Rêve d'automne. Jon Fosse

Rêve d'automne de Jon Fosse, par Patriche Chéreau

Drôle de pièce que ce Rêve d’automne du Norvégien Jon Fosse, mise en scène par Patrice Chéreau, d’abord donnée en novembre au Musée du Louvre, puis actuellement au Théâtre de la Ville.
Le dispositif scénique y reprend le décor du Louvre : grandes et hautes salles aux murs rouges hantées de sombres tableaux.
L’unité de lieu de la pièce est un cimetière ; sa transposition dans le vieux musée, propice à la déambulation, aux voyages dans le passé et à la célébration des morts que sont les peintres est plutôt une bonne idée, respectueuse du propos du texte.

Malgré tout, le spectacle laisse une impression mitigée ; un balancement que le temps laisse finalement en suspens. Ce rêve fascine et ennuie à la fois. Le texte est peut-être ainsi, répétitif au point de lasser, alors qu’il exprime en même temps des sentiments très forts. Une sorte de petite musique lancinante, qui vient battre la mesure ancienne, inlassable, de la mort qui rôde, des disparus menacés d’oubli, des désirs inassouvis, inavoués, indicibles, des relations familiales entêtantes, de la fausse liberté et, surplombant le tout, de la culpabilité.

Pour servir ce texte, Chéreau a choisi Pascal Greggory et Valeria Bruni-Tedeschi dans les rôles centraux de l’Homme et de la Femme, Bernard Verley et Bulle Ogier dans celui des parents, l’émouvante Marie Bunel jouant le rôle secondaire de la première épouse. Peut-être ces choix n’étaient-ils pas tous les meilleurs. Valeria Bruni-Tedeschi est parfaite (une fois définitivement acceptée sa voix de crécelle) et Bulle Ogier va très bien, avec tout l’allant qu’on lui connaît. En revanche, Pascal Greggory n’enchante guère et semble manquer de fraîcheur pour jouer ce rôle d’un homme de quarante ans.

Si l’ensemble reste du bel ouvrage, précis et bien huilé, Patrice Chéreau aurait peut-être dû préférer, à la direction d’acteurs tout en mouvements et en cris, un rythme plus posé et des voix plus profondes.
Peut-être aurait-on aimé retrouver l’intimité éprouvée à la lecture de la pièce, en particulier dans les scènes ou l’Homme et la Femme se retrouvent sur ce banc à la nuit tombée. Peut-être regrette-t-on, dans le fond, de n’avoir pu vibrer davantage.

Rêve d’automne
De Jon Fosse, mise en scène de Patrice Chéreau
Traduit du norvégien par Terje Sinding (pièce publiée chez L’Arche Éditeur)
Avec Valeria Bruni-Tedeschi, Pascal Greggory, Bulle Ogier, Bernard Verley, Marie Bunel, Michelle Marquais, Alexandre Styker
Décor : Richard Peduzzi, costumes : Caroline de Vivaise
Lumière : Dominique Bruguière, conception sonore : Éric Neveux
Théâtre de la Ville 2, place du Châtelet – Paris 4°
Jusqu’au 25 janvier 2010, puis en tournée
Du mardi au vendredi à 20 h 30, le dimanche à 15 h
Places de 24 € à 33 €

Création Théâtre de la Ville, avec le Festival d’Automne à Paris

Photo © Pascal Victor/Artcomart

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