Figaro divorce de von Horvath. Comédie-Française

Figaro divorce, à la Comédie-FrançaiseC’est un texte sur la Révolution, sur les bouleversements politiques et sociaux, mais aussi sur l’exil et les passions, vus à hauteur d’homme. Un texte magnifique et d’une grande justesse qui fait une entrée magistrale à la Comédie-Française grâce à une mise en scène des plus fines et une troupe au sommet de son art.
Au début du XXème siècle, quelque part dans la vieille Europe de l’Empire Austro-hongrois, la Révolution éclate. Le Comte et la Comtesse Almaviva fuient leur pays, accompagnés de Figaro et de Suzanne, devenus époux. Privé de biens, l’aristocrate continue malgré tout à mener grand train, persuadé qu’il reviendra bien vite "dormir dans son lit". Mais Figaro sait qu’il n’en sera rien, et sent qu’il est temps de prendre son indépendance et de s’établir. Retrouvant l’un de ses nombreux anciens métiers, il s’installe coiffeur dans une petite ville de Bavière. Là, il flatte la petite-bourgeoisie locale par ses façons empressées, et prospère. Mais Suzanne, qui ne reconnaît plus son Figaro sous tant d’hypocrisie le quitte. Le Compte Almaviva est lui ruiné, las, mais atteint d’une certaine douceur. D’une façon ou d’une autre, tous traverseront à nouveau la frontière.
Chassé de l’Allemagne nazie dans les années 1930, Odon von Horvath a écrit Figaro divorce alors qu’il errait en Europe avec l’espoir de gagner les Etats-Unis. Il ne put aller plus loin, tué à l’âge de 37 ans par la chute d’une branche d’arbre à la sortie du théâtre Marigny à Paris.
Imprégné des craintes nées de la montée de la révolution brune, son texte dénonce autant les ravages de l’autoritarisme politique que ceux des mentalités petites bourgeoises, xénophobes et hypocrites.
Il fallait beaucoup d’intelligence pour monter ce texte subtil et en donner à voir toutes les facettes. Un pari que Jacques Lassalle a absolument réussi, avec des comédiens qui font ressortir tout ce que cette pièce a de bouleversant, sur cette humanité bien sombre, sur la douleur de l’exil et la permanence des passions.

Figaro divorce
Comédie en trois actes d’Odon von Horvath
Traduit de l’allemand par Henri Christophe et Louis Le Goeffic
Avec Bruno Raffaelli, Michel Vuillermoz, Florence Viala, Claude Mathieu, Denis Podalydès… Jusqu’au 19 juillet 2008
Reprise à la rentrée, du 3 octobre au 15 décembre 2008
Comédie-Française
A 20 h 30, matinée à 14 h
Durée : 3 h env. avec entracte
De 5 € à 37 €

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L'âge d'or de la presse : panorama (4/4)

le petit parisienFin de la série L’âge d’or de la presse avec un petit panorama des tirages et des catégories de journaux à la fin du XIXème siècle.

La presse quotidienne nationale, qui se recoupe avec la presse quotidienne de Paris, est la presse traditionnellement la plus importante.

En 1870, elle compte 33 titres tirant à 470 000 exemplaires. Si on compte la « petite presse » (journaux satiriques et littéraires) on dénombre 600 000 exemplaires.
Vingt après, on est passé à 70 quotidiens pour un tirage total de cinq millions d’exemplaires !
Mais après 1914, les tirages déclineront.

Quant aux quotidiens de province, leurs tirages ont été multipliés par 10 entre le début de la IIIème République et 1914, pour atteindre 4 millions d’exemplaires à cette date !

Par ailleurs, différentes catégories de journaux peuvent être dressées en fonction de leur ligne politique.

