Un livre peut-il changer le cours de la vie ? Assurément oui pour Raimond Gregorius, professeur de littérature ancienne, proche de la soixantaine, qui découvre dans une librairie la phrase : « S’il est vrai que nous ne pouvons vivre qu’une petite partie de ce qui est en nous –qu’advient-il du reste ? ».
Il vit à Berne depuis longtemps, le livre qu’il vient de découvrir est écrit en portugais, langue qu’il ne comprend pas. Mais une femme, rencontrée brièvement plus tôt, est Portugaise. Deux bonnes raisons pour prendre le train de nuit pour Lisbonne dès le lendemain. Ses quêtes ne vont pas aboutir de la même façon.
Il arrive à approcher la figure du poète, en menant une enquête patiente auprès des personnes qui l’ont connu. Il se passionne de plus en plus pour une œuvre et un personnage qu’il arrive à traduire en apprenant la langue. Amadeu do Prado est mort, mais les témoins de sa vie, particulièrement ceux de sa famille, souvent hauts en couleur, permettent de reconstituer un portrait fascinant de cet homme qui a été médecin, écrivain, philosophe. Sans cesse Gregorius passe de la trace écrite aux souvenirs laissés par l’écrivain, au risque de rendre l’image de plus en plus complexe. Quand à la Portugaise du début du livre, nulle nouvelle.
Si Raimond Gregorius s’intéresse tant à l’œuvre d’Amadeu, c’est qu’elle fait profondément écho à sa vie intérieure. L’ombre de Fernando Pessoa, l’écrivain des identités multiples, n’est jamais bien loin, en particulier dans sa dimension temporelle lorsque Mercier fait écrire à Amadeu : « Et la confiance craintive que je lis dans les regards de ceux qui cherchent de l’aide me force à y croire tant qu’ils sont devant moi. Mais à peine sont-ils partis que je voudrais leur crier : je suis quand même encore ce garçon anxieux sur les marches de l’école, c’est totalement sans importance, c’est même un mensonge que je sois assis en blouse blanche derrière l’énorme bureau et que je distribue des conseils, ne vous laissez pas tromper par ce que nous appelons, avec une superficialité ridicule, le présent ».
Pascal Mercier nous donne l’occasion de belles rencontres : ses personnages, la ville de Lisbonne, la réflexion sur le temps. Le tout intimement mêlé avec beaucoup de talent.
Train de nuit pour Lisbonne
Pascal Mercier
Editions Maren Sell, 2006 (visiblement épuisé)
Disponible chez 10/18 depuis 2008 (10 €)
"C’est curieux de venir dans ce lieu pour écouter autre chose que de la musique…" dit Chantal Thomas avec un petit sourire, en s’installant avec ses livres à une table minuscule.
Quoi de neuf à Paris en ce beau mois de juin ? Un festival littéraire ! Du 4 au 8 juin, Paris fera la fête à la littérature pendant cinq jours avec cette toute première édition de Paris en toutes lettres.
Ce récit autobiographique a au début le goût un peu amer du bonheur gâché : Emmanuel Carrère passe avec sa compagne et leurs enfants respectifs des vacances dans un hôtel luxueux au Sri Lanka.
On aime cette série de la collection Folio 2 € (qui propose, pour le prix d’un café, des textes de haute tenue et faciles à emporter), intitulée Femmes de lettres : elle nous a déjà permis de découvrir de jolis petits romans comme
Tant de voix font un homme ; et peut-être plus de voix encore forment un comédien.
Il existe mille manières de partir. Mais toujours, au départ, il y a cet appel vers l’inconnu ; ou la rencontre de l’inconnu, qui donne envie de tout planter là, et transforme le chemin en fugue.
Dans le cœur du roman, on trouve ces deux phrases : « Pas non plus comme l’amour de Blanche pour Charcot, qui est en réalité le sujet que le Livre des Questions déclare traiter. Ce "en réalité" ! ».
L’abbaye du Thoronet en Provence est un modèle d’abbaye cistercienne : sa visite impressionne par la beauté de l’architecture, faite de simplicité et d’harmonie des proportions.