Dans Elles, succession de courts récits sur les femmes que J.-B. Pontalis a connues, aimées, dont il a lu ou entendu l’histoire, le célèbre psychanalyste parle-t-il véritablement des femmes ?
Rien n’est moins sûr.
Cette galerie de Elles qu’il passe en revue semble plutôt être celle des amours, dont la banalité, le « classique » laisse à penser qu’il n’existe pas d’histoire d’amour singulière mais simplement quelques grands types, destinés à se répéter inlassablement, tous essentiellement malheureux.
Car malgré Noces, conclusion du livre qui se voudrait optimiste, il ne semble pas exister pour J.-B. Pontalis d’amour heureux.
D’ailleurs, l’amour existe-t-il en dehors de la passion, que le psychanalyste prend pourtant grand soin d’opposer à l’amour car « elle exige la possession de l’autre tout en la sachant impossible et ignore qu’en retour elle fait de vous un possédé » ?
C’est dans les pas de Charles Swann que Pontalis pose ici les siens, avouant qu’il a lui aussi connu son Odette.
De références littéraires, le recueil est largement émaillé, des poèmes de Ronsard qui ont éveillé son adolescence aux maîtresses d’Ulysses dont sa préférée fut Naussicaa – qui malgré son apparence de vagabond l’accueillit d’une voix douce et le trouva beau -, en passant par une lecture psychanalytique d’une scène de Lady Chatterley de D. H. Lawrence.
Malgré tout, sur Elles, les femmes, J.-B. Pontalis n’a pas levé le mystère, cristallisé dans la question originelle de l’homme « à quoi rêvent nos mères ? ».
Quant à l’amour, il en souligne joliment l’énigme, rappelant qu’il est attirance pour l’Autre, qui est bien autre, avec toute la différence qu’il porte, et qui porte l’amoureux hors de soi.
Elles. J.-B. Pontalis
Gallimard (2007)
197 p., 15,50 €.
J’ai beaucoup aimé ce recueil. Il est sincère, délicat, profond et d’une touchante sincérité.