
Fresque de l’histoire politique italienne des années 1910 aux années 1930, Vincere montre l’ascension de Benito Mussolini, jeune homme socialiste et pacifiste de la région de Trente, bien vite devenu belliciste et fasciste. Galvanisant les foules, son charisme mais aussi sa volonté et son opportunisme le mèneront au faîte du pouvoir. Dans l’ombre de cette victoire éclatante, drame pour l’Italie et pour l’Europe, se déroule durant ces mêmes décennies une autre tragédie : celle d’Ida Dalser, jeune femme aussi belle qu’intelligente, folle amoureuse du futur maître de Rome et qui pour lui sacrifia tout, sa fortune, sa vie, son fils.
Si au départ Mussolini est lui aussi des plus passionnés (avec une attraction charnelle très forte), dès le déclenchement de la guerre de 1914, alors qu’Ida est enceinte, il la raye de sa vie et ne veut plus en entendre parler. En 1915, le petit Benito Albino naît, mais Mussolini avait déjà une fille et c’est avec la mère de celle-ci qu’il mènera sa vie conjugale et aura d’autres enfants.
Ida est encore très jeune quand le Duce l’abandonne, mais jamais elle ne détournera les yeux vers un autre homme ; elle aime aveuglément son héros et estime avoir seule sa place auprès de lui. Elle se battra, écrira à toutes les autorités du pays, agira de façon inconsidérée ; elle n’essuiera que brimades, humiliations, jusqu’à l’enfermement psychiatriques, d’elle-même d’abord puis de son fils. Tous deux y mourront, dans la souffrance et l’oubli.
Autant l’histoire est affreuse, autant Marco Bellocchio la filme de façon brillantissime. Comme si rien n’était trop beau, ni de trop, il a toutes les audaces. Il y a de l’opéra, du théâtre, et une musique incroyable (signée Carlo Crivelli) ; des trouvailles à chaque plan, une modulation du rythme, un souffle qui tient jusqu’au bout. Bellocchio convoque la peinture (terrifiante inauguration par le Duce de l’exposition Futuriste en 1917) et surtout le cinéma, au service de la grande Histoire (avec les images d’archives du triomphe du fascisme), mais aussi de l’histoire d’Ida (scène poignante où elle découvre le Kid de Charlie Chaplin au début des années 1920).
Du destin sordide d’Ida Dalser, il fait une tragédie magnifique, la montrant en héroïne sans cesse inspirée et refusant toujours la pitié. Remarquablement dirigée et douée, Giovanna Mezzogiorno tient son rôle au cordeau de bout en bout. Le cinéaste met en scène l’ascension du dictateur en faisant jouer Filippo Tim d’abord, puis par la seule puissance d’images d’archives savamment montées, et enfin (sacrée idée), par le truchement du fils Benito Albino imitant son père (joué par le même Filippo Tim). En parallèle, il dénonce avec non moins d’efficacité et d’inventions l’horreur des institutions psychiatriques de l’époque et la doucereuse complicité de l’Eglise. Mais il sait aussi créer des moments d’une poésie folle, comme cette scène inoubliable où, accrochée aux hautes grilles de l’hôpital, Ida regarde la neige tomber comme sont tombées ses lettres jetées au ciel avec toute la foi et la rage de son amour.
Vincere
Un drame de Marco Bellocchio
Avec Giovanna Mezzogiorno, Filippo Timi, Fausto Russo Alesi
Durée 1 h 58
On était curieux de découvrir l’adaptation cinématographique du livre sobre et fort de Cormac McCarthy, La route, Prix Pulitzer 2007 et très grand succès de librairie des deux côtés de l’Atlantique (
L’art de Pierre Soulages est presque une définition de l’art, quelque chose qui nous dépasse et qui nous fait connaître en même temps une expérience de présence au monde parmi les plus fortes, en nous rapprochant du réel, du tangible, de l’humain et de l’infiniment beau.
Des libellules, des plumes de paon, des pivoines, des iris, des fleurs de chèvrefeuille, des glycines, des jonquilles et des magnolias : ces splendeurs fragiles et éphémères, Tiffany les a rendues éternellement vivantes, chatoyantes et fraîches.
Tiffany a également réalisé des bijoux et d’adorables objets décoratifs, comme cet encrier en verre et argent, ou des flacons à parfum en or, tourmaline et verre. Louis Comfort était bel et bien le fils du joailler new-yorkais Charles Lewis Tiffany : dans sa jeunesse, il avait baigné tant et plus dans le célèbre magasin dédié au luxe, où l’on trouvait aussi des vases en verre soufflé du français Emile Gallé, des porcelaines de Sèvres, des pièces en verre vénitien, ou encore anglais (superbe vase-camée signé Webb & Sons). Ces influences, ce raffinement, ce goût pour les milles couleurs et l’éclat se retrouvent tout naturellement dans les créations du fils. Mais lorsque Louis C. créé des bijoux, lui ne les incruste pas de diamants… mais de verre – le tour de cou aux scarabées bleus en est un bel exemple.
On est un peu triste parce qu’on a beaucoup de respect et de tendresse pour Guy Bedos et qu’on a aucune raison d’en vouloir à son fils Nicolas.
Pour permettre à ses nombreux visiteurs de mieux profiter de l’exposition
Le musée d’Orsay a souvent l’audace de proposer des expositions originales.
Deuxième revival de l’Art nouveau, les années 1950 et surtout 1960 dans le domaine du mobilier et des arts de la table : en réaction à la tyrannie du modernisme fonctionnel et froid, le design organique se déploie, privilégiant les courbes proches de la nature en général et du corps humain en particulier. Légèreté, fluidité sont les maîtres mots de ce style qui effectivement – la démonstration dans la grande salle est édifiante – s’est réapproprié pour les réinterpréter, le plus souvent avec bonheur, les lignes de Bugatti et de Guimard.
Le lancement de l’histoire est un peu celui de Space Cowboys : comment des anciennes gloires mises au rebut vont revenir au tout premier plan et éblouir le public.