Hubert Robert. Musée du Louvre

Elisabeth Louise Vigée-Lebrun, Hubert Robert, 1788. Huile sur panneau de chêne. Musée du Louvre © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) Jean-Gilles Berizzi
Elisabeth Louise Vigée-Lebrun, Hubert Robert, 1788. Huile sur panneau de chêne. Musée du Louvre © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) Jean-Gilles Berizzi

Plus qu’à la simple visite d’une exposition, c’est à une profonde immersion dans l’œuvre d’Hubert Robert (1733-1808) que le musée du Louvre nous invite avec cette large rétrospective, qui réunit quelques 140 œuvres de cet artiste complet du siècle des Lumières, peintre, dessinateur, décorateur, architecte, paysagiste.

Il y avait pour le Louvre du temps à rattraper et un hommage à rendre à l’égard de cet ancien directeur du Musée, qui n’avait pas été exposé depuis 1933. Grande figure de son temps, on le décrit comme un homme enjoué, sociable, amateur des plaisirs de la vie. Le parcours s’ouvre d’ailleurs sur un témoignage d’amitié, celui de Louise Elisabeth Vigée Le Brun, qui a fait du peintre un majestueux portrait.

C’est à Rome que tout démarre véritablement. Arrivé en 1754, très vite pensionnaire de l’Académie de France à Rome, avec Fragonard pour compagnon, il étude Piranèse, écume les monuments et dessine la ville éternelle pendant une bonne dizaine d’années, emmagasinant un formidable répertoire de motifs dans lequel il puisera durant toute sa carrière.
Robert Hubert, Projet pour la Transformation de la Grande Galerie. 1796. Huile sur toile. H. 113; l. 143 cm. Musée du Louvre © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Jean-Gilles Berizzi
Robert Hubert, Projet pour la Transformation de la Grande Galerie. 1796. Huile sur toile. H. 113; l. 143 cm. Musée du Louvre © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Jean-Gilles Berizzi

Puis c’est Paris, avec son atelier installé dans le Louvre, sa réception à l’Académie royale de peinture dès 1766 grâce à son Port de Ripetta, patchwork associant différents monuments de Rome. La France se pique alors d’Antiquités, Robert est pile dans l’air du temps.

Mais Hubert Robert ne s’est pas contenté de peindre les ruines Antiques. Bien plus, celles-ci ont été une sorte de tremplin pour son imaginaire, sa fantaisie et sa sensibilité. D’un pinceau alerte, il compose, avec un sens du cadrage souvent spectaculaire, presque photographique, des scènes narratives, parfois non dénuées d’humour, et des vues qui paraissent créées de toutes pièces, exceptés les éléments architecturaux qui en sont le point de départ – ou le prétexte ?
Des jeunes filles dansent autour d’un obélisque brisé ; des personnages étendent un linge dans une baie de la basilique Saint-Pierre de Rome ; des visiteurs découvrent des antiquités dans une cavité à la lumière d’une torche ; les cascades de Tivoli ressemblent aux chutes du Niagara.
Hubert Robert, Personnages dans une baie à Saint-Pierre de Rome. 1763. Huile sur bois. H. 48,5; l. 37 cm. Valence, musée de Valence © Musée de Valence, photo Éric Caillet
Hubert Robert, Personnages dans une baie à Saint-Pierre de Rome. 1763. Huile sur bois. H. 48,5; l. 37 cm. Valence, musée de Valence © Musée de Valence, photo Éric Caillet

Sa passion des ruines semble aller au-delà de cette mode de la fin du XVIII°, pour annoncer, dans cet attrait pour ce qui est menacé d’engloutissement, le Romantisme du siècle suivant. Il y a certes ces petites personnages qui ont l’air de s’amuser autour des ruines, ce linge étendu partout, ces petits chiens, autant de clins d’œil à la vie quotidienne comme elle va. Mais le grandiose et le sublime s’effondrent. Rome est incendiée dans un impressionnant brasier. Paris la médiévale est démolie. A Versailles, ce sont les arbres que l’on abat. La Révolution française arrive (par miracle, Hubert Robert lui survit). La Bastille brûle. Les tombeaux des rois sont saccagés.

Témoin d’un passé disparu (la Rome Antique), ce peintre de l’Ancien Régime se fait à la fin du siècle chroniqueur d’un présent qui engloutit une époque. Il y a là comme une mélancolie, une gravité, une méditation, que l’une des adorables sanguines exposées, Jeune homme lisant, appuyé sur un chapiteau corinthien semble résumer, avec, pour le coup, la plus grande simplicité.

Hubert Robert, un peintre visionnaire
TLJ sf le mar., de 9h à 18h, mer. et ven. jusqu’à 21h45
Jusqu’au 30 mai 2016
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