Camille Claudel : délai supplémentaire

Château de Lavardens, exposition Camille ClaudelA la suite de questions posées par certains lecteurs, la nouvelle est confirmée : l’exposition Camille Claudel au Château de Lavardens dans le Gers est prolongée jusqu’au 5 octobre 2008.

Vous y redécouvrirez la vie poignante de l’artiste et y admirerez des dizaines d’oeuvres issues de la collection de Reine-Marie Paris, petite-nièce de l’artiste, parmi les plus célèbres et les plus émouvantes de Camille Claudel.
Bonne visite et bonne balade !

Camille Claudel
Jusqu’au 5 octobre 2008
TLJ de 10 h à 18 h
Château de Lavardens
32360 Lavardens
Tel : 05 62 58 10 62

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Rubato ma gissando. Annette Messager/Gérard Pesson

Annette MessagerChapelle des Recollets, Maison de l’Artchitecture, près de la gare de l’Est à Paris.
Du vaisseau renversé, au plafond, pendent des instruments de musique, grosse caisse, cors, guitare. Ils côtoient des sculptures d’Annette Messager, membres en mousse entrelacés dans leur moustiquaire, poupées de laine en grappe, sacs de plastique assemblées en corole.
Lumière rouge, pénombre.
Au sol, des musiciens harnachés à des fils jusqu’à la voûte, saxophone, tuba, violoncelle. Bancs de bois, murs décrépis.

Surgissent de petits chants d’oiseaux, des froissements de feuille, des bruits d’eau. Ou tout autre chose. Cela monte comme un flot. Une nature en éveil. Cela monte et s’accélère avant de se calmer. Violon, cornemuse, grande feuille plastifiée. Cela vrombit, au loin, puis vient une ondée du matin, légère comme un carillon clair. Les mobiles (instruments, sculpture, et même un jeune homme replié) montent et descendent, tandis que bat un coeur, qu’un homme souffle et s’essouffle ; que semble se jouer la vie.
Plus tard, de la matière va couleur et des oiseaux hululer dans une verte nuit.
C’est organique et poétique, grave et léger, savant et enfantin. Il y a des lettres prononcées et de longs nez menteurs. C’est un petit concentré de vie, extraordinaire et quotidien, que nous offre durant quelques (trop courtes) vingt minutes ce tableau vivant et musical brossé par deux immenses talents.

Rubato ma gissando. Annette Messager/Gérard Pesson
Dans le cadre du Festival d’Automne à Paris
Maison de l’Architecture
148, rue du Faubourg Saint-Martin – 75010 Paris
Métro : Gare de l’Est
Jusqu’au 28 septembre 2008
A 20h, 20h45, 21h30, 22h15
Tarif unique : 10 €
Durée : 20’

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Alexandre et Louis XIV, Tissages de gloire

Alexandre le Grand à la Galerie des GobelinsOn peut reprocher à jacques Garcia la folie des grandeurs de ses décors, leur côté ostentatoire, voire "nouveau riche". Une impression que donnent parfois les lieux à la mode qu’il a griffés depuis une dizaine d’années.
Mais qui de mieux que lui pouvait assurer la scénographie d’une exposition consacrée à la splendeur décorative de l’époque de Louis XIV ?

Retour aux sources, donc, à la Galerie des Gobelins, qui fut fondée officiellement au début du règne de Louis XIV et dont Colbert confia très vite la direction à Charles Le Brun, devenu par la suite Premier peintre du Roi. Y sont présentés jusqu’au 1er mars 2009 des tapisseries, soies peintes, dessins, gravures mais aussi du mobilier créés à la gloire du règne commençant.

Le rez-de-chaussée est consacré à la chronique des conquêtes de Louis XIV. Celle des Provinces-Unies (la suprématie commerciale des Pays-Bas étant alors insupportable, le Roi décida d’y mettre fin) est présentée sur trois grandes toiles de soie peinte, procédé extrêmement original et demeuré inédit dans les collections de la Galerie Nationale. Deux tapisseries évoquent ensuite la guerre de dévolution en exaltant la bravoure royale, pour ne pas dire en faisant oeuvre de propagande ; Van der Meulen, sous la direction de Le Brun y montre un Roi prenant part personnellement aux combats, descendant même dans la tranchée sous les cris de ses généraux qui l’implorent de ne pas mettre ainsi ses jours en péril…

