Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu. Woody Allen

Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu, Woody Allen

"Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu", telle est l’une des nombreuses prédictions que Cristal fait à Helena, octogénaire désespérée d’avoir été abandonnée par son mari. C’est que le vieil homme, refusant les outrages du temps, a décidé de vire comme un trentenaire célibataire, prêt à accueillir, dans sa garçonnière flambant neuve, de jeunes beautés. Pendant ce temps, Helena s’accroche aux positifs oracles de Cristal, à son verre de scotch et à sa fille Sally. Celle-ci n’est pas des plus satisfaite non plus : son mari traînasse à la maison dans l’attente d’une hypothétique publication de son dernier roman et, alors que Sally voudrait fonder une famille, le ménage dépend encore financièrement d’Helena. Ce n’est que le début ; l’un après l’autre, chacun de ces quatre personnages va mettre les pieds dans une romance et les choses vont délicieusement se compliquer.

Avec son inénarrable sens du récit, Woody Allen fait avancer ces différentes histoires, qui toutes ensemble se tressent les unes aux autres, puisque au départ les quatre protagonistes sont bel et bien liés. A l’origine du méli-mélo dans lequel ils se jettent, il y a de la peur, de la tristesse et de l’ennui, mais que viennent chasser de fabuleuses lueurs d’espoir si ce n’est d’illusions.
Evidemment, à l’arrivée, il y aura des déceptions, voire des désillusions mais, curieusement, c’est Helena qui semble s’en sortir le mieux. Alors que, perdue, elle n’a rien voulu d’elle-même, remettant ses décisions aux bonnes divinations d’un médium de pacotille, elle trouve finalement la grâce sur son chemin… Un joli tour de plus joué par le cinéaste new-yorkais qui se moque avec tendresse des affres de la vieillesse, maltraite les hommes, aime toujours autant les femmes et, pour son quatrième film britannique n’a rien perdu de sa verve et de son désopilant sens de l’humour.

Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu (You Will Meet a Tall Dark Stranger)
Woody Allen
Avec Naomi Watts, Antonio Banderas, Josh Brolin
Durée 1 h 38

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Une réflexion au sujet de « Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu. Woody Allen »

  1. Dernier opus de Woody Allen, toujours aussi prolixe (1 film par an en moyenne). Très bon film de Woody mais pas au même niveau que « Match Point » ou « Whatever works » à mon sens.

    Pour ce film, Woody revient à Londres, une ville qu’il affectionne particulièrement de même que New York et Paris. Les décors, comme toujours sont soignés, notamment les intérieurs anglais, de même que les détails aux significations symboliques ou psychologiques. Les personnages sont épatants et bien souvent excessifs dans leurs traits ou leurs habillements. Ainsi, on y trouve un vieux refusant le temps qui passe, attiré par les jeunes filles plantureuses, mais qui veut surtout reculer l’inéluctable, l’appel de la vieillesse. Alfie est touchant (Anthony Hopkins) lorsqu’il s’adonne à la muscu ou à ses séries de pompes puis quelques minutes après lorsqu’on le retrouve épuisé dans son canapé, avachi. De même, Helena, sa femme, habillée à la mode victorienne, avec ses dentelles, son chapeau et ses gants. Un détail dans le décor : à chaque fois que le couple agé se déplace, il est toujours dans un vieux taxi type voiture de collection, ce qui dénote avec les véhicules alentour.

    Pourtant ce film est un film noir, dans la mesure où les histoires d’amour ne sont jamais aussi simples qu’il n’y paraît et que rien n’est définitivement acquis. Les personnages sont égoïstes, insatisfaits, parfois même ridicules voire attachants dans leur détresse. Tous semblent tourner en rond, à la recherche du sens de la vie. Ainsi, Naomi Watts s’entiche de son patron (Antonio Banderas, rôle mineur dans le film) tandis que son époux, incapable de renouveler le succès de son premier roman, en quête d’inspirations, flashe sur la voisine d’en face.
    J’ai beaucoup apprécié aussi la voix off de Woody, qui rompt le rythme du film, nous pousse à la réflexion et nous rappelle ses films plus anciens.

    Selon moi, ce film oscille entre rêve et réalité, le rêve d’une vie sans histoires, où l’amour est roi, véritable chimère et celui de la réalité, dure, qui nous rattrape sans cesse. Une scène parmi d’autres : Josh Brolin, après avoir quitté sa femme pour celle qu’il observe se dévêtir par la fenêtre, se retrouve chez sa nouvelle conquête. en train de mater son ex se déshabiller dans l’appartement qu’il vient de quitter. Ce qui est étrange, c’est que les seuls à s’en sortir sont finalement ceux qui évoluent encore dans le monde de l’ilusion à savoir 2 petits vieux quelque peu cinglés dont l’un parle à son ex-femme morte et l’autre ne jure que par sa voyante et se dit la réincarnation de Jeanne d’Arc. Bercé par l’illusion, ils semblent épargnés par le bruit et la fureur du monde, le chaos et la déraison.

    Et Woody de terminer, comme il a commencé, évoquant Shakespeare :
    "Nos personnages tournent en rond à la recherche du sens de la vie. Ils rencontrent le succès, l’amour, se heurtent les uns aux autres, se font des bleus, commettent des erreurs, le tout dans un perpétuel chaos. D’ici une centaine d’années, ils auront disparu de la surface le Terre, comme nous tous, et d’autres êtres les auront remplacés", explique-t-il, en poursuivant : "Et tout ce qui paraissait si important, toutes ces ambitions, ces aspirations, ces plagiats, ces adultères aura sombré dans l’insignifiance. Et bien plus tard, le soleil s’éteindra dans le ciel, notre astre mourra, et bien plus tard encore, tout l’univers disparaitra dans le néant. Et même si nous trouvions le secret de l’éternité, celle-ci serait encore finie car rien n’est infini. Ce n’est que bruit et fureur, qui ne signifie rien"

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