’épure. Une qualité qui ne tient pas seulement à la chorégraphie, mais également aux choix de mise en scène extrêmement sobres. Après un magnifique prélude dans la semi-obscurité, où un couple de danseur se dessine comme des ombres chinoises sur un fond d’écran de feuillages africains, place à la lumière franche, murs et sol blancs sans autre décor. Les six danseuses et huit danseurs africains sont simplement vêtus de maillots. La vidéo ne revient qu’aux moments clés du ballet, toujours de façon simple et juste.Quant à la musique de Stravinsky vieille de près d’un siècle, elle semble avoir trouvé un nouveau souffle et même redoublé de puissance, portée par le vent de ce fascinant continent noir.

Le Sacre du printemps
Chorégraphie de Heddy Maalem
Musique de Igor Stravinsky
Grande Halle de la Villette – Salle Charlie Parker
Festival Afrique(s)
Jusqu’au samedi 12 juillet 2008
A 20 h, durée 1 h
De 8 € à 15 €

Photo © Patrick Fabre

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Festival Voies Off. Arles

Edgar Marin, Festival Voies Off, Arles
En parallèle et en complément de la semaine d’ouverture des prestigieuses Rencontres photographiques d’Arles, à partir du 8 juillet, le Festival Voies Off offrira cinq jours de découvertes et de soutien à la jeune photographie française et internationale.

Pour sa treizième édition, cette manifestation constituera une vitrine de choix pour les soixante artistes sélectionnés, à travers des soirées de projections photographiques sur grand écran dans la Cour de l’Archevêché, des ateliers et débats et des lectures de portfolios.

Au cours de la soirée de clôture, samedi 12 juillet, Christophe Laloi, directeur artistique du Festival, présentera un montage réunissant une vingtaine de photographes autour du thème Mutations ainsi que le travail des artistes nominés pour le prix Voies Off. Celui-ci sera ensuite remis au lauréat 2008 en présence du jury.

Pour mémoire, le prix Voies Off 2007 a été remis à Mohamed Bourouissa, exposé ce printemps à la Galerie du Château d’Eau à Toulouse et représenté à Paris à la Galerie des Filles du Calvaire.

Voies Off – Arles
Projections dans la Cour de l’Archevêché les mardi 8 et jeudi 10 juillet de 22 h 30 à minuit
Matinées professionnelles du mercredi 9 au vendredi 11 de 11 h 30 à 12 h
Lectures de portfolios de mercredi à samedi à 14 h
Entrée libre

Image : © Edgar Martins (Royaume-Uni)

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Pascal Cribier, les racines ont des feuilles

Exposition les feuilles ont des racines, Pascal Cribier, espace EDF ElectraIl y a quelque chose d’un peu curieux à aller chercher du vert dans l’espace clos de l’impasse Récamier à Paris, l’espace EDF Electra.
Par ces belles journées, l’on est plutôt tenté de pousser jusqu’au fond du passage pour admirer le fatras végétal du square.(D’ailleurs, à l’entrée, une brochure façon planche de botaniste avec noms et dessins des espèces nous y invite vivement.)

Dans l’obscurité, des images des créations de l’architecte-paysagiste Pascal Cribier défilent très lentement sur de grands écrans. Un ici, un là, d’autres encore là et là, l’oeil est attiré par tous à la fois. Des tabourets en mousse nomades permettent de se poser et de contempler. Les réalisations sont séduisantes, hautes en couleurs, et le procédé réussi.

Laurent Le Bon, commissaire de l’exposition explique que Pascal Cribier n’a accepté de présenter que des plantes qui pourraient vivre naturellement dans les conditions de l’espace d’exposition. D’où davantage de photos et de films que de vivant… mais d’où aussi, au sous-sol, de véritables champignons (à la fois embaumantes pleurotes et magnifiques sculptures).
Et d’où aussi, à l’étage, cette fois à la lumière naturelle, d’imposantes et fascinantes racines d’arbres sorties d’un marais indépendant de toute nappe phréatique et au système de développement propre, des doubles couronnes étonnantes. Il s’agit de montrer l’invisible, mais aussi d’expliquer que les racines ont un fonctionnement proche de celui des branches, des sortes de feuilles qui, comme elles, « tombent » (où ?) à l’automne…
Pascal Cribier, qui installe en ce moment des socles végétaux dans la Cour de l’Hôtel Dassault (Artcurial) n’est pas sans intriguer. Architecte de jardins inventifs et souvent très beaux , il se défend de toute approche artistique. Il considère que ses paysages font partie d’une économie – son obsession : se servir des éléments du lieux, aussi bien de l’eau que du bitume – et ne sont pas décoratifs.
Il demande « qu’on arrête de convoquer la nature » et revendique une démarche citoyenne. Un doux rêveur ? Tout au contraire, la présentation de ses réalisations et de ses travaux en cours font montre d’un solide pragmatisme. A paraître en septembre, l’ouvrage Pascal Cribier, itinéraires d’un jardinier nous en dira davantage sur cet architecte-paysagiste singulier.