Mais le coeur battant du parcours est à l’étage, où est exposé pour la première fois l’ensemble de tapisseries célébrant les conquêtes d’Alexandre le Grand, entièrement réalisé à partir de cartons de Charles Le Brun. Est ici explorée une autre veine de la célébration de la gloire royale, le registre allégorique qui puise dans l’histoire de l’Antiquité. La référence au grand conquérant, notamment à ses exploits en Perse, était évidemment des plus flatteuses pour notre Louis XIV.
Il s’agit de l’oeuvre à laquelle Le Brun s’est consacré avec le plus de ferveur et de soin, élaborant à cet effet quelques 250 dessins (tous conservés au Louvre).
Le résultat est époustouflant, avec ses multiples scènes d’action audacieuses, ses compositions complexes et ses couleurs vives, le rouge avant tout bien sûr, mais aussi le très beau bleu roy.

C’est le rouge, précisément, que Jacques Garcia (mécène de l’exposition) a choisi pour la scénographie du rez-de-chaussée. La couleur triomphale s’étale en une magnifique perspective, rythmée par deux arcs de triomphe ornés des portes de l’ancien garde-meuble de la Galerie des Gobelins. Au fond de cette enfilade qui évoque les appartements royaux, l’on aperçoit un superbe cabinet en marqueterie Boulle (écaille de tortue, étain, ébène, cuivre doré…), tandis qu’au sol s’étale l’un des tapis (le 53ème exactement !) créés par Le Brun pour la Grande Galerie du Louvre.

Plus beau encore, le premier étage, lui tout en vert, restitue, pour accueillir les tapisseries d’Alexandre l’ambiance des jardins aménagés par Le Nôtre, avec ses allées bordées de topiaires et, au centre, sur un podium de buis… le buste de Louis XIV bien sûr. N’en jetez plus, direz-vous ? Certes, mais il faut reconnaître qu’on est sacrément ébloui !

Alexandre et Louis XIV, Tissages de gloire
Galerie des Gobelins
42, av. des Gobelins – Paris XIIIème
Jusqu’au 1er mars 2009
Tlj sauf le lundi de 12 h 30 à 18 h 30
Entrée : 6 € (TR 4 €)
Visite avec conférencier les mer., ven. et sam. à 15 h 30 et 17 h (10 €, TR 7,50 €)

Image : Tapisserie des Gobelins, Tenture de L’Histoire d’Alexandre, d’après Charles Le Brun, La famille de Darius aux pieds d’Alexandre, XVIIe siècle. Photo : Philippe Sébert

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Du cristal à la fumée. Théâtre du Rond-Point

Du cristal à la fumée, théâtre du Rond-PointLe 12 novembre 1938 à Berlin, deux jours après la Nuit de cristal déclenchée par Goebbels, les hauts dignitaires nazis se réunissent autour de Goering pour décider des conditions d’indemnisation des commerçants juifs dont les magasins ont été mis à sac, et, plus largement des "mesures économiques" à prendre contre les juifs.
Est ainsi examiné en détail le moyen d’aboutir à ce que, malgré des polices d’assurance en bonne et due forme, pas un Reichsmark ne soit versé aux victimes. Et ce qui est évoqué, non énoncé mais sourd de bout en bout et de part en part de cette effrayante réunion, c’est la solution vers laquelle le régime se dirigera en définitive.

Jacques Attali a écrit ce texte à partir de documents d’archives, dont certains ont été mis au jour récemment. La nécessité de les porter à la connaissance du public, de rappeler sans relâche les atrocités de la Seconde guerre mondiale et de mettre en lumière les mécanismes qui ont conduit à la Shoah est absolument indiscutable.

Mais le mérite d’un sujet fait-il automatiquement celui d’un spectacle ? De ce point, l’on peut discuter. Si Du cristal à la fumée est sans nul doute un document historique à lire, comment le porter à la scène ? Daniel Mesguich a dû certainement se poser la question mais n’a visiblement pas trouvé de réponse. "Il s’agit de faire signe vers la scène qui s’est déroulée ce jour-là, et non pas de chercher à la montrer, réalistement, ni à la théâtraliser" précise-t-il. Pourtant, il n’a pas renoncé à essayer de faire jouer les acteurs, et la direction qui leur a été donnée ne convainc pas. Chacun donne l’impression de faire ce qu’il peut et l’ensemble a un côté presque bouffon, ou du moins aux traits si épais qu’il ne peut fonctionner. Quant au passant, témoin qui va, vient, erre, on ne sait qu’en faire.