La presse conservatrice : les journaux légitimistes et bonapartistes subissent le contre-coup du développement de la presse.
On ne voit pas apparaître de journal populaire conservateur. Ces journaux tiennent à un niveau littéraire très élevé, refusent de traiter les faits divers et de publier tout roman sentimental. Par ailleurs, sur un plan politique, l’église refuse dans un premier temps de s’investir dans la presse quotidienne. Enfin, les états-majors conservateurs ont un grand mépris pour le métier de journaliste …
L’Union, France nouvelle périclitent en même temps que le mouvement royaliste.
Survivent Le Gaulois et Le Constitutionnel.

Le Figaro, créé en 1826, est un journal satirique au départ. Il devient quotidien en 1866 et bénéficie alors d’un succès incontestable, pour la qualité de ses rubriques culturelles, ses reportages, sa façon de traiter les faits divers sur un plan sociologique, son humour féroce.

La presse républicaine : la volonté de gagner l’électorat populaire par ce moyen-là entraîne la floraison de journaux peu chers à forts tirages.

Le Temps a un parti pris de neutralité mais il est considéré à l’étranger comme la voix officielle du quai d’Orsay. Les commentaires politiques, très doctes, dus notamment à la participation de rédacteurs juristes lui valent un succès certain. Il va monter en puissance et devenir le journal de la petite bourgeoisie.

Enfin, quatre grands journaux populaires se partagent le lectorat : Le Matin, Le Petit Journal, Le Petit Parisien et Le Journal.

L’âge d’or de la presse
Cycle Histoire du livre, histoire des livres
Conférence de Philippe Mezzasalma,
Département Droit, Economie, Politique
Conférence du 26 avril 2007
Bibliothèque Nationale de France

Image : Le Petit Parisien, carte postale ancienne, série Journaux et lecteurs.

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L'âge d'or de la presse : la liberté de la presse (1/4)

liberté de la pressePour continuer l’histoire du livre initiée il y a plusieurs mois, on explore aujourd’hui un phénomène un peu à part avec l’âge d’or de la presse.

A part puisque, si le journal fait partie du champ éditorial, il s’en diffère toutefois par son caractère éphémère – il s’agit de diffuser l’information d’un événement – et une forme matérielle elle aussi forcément éphémère.
Son matériau de qualité médiocre fit d’ailleurs qu’il fut pendant longtemps inconcevable de chercher à le conserver.

On parle de l’âge d’or pour la période allant de 1880 à la première Guerre Mondiale, années durant lesquelles la presse connut des bouleversements sans précédent.

La révolution industrielle y est pour beaucoup avec l’arrivée des rotatives qui permettent la mécanisation de métiers qui étaient jusqu’alors artisanaux.

Mais c’est aussi au niveau des contenus que la révolution s’opère.

Son premier déclencheur est la levée d’un obstacle juridique de taille : le contrôle très serré qui s’exerçait sur la presse sous le Second Empire.

Le 29 juillet 1881 est votée la loi sur la liberté de la presse. Il s’agit de la première des grandes lois de la III° République sur les libertés publiques.

Sont ainsi supprimées toute une série de textes liberticides, les autorisations diverses, au premier chef desquelles l’autorisation de publication.
Les mesures administratives sont également simplifiées : seule la déclaration a posteriori du titre et de ses principales caractéristiques est désormais exigée.

Sont également instituées les libertés de l’affichage et celle de la vente sur la voie publique. Cette dernière nouveauté n’est pas sans importance car elle permettra une diffusion des journaux non plus seulement sur abonnement mais également par colportage et ensuite dans les kiosques.

C’est donc un carcan incroyable qui est levé grâce à cette loi. Il n’y a d’ailleurs qu’à consulter les journaux de l’époque, que ce soit La Croix, Le Figaro ou autres, pour être frappé par la violence des propos …

L’âge d’or de la presse
Cycle Histoire du livre, histoire des livres
Conférence de Philippe Mezzasalma,
Département Droit, Economie, Politique
Conférence du 26 avril 2007
Bibliothèque Nationale de France

Image : L’Aurore du 13 janvier 1896

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