Le Musée Gustave-Moreau à Paris

Escalier du Musée Gustave Moreau

Quand les expositions de l’été se finissent, alors que celles annoncées pour l’automne n’ont pas encore commencé, une idée pour le touriste désemparé ou le Parisien revenu au bercail est d’aller tout simplement faire un tour du côté… des musées.
Par exemple, ceux auxquels on ne pense jamais, parce que peu d’événements y sont organisés et qu’ils sont cachés dans quelque hôtel particulier de rues essentiellement résidentielles.

Le Musée Gustave-Moreau dans le 9° arrondissement est typique de ce délaissement.
En vous y pointant à cette saison, un samedi en fin de matinée, vous avez la chance d’y croiser : une vieille dame venue d’Italie, un séminariste Camerounais, un jeune couple de Français plus ou moins amusé et, juste avant la fermeture, un duo de Japonaises en jupes courtes courant de bas en haut et de haut en bas. En comptant un gardien par étage plus une caissière, le rapport visiteurs/personnel est dans ce cas presque de un pour deux…

Le premier étage du bâtiment – aménagé par Gustave Moreau soi-même, qui a fait de sa maison un musée – abrite l’appartement de l’artiste. Depuis la fin du XIXème, le temps semble s’y être figé : meubles et objets décoratifs (céramiques de Palissy, chinoiseries, pièces venues du Japon) sont ceux du goût de l’époque. Ils cohabitent étroitement (trop !) avec les copies de Gustave Moreau : celles que l’artiste a fait des grands maîtres lors de son séjour italien entre 1857 et 1859 (tel un Saint George terrassant le Dragon copié de Carpaccio à Venise), ainsi que des copies d’œuvres originales du peintre symboliste.

Les deuxième et troisième étages s’ouvrent sur de grands espaces entièrement tapissés de peintures et de dessins de Moreau. Là, le plaisir commence vraiment, et l’on a envie de s’installer un moment face à ces grandes compositions où fourmillent mille détails. L’artiste formé à l’école académique – pour ensuite s’en détacher, déçu n’avoir pas été reçu au Prix de Rome – a en quelque sorte réinventé la peinture d’histoire, puisant son inspiration dans les sujets bibliques et mythologiques, notamment dans les Métamorphoses d’Ovide – pour parfois d’ailleurs les transformer au gré de son imagination.
Le rapprochement avec la peinture d’histoire s’arrête là, tant Gustave Moreau a imposé un style bien à lui, reconnaissable entre tous, alliant au ciselé du dessin le sfumato des atmosphères, à l’étrangeté des couleurs des détails décoratifs presque persans, à la violence des scènes des poses hiératiques et moyen-âgeuses.

Énigmatique, passionnante "à lire" (pour cela, ses propres écrits sont nécessaires !), la peinture de Gustave Moreau vaut avant tout pour ce qu’elle est : belle, raffinée et singulière, une peinture dont les sujets mythiques et l’esthétique puissante emportent loin, impriment leur marque et laissent songeur.

Musée National Gustave-Moreau
14, rue de La Rochefoucauld -75009 PARIS
info@musee-moreau.fr
M° Trinité ou Saint Georges, bus : 67, 68, 74, 32, 43, 49
TLJ de 10 h à 12 h 45 et de 14 h à 17 h 15 sf le mardi
Fermé les 1er janvier, 1er mai et 25 décembre
Entrée 5 euros (TR 3 euros)
Gratuit pour les moins de 18 ans et pour tous le premier dimanche de chaque mois
Tarif réduit pour les moins de 26 ans ressortissants de l’union européene

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