Le refus de mise en scène de Daniel Mesguich est indéniable, qui va non seulement jusqu’à faire "lire" leur texte aux comédiens (pour manifester que celui-ci ne peut être "dit") mais encore jusqu’à s’abstenir de les faire saluer à la fin de la représentation.
Si ce texte n’est pas une pièce de théâtre, s’il ne peut être mis en scène, il aurait été plus simple d’en donner directement la lecture au public. Il n’en se serait pas moins déplacé et n’aurait pas éprouvé cette très désagréable impression de "pose".

Du cristal à la fumée
De Jacques Attali
Mise en scène Daniel Mesguich
Avec Féodor Atkine, Jean-Damien Barbin, Matthieu Cruciani, Frédéric Cuif, Sébastien Desjours, Bernard-Pierre Donnadieu, Florent Ferrier, Xavier Gallais, Arnaud Maillard, Philippe Maymat, William Mesguich, Eric Verdin, Zbigniew Horoks
Théâtre du Rond-Point
2 bis, avenue Franklin D. Roosevelt – 75008 Paris
A 20 h 30, durée : 2 h

Image : Du cristal à la fumée © Stéphane Trapier

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La belle personne. Christophe Honoré

La belle personne de Christophe HonoréA quoi sert La Princesse de Clèves, sauf à encombrer l’esprit de fonctionnaires inconséquemment recrutés ?
A quoi sert la littérature, cette tortionnaire d’enfants, toujours prête à d’inutiles finasseries, alors que les réponses aux questions du monde d’aujourd’hui sont paraît-il si simples ?

Christophe Honoré, concluant sa belle trilogie parisienne, fournit avec cette libre adaptation de La Princesse de Clèves un début de réponse.
Avec lui, la Princesse s’appelle Junie, a seize ans et fréquente en ce début du XXIème siècle un lycée de l’ouest parisien. Et grâce à cette Belle personne, les sentiments semblent traverser les siècles sans l’ombre d’une poussière.
C’est que depuis Dans Paris, puis Les chansons d’amour et enfin avec celui-ci, Christophe Honoré pose et maîtrise à chaque fois davantage son film, pour accéder à une épure dans la mise en scène et dans l’expression des sentiments qu’il n’avait jamais atteinte.
Ici, tout se joue dans une poignée de plans parfois très courts, dans un regard à la dérobée, un visage bouleversé, des yeux perdus sous la vague du sentiment amoureux, l’espoir ou l’esquisse d’une étreinte.
Si le coeur et l’armature du film sont tenus par Junie, figure éternelle de l’amoureuse éprise d’absolu depuis Mme de Lafayette, le personnage central, au sens physique du terme, est certainement Nemours, le jeune professeur d’italien. Incarné par un Louis Garrel proprement magnétique, au contraire de Junie que le mystère et l’extrême exigence éloignent, Nemours est évidemment le personnage le plus proche, le plus humain. Face à une Princesse presque désincarnée (ce qui est d’autant plus talentueux de la part du metteur en scène et de Léa Seydoux que celle-ci a un physique précisément très charnel), Nemours concentre en ses traits l’irrésistible attirance, presque électrique, le désir et le trouble. Deux amoureux mus par une même intensité de sentiments mais que Junie rejettera dans l’absolu, l’empêchant de devenir terrestre.

La belle personne. Christophe Honoré
Avec Louis Garrel, Léa Seydoux, Grégoire Leprince-Ringuet
Durée 1 h 30
Le site officiel du film

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Exposition Internationale Zaragoza 2008

Puisque cette rentrée ne "roule" décidément pas toute seule, faisons comme Luchini nous y invite dans la pub pour la SCNF : repartons immédiatement !
Pour ce week-end, petite évasion direction l’Espagne grâce à ce joli billet envoyé par Andreossi.
Bon voyage à tous !
Mag

Expo ZaragozaZaragoza s’expose sur les rives de l’Ebro et il faut choisir, si on ne dispose que d’une journée de visite, ou la ville, ou l’exposition internationale. Et dans ce dernier cas, une toute petite partie de l’exposition.

La tour de l’eau (« eau de vie ») attire immanquablement : sa hauteur (73 mètres), sa forme de goutte d’eau, sa transparence en font un passage obligé.

