René l'énervé au Théâtre du Rond-Point

René l'énervé, opéra bouffe de Jean-Michel RibesOpéra-bouffe, définition : opéra dont les personnages et le sujet sont empruntés à la comédie.
Illustration : René l’énervé ou comment Jean-Michel Ribes pris de malaise depuis plusieurs années "face à la gouvernance de notre pays et de la politique en général" écrit un spectacle enjoué pour dénoncer, rire et faire rire de l’univers politique actuel, bref produire, ainsi qu’il le déclare "une réponse drolatique à ce que j’ai souvent vécu comme une agression de la part de nos gouvernants".

Le spectacle ne fait en rien mentir l’intention du directeur du Théâtre du Rond-Point.

Vingt-et-un interprètes, comédiens-chanteurs plutôt brillants, y assument chacun trois rôles en moyenne, parfois plus, accompagnés par l’orchestre de Reinhardt Wagner, le tout mené avec entrain et bonne humeur.

René est l’épicier agité qu’un jour la majorité désigne homme providentiel pour gagner l’élection présidentielle et emporter tout et tous sur son passage.
Hurtzfuller est son conseiller de tous les instants, un peu excité par l’étranger et prompt à pousser toujours plus haut le ministère des hautes frontières. Ginette et Gaufrette sont les deux opposantes (et souvent opposées) du parti des Progressistes ; Caramella est l’épouse de René qui finit par craquer et se casser ; Bella Donna est la suivante, présentée par l’obséquieux, rusé et inoxydable Jessantout. Nous avons aussi trois nouveaux philosophes, plus préoccupés de télégénie que de pensée, des membres du parti aux noirs brassards Les Cons de la Nation, sans compter quelques écolos vite acquis, un humoriste du genre épais et un Ministre de la tête droite et du menton en l’air…

René l'énervé au Théâtre du Rond-PointIls y sont tous et toute ressemblance avec des personnages connus est parfaitement réussie. Le spectacle passe en revue tous les grands moments de l’actualité "politique" de ces cinq dernières années et n’épargne personne, à droite comme à gauche.

Certes, les ficelles sont parfois grosses et la tonalité assez potache, mais il n’empêche que c’est très bien vu. Les clins d’œil et les jeux de mots s’enchaînent, le rythme général est soutenu ; les idées de mise en scène, les décors et les costumes sont efficaces ; la musique est variée et très plaisante.
C’est donc un très bon moment de divertissement, mais qui n’exclut pas un léger malaise quand le rideau tombe et qu’une question nous assaillit : mais dans quel état de "misère" sommes-nous rendus pour avoir à ce point besoin d’un tel spectacle, pour rire de "ça" ?

René l’énervé
Écrit et mis en scène par Jean-Michel Ribes
Sur une musique de Reinhardt Wagner
Avec Sophie Angebault, Caroline Arrouas, Camille Blouet, Sinan Bertrand, Gilles Bugeaud, Claudine Charreyre, Benjamin Colin, Till Fechner, Emmanuelle Goizé, Sophie Haudebourg, Sébastien Lemoine, Jeanne-Marie Lévy, Thomas Morris, Antoine Philippot, Rachel Pignot, Alejandra Radano, Guillaume Severac-Schmitz, Fabrice Schillaci, Gilles Vajou, Jacques Verzier, Benjamin Wangermée
Théâtre du Rond-Point
Salle Renaud-Barrault – 2 bis, av. Franklin D. Roosevelt Paris 8°
A 21 h, le dim. à 15 h, durée 2 h 30 entracte compris
Places de 16 € à 34 €
Jusqu’au 29 octobre 2011

Photos © Giovanni Cittadini Cesi

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