Manila Vice au MIAM à Sète

Ils sont Philippins d’origine ou d’adoption, ils sont nés entre 1956 et 1989 ; certains sont des artistes confirmés, d’autres des nouveaux venus sur la scène de l’art contemporain.
Quand les uns s’inscrivent dans la tradition de l’art populaire, les autres suivent une veine beaucoup plus sophistiquée.

Le Musée International des Arts Modestes, fondé par les artistes Hervé di Rosa et Bernard Belluc en 2000 a eu l’idée géniale de les réunir durant toute la belle saison à Sète, dans une exposition choc conçue par Manuel Ocampo et Pascal Saumade « Manila Vice ».
Les scénographes Isabelle Allégret assistée de Mathilde Grospeaud ont fait le choix d’une ambiance obscure dont émergent avec force des œuvres très colorées, certaines même rutilantes, mais aux thématiques souvent dures.

Les tableaux évoquent la violence – qui se perçoit en écho à l’histoire du pays – mais aussi les pulsions sexuelles avec une grande crudité. Pas de gratuité pour autant, les recherches esthétiques sont souvent extrêmement abouties, dans des compositions figuratives qui évoquent l’abandon (Valeria Cavestany), qui empruntent à l’inconscient (Romeo Lee), ou à l’imagerie moderne de masse pour mieux s’en distancier (Dina Gadia).

Les installations sont très directes, montrant l’importance de la religion catholique, les vestiges de l’histoire contemporaine (jeeps abandonnées par l’armée américaine), les conditions de vie à Manille (baraques de fortune débordant d’objets de récupération).
Quant à « Disco Bomb » de Kawayan de Guia, elle ne laisse pas davantage indifférent : tous couverts de miroirs à facettes, étincelants comme des poissons au rayon du soleil, voici suspendus dans l’air des obus déconcertants. « Une installation spectaculaire où l’absurdité de la guerre et ses conséquences terminales incroyablement présentes dans l’archipel » indique le livret de l’exposition. Manille a visiblement beaucoup à dire ; il faut aller l’écouter à Sète jusqu’au 22 septembre prochain.

« Manila Vice »
MIAM
23 quai Maréchal de Lattre de Tassigny – 34 200 Sète
TLJ de 9h30 à 19h du 1er avril au 30 septembre
TLJ sf lun. de 10 h à 12h et de 14h à 18 h du 1er octobre au 31 mars
Entrée 5 euros (TR 2 euros)
Jusqu’au 22 septembre 2013

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2 réflexions au sujet de « Manila Vice au MIAM à Sète »

  1. Quel enchantement et découverte que cette exposition au MIAM,
    Que les précurseurs et provocateurs des arts modestes (le sont-ils?) aient été attirés par cette efferescence collective des artistes et plasticiens philippins, n’est pas étonnant… mais plutôt détonnant…
    Nous ne sommes plus dans l’assemblage des objets de nos sociétés occidentales, mais bien dans une grande diversité d’expression, de nombreux artistes ont été "convoqués" et ils reflètent une extrême diversité urbaine… soyons honnêtes… nous ne les connaissons pas…
    Nous ne sommes pas dans les standards internationaux, ni dans les expressions latinos par certains côtés proches…
    L’image d’une ville multiple, diversifiée, de choc et de débats sociaux et culturels est fortement présente… plus que de violence…
    A voir, absolument pour les amoureux de l’altérité, de la découverte… et aussi du voyage…
    Comme l’est aussi, cette redécouverte de l’univers sétois, que vous n’aurez pas manqué d’arpenter…
    A suivre
    Idelfonso

  2. Bonjour et merci beaucoup de ton commentaire ; effectivement, on est loin des standards. Et je trouve que ce "pas de côté" va très bien à la belle ville portuaire de Sète.

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