A l’intérieur, on commence à monter, sans trop savoir pourquoi, la rampe de plusieurs kilomètres qui grimpe tout autour de l’éclaboussure d’eau : une sculpture géante, toute argentée, dont la forme, et les reflets de couleurs évoluent en même temps que la progression. C’est le plaisir de cette montée qui reste mystérieux, ainsi que la leçon philosophique du but matériel (oh combien) que l’on atteint enfin au sommet. En haut, en effet, on ne trouvera qu’un bar et des toilettes.

On redescend, heureux d’avoir monté longuement, pour maintenant butiner du côté des pavillons nationaux. La variété que l’on y trouve ne tient pas seulement à la géographie et aux cultures, mais à l’ambition affichée par les divers pays pour attirer les touristes.

Expo Zaragoza 2008C’est ainsi que le public ressort enthousiaste de la séance cinéma proposée par la Pologne, et traverse avec détachement le désert Lybien. Les quelques 110 pays représentés, les pavillons des diverses régions d’Espagne demanderaient plusieurs jours de visite. Chacun traite à sa manière la thématique de l’eau, proposant parfois de véritables « installations » proches de l’art, parfois un exposé très didactique sur une question particulière au pays, parfois assurant le service minimum sur le thème.

On peut s’attarder avec intérêt sur les pavillons thématiques qui sensibilisent aux problèmes de l’eau et du développement durable : eau partagée, paysages de l’eau, eau extrême, initiatives citoyennes, soif ou cités d’eau sont autant d’occasions de s’offrir des moments de réflexion à l’aide de données imagées, animées, frappantes.
Le ludique et la participation au débat d’idées se mélangent sans cesse, du spectacle « le réveil du serpent », défilé très coloré qui anime les places chaque jour, à la visite de « oïkos » où on pourra méditer sur la maison basée sur la transformation et l’accumulation de l’énergie à coût zéro. Une telle exposition est populaire : on y entre, on y erre, on se laisse aller, on laisse chez soi l’ambition de comprendre tout de la question de l’eau.

Expo Zaragoza 2008
Jusqu’au 14 septembre 2008

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Peter Doig au Musée d'Art Moderne à Paris

Peter Doig au MAM de la Ville de ParisIl ne reste plus que ce week-end pour y aller. Il faut absolument le faire, et pas seulement pour égayer cette rentrée pluvieuse : tout simplement parce que la peinture de Peter Doig est fascinante et merveilleusement belle.

D’ailleurs, c’est une visite que l’on a envie de refaire dès le lendemain.
Si les grandes toiles du peintre écossais séduisent d’emblée – toutes, sans exception -, en même temps, elles ne se donnent pas entièrement, loin s’en faut, au premier regard, aussi long et attentif soit-il.

Un phénomène est significatif : une fois le circuit terminé, lorsqu’on revient en arrière, on a l’étrange impression de voir certains tableaux pour la première fois, comme si la représentation ne s’était pas vraiment imprimée dans notre iris.

Il y a d’évidence quelque chose qui échappe dans les toiles figuratives de celui qui compte désormais parmi les peintres les plus chers du marché de l’art : au delà de la splendeur des couleurs, de l’intemporalité des paysages, des compositions exceptionnelles, au delà de la sérénité et du sentiment d’empathie avec la nature qui s’en dégagent, subsiste presque toujours une ambiguïté, un mystère. Non, cette peinture-là ne se livre pas entièrement. Et c’est le spectateur qui se met alors à "travailler" irrésistiblement, en se racontant des histoires à partir du tableau.

Regardez par exemple Figures in red boat, représentant un sympathique groupe de jeunes gens en train de canoter. Le reflet de la barque rouge dans l’eau s’étale bizarrement, bien au delà de la proportion visuelle attendue ; ainsi dilué, il se met à évoquer une mare de sang. Et à côté du moteur, l’un des personnages semble être assis à l’extérieur du bateau… enfin, rien n’est moins sûr ; tandis que les palmiers, en partie absorbés par la toile, sont sur le point de disparaître.

Quant à Girl in white with trees, l’un des nombreux très gros coups de coeur de l’exposition, féérique et émouvante fillette perchée dans les arbres sous un ciel nocturne, ce tableau laisse pourtant apparaître, dans le bas, la silhouette d’un homme : juste un bras, une ceinture. A peine esquissé, comme dans un rêve.

