Beauté animale au Grand Palais

Exposition beauté animale

Voici une exposition plaisante, conseillée à tous les publics, en particulier familiaux et/ou fatigués.
Une bonne centaine d’œuvres se succèdent, peintures, dessins, gravures et sculptures, agréablement agencées dans une scénographie colorée et aérée, et ne choquant jamais.
De la Renaissance au XXIème siècle, différentes époques se côtoient dans un espace-temps somme toute limité – quid avant le XVIème siècle, et plus encore avant l’Histoire ? – et un espace-lieu qui l’est tout autant – aucune représentation animale venue d’une culture autre qu’occidentale.

L’étude de l’animal sur le plan scientifique, l’approche symbolique, la découverte des bêtes exotiques ainsi que la menace que l’homme fait peser sur l’animal sont tour à tour abordées. Mais l’on regrette qu’aucune de ces thématiques ne soit véritablement creusée, les éclairages se limitant au mieux à quelques rappels historiques, sinon à des commentaires d’une décevante platitude.

Restent les œuvres, bien sûr ! Venues du Louvre, d’Orsay, de nombreux musées de province, mais aussi du Prado ou même du MoMA, elles réserves quelques belles découvertes, comme le tableau d’ouverture où un âne domine génialement un renard, inspiré d’une fable d’Esope et peint par l’Italien Michelangelo Cerquozzi.
La section "chats" est particulièrement réussie, avec le Rendez-vous d’un chat blanc et d’un chat noir sur une lithographie de Manet ou, plus frappant encore, le Combat de chats de Goya, un tableau tout en longueur car destiné à un dessus-de-porte au Palais de l’Escurial. A côté, tout en hauteur, un beau chat blanc de Bonnard et, d’un autre, un chat tout étiré de Giacometti…

Côté bêtes qui font peur, une superbe chauve-souris sculptée par César domine le palier de l’escalier monumental, quand Van Gogh nous surprend avec une autre sur une toile. Une gentille araignée de Louise Bourgeois s’étale sur papier là où l’on aurait tellement aimé une sculpture ! Rien d’effrayant, donc, qu’on se rassure : peu de reptiles, si ce n’est sous la patte d’un magnifique lion de bronze, et l’on reste bien loin de la glaçante meute de loups noirs visible il y a peu au Lieu Unique à Nantes dans le cadre de l’exposition La belle peinture est derrière nous.

Pour témoigner des espèces éteintes, le fameux Dodo de l’ïle Maurice disparu dès le XVIIème siècle est là, sous le pinceau de Savery, alors que la fameuse sculpture blanche de Pompon nous rappelle la menace qui pèse sur l’ours polaire. Pas une image en revanche de l’ours brun des Pyrénées, dont l’homme a pourtant soigneusement fait la peau.

La découverte des animaux du Nouveau Monde, de l’Afrique et de l’Asie est rappelée à travers entre autres une chouette sculpture d’un dindon ou des représentations de la girafe offerte à Charles X. Rembrandt fait montre de son talent pour illustrer la vieillesse en gravant la peau ridée d’une pourtant jeune éléphante, mais s’emmêle les crayons face au rhinocéros, lui ajoutant une corne sur le haut du dos… sans doute n’en avait-il en réalité jamais vu ! Les beaux félins ne sont naturellement pas en reste, notamment sous la patte de Bugatti en sculpture ou la palette de Géricault.

Tout cela ne manque certes pas de charme mais, encore une fois aurait mérité davantage de profondeur, de souffle, voire… d’humour. Si Jean-Baptiste Oudry est bien présent, l’on aurait pu s’attendre à quelques unes de ses belles illustrations des Fables de la Fontaine… seraient-elles elles aussi trop inconvenantes pour le Grand Palais ?

Beauté animale, galeries du Grand Palais

Beauté Animale
Galeries nationales du Grand Palais
Place Clemenceau 75008 Paris
Tous les jours, sauf le mardi, de 10h à 20h
Nocturne le mercredi jusqu’à 22h
Entrée 12 €
Jusqu’au 16 juillet 2012

Images :
Théodore Gericault: Tête de lionne. Vers 1819
Francisco de Goya y Lucientes, Combat de chats (1786-1787), Museo Nacional del Prado, Madrid

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