The Grand Budapest Hotel. Wes Anderson

wes_anderson_grand_budapest_hotelDu déjanté Wes Anderson, on avait beaucoup aimé A bord du Darjeeling Limited, sorti il y a cinq ans. The Grand Budapest Hotel se classe dans une catégorie nettement supérieure : c’est un vrai cinq étoiles.

L’action a pour point névralgique un endroit jadis flamboyant et tourbillonnant de passions et de fastes, mais bien éteint à l’heure où l’histoire est racontée, à la fin des années 1960 : un palace de l’Entre-Deux-Guerres, quelque part sur des sommets chics et enneigés d’Europe Centrale.

Y régnait alors Gustave H, plus qu’un concierge ou un maître d’hôtel, mais le patron de fait, obséquieux et autoritaire à la fois avec la clientèle aristocratique, riche et décrépie de l’établissement. Il était secondé par Zéro Moustafa, garçon à tout faire sans lettres ni papiers, mais vif et intelligent comme pas deux. Entre eux, un lien filial s’était tissé et c’est Moustafa, devenu vieux, qui raconte les péripéties qu’ils ont alors traversées, à la recherche d’un tableau de la Renaissance d’une valeur rare, coursés par des héritiers potentiels aussi avides que cruels.

Cela bondit et rebondit, on passe par les cases château et prison, luge et train, toits et souterrains, on se sauve grâce à l’amitié, la fidélité, la solidarité. C’est beau comme la pureté des cœurs, attachant comme la faiblesse humaine, nostalgique comme tout ce qui honore les splendeurs passées.

Des heures sombres comme la mort ont englouti un monde fait de bonne éducation, de distinction et de parfums poudrés, mais aussi de bonté et d’amour. Pour autant triste The Grand Budapest Hotel ? Bien au contraire, enlevé et drôle au possible ! Wes Anderson, aussi élégant que les décors et les costumes de son film, a la mélancolie discrète, ne la laissant deviner que derrière une profusion de couleurs et beaucoup de douceur.

The Grand Budapest Hotel

De Wes Anderson

Avec Tom Wilkinson, Ralph Fiennes, Harvey Keitel, Edward Norton

Sorti en salles le 26 février 2014

Durée 1 h 40

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A bord du Darjeeling Limited. Wes Anderson

A bord du Darjeeling Limited, Wes AndersonLe Darjeeling Limited est le vieux train bleu turquoise qui emmène trois frangins pour un périple initiatique à travers l’Inde.

L’idée vient de Francis, l’aîné, joué par Owen Wilson, belle gueule cabossée après un accident de voiture : il veut ressouder les liens de la fratrie, un peu distendus depuis le décès de leur père et surtout retrouver la mère devenue nonne dans un orphelinat himalayen.

Les cadets n’ont qu’à suivre : Jack (Jason Schwartzman, également co-scénariste avec un autre bon copain, Roman Coppola), cabossé lui aussi, mais de l’intérieur, après sa rupture avec sa fiancée magnifique et un rien vénéneuse (Natalie Portman, donc tout à fait magnifique) et Peter (Adrien Brody, le beau Pianiste de Roman Polanski, grand brun efflanqué aux yeux verts en amande) qui ne se dépêtre pas du deuil du papa (signe extérieur : les lunettes à la vue dudit paternel toujours sur le front).
Ces trois là, plus leurs névroses, plus le passé familial, plus leurs encombrants bagages orange, plus leurs pilules plus leurs cigarettes, et même un serpent : cela fait beaucoup dans un seul compartiment…

Tant mieux, car c’est chouette comme tout ; loufoque et potache juste ce qu’il faut. Le comique pince-sans-rire de nos apprentis-spirituels est irrésistible et les douleurs qu’il révèle autant qu’il les cache très attachantes.
Tout le monde ne montera pas à bord du Darjeeling Limited, certains se méfieront du côté "luxe" du road-movie. Les autres se laisseront embarquer avec ravissement face à tant de sympathie et de bonne volonté envers et contre tout, et se laisseront peut-être émouvoir par cette histoire de trois grands gamins qui au bout de l’Inde finissent par devenir grands.

A bord du Darjeeling Limited. Wes Anderson
Avec Owen Wilson, Adrien Brody, Jason Schwartzman, Natalie Portman…
Durée 1 h 47

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