Dans La prisonnière, le bonheur qu’apporte au narrateur sa vie avec Albertine n’est que l’apaisement momentané de souffrances chroniques, de doutes et de jalousies.
Les questions que temps à autre il ne peut s’empêcher de poser sur l’emploi du temps réel de sa compagne conduisent à des disputes.
Mais aller se coucher sans avoir fait la paix avec son amie est pour le narrateur une véritable torture. Il se débrouille alors pour obtenir d’elle un baiser, qui pourtant ne suffit pas à le consoler :
Ce n’était plus l’apaisement du baiser de ma mère à Combray que j’éprouvais auprès d’Albertine, ces soirs-là, mais, au contraire, l’angoisse de ceux où ma mère me disait à peine bonsoir, ou même ne montait pas dans ma chambre, soit qu’elle fût fâchée contre moi ou retenue par ses invités.
Les souffrances que ces soirées de fâcherie lui évoquent sont non seulement anciennes mais encore s’accentuent avec le temps :
Cette angoisse elle-même, qui un temps s’était spécialisée dans l’amour … semblait … redevenue indivise, de même que dans mon enfance, comme si tous mes sentiments, qui tremblaient de ne pouvoir garder Albertine auprès de mon lit à la fois comme une maîtresse, comme une soeur, comme une fille, comme une mère aussi du bonsoir quotidien de laquelle je recommençais à éprouver le puéril besoin, avaient commencé de se rassembler, de s’unifier dans le soir prématuré de la vie, qui semblait devoir être aussi brève qu’un jour d’hiver.
Alors il ferait n’importe quoi pour obtenir d’Albertine un autre baiser :
Mais, ce soir, son baiser, d’où elle-même était absente, et qui ne me rencontrait pas, me laissait si anxieux que … je voulais m’élancer sur les pas d’Albertine, je sentais qu’il n’y aurait plus de paix pour moi avant que je l’eusse revue …
Il se rend dans le couloir espérant qu’elle sortirait de sa chambre et l’appellerait, mais en vain ; il cherche, dans sa propre chambre, un mouchoir que sa compagne aurait pu oublier et qui aurait pu lui manquer, afin de trouver un prétexte pour la visiter, mais …
Non, rien. Je revenais me poster devant sa porte, mais dans la fente de celle-ci il n’y avait plus de lumière. Albertine avait éteint, elle était couchée, je restais là immobile, espérant je ne sais quelle chance qui ne venait pas ; et longtemps après, glacé, je revenais me mettre sous mes couvertures et pleurais tout le reste de la nuit.
Très bonnes lectures et très bon week-en à tous.
Imaginons deux jeunes filles de province.
Dans La prisonnière, le narrateur partage sa vie avec Albertine, qu’il a installée chez lui.
Poèmes en archipel (lire
En observant les amours de ses amis, celui de Swann pour Odette, celui de Saint-Loup pour Rachel, le narrateur, à de nombreuses occasions, a mesuré l’importance de l’habitude dans la persistance d’une histoire amoureuse.
Poèmes en archipel fait partie d’une série de publications et de manifestations initiées au Printemps des Poètes à l’occasion de la célébration, en ce 14 juin 2007, du centième anniversaire de la naissance de René Char.
« Car je savais que je ne serais pas toujours jeune, et que l’été ne dure pas éternellement, ni même l’automne, mon âme bourgeoise me le disait. »
Dans La prisonnière, le narrateur vit avec Albertine à Paris.
Cher Oblomov,
De Balbec, le narrateur a emmené Albertine à Paris et l’a aussitôt installée chez lui.