Les thématiques de Peter Doig sont récurrentes : ciel étoilé, neige, lac, nuit ou lumière, les deux à la fois, et parfois entre les deux, arbres déclinés à l’infini – arbres qui voilent ; arbres "écrins" ; arbres qui se fondent à l’homme et vice-versa ; arbres "refuges" – et, souvent, un être isolé peuple comme il peut ce paysage.

Vers la fin de l’exposition, voici Pelican Island, l’un des tableaux aux dimensions beaucoup plus réduites que la plupart des toiles de Peter Doig : montagnes brunes venant "mourir" dans l’eau rouge profond dont la ligne d’horizon est finement soulignée de rose, barque bleue, ciel mauve, végétaux émeraude et iris et, au beau milieu de ce ciel du soir, un seul oiseau blanc. Impossible de quitter ce paysage des yeux. D’où vient cet effet d’hypnose ? Il s’agit certainement, pour reprendre le titre d’un livre de Siri Hustvedt évoqué ici, de l’un de ces mystères du rectangle ; on aussi envie de parler, parce que tout à coup l’expression prend son sens, de perfection faite paysage.

Peter Doig
Jusqu’au 7 septembre 2008
Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris
11, avenue du Président Wilson – Paris 16ème
Du mardi au dimanche de 10 à 18 h et le jeudi jusqu’à 22 h
Entrée : 5 €

Image : Peter Doig, Girl in White with Trees (2001-2002), Oil on Canvas, 300×200 cm, Collection – Bonnefanten Museum Maastricht

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César. Anthologie par Jean Nouvel

Exposition César à la Fondation CartierL’architecte Jean Nouvel, au sein de la Fondation Cartier pour l’art contemporain qu’il a dessinée, rend hommage au sculpteur César (1921-1998), ami admiré de longue date.
Il a ainsi procédé à une minutieuse sélection d’oeuvres de l’artiste, avant de les mettre en scène de façon magistrale. Navigant dans "ses" murs comme un poisson dans l’eau, l’architecte fait la démonstration qu’il sait efficacement mettre en espace l’intérieur de la "coquille" qu’il a conçue.
Une réussite dans laquelle le goût de Jean Nouvel pour le travail de César y est pour beaucoup, tant il semble avoir fait les bons choix, qu’il s’agisse de la quantité ou de la qualité des sculptures, mises en valeur avec clarté.

En particulier, le coup d’oeil est spectaculaire à l’arrivée au sous-sol, réservé aux Compressions, où l’on découvre un beau "garage" savamment organisé dans ses lignes, ses couleurs et ses matières.
Tout de suite à droite, les premières compressions réalisées dans les années 1960, patinées, apparaissent comme les vestiges d’un travail que l’artiste, trente après, développait différemment. Les sculptures de la fin des années 1990 sont en effet davantage pliées que compactées. Alignées en de superbes camaïeux de couleurs allant des gris aux bleus en passant par les verts, l’or et les rouges, leur douceur et leur laqué donnent envie de toucher, de comparer les textures, notamment avec les oeuvres rouillées, comme poudrées de la deuxième salle : maître du matériau, César créait des sculptures visuellement très évocatrices.

Au rez-de-jardin, un côté est consacré aux impressionnantes Expansions, ces sculptures de mousse de polyuréthane qui rendent le "coulé" de la matière molle. Ici encore, jeu des formes, avec des drapés et des nappages, jeu des couleurs et de la lumière, avec le brillant et l’irisé, mais aussi jeu de l’imagination pour le visiteur. On le voit par exemple hésiter à donner sa préférence à l’oeuvre qui évoque la crème chantilly à celle qui lui rappelle la crème dessert…

Enfin, le troisième espace est dédié aux Empreintes humaines : pouces, seins, mains agrandis sont déclinés à des échelles et dans des matériaux différents (résine de polyester, bronze, cristal de Baccarat, acier, marbre rose…). Les mains ouvertes, magnifiques avec leurs empreintes, justement, ces petites lignes qui courent sur la peau, concluent à merveille cette exposition placée sous le signe de la sensualité.

