Dans la seconde moitié du XIXème siècle, alors que l’avant-garde impressionniste s’enflamme, la peinture officielle continue de remplir les Salons.
Si l’on s’est largement détourné, au XXème siècle, de ces peintres académiques, figures du conservatisme le plus repoussant, on redécouvre Jean-Jacques Henner aujourd’hui avec l’intime plaisir de se plonger dans les derniers soubresauts du romantisme.
Cet Alsacien, fils de cultivateurs, qui a suivi la voie classique (formation en province puis à l’Ecole des Beaux-Arts et dans les ateliers parisiens, fréquentation assidue du Louvre, Grand Prix de Rome et Villa Médicis) n’a certes contribué à aucune révolution.
L’oeuvre de ce peintre aux influences multiples (Renaissance italienne, Holbein, Ingres, Corot, Prud’hon…) ne se rattache à aucun courant pictural du XIXème siècle.
Régulièrement exposé et récompensé dans les Salons et les Expositions Universelles, ainsi qu’au musée du Luxembourg après l’achat de certaines de ses oeuvres par l’Etat, il fut également un portraitiste recherché dans la société bourgeoise du XIXème siècle.
Ses portraits ne passionneront guère les foules aujourd’hui.
L’Alsace. Elle attend (1871), qui fut l’emblème du deuil national après la perte de l’Alsace-Lorraine en 1870 et Alsacienne ou Eugénie Henner en Alsacienne tenant un panier de pommes (1869-1870) ne sont pourtant pas totalement assommants : ils sont même saisissants de pose et d’attente, de vie qui se résigne et se fige dans la fleur de l’âge…
Ce n’est pas pour elles qu’on se déplacera mais pour la belle nymphe rousse, déclinée en de multiples tableaux de tous formats, tantôt sa peau laiteuse prenant le nacré de la porcelaine, nu sophistiqué quelque peu ingresque, tantôt son corps de déesse se modelant par le jeu de l’ombre et de la lumière dans un léger flou propice au rêve et à l’abandon.
On retrouve cette veine, la plus touchante chez Henner, dans Le rêve ou Nymphe endormie (1892) et Paysage de Troppmann-Kinck (1879) où le coup de pinceau libre et fluide, ce que le peintre appelait les petits tons, les contrastes exagérés de l’eau et du ciel clairs avec la végétation brune, presque noire, expriment une nature très poétique, voire mélancolique.
De la peinture de Jean-Jacques Henner, qui compte également un grand nombre de tableaux religieux (dont les impressionnants Jésus au tombeau et Saint Sébastien), on retient donc surtout la magnifique sensualité de ses nus. La seule Femme qui lit dite La Liseuse (1883), avec toujours sa chevelure rousse et libre, son corps alangui doucement modelé, redressé au dessus d’un livre grand ouvert, dans une ambiance chaude et vaporeuse fera aimer cet "académique"-là.
Face à l’impressionnisme
Jean-Jacques Henner, le dernier des romantiques
Musée de la Vie romantique
Hôtel Scheffer-Renan, 16 rue Chaptal – Paris 9ème
Jusqu’au 13 janvier 2008
TLJ sf lundis et jours fériés de 10 h à 18h
M° St-Georges, Blanche, Pigalle, Bus 74, 67, 68
Entrée 7 € (TR 5,50 et 3,50 €)
Entrée libre pour les collections permanentes
Avant de partir, on peut prendre un verre, un déjeuner léger ou un goûter dans le jardin du salon de thé (ouvert de mai à octobre de 11 h 30 à 17 h30), au milieu d’un fouillis végétal parsemé, en septembre, de rosiers remontants, de dahlias et de roses trémières.
Image : Femme qui lit dite La Liseuse (1883)
Il n’existe en France qu’un seul musée exclusivement dédié à l’estampe originale.
Terre natale d’Henri Matisse (1869-1954), le Cateau-Cambresis (Nord) dispose d’un très beau musée grâce notamment à la donation de quatre-vingt-deux oeuvres que l’artiste fit à sa ville en 1952.
Bien des lecteurs sont partis à la plage les bras chargés de livres… en oubliant d’emporter leur ordinateur portable !
Aujourd’hui, suite et fin de la visite de l’exposition
Le programme culturel ne connaît pas de trêve estivale dans la capitale. Pour les Parisiens qui demeurent à résidence comme pour les autres qui y viennent « pour le meilleur », les propositions sont nombreuses. En voici une petite sélection.
S’il est un musée où l’on a envie de faire une halte tranquille dans le département du Nord, c’est bien au musée Matisse Le Cateau-Cambrésis.
A raison de cinq expositions par an (et deux expositions hors les murs sur les sites de Seillans et de Saint-Cyr-Les-Lecques), l’Hôtel des Arts de Toulon se propose de mettre en lumière des artistes contemporains dans dans les domaines de la peinture, de la sculpture, de la photographie ou des formes les plus récentes de l’art contemporain.
L’exposition que le Musée d’Orsay consacre au grand marchand d’art
A la fin du XIXème siècle, Ambroise Vollard (1866-1939), marchand d’art établi à Paris, fit des choix audacieux et éclairés qui, associés à un sens des affaires certain, lui assurèrent une place importante sur la scène artistique.