Pascal Cribier, les racines ont des feuilles
Jusqu’au 28 septembre 2008
Espace EDF Electra
6, rue de Récamier – Paris 7ème
M° Sèvres-Babylone
TLJ sf lun. et jours fériés, de 12 h à 19 h
Entrée libre

Image : Woolton (Berkshire, Angleterre), 1994

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Bamboo Blues. Pina Bausch

Bamboo Blues, Pina Bausch au Theâtre de la VillePina Bausch est allée en Inde avec sa troupe pour créer son dernier spectacle, dans le Kerala et à Calcutta. Elle en a ramené ses couleurs, ses parfums, sa musique, dans une pièce dansée inspirée et dénuée de kitch.

Les représentations de Bamboo Blues, montré en primeur au Théâtre de la Ville à Paris selon une tradition établie depuis près de trente ans, se sont achevées mercredi dernier à guichet fermé.

A l’image des splendides voiles blancs parcourus d’une légère brise en fond de scène, du début à sa fin, la soirée est bercée d’une douce beauté. Les robes des femmes, le poli des corps, les chorégraphies en rondeurs et rapprochements créent une sensualité d’ensemble, mise en évidence avec plus de force et toujours beaucoup de simplicité dans certains tableaux, siestes tranquillement balancées sur des rondins de bois ou scène de toilette dans une brume d’eau.

Pina Bausch explore à nouveau les thèmes qui lui sont chers, comme celui des rapports entre les hommes et les femmes, faits d’attraction, d’amour, mais aussi de jeux de domination et de cruauté. Peu de violence pourtant dans Bamboo Blues ; la séduction est elle omniprésente. Elle atteint son apogée lorsqu’apparaît Shantala Shivalingappa, d’une finesse et d’une grâce incroyables, exécutant un solo qui semble renvoyer tous les autres au rang de gestuelles éculées et incarner à elle seule tout le charme et toute la féérie de l’Inde, lumineuse, délicate, magnifiquement "posée".

A réserver : Pina Bausch reviendra l’année prochaine au Théâtre de la Ville, d’abord avec une reprise, Wiesenland, du 7 au 14 janvier, puis avec une création du 19 au 29 janvier 2009.
A lire : Pina Bausch vous appelle par Leonetta Bentivoglio et Francesco Carbone (traduction de Leonor Baldaque, L’Arche, 2007)

Site de Pina Bausch
Site du Théâtre de la Ville

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Figaro divorce de von Horvath. Comédie-Française

Figaro divorce, à la Comédie-FrançaiseC’est un texte sur la Révolution, sur les bouleversements politiques et sociaux, mais aussi sur l’exil et les passions, vus à hauteur d’homme. Un texte magnifique et d’une grande justesse qui fait une entrée magistrale à la Comédie-Française grâce à une mise en scène des plus fines et une troupe au sommet de son art.
Au début du XXème siècle, quelque part dans la vieille Europe de l’Empire Austro-hongrois, la Révolution éclate. Le Comte et la Comtesse Almaviva fuient leur pays, accompagnés de Figaro et de Suzanne, devenus époux. Privé de biens, l’aristocrate continue malgré tout à mener grand train, persuadé qu’il reviendra bien vite "dormir dans son lit". Mais Figaro sait qu’il n’en sera rien, et sent qu’il est temps de prendre son indépendance et de s’établir. Retrouvant l’un de ses nombreux anciens métiers, il s’installe coiffeur dans une petite ville de Bavière. Là, il flatte la petite-bourgeoisie locale par ses façons empressées, et prospère. Mais Suzanne, qui ne reconnaît plus son Figaro sous tant d’hypocrisie le quitte. Le Compte Almaviva est lui ruiné, las, mais atteint d’une certaine douceur. D’une façon ou d’une autre, tous traverseront à nouveau la frontière.
Chassé de l’Allemagne nazie dans les années 1930, Odon von Horvath a écrit Figaro divorce alors qu’il errait en Europe avec l’espoir de gagner les Etats-Unis. Il ne put aller plus loin, tué à l’âge de 37 ans par la chute d’une branche d’arbre à la sortie du théâtre Marigny à Paris.
Imprégné des craintes nées de la montée de la révolution brune, son texte dénonce autant les ravages de l’autoritarisme politique que ceux des mentalités petites bourgeoises, xénophobes et hypocrites.
Il fallait beaucoup d’intelligence pour monter ce texte subtil et en donner à voir toutes les facettes. Un pari que Jacques Lassalle a absolument réussi, avec des comédiens qui font ressortir tout ce que cette pièce a de bouleversant, sur cette humanité bien sombre, sur la douleur de l’exil et la permanence des passions.

Figaro divorce
Comédie en trois actes d’Odon von Horvath
Traduit de l’allemand par Henri Christophe et Louis Le Goeffic
Avec Bruno Raffaelli, Michel Vuillermoz, Florence Viala, Claude Mathieu, Denis Podalydès… Jusqu’au 19 juillet 2008
Reprise à la rentrée, du 3 octobre au 15 décembre 2008
Comédie-Française
A 20 h 30, matinée à 14 h
Durée : 3 h env. avec entracte
De 5 € à 37 €

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