Rodin. Les figures d'Eros. Dessins et aquarelles érotiques 1890-1917

Rodin1Auguste Rodin a commencé à dessiner très jeune, bien avant de devenir le sculpteur admiré que l’on sait.
Parallèlement à son activité de sculpteur, il a continué à dessiner, et son oeuvre graphique est riche d’environ 9000 dessins.

Dans les années 1880, ses dessins son essentiellement liés à ses travaux pour La porte de l’enfer, dessins appelés « noirs » par Bourdelle, très beaux, tourmentés, dont quelques uns sont présentés au début de l’exposition.

Puis, à partir des années 1890, sa fascination pour le corps féminin va l’amener à tenter de saisir, inlassablement, le nu féminin et sa puissance érotique.
L’ensemble de 140 dessins et aquarelles réunis ici montre qu’il y est largement parvenu.

Le trait ondule, place au centre de ses courbes fesses, seins, sexe, cuisses largement ouvertes.
Les poses sont osées, voire acrobatiques ; visiblement, Rodin parvenait à obtenir de ses modèles une confiance, une impudeur complètes.

Les aquarelles sont magnifiques de teintes roses, violettes, brunes ; la couleur déborde largement des contours, l’inspiration est presque japonisante.

Mais les oeuvres les plus réussies sont peut-être celles où Rodin ne se contentait plus que du crayon graphite, l’estompant parfois légèrement – on dit que l’artiste laissait la mine glisser sur le papier, sans quitter le modèle des yeux.

L’expression du visage est à peine esquissée, mais pleine de sensualité ; un jupon se soulève jusqu’à la taille, un kimono s’ouvre, le corps s’abandonne, confiant, désiré, désirant.

Une intimité d’un érotisme extrême que le visiteur recueille en pleine face, dans un silence d’église.

Musée Rodin
79, rue de Varenne – Paris 7ème
Jusqu’au 18 mars 2007
De 9h30 à 16h45, tlj sauf le lundi
Tarif : 6 € (TR : 4 €)
Catalogue : 39 €

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Le Musée des Arts décoratifs

lanvinLe Musée des Arts décoratifs a rouvert récemment, après une totale réhabilitation.
Le résultat est très réussi et mérite une bonne visite.

En suivant le parcours chronologique, on embrasse en quelques heures l’évolution des arts décoratifs du Moyen-Age aux années 2000.

L’équipe du musée a fait des choix d’exposition (6 000 pièces sur les 150 000 que comptent les collections), évitant ainsi de surcharger les salles, ce qui accroît la limpidité et le plaisir de la visite.

Toutes les périodes sont bien représentées ; mais, évidemment, une grande place est faite au magnifique dix-huitième siècle, particulièrement fécond.
Certaines salles méritent vraiment une pause : notamment celle consacrée à l’inénarrable style « Rocaille ». Sous le règne de Louis XV, il brise le carcan du style « Grand Siècle » de Louis XIV : tout à coup, les lignes prennent vie, ondulent, on ose l’asymétrie, l’exubérance ; des motifs de fleurs, de coquillages se posent ça et là … Un style un peu chargé mais dont on apprécie la fantaisie, dont on s’amuse à observer les détails.

Au fil du parcours, des « period rooms » donnent une idée de l’ensemble du décor d’une pièce à une époque donnée : de la chambre à coucher d’un aristocrate de la fin du XV° siècle, qui était alors un véritable lieu de vie et de réception, avec lit imposant et coffre sculpté, tapisseries … à l’appartement de Jeanne Lanvin dans les années 20 (photo), tout de soie, stuc, marbre, cristal avec son petit boudoir à vitrines, en passant par le goût néo-renaissance d’une chambre Louis Philippe… que de chemin parcouru !


Les coups de coeur Mag :

Bien sûr, de très belles pièces Art Nouveau et Art Déco.
Mais aussi les Chinoiseries, qui suscitent l’engouement en France sous Louis XVI : d’adorables petits meubles se parent de panneaux de laque, et deviennent de véritables « peintures », la porcelaine est finement décorée de scènes de la vie chinoise ; délicatesse des formes, des motifs, des couleurs … un véritablement ravissement face à ces « petites choses » qu’on ne se lasse pas de détailler.

Musée des Arts décoratifs
107, rue de Rivoli – Paris 1er
Du mardi au vendredi de 11h à 18h
Samedi et dimanche de 10h à 18 h
Nocturne le jeudi jusqu’à 21h
M° Palais-Royal, Pyramides, Tuileries
Tarif : 8 € (TR : 6,5 €)

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Katagami, les pochoirs japonais et la japonisme

katagamiLes Katagami sont des pochoirs en papier utilisés au Japon dès le XIII° siècle pour décorer les tissus.

Les modèles en papier brun présentés dans la première partie de l’exposition nous donnent un aperçu de la variété des motifs choisis, qui puisaient leur source dans les mondes animal, végétal et plus particulièrement floral, avec une infinie poésie. Il n’y a d’ailleurs qu’à lire le nom de certains d’entre eux pour commencer à rêver : Feuilles de cerisier au fil de l’eau, Fleurs de prunier, motifs d’oxalides en arabesques

Des costumes, notamment des kimonos décorés à l’aide de ces pochoirs, avec leurs belles teintes profondes nous donnent une idée de l’élégance des réalisations rendues possibles grâce à cette technique.

Datant essentiellement des XVIII et XIX° siècles, âge d’or des Katagami, ils nous paraissent cependant d’une grande modernité.
La raison en est essentiellement que cette beauté épurée a plus tard séduit les Occidentaux : à la fin du XIX° et au début du XX° siècles, les mouvements Art nouveau puis Art déco vont trouver une formidable inspiration dans ce qu’on va alors appeler le japonisme : les volutes, courbes sinueuses et épurées, motifs stylisés inspirés de la nature seront repris dans l’architecture (Hoffmann à Vienne, Guimard à Paris), le mobilier, les arts décoratifs, les bijoux … Dans cette deuxième partie de l’expo, on admire meubles, afiches, frises de Gustav Klimt, couvertures de livres, mais aussi les splendeurs que, dans cette veine, Lalique a créées : vases en verre dépoli, bijoux aux lignes ondulées, d’un raffinement et d’une simplicité remarquables.


Le coup de coeur Mag :

A la finesse des motifs floraux de la première partie de l’exposition répond celle d’une écharpe de soie brodée simplement baptisée "Champ de marguerites", en teintes délicates et lumineuses. Du XVIII° siècle japonnais au XX° siècle européen : de superbes réinterprétations dont on ne peut que se réjouir.

Maison de la culture du Japon à Paris – 101 bis, quai Branly à Paris 15ème
Jusqu’au 20 janvier 2007, du mardi au samedi de 12h à 19h / Nocturne le jeudi jusqu’à 20h.
Tarif : 6 € (TR 4 €)
Catalogue de l’exposition : 30 €
M° Bir Hakeim/ Rer Champs de Mars Tour Eiffel

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