César. Anthologie par Jean Nouvel
Fondation Cartier pour l’art contemporain
261, bd Raspail – Paris 14ème
Jusqu’au 28 octobre 2008
TLJ sf le lundi, de 11 h à 20 h, nocturne le mardi jusqu’à 22 h
Entrée 6,50 € (TR 4,50 €)

Image : Herb Ritts, César, Cahors, 1993 © Herb Ritts Foundation

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Camille Claudel au Château de Lavardens

Exposition au château de Lavardens, CCPour tous ceux que la rétrospective parisienne consacrée à Camille Claudel (1862-1943) au Musée Rodin, achevée le 20 juillet dernier, ont laissé frustrés, soit qu’ils n’ont pu s’y rendre, soit qu’ils y sont allés mais n’y ont rien pu voir, l’endroit où aller ces temps-ci se situe dans le Gers, au Château de Lavardens.

Jusqu’au 17 septembre, il accueille l’ensemble de la collection de Reine-Marie Paris, petite-nièce de Camille Claudel.
Des premières oeuvres des années 1880 à la triste France d’Auguste Rodin de 1904, l’exposition présente une soixantaine d’oeuvres parmi les plus belles de l’artiste : La vieille Hélène, Le Buste de Rodin, La petite châtelaine, La main, La valse, Les causeuses, L’âge mûr

Une fois encore, la force d’expression de Camille Claudel, son génie pour représenter l’enfance, la vieillesse, la douleur, la solitude et l’amour, mais aussi le mouvement et la sensualité de ses sculptures laissent sans voix. Et une fois encore, son destin tragique après son histoire d’amour avec Rodin, l’abandon qu’elle connut dans l’enfermement ne peuvent que bouleverser.

Admirer ses oeuvres dans les vieilles pierres du château des XIIème et XIIIème siècles, dans la douceur et le calme de ce Gers vallonné, c’est s’offrir un moment de pure grâce, une parenthèse de poésie, d’émotion et de beauté.

Camille Claudel
Jusqu’au 17 septembre 2008
TLJ de 10 h à 20 h
Château de Lavardens
32360 Lavardens
Tel : 05 62 58 10 62

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Les accommodements raisonnables. J.-Paul Dubois

Jean-Paul Dubois, Les accomodements raisonnablesSuivre la famille Stern pendant douze mois, à travers Paul, quinquagénaire, époux, père, grand-père et fils, tel est l’objet du dernier roman de Jean-Paul Dubois, publié comme ses succès précédents aux Éditions de l’Olivier.

Tout commence au mois de février, lorsque Charles, l’oncle paternel de Paul est incinéré. Dès ce jour, une brique fondamentale de l’édifice familial va se trouver déplacée : Alexandre, le père de Paul, âgé de soixante-dix-huit ans, semble redoubler de vitalité. Héritier de la grande fortune de son frère honni, Alexandre va changer son mode de vie du tout au tout, abandonnant son habituelle austérité pour adopter le « grand-train » : grand appartement, grand bateau, grands voyages, le tout porté par une vie amoureuse flambant neuve.
Qui est Alexandre ? se demande Paul, ne reconnaissant plus son père. Ne nous a-t-il pas menti toute sa vie ?
Ces questions surgissent au moment où Anna, son épouse, s’éloigne de lui en plongeant dans la dépression et où une opportunité professionnelle dans le cinéma lui donne l’occasion de prendre la fuite pour les Etats-Unis pendant plusieurs mois. Là-bas, il tombe raide dingue de Selma, le sosie d’Anna, de trente ans sa cadette…

Le roman, qui se déroule entre la région toulousaine et Hollywood, ne fait pas seulement le récit des difficultés du « vivre ensemble » que pose sans cesse la famille. Il est aussi une réflexion sur les choix que les individus font, ou ne font pas, sur la réussite sociale, le succès, l’opulence matérielle, le monde des apparences, le plaisir, la spiritualité (ou ce qui lui ressemble – au sujet des Etats-Unis : « la pensée désaxée de ce pays, cette espèce de religiosité spongieuse, de verroterie spirituelle… »), et bien sûr la fidélité familiale, les traditions et la stabilité.
Variation sur les valeurs, les illusions, le temps qui passe, les « chocs » de la vie et les réajustements qu’ils nécessitent, il ne fait pas de son narrateur un héros des temps modernes, mais la victime et l’heureux bénéficiaire à la fois de ces arrangements que l’on fait sur l’autel familial : ce que Jean-Paul Dubois nomme « Les accommodements raisonnables ».

Les accommodements raisonnables
Jean-Paul Dubois
Éditions de l’Olivier (août 2008)
261 p., 21 €

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