A table pour la nouvelle année !

a_table_gobelinsL’aménagement des appartements de l’Elysée pour le président Georges Pompidou en 1971 signé Pierre Paulin, celui du ministère des Finances flambant neuf à Bercy en 1989, œuvre d’Isabelle Hebey et d’Andrée Putman, ou encore l’ameublement de l’ambassade à Washington par Jean-Michel Wilmotte en 1985 : ce ne sont que trois exemples parmi les quelques six cents réalisations issues de l’Atelier de Recherche et de Création (ARC) du Mobilier national. Fondé en 1964 par André Malraux, alors ministre des Affaires culturelles, avec la mission de promouvoir la création contemporaine dans la commande d’Etat, l’ARC a fêté ses cinquante ans d’existence en 2014. Pour célébrer ce bel anniversaire, la Galerie des Gobelins réunit une cinquantaine de pièces de mobilier dessinées par les designers les plus prestigieux de ces dernières décennies.

Puisque tout ne peut être montré, le choix a été fait de se concentrer sur les tables. Logique, s’agissant de l’ameublement de pièces où on est censé travailler. Une exception toutefois à ce programme studieux : la méridienne imaginée par César en 1968, restaurée pour l’occasion et montrée dans le Salon carré de la Galerie. Reconnaissons toutefois qu’elle ressemble davantage à une sculpture qu’à une banquette appelant au repos…

Non contente de mettre en valeur ces superbes pièces de design destinées à garnir les palais de la République, la Galerie des Gobelins les inscrit également dans l’histoire (longue) du Mobilier national. En effet, c’est au pied de tapisseries et cartons de tapisseries des XVII° et XVIII° siècles qu’elle les a exposées. Choix audacieux qui créé un choc des époques aussi inattendu que réjouissant. On ne sait exactement pourquoi, mais le mix fonctionne à merveille. Peut-être en vertu du bon vieux principe de la complémentarité. Motifs, teintes, supports, matériaux… si, des tentures de laine, soie et fils d’or du Grand Siècle aux tables brillantes aux lignes épurées du XXI°, de l’eau a coulé sous les ponts, chaque œuvre est formidablement mise en lumière par son contraire qui la voisine. Mais ces créations ont aussi un point commun : celui d’être animées par le souci de perpétuer une certaine excellence dans l’ameublement et les arts décoratifs français.

Au rez-de-chaussée, on admire ainsi des tables de réunions plus majestueuses les unes que les autres, à commencer par celles de Christian Ghion (2010), toute noire et en fibre carbone et de Matali Crasset (2009) en sycomore et cuir. Un peu plus loin, dans un style fort différent et de trente ans leur cadette, la table cathédrale en verre et aluminium de Pierre Paulin n’a pas pris une ride. A l’étage, on découvre d’abord des bureaux, tel celui, arrondi, en ébène et métal chromé et doré d’Elisabeth Garouste (1998) ou encore une table transformable en acier, laiton, châtaigner et cuir de Claude et François-Xavier Lalanne (1983). Puis viennent les consoles et les tables basses (toujours au milieu des vénérables tapisseries Louis XIV), signées Elisabeth Garouste, Andrée Putman… Les couleurs, les lignes et les matières, habilement éclairées, claquent comme par enchantement : l’ensemble a un air de réveillez-moi-tout-ça parfait pour démarrer l’année avec audace et enthousiasme. Allez, à table, très belle et heureuse année 2015 !

A tables avec le Mobilier national !
42 avenue des Gobelins, Paris 75013
Tous les jours de 11h à 18h

Tarifs : entrée 6 €, tarif réduit 4 €
Jusqu’au 18 janvier 2015
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