Monumenta 2012 – Daniel Buren

Excentrique(s), travail in situ

Monumenta 5ème, c’est parti !
Après Anselm Kiefer en 2007, Richard Serra en 2008, Christian Boltanski en 2010 et Anish Kapoor en 2011, c’est au tour de Daniel Buren d’investir la nef du Grand Palais jusqu’au 21 juin 2012.
Il faut profiter de l’une de ces belles journées que nous avons enfin en ce moment à Paris pour aller découvrir Excentrique(s), tant la lumière et la couleur du ciel y jouent un rôle important.

Peu étonnant finalement de la part d’un artiste qui a fait du "travail in situ" sa spécialité, produisant essentiellement des installations éphémères absolument conçues pour un lieu précis, Daniel Buren semble, avec le recul, être celui qui jusqu’à présent s’est le mieux approprié le volume du Grand Palais.
Plus étonnant en revanche : il n’a pas joué sur la monumentalité de l’espace. Pas uniquement en tout cas. Cela ne veut pas dire que Excentrique(s) est plus ou moins séduisante que les installations de ses prédécesseurs, c’est plutôt qu’elle nous fait percevoir la nef sous un jour nouveau.

Point d’importance, il est le premier à avoir fait déplacer l’entrée. Au lieu d’accéder directement sous la grande coupole comme nous y invite l’entrée principale côté rue, Daniel Buren nous fait entrer par une petite porte placée en bout de bâtiment, côté nord : il y a une approche, une progression ; l’invite à la découverte et à la balade est manifeste.

Autre surprise, que renforce ce premier point : l’installation surbaisse extraordinairement le plafond ! Ce sont quelques 350 cercles de plastique coloré, bleu, jaune, orange, vert, reliés les uns aux autres, qui, placés à quelques mètres à peine du sol couvrent la totalité de l’espace excepté celui de la coupole centrale. Ces ronds de cinq diamètres différents sont simplement soutenus par des piliers légers blancs et noirs, formant une sorte de forêt de parasols qui laisseraient passer la lumière…
Lorsque l’on gagne le centre, le "ciel" se dégage entièrement (Daniel Buren évoque une "clairière") et l’on profite pleinement de la hauteur de la nef, dont la verrière, à cet endroit, se trouve partiellement colorée de bleu, en une sorte de damier.
Rendant l’aspiration vers le haut plus saisissante encore, (ici l’artiste parle de "montgolfière"), de grands miroirs ronds disposés sur le sol, sur lesquels l’on peut marcher librement, permettent aussi de percevoir cette fameuse hauteur de 45 mètres… sous ses pieds ! Vertige garanti.

Éminemment ludique, paradis des grands et des petits enfants, l’installation livre de merveilleux jeux de couleurs dès que le soleil déborde des nuages : les ronds projetent leurs teintes "pop" sur le sol de béton, sur les piliers noirs et blancs qui du coup se nuancent délicatement, et sur les visiteurs bien sûr…
L’ambiance est chaleureuse et ensoleillée sous le jaune et le orange, aquatique sous le bleu, un peu étrange sous le vert. Le tout alterne joyeusement ; la nef du Grand Palais a perdu son caractère monumental un peu intimidant, pour devenir un lieu où l’on se sent protégé, mais sans rien perdre de sa liberté, sans rien perdre non plus de l’immense volume d’air sous la voûte centrale ni de la fantastique ouverture céleste de la verrière. Un sacré challenge, et une grande réussite !

Excentrique(s), travail in situ
Daniel Buren
Monumenta 2012
Nef du Grand Palais, porte nord – Paris 8ème
TLJ sf le mar., de 10 h à 19 h le lun. et le mer. et jsq minuit du jeu. au dim.
Entrée 5 €
Jusqu’au 21 juin 2012

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