Design contre design, deux siècles de création

design contre design au Grand PalaisDès l’entrée, on sent qu’on va avoir le champ libre.
Foin de chronologie ; table rase sur l’histoire des styles.
Les textes à la graphie poétique se limitent à quelques synthèses libres et inspirées (et facultatives).
La scénographie se remarque à peine tant elle est réussie.
Avec cette exposition de meubles et objets décoratifs du début du XIXème siècle (et parfois même bien plus anciens) à aujourd’hui, montrés avec simplicité, les Galeries du Grand Palais semblent s’affranchir de leur cadre habituel.

Cela n’a l’air de rien, mais cette exposition est la légèreté même.
La simplicité n’est qu’apparente. Les oeuvres, le plus souvent remarquables de beauté et de créativité, sont soigneusement choisies et exposées. Les rapprochements tombent sous l’évidence.
L’heureux emmêlement des époques donne à l’exposition une consistance exceptionnelle.

On débouche donc sans préambule dans une vaste galerie consacrée aux formes.
A gauche, tout n’est que cercles, sinuosités et volutes : des merveilles qui vont de la chaise au dossier en coeur (noyer), en provenance du Vienne des années 1820, à Bubbles, chaise longue en carton ondulé de Frank Owen Ghehry (1987). A droite, c’est tout carré, parfois même Art nouveau, mais ça finit de guingois…

Au rez-de-chaussé, le public s’échauffe. Avec les motifs tirés de la faune et de la flore, on est ici dans le figuratif, voire dans l’affectif.
Hanap à l’escargot, coquille de nacre, tête en argent doré et pied sculpté semble tout droit sorti d’un cabinet de curiosités du XVIIème siècle. Mais de belles chichiteries Art nouveau ne sont pas en reste, telle cette lampe qui tombe de la gueule un peu effrayante d’un animal au corps reptilien fin et courbé.
Le plus excitant est au fond, lorsqu’on touche au corps humain : sofas en forme de bouche, de main, de pied, de courbes féminines… sans échapper à The Womb House (Atelier Van Lieshout, 2004), alcôve rouge équipée de kitchnette, douche, WC, en forme… d’utérus !
Auparavant, on aura eu l’occasion de relever une fois de plus que l’audace ne date pas du XXème siècle, avec ce bol en forme de sein de Marie-Antoinette (1788)…

En fin de parcours, on est invité, après avoir ôté ses chaussures, à pénétrer dans l’installation Phantasy landscape (1970).
Faites ce qu’on vous dit et entrez : choisissez votre position, par exemple, buste incliné et jambes surélevées. Au dessus de vôtre tête, bleu, violet, rose, rouge, orange et jaune s’harmonisent en un large arc-en-ciel lumineux.
La chaleur, la mousse, les formes arrondies, la musique sucrée dans la demi-obscurité détendront et feront taire aussi vos voisins (cinq au maximum). Fatigué mais léger, vous laissez couler le temps un moment… avant de ressortir en flottant.

Design contre design, deux siècles de création
Galeries nationales du Grand Palais
Jusqu’au 7 janvier 2008
Tlj sauf le mardi de 10 h à 20 h, jusqu’à 22 h mercredi et vendredi
M° Franklin-Roosvelt et Champs-Elysées-Clémenceau
Entrée 10 € (TR : 8 €)
Catalogue : 374 p., 59 €

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2 réflexions au sujet de « Design contre design, deux siècles de création »

  1. Oui. C’est une exposition intéressante qu’il faut poursuivre au département des antiquités égyptiennes ou étrusques du Louvre pour voir que l’histoire va au delà du bol-sein de Marie-Antoinette…

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